octobre 26, 2005
10 - La Prière Sacerdotale : J-P BONNEROT
LA PRIERE SACERDOTALE
Ou les fondements de la métaphysique chrétienne
A Emmanuel LEVYNE, cette tentative de rapprochement des deux Alliances, dans un désir d'Unité
Ainsi parla Jésus. Puis il leva les yeux vers le ciel et il dit : "Père l'heure est venue ; glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie ; 2 afin que , comme tu lui as donné autorité sur toute chair, à tous ceux que tu lui es donnés, il donne, lui, la Vie éternelle ; 3 et la Vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et ce Jésus-Christ que tu as envoyé. 4 Moi, je t'ai glorifié sur la terre ; "j'ai adressé l'oeuvre que tu m'as donnée à faire. 5 Maintenant, donc, toi, Père, glorifie-moi auprès de toi, de la gloire que j'ai eue avant l'existence de monde, au-dedans 0de toi. 6 J'ai manifesté ton nom aux hommes que tu m'as donnés de ce monde. Ils étaient à toi, et tu me les as donnés ; et ils ont suivi ton Verbe, 7 et ils ont reconnu maintenant tout ce que tu m'as donné, que tout cela est bien de toi : 8 parce que les instructions que tu m'as données, je leur ai données, et ils les ont reçues, et ils ont reconnu véritable que je suis venu de ta part et ils ont cru que c'est toi qui m'as envoyé. 9 Et moi, je te prie pour eux. Je ne te prie pas pour le monde ; mais pour ceux que tu m'as données : parce qu'ils sont tiens, - 10 oui, tout ce qui est mien est tien et tout ce qui est tien est mien, - et j'ai été glorifié en eux. 11 Et désormais je ne suis plus dans le monde, et eux ils sont dans le monde, et moi je viens vers toi. Père Saint, garde-les dans ton nom, dans lequel tu me les as donnés, afin que comme nous ils soient un. 12 Lorsque j'étais avec eux dans le monde, je les gardais dans ton nom. Oui, ceux que tu m'as donnés, je les ai gardés, et aucun d'eux ne s'est perdu ; si ce n'est le Fils de perdition, pour que l'Ecriture fut accomplie. 13 Mais maintenant je viens vers toi, et je dis ces paroles dans ce monde, pour que mon bonheur soit en eux. 14 Moi, je leur ai donné ton Verbe ; et le monde les hait, bonheur soit en eux. 14 Moi, je leur ai donné ton Verbe ; et le monde les hait, parce qu'ils ne sont pas de ce monde, non plus que moi je ne suis de ce monde. 15 Je ne demande pas que tu les ôtes de ce monde, mais que tu les gardes du mal. 16 Ils ne sont pas de ce monde, non plus que moi je ne suis de ce monde. 17 Sanctifie-les dans ta vérité : c'est ta parole la Vérité. 18 Comme tu m'as envoyé vers le monde, moi aussi je les ai envoyés vers le monde ; 19 et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu'eux aussi soient réellement sanctifiés. 20 Et ce n'est pas seulement pour ceux-ci que je prie : mais aussi pour ceux qui par leur parole croiront en moi, 21 afin que tous ils soient un : oui, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi en nous il soient un, afin que le monde croie que c'est toi qui m'as envoyé. 22 Oui, je leur ai donné, moi la gloire que tu m'as donnée : qu'ils soient un comme nous sommes un, 23 moi en eux, toi en moi ; que l'unité soit ainsi consommée en eux, et que le monde connaisse que c'est toi qui m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé. 24 Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis eux aussi ils soient avec moi, afin qu'ils voient ma gloire que tu m'as donnée, parce que tu m'as aimé avant que se fit le monde. 25 Père Saint, il ne te connaît pas ce monde ; mais moi je te connais, et ceux-ci reconnaissent que c'est toi qui m'as envoyé : 26 et je leur ai fait connaître ton nom, et je leur ferai connaître : Fais que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux et que moi je sois en eux". (1)
La prière Sacerdotale qui se présente comme la clef de voûte de toute la Révélation Chrétienne, n'a fait l'objet ni des réflexions, ni des commentaires, ni des études qu'elle méritait. Sans prétendre exposer tous les mystères que renferme le chapitre XVII de l'évangile de Jean, notre présente méditation voudrait toutefois, à l'occasion de la lecture de ces versets, exposer les fondements de la métaphysique chrétienne et montrer - comme toujours - la pleine orthodoxie de la doctrine Cathare.
L'axe central du dialogue à Gethsémani entre Jésus et son Père, c'est le retour par l'Unité, de toute la Création dans le Sein de Dieu, avec le certitude que s'accomplira le Salut Universel.
Une fois déjà, avec la Tradition des Pères, nous avions souhaité répondre à l'interrogatoire de René NELLI, sur les motifs qui présidèrent à la chute provisoire de Lucifer (2) ; aujourd'hui nous voudrions résoudre l'inquiétude qu'il nous a semblé percevoir dans cette déclaration - au demeurant fort juste - de l'auteur du Phénomène Cathare :
"D'après ce que nous savons, par d'autres sources, de la pensée cathare, il serait logique que toutes les âmes créées par le Dieu du Bien fussent sauvées et lui fissent retour". (3)
Avant d'aller plus outre, il importe de constater que, selon les règles de la théologie biblique, mais aussi selon celles de la rhétorique, le Christ, à Gethsémani, répond à des interrogations émises par Son Père, et cet aspect est fondamental.
Ce dialogue entre la Deuxième et la Première Personne de la Très Sainte Trinité est perceptible dans les Evangiles : à l'occasion de la résurrection de Lazare, le Seigneur, précédemment au miracle qu'il va accomplir :
"Levant les yeux au ciel dit : Père, je te rends grâce de ce que tu m'as exaucé. Mais je savais que toujours tu m'exauces ; mais j'ai dit cela pour cette foule qui est là tout autour, afin qu'ils croient que c'est toi qui m'as envoyé". (Jean XI, 41-43)
Ce ton qui semble celui de la justification, dans le cadre du chapitre XI : "Moi je savais que toujours tu m'exauces, mais...", se retrouve au chapitre XVII : "Maintenant donc toi Père...".
Ce "mais", ce "maintenant", sont lourds de sens, non celui d'une quelconque explication face à une inconcevable réprimande qu'aurait manifesté antérieurement le Père à l'égard de Son Fils ; mais ces mots plus simplement s'expliquent par le mode d'expression du Christ, qui est celui du dialogue : Jésus alors que les disciples dormaient, n'est pas seul.
Lorsque le Christ "leva les yeux vers le ciel", cela n'indiquait pas l'expression d'une direction de nature symbolique vers Son Père, mais la tension physique d'un visage vers une présence réelle, lorsque Jésus déclare précisément aux disciples quelques instants auparavant : "Vous vous en irez, chacun à vos intérêts, et vous me laisserez seul. Je ne serai pas seul cependant, parce que le Père est avec moi". (Jean XVI, 32)
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I. Ainsi parla Jésus. Puis il leva les yeux vers le Ciel et il dit : "Père l'heure est venue ; glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie ; afin que, comme tu lui as donné autorité sur toute chair à tous ceux que tu lui as donnés, il donne lui, la Vie éternelle.
Père l'heure est venue ! Ce moment particulier que proclame le Sauveur, correspond à deux niveaux aboutissant au fait que le Christ a vaincu le monde.
- lorsque Jésus va être livré : "Cela suffit, l'heure est venue : voilà que le Fils de l'Homme va être livré aux mains des pécheurs". (Marc XIV, 41) ;
- lorsque Jésus va être glorifié : "l'heure est venue, le Fils sera glorifié" (Jean XII, 23).
A propos de cette heure qui approche, cette exclamation du Sauveur à l'égard des apôtres "Cela suffit", parce qu'ils dorment ; montre que cette humanité que récapitulent les disciples est dans une situation de passivité, or si l'inaction c'est le péché, cet état est à assimiler au temps des ténèbres antérieures et l'Apôtre déclare :
"L'amour est la plénitude de la loi. Et cela, faites-le d'autant plus que vous voyez le temps, l'heure qui nous avertit de sortir du sommeil : car enfin le salut pour nous est plus proche que quand nous avons cru. C'était la nuit auparavant ; mais le jour maintenant est avancé : rejetons donc les oeuvres de ténèbres, et revêtons l'équipement que demande la claire lumière". (Romains XIII, 10-13)
"Cela suffit, l'heure est venue "… A Gethsémani, l'instant de la transfiguration approche, et après le Christ, l'Apôtre nous apostrophe : "Réveille-toi, toi qui dors ; relève-toi d'entre les morts : et le Christ versera sur toi sa clarté". (Ephésiens V, 14)
Cet instant de la transfiguration, c'est bien évidemment aussi l'instant de la glorification, car si le Fils par Son Sacrifice, permet la transfiguration de l'homme en état de chute, il est naturel que le Sauveur connaisse la glorification demandée à l'occasion de ce verset premier, en ce qu'elle se trouve essentiellement eschatologique : "Alors paraîtra dans le ciel le signe du Fils de l'Homme ; alors aussi toutes les tribus de la terre se lamenteront et elles verront le Fils de l'Homme venir sur les nuées du ciel avec puissance et beaucoup de gloire". (Mathieu XXIV, 30)
Cette dimension eschatologique est la trame de la Prière Sacerdotale, mais à qui s’applique-t-elle ? A tous ceux qui lui ont été donnés, c'est à dire sur toute chair : « A tous ceux que tu lui as donnés, il donne lui, la vie éternelle », et cette dimension nous introduit dans le Royaume.
L'accès au Royaume suppose une Connaissance que possèdent notamment les Apôtres et les Envoyés : "Parce qu'à vous, il a été donné de connaître les mystères du règne des cieux, tandis qu'à eux ce n'est pas donné". (Mathieu XIII, II). Si à certains, il n'a pas été donné de connaître immédiatement les mystères du Royaume, c'est parce que le Christ déclare : "A moins de renaître, nul ne saurait voir le Royaume de Dieu". (Jean III, 3) (4)
La vie éternelle c'est de connaître Dieu Le Père et Son Fils, et si le Christ donne la Vie éternelle, c'est parce qu'Il a autorité sur toute chair, et cette autorité permet à Jésus de déclarer : "Ce qui est né de la chair est chair ; il faut naître de l'esprit pour être esprit". (Jean III, 6)
Cette remarque du Sauveur ne doit pas nous engager vers les pièges d'un manichéisme qui serait contraire à la métaphysique chrétienne : ce qui est esprit, n'a pas besoin de l'action salvatrice du Christ, puisque cela appartient déjà au Royaume, à ce Royaume qui n'est pas de ce monde (Jean XVIII, 36) ; le Christ n'aurait d'ailleurs pas eu - contrairement à ce qu'imaginent bien des théologiens de renom - à s'incarner s'il n'y avait pas eu chute de l'homme ; si Jésus-Christ a reçu autorité sur toute chair, c'est parce que tout ce qui est chair - à l'exception de l'Incarnation et ses modes - est né du péché, en ce fait que parmi les conséquences de la chute, les êtres selon leur degré de responsabilité, acquirent un corps grossier d'une intensité variable, dans le cadre de leur manifestation dans ce monde (2), "Iahvé-Elohim fit pour l'homme et sa femme des tuniques de peau et les en revêtit". (Genèse III, 21), verset que le Dr Chauvet traduit : "Puis le Dieu-Vivant de l'Angélie réalisa pour Adam et pour son Aïsha, des enveloppes protectrices de nature inférieure et obscure dont il les recouvrit". (5)
Tous les êtres ont été donnés au Christ, et pourtant, il est dit au verset 9 : "Je te prie pour eux, je ne te prie pas pour le monde", et au verset 12 : "et aucun d'eux ne s'est perdu, si ce n'est le Fils de perdition, pour que l'Ecriture fut accomplie". La métaphysique chrétienne proclame le salut comme universel, mais on doit distinguer dans les étapes menant à l'Apocatastase, les créatures, le monde, le Fils de perdition, car nous savons que c'est à l'homme que revient de sauver - avec la grâce de Dieu - le monde (6), mais aussi le Fils de perdition qui, comme nous l'avons évoqué en notre étude sur Judas ou les conditions de la Rédemption (7), n'est pas l'Apôtre, mais le Prince de ce monde (2).
Il a été donné au Christ-Jésus autorité sur toute chair, mais il convient de noter - sans vouloir anticiper l'analyse du verset 12 - que ceux qui Lui ont été donnés, le Christ les a gardés, et qu'aucun ne s'est perdu ; or, "pour que l'Ecriture fut accomplie" il se trouverait un être qui n'entrerait pas dans cette récapitulation, "le Fils de perdition" : c'est donc que le Fils de perdition n'a pas été donné au Christ !
Sur quelle chair le Christ a-t-Il autorité ?
Poser l'interrogation qui précède c'est résoudre celle-ci déjà en ce que la métaphysique chrétienne considère que ce terme Chair désigne la créature placée sous les lois du déterminisme par opposition au pneuma, présence pénétrante de l'Esprit de Dieu en Sa créature.
C'est donc sur les créatures placées sous les lois du déterminisme que le Christ a reçu toute autorité et ce premier constat est d'une importance considérable ! le Fils de perdition n'est pas soumis aux lois du déterminisme, par contre, et il ne saurait y être soumis en ce qu'il est lui-même ce déterminisme comme le rappelle l'Apôtre : "Puisque les enfants avaient part au sang et à avait force de mort, c'est à dire le diable, et délivrer tous ceux que la crainte de la mort tenait en esclavage toute leur vie". (Hébreux II, 14-16)
C'est tout ce qui est sur la terre qui est chair lorsqu'Elohim dit à Noé : "Voici que moi, j'amène le Déluge, les eaux sur la terre pour détruire toute chair en qui se trouve un souffle de vie sous les cieux. Tout ce qui est sur la terre expirera". (Genèse VI, 17), et cela est identique "pour toute chair de l'homme à la bête" (Ecclésiastique XL, 8) !
A tous ceux qui lui ont été donnés, c'est à dire à toute chair, le Christ donne la Vie éternelle, voilà pourquoi l'Apôtre déclare :
"Ce qui est semé, c'est de la pourriture, ce qui ressuscite c'est de l'incorruptible ; ce qui est semé est dégoût, ce qui ressuscite est gloire ; ce qui est semé est sans force, ce qui ressuscite est force pure. Le corps est semé corps psychique ; il ressuscite corps spirtuel".(I Corinthiens XV, 42-45)
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II. Et la Vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent ; toi le seul vrai Dieu, et ce Jésus-Christ que tu as envoyé.
Si le Christ joint au mot vie, la précision éternelle, cela pourrait bien signifier que la vie ne se trouve pas de facto posséder cette qualité, sans pourtant déclarer un prétendu manichéisme entre une Vie Vivante et une vie conduisant à la mort !
"On a beau être dans l'abondance, les biens ne sont pas la vie" (Luc XII, 15), plus littéralement traduit Darby, "la vie ne devient pas de ses biens", car Jean XII, 25 rapporte ces paroles du Sauveur : "Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie en ce monde, la gardera pour une vie sans fin".
Parce que tous les hommes sont appelés à une seule résurrection, l'Apôtre déclare : "Maintenant au contraire, affranchis du péché et devenus serviteurs de Dieu, vous avez comme salaire la sanctification et comme résultat final la vie éternelle". (Romains VI, 23)
Dans l'attente de ce résultat final, l'Apôtre nous exhorte :
"Persévère dans la justice, dans la piété, dans la foi, dans l'amour fraternel, dans la patience, la bienveillance charitable. Combats le bon combat de la foi ; conquiers la vie éternelle à laquelle tu t'es voué". (Timothée, VI, 11, 12)
La Prière Sacerdotale constitue, si l'on peut s'exprimer ainsi, le réel "testament spirituel" du Fils dans Son Incarnation, or en aucun endroit de ce témoignage, il n'est indiqué - bien au contraire - que la vie terrestre puisse conduire quiconque à une vie de mort !
Profitons de cette remarque pour nous interroger sur le sens de cette géhenne que certaines Eglises Apostoliques brandissent comme une malédiction envers ceux qui - prétendent-elles - ne sauraient bénéficier du Salut.
La géhenne, c'est un lieu terrestre : c'est la Vallée de Hinnôm, située sur le flanc sud de Jérusalem, vallée que Jérémie VII, 32 et XIX, 6, nomme Vallée de la tuerie ; et cette vallée deviendra synonyme d'enfer, or, ce dernier mot n'existe pas en tant que tel dans la Bible !
Une étude attentive des Evangiles nous conduit, si nous prenons par exemple Mathieu, à distinguer trois situations :
- la géhenne, les ténèbres extérieures, où il y aura des pleurs et des grincements de dents : ce lieu est réservé à l'homme ;
- l'Hadès, ce lieu est réservé à Capharnaüm ;
- le feu éternel, ce lieu est réservé au diable et à ses anges.
Nous avons noté que le principe d'une condamnation éternelle, pour quelque créature qu'il s'agisse, n'existe pas, en ce que cette idée n'est pas même suggérée, dans la révélation biblique.
Le feu est éternel, en ce fait qu'il est un feu inextinguible (Mathieu III, 12) et s'il est réservé au diable et à ses anges, cela a déjà fait l'objet, de notre part d'une claire explication (2) : Lucifer, comme principe angéologique retrouvera son état originel lorsqu'il perdra dans le feu purificateur son enveloppe démonologique qui se nomme Prince de ce monde et ce ne sont pas ceux qui pourraient être purifiés par ce feu qui demeureront éternellement dans l'élément igné mais c'est cet élément qui est déclaré, lui, inextinguible, donc si l'on veut éternel, parce qu'aucune puissance humaine ou angélique ne saurait l'éteindre ! Une question se pose, où réside ce feu ? L'Apocalypse répond à notre interrogation et cet éclaircissement qui ne surprendra pas le gnostique chrétien suscitera peut-être une exclamation d'étonnement pour le chrétien attaché à certaines Eglises Apostoliques : le lieu où réside ce feu, est sur terre, si non la terre :
"Il a été jeté le grand dragon, l'antique serpent, qu'on appelle le diable et le Satan, lui qu'il égare tout le séjour, il a été jeté sur la terre et ses anges ont été jetés avec lui". (Apocalypse XII, 9)
et Monsieur Philippe déclare :
"l'enfer est ici-bas sur cette terre ; par conséquent on devrait souffrir continuellement. Si nous avons quelques bons moments, nous devons remercier Dieu et, pendant ce temps, nous sommes dans le paradis terrestre". De même "aucun être ne reste éternellement dans les ténèbres, dans ce que vous appelez l'enfer". (8)
Si la Géhenne est le lieu des tourments infernaux, selon la tradition ; nous savons par ailleurs que c'est un lieu terrestre et cela vient confirmer la thèse selon laquelle l'enfer est sur terre !
Quant à l'Hadès, Darby à propos de Mathieu XI, 23 note qu'il s'agit : d'une "expression très vague, comme Sheol dans l'A.T, lieu invisible où les âmes des hommes vont après la mort, - distinct de géhenne, le lieu des tourments infernaux" ; et il convient de distinguer la mort de ce lieu où séjournent les morts, quand cette précaution est déjà affirmée par la Révélation Biblique : "la mort et l'Hadès ont donné les morts qu'ils avaient" (Apocalypse XX, 13), et si "la mort et Hadès ont été jetés dans l'étang de feu. Telle est la seconde mort, l'étang de feu" (Apocalypse XX, 14), c'est parce que "comme les hommes ne meurent qu'une fois" (Hébreux IX, 27), et qu'en outre "Dieu n'a pas fait la mort" (Sagesse I, 13), la mort et le lieu où séjournent les âmes des hommes après leur mort sont appelés à la destruction.
Cette destruction ne signifie pas un "mal", mais un bien considérable, en ce que les théologiens ont eu trop tendance à oublier si non refuser de reconnaître la transfiguration des séjours des morts par l'action salvatrice du Christ que rappellent les Ecritures pourtant, lorsque l'on veut bien les lire :
"Car les morts aussi ont été évangélisés pour que, jugés dans leur chair selon les hommes, ils vivent dans l'Esprit selon Dieu". (Pierre IV, 6)
Au niveau des professions de foi, seul, le Symbole des Apôtres, le symbole d'Athanase, celles des IVe Concile du Latran, du IIe Concile de Lyon, comportant l'affirmation de la foi en la descente du Christ aux "enfers", et cela ne se trouve pas relevé donc fans les professions de foi les plus connues et utilisées ! Ce point n'est pas pour nous étonner, puisqu'il n'y a pas lieu d'attendre des grandes Eglises Apostoliques l'expression des vérités intégrales ou réelles de la Révélation, et donc de la métaphysique chrétienne.
Comme cela avait été évoqué en notre étude sur Satan, l'interrogation qui a hanté les Pères de l'Eglise c'est le rapport entre un péché commis dans un temps très court et le bien fondé d'une justice punitive éternelle, et Justin en son Dialogue avec Thryphon - ce que fera Irénée de Lyon en son contre les hérésies - déclare que les paroles suivants ont été retranchées de Jérémie : "le Seigneur Dieu, Saint d'Israël, s'est souvenu de ses morts, qui dorment dans la terre du tombeau, et il est descendu vers eux, leur annoncer la bonne nouvelle de leur salut". (9)
Cette certitude dans l'évangélisation des "enfers" par le Christ est exprimée par toute l'Ecole d'Alexandrie et Origène déclare : "Et, son âme une fois dépouillée de son corps, il est allé s'entretenir avec des âmes dépouillées de leur corps, et il a converti à lui celles d'entre elles qui le voulaient ou qu'il voyait, pour des raisons connues de lui, mieux disposées". (10)
L'Eglise Primitive n'enseignait pas seulement l'évangélisation du Christ aux personnes décédées, elle allait plus loin encore en affirmant que les Apôtres avec le Seigneur accomplirent cet office : le Pasteur d'Hermas déclare par exemple : "ces apôtres et ces docteurs qui ont prêché le nom du Fils de Dieu, après être morts dans la vertu et la foi du Fils de Dieu, l'ont prêché aussi à ceux qui étaient morts avant eux et leur ont donné le sceau qu'ils annonçaient". (11)
Cette action salvatrice du Christ est universelle. Origène en son Commentaire sur Saint Jean déclare à propos de Jésus : "Il n'est pas mort seulement pour les hommes mais aussi pour les autres êtres spirituels", et le grand Docteur ajoute : "C'est pour cela qu'il est grand prêtre, parce qu'il rétablit toutes choses dans le royaume de son Père, veillant à combler les déficiences de chaque créature pour qu'elle devienne capable de recevoir en elle la gloire du Père". (12)
Cette universalité s'étend non pas aux créatures de ce monde, mais de tous les mondes connaissables et inconnaissables à l'homme et si certains tournent la difficulté pour reconnaître ce point en leur traduction par "l'univers" ou "les siècles", alors qu'hélas Alta n'a pas traduit l'épître aux Hébreux, du moins Darby, Osty et l'Ecole Biblique de Jérusalem reconnaissent : "que les mondes ont été formés par la parole de Dieu" (Hébreux XI, 3), ce qui permet de comprendre pourquoi le Maître Alexandrin déclare : "le soleil, la lune et les étoiles prient le Dieu suprême par son Fils unique". (13)
L'accès à la Vie éternelle c'est par la grâce de Dieu, l'accès à la Connaissance du Père, à laquelle l'homme peut accéder par le Christ : "C'est moi qui suis la voie et la vérité et la vie : personne ne vient au Père, si non par moi". (Jean XIV, 6)
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III. Moi, je t'ai glorifié sur la terre ; j'ai achevé l'oeuvre que tu m'as donnée à faire. Maintenant donc, toi, Père, glorifie-moi auprès de toi, de la gloire que j'ai eue avant l'existence du monde au-dedans de toi.
Si nous avons dans le cadre de nos travaux antérieurs examiné déjà l'aspect de la glorification, le domaine de la gloire mérite une analyse complémentaire en ce qu'il nous fait réfléchir sur ce que constitue celle-ci.
- Le Fils a bénéficé d'une gloire avant l'existence du monde.
- Le Fils a glorifié le Père sur la terre.
- Le Fils demande au Père à bénéficier de la gloire qu'il a eue.
Il n'est pas sans intérêt pour répondre à notre interrogation de considérer les autres paroles de jJésus, et en Marc XIV, 36, à Gethsémani les premiers mots du Fils à Son Père sont : "Abba Père", que l'on a malheureusement trop tendance à traduire hâtivement par "Mon Père, Père" car si Aba peut signifier "Mon Père", l'examen de ce mot qui se présente en trois lettres Aleph, Beith, Aleph, permet une décomposition de ce dernier ainsi : Aleph, Beith : signifient la volonté efficiente, la force générative, et selon les idiomes antiques : la fructification universelle.
L'Aleph, signifie l'homme dominateur de la terre, l'homme universel, l'unité. Aleph Beith Aleph, peut se lire donc : selon les idiomes antiques la fructification universelle dans l'unité ; selon l'hébreu la volonté efficiente d'accomplir l'unité, la force générative qui est l'unité (14)
Toutes ces lectures ne s'opposent pas elles se complètent, et si la glorification commence la Prière Sacerdotale, Abba Père manifeste le début de la Prière du Fils envers Son Père : l'analogie est dès lors permise, la gloire dont bénéficiait le Christ avant l'existence du monde au-dedans du Père, comme la gloire que Jésus sur terre adresse à l'égard de la Première Personne de la Sainte Trinité, comme la gloire dont Jésus-Christ bénéficie du fait de l'action salvatrice accomplie au travers de Sa mort et de Sa résurrection et que prélude Gethsémani, c'est bien, en effet, la fructification universelle dans l'Unité, c'est à dire l'épanouissement de la Création dans l'unité de Dieu, celle-ci étant débarrassée des douleurs de l'enfantement, "libérée des servitudes de la corruption dans ce glorieux affranchissement des Fils de Dieu". (Romains VIII, 21)
A Gethsémani le Sauveur a bien la volonté d'accomplir l'unité : que tous soient un, "qu'ils soient un comme nous sommes un". (Jean XVII, 22)
La force génératrice qui est l'unité s'accomplit donc pleinement en cette nuit où le Seigneur prie au Mont des Oliviers ! Cette unité l'Apôtre la proclame lorsqu'il déclare : "mais vous avez reçu l'esprit filial dans lequel nous crions vers Dieu : Père ! Père ! (Abba Père). Et c'est cet esprit même qui rend témoignage à notre esprit que nous sommes des enfants de Dieu. Or, si nous sommes ses enfants, nous sommes ses héritiers, héritiers de Dieu et Cohéritiers avec Christ, si nous partageons ses souffrances afin de participer à sa gloire". (Romains VIII, 15-18)
En nous souvenant de ce qui précède, il nous est aisé de comprendre ce que signifient ces remarques du Maître Alexandrin : "l'Evangile t'enseigne que, comme Jésus était transfiguré en gloire, Moïse et Elie apparurent en gloire avec lui, pour que tu saches que la Loi, les Prophètes et les Evangiles viennent toujours ensemble et demeurent dans une seule gloire. A telle enseigne que Pierre, voulant leur dresser trois tentes, est taxé d'ignorance, comme "ne sachant pas ce qu'il disait". Pour La Loi, les prophètes, l'Evangile, il n'y a pas trois mais une seule tente, l'Eglise de Dieu". (15)
Or, nous savons que La Loi, c'est la Création (16) et c'est avec les Apôtres, le Christ, les Prophètes, et la Création dans l'Unité de la même et seule gloire, qui est la transfiguration de cette Unité, de l'Unité avec l'Ancienne et la nouvelle Alliance ; ce que nous confirme le chapitre sept de l'Apocalypse montrant avec la venue - au nombre symbolique de cent-quarante-quatre mille - des Fils de l'Ancienne Alliance ; celle d'une grande foule que personne ne pouvait dénombrer, disciples de l'Agneau ; et à leur endroit il est dit : "et celui qui est assis sur le trône dressera sa tente sur eux" (Apocalypse VII, 15) ; que s'accomplit bien la nouvelle Création que sont les nouveaux cieux et la nouvelle terre desquels Jean déclare : '"Je vis la Sainte Cité, nouvelle Jérusalem, descendant du ciel d'auprès de Dieu". (Apocalypse XXI, 2).
A propos du verset 5, il reste un point à éclaircir : avant l'existence du monde Jésus est au-dedans du Père, ce qui n'empêche bien entendu pas la Deuxième Personne de la Sainte Trinité d'être de toute éternité, et ce point nous permet de percevoir que le Fils de même nature que le Père se trouve engendré à l'instant de l'existence de ce monde : ce point nous renvoie à notre distinction entre Logos et Verbe établie à l'occasion de notre méditation sur le Prologue de Saint Jean. (17)
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IV - J'ai manifesté ton nom aux hommes que tu m'as donnés de ce monde. Ils étaient à toi, et tu me les as donnés ; et ils ont suivi ton Verbe, et ils ont maintenant reconnu tout ce que tu m'as donné, que tout cela est bien de toi : parce que les instructions que tu m'as données, je leur ai données, et ils les ont reçues, et ils ont reconnu véritable que je suis venu de ta part et ils ont cru que c'est toi qui m'a envoyé.
Le seul nom que le Christ donne à Son Père, c'est précisément Sa qualité dans la filiation : Père. Manifester le nom de Dieu aux hommes, s'entend à deux niveaux : d'une part l'affirmation selon laquelle dans l'unique nature de Dieu il y a plusieurs personnes, d'autre part il s'avère que cette manifestation du monde de Dieu est par le Fils, l'expression de la gloire de la Sainte Trinité, comme retour à l'Unité dans le sein de Dieu de toute la création, car, lorsque le Christ achève la Prière Sacerdotale en disant à Son Père qu'il a fait connaître Son nom, Il déclare : "fais que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux, et que Moi je sois en eux". (Jean XVII, 26)
Or, nous savons que les mots hébreux signifiant Amour, Un, Guérison, Lumière (18) ont pour valeur 13, comme Be Re A CHYTH, et notre méditation nous avait conduit à comprendre que ce mot que l'on traduit avec erreur par Commencement, signifiait : la Création est un acte de justice rendue selon une condition de Réciprocité (17).
Cette réciprocité et cet acte rendu par le Sauveur selon Sa Justice, c'est une Nouvelle Création !
Il apparaît un point non négligeable : les créatures appartiennent au Père et sont données au Fils !
Comment pourrait-il en être autrement puisqu'avec Denys l'Aéropagite : "nous avons appris des Saintes Ecritures que le Père est la source de la divinité". (19) et Jean Damascène déclare : "C'est par le Père que le Fils a tout". (20)
En quel instant ces créatures sont-elles données par le Père au Fils ? "Tout ce que le Père me donne viendra vers moi : et celui qui vient vers moi, je ne le repousserai point, car je suis descendu du Ciel, pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m'a envoyé". (Jean VI, 37-39)
Le présent est-il éternel ou du moins sans fin, ou s'inscrit-il dans l'instant de l'incarnation, ce qui laisserait entendre que les créatures furent données au Fils dès l'instant de Sa venue corporelle, ce que peut laisser entendre le verset 38 : le motif nous le connaissons, c'est l'action salvatrice, mais ce don ne saurait être conditionnel à celle-ci en ce fait que le principe de la Communion des Saints permet de sauver ceux qui n'appartenaient au peuple préparé, et qui ne répondaient pas aux conditions du Salut.
Cette distinction dans la propriété des créatures à travers le temps, ne doit pas nous engager à nier la participation des autres Personnes Divines dans la Création : ce point a déjà été examiné (17) et le Concile de Rome de 382 ne déclare-t-il pas : "Si quelqu'un ne dit pas que le Père a fait toutes choses, les visibles et les invisibles, par le Fils et le Saint Esprit, il est hérétique". (21)
Jean Chrysostome en Son Commentaire sur Saint Jean éludera comme tous les Pères - le commentaire d'Origène sur ce point est perdu - la question que nous posons en considérant qu'elle est absurde (Homélie 81) et cela est un peu trop facile ! Poser l'interrogation ne signifie pas la résoudre, mais manifester une attitude honnête.
Pour les lecteurs habitués à nos travaux, chacun ne pouvant pleinement se comprendre sans l'assimilation de tous ceux qui précèdent, nous savons ce que signifie le terme "Verbe" (17) : Suivre le Verbe, Celui qui a dit : "C'est moi qui suis la voie, et la vérité et la vie" (Jean XIV, 6) signifie suivre la Voie Véritable conduisant à la Vie éternelle, et cela par le Christ, et reconnaître le Sauveur, c'est reconnaître le Père puisque "Qui croît en moi, ce n'est pas en moi qu'il croit, mais en celui qui m'a envoyé ; et qui me voit, voit Celui qui m'a envoyé" (Jean XII, 44-46), car "elle est la volonté de Celui qui m'a envoyé, que quiconque voit le Fils et croit en Lui, ait la vie éternelle ; et moi je le ressusciterai au dernier jour". (Jean VI, 40)
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V - Et moi, je te prie pour eux. Je ne prie pas pour le monde ; mais pour ceux que tu m'as donnés : parce qu'ils sont tiens, oui, tout ce qui est mien est tien et tout ce qui est tien est mien, et j'ai été glorifié en eux.
Le Christ prie pour ceux qui lui furent donnés, mais non pour le monde : ce point est fondamental et nous ramène à l'ensemble de notre pensée théologique évoquée en tous nos travaux antérieurs, et il ne faudra pas demander aux Pères de l'Eglise la confirmation de notre compréhension de ce mystère, le Christ ne priant pas pour le monde, mais au philosophe au demeurant fort intéressant qu'est Nicolas Berdiaeff, lorsqu'il écrit :
"La création comporte deux actes distincts et nous la décrivons d'une manière fort différente selon l'angle sous lequel nous l'envisageons. Elle a deux faces, l'une extérieure, l'autre intérieure. Il y a tout d'abord l'acte originel dans lequel l'homme se tient, en quelque sorte face à face avec Dieu ; et il y a ensuite l'acte secondaire dans lequel il se tient face à face avec ses semblables et le monde". (22)
Le Christ prie pour ceux qui sont à lui, c'est à dire ceux qui choisirent, dans le cadre de l'économie divine, de devenir ses disciples, c'est à dire ceux qui restent fidèles à Sa parole. (Jean VIII, 31)
Comment le Christ pourrait-il prier pour le monde, c'est à dire au premier niveau non pas en faveur de ceux qui se tiennent face à face avec Dieu, mais en l'honneur, en faveur de ceux qui, parce qu'ils se tiennent face à face avec leurs semblables et le monde, s'inscrivent en s'y complaisant dans l'état de la chute.
Si "le monde entier gît dans le mauvais" (I Jean V, 19), nous savons qu'il ne revient pas au Christ mais à l'homme de transfigurer le Prince de ce monde (2) et en outre avec le problème du fils de perdition entrevu mais non encore analysé, du verset 12, s'adjoint le fait que le verset 18 que nous examinerons en son temps, précise qu'en faveur de ce monde, le Christ a envoyé, donc délégué, ses disciples : cela est le second niveau.
Parce que tout ce qui est au Père est au Fils et inversement, il se pose une nouvelle interrogation : le Fils de Perdition comme créature et le monde créé ne seraient pas au Père et donc au Fils ? Non, en ce que le Prince de ce monde, comme le monde sur lequel il exerce un pouvoir, ne sont pas l'expression de la Création divine, mais un obstacle, une opposition, à l'Amour de Dieu : cette opposition, cet obstacle constituent une apparente et pseudo Création ne sauraient être revendiqués par le Vrai Créateur !
"Car tout ce qui est dans le monde, convoitise de la chair, convoitise des yeux et vantardise des ressources, ne vient pas du Père, mais vient du monde". (Jean II, 16)
Le Christ est glorifié en ses disciples. Or, nous savons que la gloire de Dieu comme manifestation est le signe que le Christ a vaincu le monde (2). Si donc le Christ est glorifié en ses disciples, cela implique non pas que ces derniers sauvèrent le monde, seul Jésus nous a rachetés au prince de ce monde (6), mais que ceux-ci participèrent - et avec eux "ceux qui par leur parole croiront en ( Lui)" (verset 21) - à la Rédemption du monde ; nous avons perçu un cas saisissant en Judas Iscariote (7) ; parce qu'il convient que dans cette oeuvre tous soient un.
Si le Fils est glorifié en ses disciples, cela signifie que dans le plan du salut l'action des hommes est fondamentale, oui le Sauveur a accompli la Rédemption des hommes, mais à leur tour ceux-ci doivent participer - comme en une chaîne conséquente - au salut du monde qui est leur fonction : Nicolas Berdiaeff ne déclare-t-il pas : "Dieu attend l'acte créateur de l'homme en réponse à l'acte créateur de Dieu". (23)
Le Fils est glorifié en ses disciples, de par le principe de cette réciprocité qu'en notre méditation sur Le Prologue de Saint Jean dans la tradition chrétienne et l'exégèse scripturaire nous avions discerné dans notre analyse du mot Be Re ACHYTH, terme signifiant que la création est un acte de justice rendu selon une condition de réciprocité. (17)
Ainsi, la kabbale déclare : "la création continue et le renouvellement de la terre est ininterrompue, grâce aux paroles prononcées par l'homme, qui renferment des conceptions nouvelles touchant la doctrine. Telle est également le sens du verset précité de l'écriture : "J'ai mis mes paroles dans ta bouche et je t'ai mis à couvert sous l'ombre de ma main, afin d'établir des cieux et de fonder la terre (Ils 51-16). L'Ecriture ne dit point : afin d'établir les "cieux", c'est à dire déjà existants, mais "des cieux", c'est à dire nouveaux". (Zohar I, 5a). (24)
Le Fils est glorifié en ses disciples, en ce qu'il s'accomplit un devoir d'union entre Dieu et Sa créature et que ce "mariage" devient pour toute la création, une grâce. Ainsi, le Zohar déclare-t-il, évoquant lévitique XX, 17 : "Si un homme épouse sa soeur", c'est une "grâce" (Hésed). "Homme" désigne Dieu, "sa soeur" désigne la "Communauté d'Israël". Et pourquoi Dieu le fait-il ? C'est par la "grâce" (Hésed). (Zohar III, 7b) (25).
Or, s'il est dit "le monde est construit par la grâce » (Psaume LXXXIX, 3) en le Commentaire par Rachi du Pentateuque (26), forme non retrouvée en les traditions bibliques habituellement utilisées, le texte hébraïque correspond bien au mot grâce et il n'a pas à être traduit autrement !
Selon la kabbale, le monde est donc construit par la grâce, de par la relation qui doit s'établir entre l'homme et Son Créateur, et l'Apôtre déclare à l'égard de l'homme : "il est l'image et la gloire de Dieu". (I Corinthiens XI, 7)
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VI . Et désormais je ne suis plus dans le monde, et eux ils sont dans le monde, et moi je viens vers toi.
Si de par l'Incarnation le Christ est venu dans le monde, il n'est plus en ce lieu, en ce qu'Il a vécu déjà la véritable Passion. Gethsémani, c'est là que réside la Victoire sur la mort du Fils de l'Homme, le calvaire n'étant que la confirmation humaine dans des marques physiques, des douleurs morales véritablement ressenties en l'âme du Sauveur, au jardin des Oliviers.
Le spectacle de tous les péchés du monde fait dire au Fils : "Mon âme est triste à en mourir". (Mathieu XXVI, 38) : Origène déclare dans le Traité des Principes II, 8, 4, 5, que cette parole du Sauveur est d'une compréhension délicate, pourtant le Maître Alexandrin dresse un rapport entre ce verset et cet autre : "Je donne ma vie : pour la reprendre à nouveau. Personne ne me la prend ; c'est moi qui la donne volontairement. J'ai pouvoir de la déposer et j'ai pouvoir de la reprendre. Telle est la mission que j'ai reçue de mon Père". (Jean X, 17-19), et ce rapport est très important, si Origène choisit le terme "âme" en place de celui de "vie", et si nous ne trouvons pas ce même choix dans l'ensemble des traductions que nous utilisons, du moins, ce Père n'est pas le seul à agir de la sorte puisque en son Commentaire de l'Evangile concordant ou Diatessaron, Ephrem de Nisibe transcrit ainsi Jean X, 18 : "j'ai sur mon âme pouvoir de la donner et de la reprendre". (27)
C'est selon deux niveaux qu'à Gethsémani le Christ est triste à en mourir :
- Sa sensibilité devant les suites de la Chute provoque en Son Amour, une immense amertume.
- Son âme est prête à « mourir », non pas du fait des hommes, mais de Sa volonté qui Le conduit à s’acheminer seul, vers Sa mort et Sa réurrction.
Il importe de souligner que la "mort" de l'âme (l'âme étant immortelle, ce terme s'avère impropre) correspond à l'instant précise où s'accomplit la réelle séparation entre les trois parties constituant un homme : le corps, l'âme et l'esprit, et cette séparation qui - pour l'âme - commence à Gethsémani, fait que Jésus n'est déjà plus, conformément à la Prière Sacerdotale, de ce monde, quant au corps, il sera mort lors de la crucification, et sur les bois de la croix le Sauveur dira à son Père : "Je remets mon esprit entre tes mains". (Luc XXIII, 46)
Puisqu'à Gethsémani l'âme est triste à en mourir, Jésus-Christ n'est dès lors plus de ce monde, le processus de la séparation étant commencé, à Gethsémani, l'âme du Christ est prête à rejoindre incessamment le Père, c'est pourquoi Jésus-Christ déclare : "et moi je viens vers toi".
Il est une dimension qu'il convient d'évoquer, c'est celle de la pluralité des mondes, la question en outre étant de savoir si le Christ n'est venu que pour notre planète ou pour tous les mondes connaissables et inconnaissables à l'homme et Monsieur Philippe disait à cet égard : "Il y a des milliers de mondes comme la terre et ce qui s'est passé ici il y a deux mille ans, en même temps le Christ l'a accomplit partout". (28)
La liturgie romaine bénéficie de cette conscience en son Hymne de Laudes de l'Office Ferial de la Semaine de la Passion, lorsque celui-ci évoquant le Christ s'écrie : "l'eau et le sang découlent de sa blessure. Quel fleuve purifie la terre, la mer, les astres et le monde entier". (29)
Jean Chrysostome en sa IVe Homélie sur l'incompréhensibilité de Dieu déclare : "Il y a les anges, les archanges, les Trônes, les Dominations, les Principautés, les Puissances, mais ce ne sont pas les seuls peuples qui habitent les cieux, où il existe encore un nombre infini de nations et de tribus innombrables, qu'aucune parole se saurait représenter".(30)
Que ce monde où nous connaissons notre pèlerinage terrestre ne soit pas la seule planète en laquelle la vie fut placée par le Créateur, est un point qui a hanté les Pères de l'Eglise : on connaît la position d'Origène mais avant d'affirmer la succession des modes, le Père des Pères reconnaît ce sujet comme délicat : "Quant à savoir ce qu'il y avait avant ce monde-ci et ce qu'il y aura après ce monde, bien peu jusqu'à présent sont arrivés à en avoir une idée claire, car il n'y a pas à ce propos de doctrine explicite dans la prédication ecclésiastique". (31) Origène émet en outre une thèse de grande importance que confirmera Monsieur Philippe : "De la même façon, il me paraît impossible qu'un monde puisse recommencer une seconde fois, avec le même ordre et les mêmes caractéristiques pour ceux qui naissent et qui meurent et pour ceux qui agissent. Il se peut en revanche que des mondes divers existent, avec des changements considérables : par certains aspects manifestes, l'état d'un monde peut être meilleur que celui d'un autre monde ; pour d'autres aspects, il peut être inférieur ; et pour d'autres encore, équivalent. J'avoue ne pas savoir quel nombre et quels types de mondes cela peut être. Si quelqu'un pouvait me l'expliquer, je l'apprendrais volontiers". (32) ; car Monsieur Philippe a déclaré : "Il y a une infinité de mondes en dehors du nôtre où les créations se présentent sous les formes animales de notre monde. Mais ces animaux sont bien plus élevés, bien plus intelligents que la majeure partie des hommes actuels. Ils ont une âme identique à la vôtre et sont faits, comme nous, en âme, esprit et corps, à l'image de Dieu. Ils savent des choses que nous ignorons, et, nous, nous savons des choses qu'ils ignorent...". (33)
Un point fondamental qu'il convient de ne jamais oublier et que nous avions déjà évoqué, c'est le double aspect de la succession des mondes et de la simultanéité de la création ; éléments déjà évoqués en notre méditation sur le Prologue de Saint Jean (17) ; et en réponse à Philon d'Alexandrie déclarant : "quand il voulut fabriquer le monde visible d'ici-bas ; forma d'abord le monde intelligible, afin qu'en utilisant un modèle incorporel et tout à la ressemblance divine, il (Dieu) réalisât le monde corporel, réplique plus récente d'un plus ancien, et destiné à comporter autant d'espèces sensibles qu'il y en a d'intelligibles dans le premier" (34), Basile de Césarée en ses Homélies sur l'Hexaéméron confirme : "S'il existait quelque chose avant la formation de ce monde sensible et périssable, il est évident que ce devait être dans la lumière". (35)
La relation que fait Basile entre les mondes et la lumière est fondamentale, et ce Père de l'Eglise rejoint la tradition kabbalistique qui déclare notamment : "la tradition nous apprend qu'au-dessous du Trône suprême il existe trois cent dix mondes qui sont éclairés de la Lumière primitive" (36). Or, si "le commandement est un flambeau, la loi est une lumière" (Proverbes, VI, 23) selon les exactes traductions de Crampon, de la version Synodale, de la Vulgate du maître de Sacy, nous savons que la Loi, c'est la Création (16) mais aussi que "ce qui est devenu était vie en lui (le Christ). Et la vie était le lumière des hommes" (Jean I, 4), mais pas seulement des hommes (17), car si Be Re ACHYTH a pour valeur 13 et signifie que la Création est un acte de justice rendu selon une condition de réciprocité, (17), Emmanuel LEVYNE rappelle que le mot lumière a aussi pour valeur 13, et donc de cette précieuse remarque (18) nous pouvons conclure que la Création c'est la Lumière, et donc - mais nous le savions déjà - le Christ Jésus, non pas comme représentation ou constitution des mondes, mais comme source des mondes car "tout ce qui devient est par lui" (Jean I, 3).
Parce que "tout ce qui devient est par lui", il y a bien une succession comme engendrement des choses et des mondes, de par ce devenir, aussi Philon d'Alexandrie précise : "Car Dieu ne cesse jamais de produire ; mais comme il est propre au feu de brûler, et à la neige de glacer, ainsi il l'est à Dieu de produire, et même beaucoup plus, d'autant qu'il est pour tous les autres êtres principe de leur action. Mais il est bien de dire : "il mit fin", et non "Il cessa" ; car il met fin à ce qui produit en apparence et en réalité n'agit pas ; mais, Lui, il ne cesse pas de produire. Aussi ajoute-t-il encore : "Il mit fin à ce qu'il avait commencé". Car tout ce qui est fabriqué par nos arts, une fois achevé, reste en repos et inerte : mais les produits de la science de Dieu, une fois terminés se meuvent à leur tour : leurs fins sont pour d'autres êtres des commencements". (37)
Si la création n'est pas achevée, la kabbale a raison de reconnaître que la lumière s'est trouvée cachée, mais ils n'ont pas souhaité la reconnaître car "elle vint dans son domaine et ses vassaux ne la reçurent point". (Jean I, 11) et pour le peuple de la précédente Alliance, peut-être ce temps n'était-il pas préparé à le vivre, attendant la Parousie qui sera la seconde venue du Sauveur en gloire, aussi dans cette attente, le Zohar déclare : "la lumière que le Saint, béni soit-il, répandit dans le monde au moment de la création répandait sa clarté d'une extrémité de la terre à l'autre ; mais elle fut cachée ensuite. Pourquoi fut-elle cachée ? Afin que les coupables de ce monde n'en jouissent. Dieu l'a cachée pour le Juste, nous entendons pour le juste par excellence, dont l'Ecriture dit : la lumière se levait sur je juste et la joie dans ceux qui ont le coeur droit" (Ps 97, 11). C'est alors que les mondes seront rachetés et ne formeront qu'un arc de cercle ; mais jusqu'à ce jour, la lumière restera cachée". (38)
Cette unité qu'évoque le Zohar nous introduit à la lecture des versets suivants, clef de Voûte de la Prière Sacerdotale.
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VII . Père Saint, garde-les dans ton nom, dans lequel tu me les as donnés, afin que comme nous ils soient un. Lorsque j'étais avec eux dans le monde, je les gardais dans ton nom.
Quel est le nom de Dieu ? Un seul nom, que la recherche théologique à ce jour n'a su comprendre (39), est révélé par le Fils à l'égard de Son Père, nous l'avons évoqué à propos de notre méditation des versets 4, 5 et 6 : Abba.
Le nom de Dieu : Abba, Aleph Beith, aleph, nous l'avons perçu, c'est d'une part la fructification universelle dans l'unité, selon les idiomes antiques, et la volonté efficiente d'accomplir l'unité, la force générative qui est l'unité, selon l'hébreu !
Lorsque le Fils demande à Son Père de garder dans Son Nom ceux qui lui furent donnés, il est précisé que nous ne nous trompons pas car il ajoute : "afin que comme nous ils soient un", le nom de Dieu, c'est la fructification universelle dans l'unité, c'est la volonté efficiente d'accomplir l'unité, la force générative qui est l'unité : ainsi sommes-nous au coeur de la Prière Sacerdotale, Jésus a bien gardé dans l'unité ceux qui lui furent donnés lorsqu'Il vécut Son Incarnation : "et aucun d'eux ne s'est perdu" !
Dans ce verset 11 par l'expression "garde-les", se trouve non pas un ordre - nous connaissons le mode de relation entre les Personnes Divines pour l'avoir entrevu en introduction à cette étude -, mais alors une supplique.
Supplique à l'égard des créatures données par le Père à Son Fils, ce qui soutend l'idée selon laquelle l'homme de par les éléments de la Loi du Père, pourrait ne pas se trouver naturellement gardé en Son Nom ! Cela nous introduit au rôle médiateur du Christ entre le Père et la créature. N'est-ce pas le Père - qui n'est pas Dieu de rigueur, mais d'Amour et donc de Justice - qui renvoya Adam du Jardin d'Eden, selon la traduction du Dr. Chauvet : "Le Père ne juge personne ; mais il a laissé au Fils la fonction de juge, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père". (Jean V, 22, 23), et ce temps où s'accomplit cette "passation des fonctions", constitue un temps nouveau, qui n'est pas un jugement mais une Réparation : "Car enfin nous étions sans valeur aucune lorsque le Christ, au moment fixé, est mort pour les impies" (Romain V, 6) et à ce moment nous nous sommes trouvés réconciliés comme le déclare l'apôtre, ajoutant : "Mais Dieu démontre son amour pour nous par ce fait que quand nous étions pécheurs le Christ est mort pour nous. A plus forte raison maintenant que nous avons été sanctifiés dans son sang serons-nous sauvés par Lui de la colère de Dieu ; car enfin, si étant haïssables par dieu, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de Son Fils, à plus forte raison serons-nous sauvés en vivant par Sa vie, maintenant que nous sommes réconciliés". (Romains V, 8-11)
Le lecteur habitué à nos travaux le sait : il y a une distinction fondamentale à établir entre Dieu et le monde, car ce monde, que le Christ évoque n'est pas l'expression, la représentation de la Création dans sa pureté originelle, mais le lieu de la chute où réside le Prince du monde. Voilà pourquoi le Sauveur de ce monde peut dire à Pilate : "Mon royaume n'est pas de ce monde". (Jean XVIII, 36) et il convient de ne pas confondre le monde de la chute avec le royaume de Dieu qu'il nous faut quérir : "cherchez premièrement le Royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par-dessus" (Mathieu VI, 33)
Parce qu'il y a plusieurs mondes et plusieurs royaumes, il y a aussi plusieurs bergeries, le Christ déclare-t-il aussi : "Moi je suis le bon pasteur ; et je connais mes brebis et elles me connaissent, comme mon père me connaît, et je connais mon Père. Je donne ma vie pour mes brebis. J'ai aussi d'autres brebis, qui ne sont pas dans cette bergerie, et j'ai mission de les amener : elles entendent ma voix ; et il n'y aura plus qu'un seul troupeau et qu'un seul pasteur". (Jean X, 14-17)
Parce qu'Il est le bon pasteur, le Christ a donc bien gardé dans la bergerie de ce monde dans le Nom, dans l'unité de Dieu, mais si toutes les bergeries qui sont semblables à ce monde se sont trouvées gardées, il est d'autres brebis qui ne sont pas dans une semblable bergerie, qui entendent déjà la voix du Sauveur mais qui ne sont pas déjà réunies, c'est le futur qui est employé : "il n'y aura plus qu'un seul troupeau et qu'un seul pasteur".
De quel futur s'agit-il, comment s'exprime la mission du Christ à l'égard de ces autres brebis qui ne sont pas celles dont Il a dit ; selon un mode passé : Oui, ceux que tu m'as donnés, je les ai gardés...
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VIII. Oui, ceux que tu m'as donnés, je les ai gardés, et aucune d'eux ne s'est perdue ; si ce n'est le Fils de perdition, pour que l'Ecriture fut accomplie.
Alta en sa traduction de l'Evangile de l'Esprit : Saint Jean, ponctue par un point virgule les deux corps de ce verset : "et aucun ne s'est perdu" et par ailleurs : "si ce n'est le Fils de perdition". Or, la Grammaire Supérieure de Pierre LAROUSSE, réalisé en la fin du dernier siècle où la langue française avait encore un sens, nous précise que le point virgule "sert à séparer entre elles celles (des propositions principales) qui, tout en étant courtes, présentent quelque contraste frappant dans les idées, ou quelque différence notable dans la forme" (41).
Cette différence est d'une importante capitale car ce "si ce n'est" sépare les deux corps de la phrase par un sens signifiant par ailleurs !
- si le Fils de perdition a été donné au Christ, alors le dialogue en la réponse du Fils à l'égard de Son Père, est erroné : le terme "aucun" ne supporte pas d'exception et s'avère impropre !
- si le Fils de perdition n'a pas été donné au Christ, alors non seulement le terme "aucun" exprime sa réelle valeur, mais la ponctuation qui le précède, confirme le sens d'un par ailleurs !
Cet "en dehors" distingue en séparant deux corps de choses déjà séparés, car il convient de régler ce point définitivement et hors des aspects grammaticaux, il nous semble naturel de demander à l'exégèse biblique son avis : Est-ce donc "en dehors" des créatures données au Christ que figure le Fils de perdition, ou bien le Fils de perdition s'est-il mis "en dehors" de la Bergerie du Sauveur ?
"Aucun d'eux ne s'est perdu", or la mission du Christ, Mathieu XV, 24 la relate : "Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël", et comme les fonctions du Sauveur furent accomplies intégralement, non seulement, - nous avions déjà le Fils de perdition ne désigne pas Judas qui est une brebis d'Israël (7) - il ne s'agit pas d'un homme, mais d'une autre créature qu'évoquent clairement Paul et Jean : et lorsque nous comprendrons de quelle créature il s'agit, nous percevrons pourquoi elle ne correspond pas à l'une des brebis dont le Christ se trouve immédiatement chargé !
Si les commentateurs de la Bible ont toujours voulu faire porter sur Judas cette charge écrasante qu'est cette appellation Fils de perdition, le lecteur qui connaît nos travaux sait que les Ecritures que l'on a tenté de lui faire endosser, ne s'appliquent pas à l'Apôtre (7), notre frère.
Il convient que les Ecritures s'accomplissent, mais le temps de cette réalisation n'est pas indiquée : il ne s'agit ni d'un passé ni d'un futur, mais d'un présent non clos et rien n'indique que la manifestation de ce mystère n'est pas à venir. Relevons et écoutons les passages du nouveau Testament où il est aussi question du Fils de perdition, ils seront en mesure de nous guider. "Il faut d'abord que se produise l'apostasie et que se dévoile l'Homme de péché, le fils de perdition, qui s'installera, qui s'élèvera au-dessus de tout ce qui est proclamé Dieu et honoré comme tel ; il faut qu'il trône dans le temple même de Dieu, et s'arroge les attributs de Dieu". (II Thessaloniciens II, 3-5) proclame Paul, et Jean en sa Révélation déclare à l'égard de la troisième bête : "Elle doit monter de l'abîme et aller à sa perdition". (Apocalypse XVII, 8)... non pas perte, mais perdition, selon les traductions de Segond, synodale, Darby, Ostervald, Crampon 1905, notamment !
Judas ne s'est jamais proclamé Dieu, il n'a point trôné dans le temple de Dieu ni ne s'est arrogé les attributs de Dieu, et ce temps de la bête n'est pas encore venu. Des hommes, le Christ n'en a perdu aucun, or il reste le problème du salut de la bête, et sans avoir présentement la possibilité d'établir l'exégèse de l'Apocalypse - ce qui serait non seulement hors sujet, mais nécessiterait au moins un livre -, du moins, nous nous rangeons à l'avis du Saint abbé Paul François Gespard LACURIA qui unit en sa clef historique de l'Apocalypse la Bête du chapitre XVII - parce qu'elle était et qu'elle n'est plus et qu'elle reparaîtra (Ap. XVII, 8) - à la bête d'Apocalypse XIII, 11 : "Puis je vis monter de la terre une autre bête qui avait deux cornes semblables à celles d'un agneau, et qui parlait comme un dragon". (43)
Qui donc peut s'arroger les attributs de Dieu, qui semble être comme un agneau mais parle comme un dragon, quel est ce Fils de perdition, si non celui et ceux qui s'opposent à Dieu en toute connaissance et de par ce fait accomplissent, de par leur refus volontaire du Souverain Bien, le péché contre l'Esprit-Saint : la théologie du péché ne réside pas dans la réalisation d'actes qui iront à l'encontre d'une monenclature purement humaine ; le bien et le mal, ne sont pas accessibles à l'homme d'une part en ce qu'un tel manichéisme n'existe pas, d'autre part en ce que nous l'avons déjà évoqué : "Jésus-Christ seul a connu le mystère du problème du mal. Tous les sages n'en ont pas même l'intuition ; ils se sont arrêtés au pied de ce mur qui bornait leur horizon, sentant qu'il y avait quelque chose au-delà mais ils n'ont pas su dire quoi" (44), et le Christ l'a affirmé "Oui je vous le dis, tous les péchés seront remis aux fils des hommes, et les blasphèmes, autant qu'ils en blasphémeront ; mais quiconque blasphémera contre l'Esprit Saint n'aura jamais de rémission : il est à jamais coupable d'un péché". (Marc III, 28-30)
Le péché contre l'Esprit, c'est le refus conscient - dans la connaissance totale de cet Amour - de l'Amour de Dieu, et une telle attitude est-elle possible en ce monde, en fait non ; et sur ce point les Pères de l'Eglise se trompèrent quand un Cyprien déclare par exemple en sa lettre à Magnus ; évoquant Novatien ? : "il doit être compté parmi les adversaires et les antéchrists". (45)
La Didaché XVI, 3-5 déclare (au futur) : "Aux derniers temps, les faux prophètes et les corrupteurs se multiplieront, les brebis se changeront en loups, et l'amour se changera en haine. Car à la suite du progrès de l'iniquité, les hommes se haïront les uns les autres, ils se poursuivront, ils se trahiront et alors paraîtra le séducteur du monde se donnant pour le Fils de Dieu et il fera des "signes et des prodiges", et la terre sera livrée entre ses mains et il fera des iniquités telles qu'il n'y en eut jamais depuis le commencement des siècles".
Il est un point intéressant à noter : la terre sera livrée entre les mains de celui qui se fera passer pour le Fils de Dieu, or ; il y a une volonté divine qui ne s'oppose pas à cela, mais elle nous est confirmée par les Ecritures, qu'évoque le Christ : "pour qu'elles s'accomplissent", c'est le témoignage que nous avons en mémoire, de l'Apôtre lorsqu'il déclare à propos du Fils de perdition : "il faut qu'il trône dans le temple de Dieu" (II thessaloniciens II, 4) ; il s'agit d'une nécessité si non d'un ordre, et nous revenons au mystère de Ha Satan, comme obstacle que Dieu se fait à lui-même et que nous avons déjà évoqué (2 et 7).
Il est un autre point qui est certain, c'est que les créatures qui vivent del 'obstacle que Dieu se fait à lui-même, ne sauraient manquer à leur fonction tant que le monde de la chute n'a pas achevé son devenir, et c'est la raison pour laquelle le Sauveur déclare : "J'ai aussi d'autres brebis qui ne sont pas dans cette bergerie, et j'ai mission de les amener : elles entendent ma voix ; et il n'y aura plus qu'un seul troupeau et qu'un seul pasteur". (Jean X, 16), mais ce temps s'inscrit dans le futur. Il est un drame que la métaphysique chrétienne n'a jamais compris ni tenté sérieusement de percevoir, c'est d'une part le possible avènement plus proche du Jour de Dieu qui revient à l'homme : "quelle sainte conduite et quelle piété devez-vous avoir pour atteindre et hâter l'avènement du jour de Dieu" (II Pierre III, 11, 12), c'est d'autre part l'impossibilité - de par la justice rigoureuse qu'il s'impose - pour le Prince de ce monde de demander à Dieu miséricorde, ainsi Sainte Brigitte assistera-t-elle à ce dialogue : "Alors, Notre Seigneur repartit : Si je suis donc si miséricordieux que je ne refuse le pardon à aucun de ceux qui me le demandent, demande-moi humblement miséricorde, toi aussi, et je te la donnerai", le diable lui répartit : "Je n'en ferai rien car quand je tombai, il fut ordonné une peine pour chaque péché, ou pour toute pensée et paroles inutiles, et tous les esprits qui sont tombés ont chacun une peine infligée. Pourtant, plutôt que de fléchir mon genou devant vous, j'aimerai mieux attirer sur moi et engloutir toutes les peines, tous les supplices, bien que leur rigueur fut incessamment renouvelée" (46) et c'est à l'homme que revient encore le retour à Dieu de ceux qui s'opposèrent à lui. Voilà pourquoi de telle sorte que s'accomplisse la conversion du Prince de ce monde et de ses légions Péladan déclare "Il serait temps non pas de les prier, la droite de Dieu les a marqués, mais de prier pour eux ; la droite de Dieu ne s'étend jamais pour barrer la charité" (47) ; aussi l'Eglise Gnostique Apostolique - Primitive d'une part invite-t-elle - si elles sont des âmes de bonne volonté - ces créatures à s'associer à la Sainte Messe : "Frères désincarnés qui continuez votre cheminement, martyrs et saints de l'Eglise Visible et Invisible qui intercédez pour nous, Anges gardiens qui assistez les membres de cette communauté et ceux qui ont besoin de prières, Hiérarchies célestes qui louez Dieu sans cesse, je vous invite à participer à cette célébration. Unissez-vous à notre prière à laquelle s'associent toutes les âmes de bonne volonté. Daignez communier spirituellement à cette anticipation du Royaume des Cieux que la Sainte Eucharistie actualise, pour la purification et l'unification de nos coeurs, en Dieu", mais prie-t-elle aussi à deux reprises pour elles en cette Divine Liturgie : "Prions mes frères et bien aimés pour tous ceux qui, malgré leur connaissance de Votre Amour, chutèrent en voulant changer de sphère, et que la grâce de Dieu éclaire en toute liberté ceux qui ayant quitté provisoirement l'harmonieuse Unité, reprendront leur place dans le plan originel de la Création". (48)
Nous entrons par ce biais dans la mission qui - nous l'avons déjà entrevu - n'est plus la mission du Christ, mais à l'image du Christ-Jésus, celle de l'homme : si les grandes Eglises Apostoliques, ignorèrent et ignorent toujours cette fonction fondamentale que l'Eglise Gnostique Apostolique Primitive a toujours enseignée et pratiquée, la kabbale pour son compte ne méconnaît pas cette responsabilité, et c'est là que réside l'intérêt d'Isaac LURIA et de son école en la théorie - pas du tout seulement théorique - du Tikkun que résume bien Henri SEROUYA en son petit livre sur la kabbale : "Luria considère que "le processus par lequel Dieu conçoit, se produit et se développe lui-même, n'atteint pas sa conclusion en Dieu". Le rôle de l'homme est ici capital ; il peut agir efficacement dans le processus final. Le juif qui s'attache étroitement à la vie divine, en accomplissant les commandements prescrits par la Torah et la prière, peut accélérer le processus de "la restitution de toutes les lumières et de toutes les parcelles qui ont été dispersées et isolées". Chaque acte de l'homme se rapporte donc "à cette tâche finale que dieu a fixée à ses créatures". En ce sens pour Luria, l'apparition du Messie n'est "que la consommation du processus continue de la restauration", c'est à dire le Tikkun". (49) La véritable métaphysique chrétienne émettra sur ce point quelques réserves : ce n'est pas que Dieu ne puisse atteindre la conclusion, par le secours de sa grâce, de cette apocatastase, la responsabilité non pas seulement des juifs mais de tous les hommes dans la Restauration finale est un acte volontaire de la part du Créateur en ce qu'il a souhaité faire participer Sa créature au devenir de Son oeuvre, et nous aboutissons ainsi à l'essence de la Prière Sacerdotale, où le Tikkun, pour Scholem "apparaît dans ce sens comme la restauration de l'unité hors de la multiplicité, est toujours en rapport avec le Rédemption". (50)
Cette participation de l'homme à la réalisation de l'Unité qu'évoque rapidement II Pierre III, 11, 12 ; conduit à la venue plus rapide de la Parousie, ou second avènement de Jésus-Christ et cela -que les grandes Eglises Apostoliques ne cherchèrent pas même à percevoir - nous unit en tant que gnostique chrétien à la kabbale en ses fondements les plus mystiques puisque le Judaïsme orthodoxe - si l'on en établissait l'exégèse - attendait non pas la venue première du Christ, mais sa manifestation en gloire, selon la venue des "deux Messies", dont le premier était annoncé comme fils de Joseph, et le second comme fils de David, et le Talmud de Babylone est à cet égard très instructif : Quelle est la raison du deuil dont parle ce passage ? R. Dossa et les autres rabbis ne sont pas d'accord sur ce point. L'un dit : "C'est parce que le Messie, fils de Joseph sera tué", et les autres : "C'est parce que l'esprit du mal va être anéanti". La raison qu'avance le premier est très plausible, puisqu'il est écrit : "Ils tourneront le regard vers moi, à cause de celui qu'ils ont transpercé. Ils pleureront sur lui comme on pleure sur son fils unique, ils pleureront amèrement sur lui comme on pleure sur un premier né" (Zac XII, 10) ... et du Messie de la lignée de David il est dit : "Alors régnera la paix. Lorsque l'Assyrien viendra dans notre pays et qu'il pénétrera dans nos palais, nous ferons lever contre lui sept pasteurs et huit princes du peuple" (Michée V, 4). Quels sont ces sept pasteurs ? David au centre ; Adam, Seth et Mathusalem à sa droite, Abraham, Jacob, Saül, Samuel, Amos, Sophonie, Ezéchias et le Messie" (51)... et toutes ces prophéties s'appliquent à l'unique Messie qui est le Christ, qui sur l'arbre de la croix fut transpercé, descendant aux enfers avant Sa résurrection, il anéantit le mal, et c'est bien du Sauveur dont il est question en Michée commençant ainsi le chapitre V évoqué : "Quant à toi Bethléem. Ephratah, bien que tu sois petite parmi les clans de Juda, de toi sortira pour moi celui qui doit être dominateur en Israël et dont les origines sont de toute antiquité, depuis les jours d'antan ! C'est pourquoi Dieu les abandonnera jusqu'au temps où enfantera celle qui doit enfanter, alors le reste de ses frères reviendra vers les fils d'Israël". (Michée V, 1-3) ; nous ne trahissons pas le Talmud, ce sont ses auteurs qui ne reconnaissent pas les prophètes !
Pour revenir à notre méditation, en clôturant la parenthèse sur le faux problème des deux Messies, il revient à l'homme, par ses oeuvres et par ses prières, de hâter l'avènement du Jour de Dieu, en ce qu'il se trouve dépositaire des conditions de cet avènement et qu'il se doit d'être présent en cette circonstance : "Nous les Vivants qui avons été laissés pour la parousie du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont gisants" (I Thessaloniciens IV, 15), de sorte que s'accomplisse ce qui plaît à Dieu que se réalise en lui : "Que le Dieu de paix qui a ramené d'entre les morts notre Seigneur Jésus qui, par le sang de l'alliance éternelle, est le grand pasteur des brebis, vous rende aptes à faire tout le bien qu'il veut. Et qu'il fasse en nous ce qui lui agrée par Jésus-Christ à qui soit la gloire dans des âges des âges-Amen". (Hébreux XIII, 20-22).
Aussi, pour faire ce qui plaît à Dieu, l'homme doit notamment se souvenir de cet appel de l'Apôtre : "Fortifiez-vous dans le Seigneur, mes frères, et dans la puissance de sa force ; couvrez-vous de la panoplie de dieu, afin de pouvoir tenir fermes contre la manoeuvre du Diable. Car notre lutte n'est pas contre un être de chair et de sang ; mais contre les archées, contre les extériorisations, contre les forces co smiques de ce monde de ténèbres, et contre les mauvais esprits célestes". (Ephésiens VI, 10-13).
Cette lutte n'est pas l'expression d'une guerre exterminatrice, mais modificative des situations que connaît dans son devenir la Création, c'est la raison pour laquelle il s'agit d'une action purificatrice, comme cela a déjà été clairement exposé en notre étude sur Satan, et selon les termes de l'Apôtre, ces extériorisations que le christianisme n'a pas souhaité comme telles avec les conséquences qui en découlent, entrevoir, mais que la métaphysique chrétienne ne saurait ignorer et que sa tradition gnostique connaît ; apparaissent dans la kabbale, comme la brisure des vases, qui donna naissance à l'Autre Côté, qui donna naissance à l'exil de la Chekhinah.
Que l'homme parvienne à la Restauration de toutes choses en Dieu, cela est d'autant plus certain que si d'une part aucun élément de la Création ne peut s'en aller à sa perdition, il viendra ce temps selon lequel "le règne de Dieu est au-dedans de nous" (Luc XVII, 21), cela lorsque transparaîtra "Le jour et que se lève dans vos coeurs Lucifer" (II Pierre I, 19), alors le Prince de monde et les démons purifiés - alors qu'ils sont actuellement au-dedans de nous et l'Apôtre reconnaît : "Et de peur que ne m'élève l'excellence de ces dévoilements, une écharde dans ma chair, un ange de Satan m'a été donné pour me souffleter, de pur que je ne m'élève" (II Corinthiens XII, 7) - bénéficieront de ce retour à l'unité selon cette espérance si attendue par l'Apôtre, et que le lecteur habitué selon cette espérance si attendue par l'Apôtre, et que le lecteur habitué à nos études connaît, pour que nous ne la répétions pas, en Romains VIII, 17-24.
IX. Mais maintenant je viens vers toi, et je dis ces paroles dans ce monde, pour que mon bonheur soit en eux. Moi, je leur ai donné ton Verbe ; et le monde les hait, parce qu'ils ne sont pas de ce monde, non plus que moi je ne suis de ce monde.
Si le Christ dit "ces paroles dans ce monde", c'est parce qu'il convient que la Lumière pénètre la Ténèbre, qu'il convient que l'exil des âmes depuis la chute adamique prenne fin, et à cet égard le Sauveur déclare : "pour que mon bonheur soit en eux".
C'est par la Parole de Dieu, Père Fils et Saint-Esprit que la Création commença son devenir : "Dès le commencement, la Parole de Yahwé avec Sagesse créa" ainsi commence le Targum du Pentateuque quant à la Genèse (52) et sans revenir à notre méditation du Prologue de Saint-Jean dans la tradition chrétienne et l'exégèse scripturaire, nous percevons l'association des Trois Personnes divines ; la Parole ou le Verbe, Yahwé ou le Père, la Sagesse ou le Saint-Esprit ; dans l'oeuvre de création. Or, "Par la parole de Yahwé les cieux ont été faits et par le souffle de sa bouche toute leur armée". (Psaume XXXIII, 6) et, c'est par la Parole que le monde subsiste, c'est à dire par le Verbe qui, lorsqu'il s'exprime amène la création potentielle à son existence virtuelle (17).
Comme le bonheur du Christ serait-il en ses disciples, si le Sauveur ne réalisait Ses paroles en ce monde, puisque le Psalmiste déclare : "Je prierai le Père, et Il vous donnera un autre consolateur pour être avec vous éternellement, l'Esprit de vérité que le monde ne peut pas recevoir, parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît pas", (Jean XIV, 16-17) c'est parce qu'Il est Lui, avant cet "Autre", qui est l'Esprit Saint, le Consolateur ; ainsi Jean déclare-t-il en son Epître : "nous avons un consolateur auprès du Père, Jésus-Christ le Juste" (I Jean II, 1). Et qu'est donc ce bonheur si non d'une part la Rédemption accomplie par le Christ : "Jésus, principe et perfection de la Foi, lui qui, à cause de la joie proposée, endura la croix au mépris de la honte et s'est assis à la droite du trône de Dieu". (Hébreux XII, 2) ; pour que vienne le Royaume qui est "Justice et paix et joie dans l'Esprit Saint". (Romains XIV, 17).
C'est en faveur de cette joie, de ce bonheur que le Sauveur dit "ces paroles", de telle sorte qu'incessamment ils reçoivent le Paraclet, ayant déjà reçu le Verbe fait chair lors de la Sainte Cène et qu'au soir de la Résurrection s'accomplisse la promesse en Jean XIV, 16, Jésus "souffla sur eux et leur dit : Recevez l'Esprit Saint. Ceux dont vous aurez chassé les péchés, leurs péchés seront chassés, ceux dont vous les aurez maîtrisés, ils seront maîtrisés". (Jean XX, 22, 24).
Ouvrons une parenthèse, la Pentecôte Johannique est la véritable manifestation de l'effusion en les Apôtres, celle des actes ne constituant que la manifestation - en une confirmation - des débuts de l'église évangélisant l'Univers, du moins en sa partie visible, Judas l'Apôtre ayant pour son compte achevé sa mission terrestre.
Que les Apôtres, que ceux pour qui le Christ prie à Gethsémani ne soient pas de ce monde, de même bien entendu que le Christ, le fait est évident, car si "dans la sagesse de Dieu le monde n'a pas reconnu Dieu à travers la sagesse" (I Corinthiens I, 21), ceux qui ne sont pas de ce monde ont eux, reconnu Dieu, et "leur rejet a été la réconciliation du monde". (Romains XI, 15).
X. Je ne demande pas que tu les ôtes de ce monde, mais que tu les gardes du mal. Ils ne sont pas de ce monde non plus que moi je ne suis de ce monde.
Si les disciples de jésus étaient retirés de ce monde, comment ce dernier bénéficierait-il de sa restauration. Le problème de ce mystère de la présence, nous l'avions déjà introduit à propos de Pierre reniant par trois fois le Christ : ainsi celui que l'on croit le chef ou le premier parmi les égaux, aura de par son reniement, provisoirement - sur le plan terrestre - la vie sauve : Pourquoi ? Jésus ayant annoncé ce reniement, il devient de par son avertissement, une obligation dans l'ordre des choses, et ce provisoire avait ses raisons en ce qu'il produisit des fruits qui furent pour les apôtres - eux tous pour qui le sauveur avait dit : Vous trouverez tous en moi, cette nuit même, une occasion de chute. Il est écrit en effet : "Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées" (Zac XIII, 7) (Mathieu XXVI, 31) -, avec la dispersion des disciples, la fondation d'Eglises en des lieux divers de ce monde qui toutes portèrent témoignage de la Résurrection du Christ.
Il ne s'agit donc pas que ceux pour qui le Christ prie soient ôtés de ce monde, si non comment s'accomplirait la réconciliation dont l'homme à la charge : "Comme le Père m'a envoyé, moi je vous envoie" (Jean XX, 21) déclare de Divin Réparateur avant qu'il ne souffle sur le apôtres en leur donnant le Saint-Esprit, et c'est dans une fonction de restauration ; que les disciples sont envoyés dans le monde et pour lui ; puisque cette mission est à l'image de celle que le Christ Jésus proclame : "Car Dieu n'a pas envoyé le fils en ce monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui". (Jean III, 17)
Par cette participation à la Restauration ; de l'homme en union avec Dieu ; nous revenons à un thème fondamental de la kabbale, et Carlo Suares en l'une de ses pages inédites publiée par Emmanuel LEVYNE déclare, comme en un résumé : "le mot Béréchith par lequel commence la révélation du mouvement créateur dont l'univers est le lieu, a pour but de projeter en moi-même ce mouvement créateur, c'est à dire de me projeter au sein de ce mouvement créateur". (53)
Il convient que l'homme demeure dans le monde pour qu'il parvienne à en modifier les conséquences actuelles, vu l'état de chute en lequel une partie de la création se trouve. Lorsque le Zohar déclare "Celui qui exécute les commandements de la loi, a autant de mérite que s'il avait créé Dieu (54), mais que si la créature exécute les motifs de sa mission qui est de restaurer et compléter le champ de la Création alors il participe à l'édification de l'univers en son devenir, et se trouve avoir autant de mérite que s'il avait créé non pas Dieu ; mais (Ba. R.A) fait surgir l'esprit dans la matière (55) de telle sorte que se manifeste le nom de Dieu, déjà étudié, la volonté efficiente d'accomplir l'Unité (A.B.A).
Le faux problème du mal a déjà été examiné (2), en faisant surgir l'esprit dans la matière de telle sorte que se manifeste la volonté efficiente d'accomplir (et d'accomplissement) de l'Unité, l'homme se trouve naturellement purificateur du prétendu mal, puisque ce dernier se peut résumer comme n'étant que les éléments qui, s'étant séparés de l'unité, aspirent à une vie autonome, distincte de Dieu et le règne de ces éléments ne saurait n'être que transitoire.
Que l'homme soit gardé du "mal", c'est un fait pour la créature qui aspire non seulement à demeurer en l'unité de Dieu, mais ne succombe pas en outre - comme Eve et Adam - au désir de rompre sa relation avec Son Créateur, aussi l'homme peut-il par la prière, en communion avec la Prière Sacerdotale, être délivré de tout risque du mal , "ne nous fait pas entrer en épreuve, mais délivre-nous du mauvais". (Mathieu VI, 13)
Le lecteur habitué à nos travaux sait quel 'homme est effectivement mis en situation d'épreuve pour que, victorieux de celle-ci l'Alliance puisse s'accomplir entre le Créateur et sa Créature : le mauvais, c'est Ha Satan, l'obstacle que Dieu se met à lui-même. Ce point ayant déjà examiné, il apparaît une chose évidente : aucune épreuve ne saurait être supérieure à la rencontre des forces de celui qui la vit ; aussi Jean CASSIEN nous précise : "la demande suivante : "Ne nous induisez pas en tentation", soulève un difficile problème. Si nous prions Dieu de ne pas permettre que nous soyons tentés, quelle épreuve donnerons-nous de notre constance ? Car il est écrit : "L'homme qui n'a pas été tenté n'a pas été éprouvé". (Ecclésiastique XXXIV, 10) et encore : "Heureux l'homme qui supporte la tentation". (Jacques I, 12). Tel n'est donc pas le sens de cette parole : "Ne nous induisez pas en tentation". Elle ne signifie pas : "ne permettez pas que nous soyons jamais tentés, nous soyons jamais vaincus". Job a été tenté ; il n'a pas été induit en tentation ; car il n'a pas accusé la divine Sagesse, il n'est pas entré dans la voie de l'impiété et du blasphème où la tentation voulait l'entraîner. Abraham a été tenté ; Joseph a été tenté, ni l'un ni l'autre n'a été induit en tentation, parce que ni l'un ni l'autre n'a donné son assentiment au tentateur. Puis cette dernière demande : "Mais délivrez-nous du mal", c'est à dire : "Ne permettez pas que nous soyons tentés par le diable au-delà de notre pouvoir, mais avec la tentation, ménagez-nous les moyens d'en sortir victorieux, afin que nous la puissions supporter". (56)
Ce monde est devenu, est, un lieu de ténèbre, sinon la ténèbre : évoquant le mystère de la conversion de Saül, celui qui va devenir Paul l'Apôtre, n'est-il pas passé par de temps où "il exhalait encore la menace et le meurtre à l'égard des disciples du Seigneur" (Actes IX, 1) de telle sorte qu'il rencontre celui qui allait devenir Son Seigneur, aveugle, ne mangeant ni ne buvant durant trois jours, aveugle en ce quel 'homme était entré au plus profond de lui-même en une nuit intérieure à l'image de sa descente antérieure dans la ténèbre ; il allait recevoir la grâce de la Lumière.
C'est après la ténèbre que vient la Lumière, en ce qu'elle vient éclairer, transfigurer l'abîme de la ténèbre : "Déjà pourtant la Ténèbre, Puissance de concentration et de compression agissait sur l'abîme" (Genèse I, 2) selon la traduction du Dr. Chauvet (57) et ce n'est en effet qu'après l'existence de cette situation que vînt la lumière : "C'est alors que l'Angélie exprimant et réalisant dans sa propre pensée, la pensée divine proféra : "l'Energie lumineuse et universelle sera ! Et l'Energie fut" (57) (Genèse I, 3). Ainsi devons-nous comprendre ce passage du Zohar : "La lumière sort des ténèbres et le bien du mal ; de la punition d'Israël est sorti le grand bien que procure la Loi" (58), comme la manifestation selon laquelle s'accomplit, par ce passage, l'oeuvre de création qui est la transfiguration des éléments qui se dissocièrent de l'Unité en ce qu'ils reviendront à l'Unité : il fallait que Saül vécut le temps de la ténèbre pour recevoir l'événement selon lequel : "une lumière du ciel l'éblouit soudain" (Actes IX, 3).
Qu'il soit demandé par le Christ que ceux qui sont déjà en union avec Lui en ce monde, soient gardés de la Ténèbre, est naturel en ce qu'il convient que les disciples ne retombent dans ce que la kabbale comme l'Autre Côté : ainsi, en ce passage du Zohar que cite Lévyne, mais que nous n'avons pas retrouvé en la traduction de Jean de Pauly, est-il dit : "les paroles de la Tora ne trouvent leur sens que dans cet endroit (l'autre Côté). Il n'y a de lumière que celle qui sort des ténèbres. Lorsque l'Autre Côté est vaincu, alors le Saint Béni Soit-Il, s'élève et se glorifie. On ne peut servir le Saint Béni soit-Il, que dans les ténèbres, et il n'y a de bien que dans le mal. Lorsque l'homme s'engage dans une mauvaise voie et l'abandonne ensuite, alors le Saint, béni soit-Il, s'élève dans sa gloire. La perfection intégrale comprend le bien et le mal. Mais il fait s'élever finalement dans le bien. Il n'y a de bien que celui qui sort du mal et par ce bien, la gloire de l'Eternel s'élève. Tel est le culte intégral". (59).
Entendons-nous bien, pour la métaphysique chrétienne il n'y a pas de mal, il ne saurait exister un quelconque manichéisme, dualisme mitigé, absolu ou tout autre, ce que l'on doit comprendre c'est qu'en l'absence d'unité réside un bien imparfait, et tout ce qui existe n'étant que la résultante de la volonté divine ; fut-elle permise lors de l'action provenant de forces distinctes, dissociées de l'Unité Divine ; il s'agira alors d'un bien imparfait ! Sur ce point les Pères ont proclamé : du moins un Origène, un Didyme d'Alexandrie, un Grégoire de Nysse enseigneront la Rédemption de ceux qui s'opposèrent à l'Amour (2), "Il a délivré l'homme du vice et guéri l'acteur même du vice" (60) ; ce principe lorsque par exemple Denys l'Aréopagite déclare : "on ne trouve pas ici un mal absolu, mais un bien imparfait, car ce qui est entièrement dénué de bien n'existe à aucun titre. Le même raisonnement vaut en ce qui concerne les facultés et l'action des êtres". (61)
Cette préservation par le Christ en faveur des disciples, de ce "mal", fait dire à Pierre : "Vous êtes une race élue, une royale prêtrise, une nation sainte, un peuple acquis pour proclamer les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son étonnante Lumière". (I Pierre, II, 9).
En réfléchissant sur la signification de cette élection, de cette royale prêtrise, qui fait que l'homme est appelé des ténèbres à la lumière, nous comprendrons peut-être ce qu'est cette préservation du "mal". Cette royale prêtrise se trouve évoquée en ces termes : "A présent, si vous écoutez bien ma voix et si vous gardez mon alliance, vous serez pour moi privilégiés parmi tous les peuples, car toute la terre est à moi. Et vous, vous serez pour moi une dynastie de prêtres et une nation sainte". (Exode, XIX, 5, 6), et à l'égard de cette ancienne Alliance Origène proclame, ce qui ne choquera nullement l'esprit de la kabbale : "Comment rejetons-nous l'ancienne pour faire place à la nouvelle ? Comme "ancienne" nous avons la Loi et les prophètes ; et comme "très ancienne", ce qui fut avant la Loi, dès le commencement, quand le monde fut créé. Vinrent les Evangiles nouveaux, vinrent aussi les apôtres. Pour leur faire place, nous rejetons l'ancien. Dans quel sens le rejetons-nous ? Nous rejetons la Loi selon la lettre, pour maintenir la Loi selon l'esprit. On peut encore s'exprimer ainsi : avant que vienne l'homme "du ciel" et que naisse "l'homme céleste", nous étions tous "terrestres" et "portions l'image du terrestre" ; mais quand vînt "l'homme nouveau qui fut créé selon Dieu", nous avons rejeté, pour lui faire place, ce qui est ancien, "nous dépouillant du vieil homme et revêtant l'homme nouveau", "qui selon l'homme intérieur se renouvelle de jour en jour" (62), car le Zohar déclare : les paroles de l'Ecriture s'accompliront : "Et le Seigneur sera seul son conducteur, et il n'y aura point avec lui de dieux étrangers". A cette époque, Israël ne dépendra plus de l'arbre du bien et du mal ; il ne sera plus soumis à la Loi qui édicte ce qui est permis et ce qui est défendu, ce qui est pur et ce qui est impur ; car notre nature, à cette époque, nous viendra de l'arbre de Vie, et il n'y aura plus ni questions qui viennent du mauvais côté, ni controverses qui viennent du côté impur, ainsi qu'il est écrit : "Je ferai disparaître l'esprit impur de dessus la terre". (Zach XIII, 2) (63).
Par l'incarnation du Christ, l'homme se trouve, s'il l'accepte, préservé du "mal", en ce que n'étant plus sous le joug de la législation de l'ancienne Alliance, il doit vivre non plus selon la lettre, mais selon l'Esprit, faisons nôtre cette parole du Maître alexandrin, déjà citée : "Nous rejetons la Loi selon la lettre, pour maintenir la Loi selon l'Esprit", donc parce que - nous ne le répéterons jamais assez - la Loi c'est la création ; nous devons en tant qu'homme maintenir la création selon l'esprit du Créateur.
Or, l'homme qui maintient la création selon la volonté de l'Esprit, mérite réellement le qualificatif "d'homme", et se trouve tout à la fois posséder une âme humaine (6) et posséder "le ministère de cette réconciliation" (II Corinthiens V, 18) ; quant à la créature qui s'est soumise à ce monde, alors que "le monde entier gît dans le mauvais" (I Jean V, 19) le Zohar déclare qu'elle se trouve ramenée au niveau de la bête : "Les intrus ne sont pas des Israëlites, ils déshonorent le nom d'Israël et sont semblables aux bêtes" (64) ; et nous savons, pour avoir médité sur Genèse II, 7 que l'âme première donnée à l'homme c'est aussi la désignation des êtres vivants de Genèse I, 24, (6), c'est l'âme animale ; et ce point remet en cause - tout en étant parfaitement orthodoxe vis à vis de la métaphysique chrétienne - bien des idées reçues de la théologie classiquement admise, pour qui ne veut pas entendre Luc XXI, 19 : "Possédez (en acquérant) vos âmes par votre patience" : on comprend alors bien que le Christ - et les apôtres s'ils ont acquis leur âme - ne soient pas de ce monde.
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XI - Sanctifie-les dans la vérité : c'est ta parole la vérité. Comment tu m'as envoyé vers le monde, moi aussi je les ai envoyés vers le monde ; et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu'eux aussi soient réellement sanctifiés.
"C'est moi qui suis la Voie, et la Vérité et la Vie" déclare le Christ en Jean XIV, 6, que ceux qui seront sanctifiés dans la Vérité, c'est dans le Sauveur qu'ils se trouvent sanctifiés, en ce que si la parole est la Vérité, et que "si vous restez fidèles à ma parole, vous êtes réellement mes disciples ; et vous connaîtrez la Vérité et la vérité vous affranchira" (Jean VIII, 31-33). Ils se trouveront en cette situation qu'évoque l'Apôtre : "Il n'y a maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, qui marchent non selon la chair, mais selon l'esprit : parce que la Loi de l'esprit de vie, qui est en Jésus-Christ, m'a affranchi de la loi du péché et de la mort". (Romains VIII, 1-3) (Ostervald).
Affranchis de la loi du péché et de la mort, les disciples, ceux pour qui le Christ vient de prier, sont-ils envoyés dans le monde, comme les Fils du Règne selon qu'il est écrit ; "Celui qui sème la bonne semence, c'est le Fils de l'homme, le champ c'est le monde, la bonne semence ce sont les Fils du Règne, l'ivraie ce sont les Fils du mauvais, l'ennemi qui l'a semée, c'est le diable, la moisson c'est la Fin des âges, et les moissonneurs sont les anges" (Matheiu XIII, 37-40).
En réponse au témoignage de l'Apôtre déclarant que les Fils du Règne se trouvent affranchis - comme lui - de la loi du péché et de la mort, le zohar déclare : "Les Justes dont les âmes émanent du côté de l'"Arbre du Bien et du Mal" sont tourmentés par l'esprit du mal ; mais ils finissent toujours par le dominer" (65), et quels sont ces autres Justes, sinon ceux qu'évoque le Christ au verset suivant que nous étudierons plus tard : ce sont "ceux qui par leur parole croiront en moi" ; tous ceux là, les justes heureux comme les autres justes, comme toutes les créatures, hormi le Fils de perdition furent donnés au Christ, et à l'égard de ces autres Justes, qui plus tard croiront en Lui, ils appartiennent à ces brebis que nous évoquions déjà antérieurement : "J'ai aussi d'autres brebis qui ne sont pas dans cette bergerie, et j'ai mission de les amener ; elles entendent ma voix ; et il n'y aura plus qu'un seul troupeau et qu'un seul pasteur" (Jean X, 16) et dont nous savons qu'avec la grâce de Dieu, il revient à l'homme de les amener à la conversion.
Pour le Juste heureux, du Zohar ; le Fils du Règne, selon Mathieu ; le Sauveur accorde une grâce particulière en vue de la finalité de la mission : "pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu'eux aussi soient réellement sanctifiés".
Cette sanctification que le Christ se donne n'est pas la Sainteté, Il est de toute éternité Saint, le Sanctus de la Sainte et Divine Liturgie de l'Eglise Gnostique Apostolique Primitive nous éclairera sur le sens de cette Sainteté : "Saint, Saint, Saint, est le Seigneur, le Dieu de l'Univers, les cieux et la terre sont remplis de Votre gloire. Louange au plus haut des cieux. Bénit Soit Celui qui est Venu et qui viendra au Nom du Seigneur. Hosanna au plus haut des cieux. Saint êtes-vous, Roi des siècles, Seigneur et auteur de toute sainteté. Saint est Votre Fils unique Notre Seigneur Jésus-Christ, par qui tout a été fait. Saint est aussi très Saint Votre Esprit Saint qui scrute les profondeurs. O Dieu et Père". (48)
Le Fils est Saint en ce qu'Il est Dieu, et qu'"il a fait les mondes" (Hébreux I, 2), or, si les Fils du règne bénéficient de la sanctification du Christ, c'est donc qu'ils ont pour vocation, non pas exactement de faire, mais de participer à l'édification de ce monde de telle sorte que la Création parvienne à son total épanouissement selon la Volonté Divine ; ainsi est-il proclamé au cours de cette messe que nous évoquons :
1. à l'occasion de l'Asperges me, modifiant légèrement le verset 15 du Psaume 50 : "'J'enseignerai vos Voies à toutes Vos créatures, et par votre grâce, la Création entière reviendra vers Vous".
2. à l'occasion du Kyrie, lors de la huitième intention ; prière qui sera reprise à l'occasion de l'offertoire : "Prions mes Frères et bien aimés pour tous les hommes vivants ou morts, pour toutes les âmes qui attendent leur incarnation, pour la nature qui attend dans les douleurs de l'enfantement la révélation des Fils de Dieu, afin que Votre création entière, O Seigneur Notre Dieu, retrouve la pureté de son état originel et parvienne à son total épanouissement". (48)
Nous le savons "la création sera libérée des servitudes de la corruption, dans ce glorieux affranchissement des Fils de Dieu. Car nous sentons bien que toute la Création gémit de concert et souffre les douleurs de l'enfantement". (Romains VIII, 21, 22), et par qui s'accomplira cette libération sinon par les fils de Dieu ou du Règne, en ce qu'ils auront bénéficié de la sanctification du Christ qui est non seulement une suprême bénédiction, mais aussi la participation à l'oeuvre du Sauveur.
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XII. Et ce n'est pas seulement pour ceux-ci que je prie : mais pour ceux qui par leur parole croiront en moi, afin que tous ils soient un : oui, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi en nous ils soient un, afin que le monde croie que c'est toi qui m'a envoyé.
En ce lieu réside un deuxième niveau de la Prière du Fils. Après être intervenu en faveur des disciples, des Fils du règne, le Christ prie pour ceux qui viendront par leur intermédiaire - et avec Sa Grâce - à Lui : nous entrons dans le mystère de la Communion des Saints "car si nous avons été implantés en Lui dans le symbole de sa mort, c'est pour ressusciter avec Lui" (Romains VI, 5), et cette résurrection concerne aussi bien ceux qui sont justes que les injustes ; "Il va y avoir une résurrection des justes et des injustes (Actes XXIV, 15) qui trouveront quant à ces derniers une justification par les grâces acquises par les mérites des premiers, nous entrons ainsi dans le mystère de la Réparation qui n'est pas étranger au monde de la kabbale :
"Elie dit : Pasteur fidèle, le moment est venu où je dois monter en haut ; mais je te jure que c'est à cause de ton mérite que Dieu m'a autorisée à me révéler à toi dans ta raison, dans ton tombeau, et de te faire du bien, car tu expies les péchés du peuple, ainsi qu'il est écrit : Il a été brisé pour nos crimes" (Is. 53.5) (66)
Si le premier couple a succombé au péché, qui est le refus de la vie divine au profit d'une tentative de vie selon leurs propres ressources, et que nous sommes soumis aux lois du péché - non pas "par ce seul homme en qui tous ont péché" mais "parce que tous ont péché" (Romains V, 12) comme nous en avons perçu la distinction en une étude antérieure (6) - il est bon que le Christ prie pour toutes les créatures, de telle sorte qu'elles ne réitèrent pas l'erreur du couple originel.
Sans le secours de la grâce les Fils de Dieu pourraient-ils accomplir leur mission : non seulement la négative est évidente, mais l'Apôtre déclare : "Si c'était par la chute d'un seul que la multitude des hommes a subi la mort, bien mieux en est-il de la grâce de Dieu, de la munificence de grâce accumulée dans cet homme unique qu'est Jésus-Christ pour déborder sur la multitude des hommes" (Romains V, 15).
Or, qui donc a le droit au titre d'Homme, sinon les Fils du Règne, les Fils de Dieu, les Justes heureux ; car comme le note l'éminent kabbaliste Emmanuel LEVYNE, sans accepter l'exclusivisme de cette désignation en faveur des seuls kabbalistes (67) ; ceux-ci "seuls sont dignes de porter le nom d'Homme qui est également le nom de Dieu, car la valeur numérique du nom divin écrit en toutes lettres - Yod Hé Vau Hé - est égale à celle du nom d'Adam, soit 45" (68). Quant aux autres , ils ne sont encore arrivés à ce stade qu'évoque l'Apôtre ; quant à ce corps : "semé corps animal, il ressuscitera corps spirituel ; il y a un corps animal, et il y a un corps spirituel" (Corinthiens XV, 44 - Ostervald) ; sur la question de l'âme conférée à Adam, comme étant une âme animale, et non une âme humaine, nous renvoyons le lecteur au développement que nous lui avons consacré, en notre étude : "Approche d'une vision chrétienne de la Chevalerie". (6)
Les "autres" ne sont pas méprisables en ce qui concerne l'interrogation de savoir qui, dans la tradition chrétienne, a connu la déification, cette transfiguration dont bénéficient par exemple Etienne, mais aussi antérieurement Pierre, Jacques et Jean et l'Apôtre Paul qui déclare : "ce n'est plus moi qui vis maintenant, mais c'est le Christ qui vit en moi" (Galates II, 20), et cela, ces autres, nous concerne tous, en ce qui nous sommes ces autres pour qui le Christ prie maintenant !
Parce que ce que nous évoquons, est parfaitement conforme à la métaphysique chrétienne, à propos de I Corinthiens XV, 44, Jean Chrysostome ne conteste ni ne va à l'encontre de la révélation : "Mais ce n'est pas le corps spirituel qui a été formé le premier, c'est le corps animal, et ensuite le spirituel. L'apôtre ne dit pas pourquoi il se contente de l'ordre établi par Dieu ; le suffrage des événements lui garantit l'excellence de l'administration des choses par Dieu ; il montre que tout ce qui nous concerne s'avance toujours vers un état meilleur, et il assure par là l'autorité de ses paroles. Si le moindre est arrivé, à bien plus forte raison faut-il attendre ce qui est supérieur" (69) : toutefois l'Homélie n'explique pas ce passage des corps, qui pour Origène s'identifie à la distinction des êtres visibles et vairés de ce monde dans leur élévation vers la purification car cette "substance", "lorsqu'elle est, au contraire, au servide ces êtres parfaits et bienheureux, elle brille dans l'éclat des corps célestes, elle orne "les anges de Dieu", et "les Fils de la résurrection" des vêtements du "corps spirituel" ( I Cor. XV, 40-44)".(70)
Quant à la "réalisation" (Dr Chauvet) d'Adam, - alors que l'ensemble des traductions use du mot "faisons" -, la Bible de Jérusalem transcrit : "Alors Yahwé Dieu modela l'homme avec la glaise du sol" (Genèse II, 7) et ce verbe est d'une certaine importance, lorsque l'on écoute les leçons d'Origène ; quant à sa réponse à Celse : "Il nous reproche de présenter l'homme comme modelé par les mains de Dieu. Mais le livre de la Genèse ne parle des mains de Dieu ni quand Dieu forme l'homme ni quand il le modèle. Seuls Job et David disent : "Tes mains m'ont formé et m'ont modelé" (Job X, 8 et Ps. CXVIII, 73) : sur quoi il faudrait une longue explication pour établir la pensée de ceux qui parlent ainsi, non seulement de la différence entre faire et modeler, mais encore des mains de Dieu". (71)
Ce n'est bien entendu pas le faux problème des "mains de Dieu" qui nous intéresse puisque le Créateur ne possède pas de corps, mais la distinction entre faire et modeler, le premier Verbe s'appliquant à la création ; "Elohim acheva au septième jour l'oeuvre qu'il avait faite" (Genèse II, 2) ; à la création des éléments immuables en sa volonté de dieu ; comme le firmament, comme le fait que les arbres fruitiers fassent des fruits, comme les deux grands luminaires, comme le fait que la terre fasse sortir des animaux, mais aussi comme la création de l'homme, "faisons", - mais alors selon Son Image et Sa Ressemblance. Il n'y a pas le récit d'une double création, la chose est absurde, mais une précision, le Verbe "faire" employé pour les choses n'étant pas soumises au changement ; malgré le péché, l'image et la Ressemblance demeurent ; se distingue du verbe "modeler" selon lequel l'homme est appelé en tant qu'Image à tendre à la Ressemblance, il n'a pas d'état primitif immuable, puisqu'il lui faut acquérir une âme humaine et qu'il ne reçoit dans son origine qu'une âme animale : c'est de l'Image et de la Ressemblance seules qu'il est dit "faisons", le modelage suppose une progression dans l 'oeuvre de l'artiste, et la distinction faite par les Pères entre le modelage appliqué au corps et la création appliquée à l'âme, s'avère selon notre pensée, erronée, d'autant qu'il est dit que Les verbes "former" et "modeler" ont le même sens, celui de façonner, donner une certaine forme : ainsi il est clair que le corps comme l'âme en Adam sont soumis au changement, que ces éléments n'ont rien d'immuable.
Qu'il existe différentes classes, une hiérarchie, dans la Création et parmi les créatures, nous en avons déjà entrevu l'affirmation, dans le Zohar par exemple, ce que confirme le Psaume XLIX, 13 : "l'homme dans les honneurs ne comprend pas, il ressemble aux bêtes réduites au silence" ; mais si comme le déclare Ménandre que cite Clément d'Alexandrie : "l'homme bon est partout un sauveur" (72), sauveur il est en faveur de ceux qui ressemblent aux bêtes, puisque dans sa fonction de prédateur, Jacques enseigne à ceux-ci : "Rejetez donc toute crasse et le reste de méchanceté et accueillez avec douceur la parole implantée qui peut sauver vos âmes" (Jacques I, 21), ainsi progressant dans l'acquisition de leur âme, pourront-ils déclarer à la suite de l'Apôtre : "Nous sommes gens de foi pour acquérir notre âme" (Hébreux X, 39).
L'acquisition de la Parole, qui n'est pas seulement prières et bonnes actions, mais l'acquisition du Logos, fait dire à Clément d'Alexandrie : "Le Logos ne s'est caché de personne; c'est une lumière commune, il brille pour tous les hommes ; il n'y a pas de Cimmériens par rapport au Logos ; hâtons-nous vers le Salut, vers la renaissance ; hâtons-nous, nous qui sommes le grand nombre, de nous réunir à un seul troupeau selon l'unité de la substance monadique ; puisqu'elle nous fait du bien, poursuivons à notre manière l'unité et attachons-nous à la bonne monade". (73)
L'acquisition du Logos, s'accomplit comme une guérison. Evoquant l'Apôtre, tel un médecin, Jean Chrisostome déclare : "Car il n'avait qu'un but pour ceux qui l'entendaient, qui le voyaient, les sauver tous. Voilà pourquoi tantôt il exalte la Loi, tantôt il la détruit... Si vous acceptez le médecin qui pratique ainsi des traitements contraires, à bien plus forte raison, il faut louer Paul qui sait si bien s'accommoder à nos maladies. Car, autant que ceux dont le corps est malade, ceux que tourmentent les maladies de l'âme, ont besoin bien entendu de la diversité des traitements".(74)
"Ce ne sont pas les vigoureux qui ont besoin d'un médecin, mais les malportants" (Mathieu IX, 12), et qui sont les médecins sinon les Fils du Règne, et n'est-il pas dit par l'Apôtre à l'égard de l'un d'entre eux : "Luc, le très aimé médecin" (Colossiens IV, 14), non en ce qu'il exerce la profession profane de médecin, mais - contrairement à l'exégèse habituelle -, qu'il est un thérapeute des âmes. Or, si comme le déclare Origène pour l'Ancien Testament : "Les prophètes, eux aussi, sont comme des médecins des âmes et passent tout leur temps là où il y a des gens à guérir" (75) ; pour le Nouveau Testament le Père des Pères témoigne : "le chrétien en appelant les mêmes individus quel e brigand, leur lance un appel différent, pour bander leurs blessures par le Logos, et verse dans l'âme enflammée de maux les remèdes du Logos qui, comme le vin, l'huile, le lait et les autres médicaments, soulagent l'âme".(76)
Ainsi les Fils du Règne, les chrétiens peuvent-ils guérir - comme médecins des âmes - par le Logos, en ce qu'ils "croiront en moi", ceux pour qui Jésus-Christ adresse Sa prière : alors l'unité sera accomplie dès lors que cette guérison sera intervenue "afin que tous ils soient un", mais avant, "c'est Lui qui a donné aux uns d'être apôtres, l'autres prophètes, d'autres évangélistes, d'autres pasteurs et instructeurs, pour le progrès des Saints dans l'oeuvre du ministère, dans la construction du corps du Christ, jusqu'à ce que nous aboutissions tous à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l'homme parfait, à la mesure de l'âge du plérôme du Christ" (Ephésiens IV, II, 14), et cette unité de la foi et de la Connaissance du Fils de Dieu constitue la demande de Jésus : "afin que le monde croie que c'est toi qui m'as envoyé".
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XIII. Oui, je leur ai donné, moi la gloire que tu m'as donnée : qu'ils soient un comme nous sommes un, moi en eux, toi en moi ; que l'unité soit ainsi consommée en eux, et que le monde connaisse que c'est toi qui m'as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m'as aimé.
Avec le point virgule dissociant les deux grands groupes unissant les versets 22 et 23 de la Prière Sacerdotale, se trouve exprimé le plan de ces paroles : 1) en ce fait que le Fils a donné la gloire qu'Il avait reçue du Père, aux disciples, ceux-ci se trouvent unis en l'unité de la Trinité. 2) que cette unité soit ainsi consommée de telle sorte que s'accomplisse la situation eschatologique du verset 24 qui dans son accomplissement - nous le verrons plus outre - replace la Création dans l'état de Principe, avant sa venue à l'existence virtuelle.
Par cette union l'Unité de la Très Sainte Trinité, nous pouvons comprendre quelle est cette gloire reçue par le Christ et qu'Il donne à ses disciples. Origène à propos de cette gloire donnée de toute éternité au Fils déclare : "Il ne veut donc pas recevoir sa gloire parfaite sans toi, c'est à dire sans son peuple, qui est son corps et ses membres. Car il veut, dans ce corps de son Eglise et dans ces membres de son peuple, habiter lui-même comme l'âme, pour tenir tous les mouvements et tous les actes en son vouloir, afin que vraiment s'accomplisse en nous cette parole du prophète : "J'habiterai au milieu d'eux et m'y promènerai (Lév. 26,12)" (77) ; futur qui selon Nahmanide indique à l'égard de Lévitique XXVI, 12 que : "les dernières promesses énoncées n'ont jamais été réalisées, du moins dans leur signification intégrale : elles concernent l'avenir messianique" (78), mais ce futur, s'il est messianique, n'empêche pas qu'il s'inscrive dans un présent non clos - ce qui ne retire rien à l'existence d'un futur universel - quand le Maître Alexandrin commentant ce verset déclare : "Ce n'est pas, me semble-t-il, que Dieu promette qu'il va se promener dans la terre des Juifs, mais que si quelqu'un a mérité d'être un coeur si pur qu'il est capable de Dieu, Dieu dit qu'il se promène en lui". (79)
Quelle est cette gloire que le Fils donne à Ses disciples ? Voilà l'interrogation qu'il nous faut présentement résoudre, nous le devinons - avec les lecteurs habitués à nos travaux - c'est le mystère de la Déification.
De ce mystère une première approche nous sera fournie par Grégoire de Nysse, évoquant le problème de la Connaissance et de l'Inconnaissance de Dieu, lorsqu'il déclare : "Donc, lorsque Moïse a progressé dans la gnose, il déclare qu'il voit Dieu dans la ténèbre, c'est à dire qu'il connaît que la divinité est essentiellement ce qui transcende, toute gnose et qui échappe aux prises de l'esprit". "Moïse entre dans la ténèbre où Dieu se trouvait" dit l'histoire. Quel Dieu ? "Celui qui a fait de l'obscurité sa retraite", comme dit David, lui aussi initié dans ce sanctuaire secret aux mystères cachés" (80). Or, si du Père il est dit : "nul homme ne l'a vu ni ne peut le voir" (I Timothée VI, 16), Grégoire de Nysse précise : "Invisible en sa substance, Dieu se manifeste en ses énergies, apparaissant dans certains environnements de lui-même" (81).
Ainsi revenons-nous à l'univers de la kabbale, lorsque le Zohar déclare : "toute lumière n'a d'autre source que cette Tête ; mais il est inconnu de quelle façon les émanations en sont faites et de quelle manière la lumière s'en dégage, car tout est caché. La bonne volonté de l'homme tend vers Celui dont l'essence est "Volonté" et dont elle constitue une "fraction". Cette fraction n'arrive jamais jusqu'à la Pensée suprême ; mais dans le vol qu'elle prend pour remonter à sa source et durant son parcours, elle dégage des lumières. Bien que la lumière qui émane de la "Tête" soit tellement subtile qu'elle demeure éternellement cachée, elle est attirée néanmoins par les lumières que dégagent les "Fractions" qui s'efforcent de remonter vers leur source. Ainsi, la lumière inconnue de la "Tête" pénètre dans la Lumière que dégagent les "Fractions" pendant leur parcours d'ici-bas vers Celui qui est leur source. C'est de cette manière que la Lumière suprême et inconnue se trouve confondue avec la lumière dégagée par les "Fractions". Ainsi sont formés les neuf "Palais" qui sont les neuf échelles entre la bonne volonté qui monte de la terre et la Tête suprême, ou, en d'autres termes, les neuf Sephiroth inférieurs à la Couronne (Keter)" (82). Si comme l'enseigne le Zohar, "la bonne volonté de l'homme s'élève vers ces neuf Palais, dont l'essence est également "Volonté, et qui forment l'intermédiaire entre le connu et l'inconnu, le compréhensible et l'incompréhensible" (82), il faut bien comprendre de quoi il s'agit : les "Fractions" sont les bonnes volontés des hommes, alors que les Sephiroth sont les énergies de Dieu, qu'évoque par exemple un Grégoire de Nysse.
A l'égard de cette lumière, Syméon le nouveau Théologien, portera sans cesse, en toute son oeuvre, le témoignage de son existence et de sa possible relation avec la fraction, l'homme, et à l'égard des énergies que dieu manifeste, le Père témoigne que c'est par elles que l'on peut accéder à la connaissance de Dieu : "De la même manière, au sujet de la Jérusalem d'en haut et du Dieu Invisible qui y habite, au sujet de la gloire inabordable de son visage, de l'efficacité et de la force de son très Saint Esprit, autrement dit de sa Lumière, personne ne peut en parler, s'il ne voit pas d'abord la lumière elle-même avec les yeux de l'âme et ne reconnaît pas de façon exacte en lui-même ses illuminations et ses pouvoirs efficaces (énergies)" .(83)
Alors s'accomplit un mystère, celui de la déification, et, lors d'une vision, à celui qu'il voit Syméon dit : "Mon Dieu est-ce toi ?" Il répond et dit : "Oui c'est moi, Dieu, Celui qui s'est fait homme pour toi ; et voici que je t'ai fait, comme tu vois, et que je te ferai Dieu" (84).
Le Mystère du nom divin Elohim, Emmanuel LEVYNE considère en l'une de ses exégèses qu'"Elohim est le mystère de la théandrie, de la divino humanité, de l'homme qui nait par et en Dieu et de Dieu qui nait par et en l'homme. Elohim nous dit que Dieu comprend l'homme, Dieu, c'est Dieu et l'homme, Dieu n'est pas Dieu sans l'homme" (85).
Plus orthodoxe dans sa formulation chrétienne, en ce qu'elle relève de la vraie gnose, le maître Origène déclare : "C'est pourquoi les parfaits, rendus célestes ou devenus des cieux, "racontent la gloire de Dieu" (Ps. 18,1) comme il est dit dans le Psaume. C'est pourquoi aussi les Apôtres qui étaient des cieux sont envoyés pour raconter la gloire de dieu et reçoivent le nom de "bonaerges, c'est à dire Fils du tonnerre" (Marc 3, 17), pour que la puissance du tonnerre accrédite auprès de nous qu'ils sont vraiment des cieux" (86).
La contemplation de la Gloire, qui permet d'accéder à la Gloire Divine permet qu'entre Dieu et Sa créature s'accomplisse cette union intime qu'est l'Unité qu'évoque le Christ. Cette unité n'a pas pour vocation de ne s'accomplir qu'entre Dieu et l'une de ses créatures, ainsi, la déification du Fils du règne n'a pas non plus pour objet de constituer une grâce réservée à son "bénéficiaire", mais de s'inscrire dans une structure où l'universel bénéficie de cette transfiguration "partielle". A l'égard des saints qui ont par avance contemplé le Christ, Maxime déclare : "Leurs recherches portaient encore sur le temps à venir où la déification serait réalisée en tous les hommes, les faisant ressembler à Dieu selon leur capacité et la préparation de chacun". (87) Aussi, parce que comme le déclare aussi Maxime "Les saints qui avaient à l'avance contemplé ce Christ, ont su que pour hériter de la gloire du Christ qui sera manifestée dans le temps à venir, il faut se hâter vers les souffrances qui mènent à la vertu" (87), d'une part la Sainte et Divine Liturgie de l'Eglise Gnostique Apostolique, fait dire au célébrant à deux reprises, mais notamment après l'Epiclèse - qui précède les Paroles de la Consécration - : "Souvenez-vous mes frères et bien aimés de l'avertissement de l'Apôtre : "Le Royaume des Cieux ce n'est pas le manger et le boire, mais c'est la justice, la paix, la joie dans l'Esprit Saint". l'Eucharistie, c'est la Communion au Corps et au sang du Christ qui nous engage à suivre le chemin de la souffrance et de la douleur et ainsi, à tendre à la Ressemblance de Dieu : Humilions-nous, pardonnons et soyons charitables, car il nous est donné, comme l'exhorte Saint Pierre, par une sainte conduite et par nos prières, d'attendre et de hâter l'avènement du Jour de Dieu" ; et d'autre part, quant à la déification que doit connaître chaque homme. Comme le rappelle Maxime, l'Eglise Gnostique Apostolique Primitive en sa Messe Votive en l'honneur du Saint Suaire de Turin, le célébrant "récite", par exemple la Post Communion, selon ces termes : "Tous les membres du grand conseil avaient les yeux fixés sur lui et son visage leur parut semblable à celui d'un ange" (Actes VI, 15). De même qu'Il vous a plu O Seigneur, de transfigurer Etienne, que Votre Esprit Saint nous guide à travers les degrés de la vie spirituelle, vers la déification que connurent Pierre, Jacques, et Jean. Par Jésus-Christ..." (48).
"Moi en eux, toi en moi", comment cette Unité "consommée en eux", peut-elle mieux se réaliser, qu'au travers d'une vie sacramentelle réelle, vécue, comprise, dont la Sainte Eucharistie s'avère le sacrement actualisant cette Unité de la façon la plus complète (88), et cette actualisation est proclamée par le célébrant, lors des prières de l'Avant Messe ; lorsque se trouve invité à y participer, le peuple invisible, que les Eglises Apostoliques ont quasiment toujours l'habitude de ne point convier ; quand il déclare : "Frères désincarnés qui continuez votre cheminement, Martyrs et Saints de l'Eglise Visible et Invisible, qui intercédez pour nous, Anges gardiens qui assistez les membres de cette communauté et ceux qui ont besoin de prières, Hiérarchies Célestes qui louez Dieu sans cesse, je vous invite à participer à cette célébration. Unissez-vous à notre prière à laquelle s'associent toutes les âmes de bonne volonté. Daignez communier spirituellement à cette anticipation du Royaume des cieux, que la Sainte Eucharistie actualise, pour la purification et l'unification de nos coeurs, en Dieu" (48).
Par la Sainte Eucharistie, anticipation et actualisation du Royaume le Christ est en chacun, "absorbant" le Fils, nous nous trouvons "absorbé" par le Père par "Le Fils unique qui est dans le sein du Père" (Jean I, 18) et l'évangéliste ajoute que par rapport à la connaissance (naître avec) du Père, le Fils "est celui qui nous l'a fait connaître" (Jean I, 18) : alors s'actualisera cette parole : "et que le monde connaisse que c'est toi qui m'as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m'as aimé".
XIV. Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis eux aussi ils soient avec moi, afin qu'ils voient ma gloire, que tu m'as donnée, parce que tu m'as aimé avant que se fit le monde.
Avec le verset 24 nous revenons à l'un des éléments fondamentaux de cette méditation, en ce fait que si "tout homme a pour chef le Christ" (I, Corinthiens XI, 3), on ne doit pas douter que tous les hommes donc verront, si non même participeront, à la gloire du Fils, et s'il existe une distinction entre ceux qui Lui furent donnés et le reste des créatures, nous devons maintenant achever de résoudre l'aspect de la Restauration de toute chose en Christ, qui passe antérieurement par le problème de la restitution.
De l'homme, Dieu "l'installa dans le jardin d'Eden pour le cultiver et pour le garder" (Genèse II, 15), mais il ne cultiva ni ne garda le jardin d'Eden - microcosme de toute la création - et il revient dès lors à l'homme de restituer ce dont il n'a non seulement pas pris garde, mais des conséquences de la chute, ce qu'il s'est approprié ! Si Adam fut chassé du Jardin d'Eden, pour être installé à l'orient de celui-ci, il revient toutefois à l'homme de restituer à Dieu, non pas le Jardin en lequel il ne se trouve plus, mais la moisson qu'il aurait réalisé de ce jardin, s'il s'y trouvait encore ! La question de la Restitution est le premier point. La restauration qui constitue le second aspect, c'est la participation de l'homme au renouvellement du monde opéré par le Christ.
S'il doit y avoir Restitution, il me semble qu'on la puisse percevoir dans les enseignements que nous offre la parabole des talents, parabole qui se rattache d'ailleurs au Jour et à l'heure où viendra le Règne des Cieux (Mathieu XXV, 1 et 13 - 29).
Du fait que la grâce originelle ne peut être qu'atténuée, l'exemple pris par le Christ manifeste qu'en fonction de la puissance de chacun, il est remis une partie des fonctions que l'Homme devait assurer en Le Jardin d'Eden, pour que, cultivant la grâce au point de la faire croître, il accomplisse l'oeuvre qui lui avait été originellement demandée. Qu'avons-nous fait du ou des talents remis, si nous avons conscience en outre qu'il(s) se rattache(nt) à un devoir, celui de la restitution ; là réside pourtant, dans cette offrande de la grâce, une grâce encore plus considérable en faveur de l'humain, l'homme se trouve aujourd'hui dans une situation réitérant sa condition, lorsqu'il était dans le Jardin d'Eden.
Par cette Restitution, l'homme commence l'accomplissement de la Restauration, car le Zohar l'enseigne, la chute d'Adam provoqua la mort de tout ce qui était corruptible, ou susceptible de corruption : "Si Adam a pêché, pourquoi tout le monde en supporte-t-il les conséquences ? Lorsqu'Adam se leva debout, toutes les créatures le craignaient et l'imitaient. Aussi, lorsqu'elles virent Adam adorer la région des variations, elles l'ont également imité en cela, et c'est pourquoi son acte causa la mort de tout le monde" (89), mais tout doit en revenant à l'unité, se trouver Restauré - car si le Zohar, déclare que "seuls les Israélites qui ont reçu la Loi ont été épurés de la souillure du serpent" (90) ; parce que la Loi c'est la Création et que ceux qui ont reçu la Loi agissent dans la restauration de la Création tels les Justes heureux (67) ; et que "avec la pénitence et l'étude de la Loi, l'homme peut changer ses dispositions naturelles" (91), - il s'avère que cette Restauration revient à l'homme et nous allons tenter d'en percevoir les moyens.
Pour le monde de la kabbale, il existe une interdépendance entre les mondes dont le devenir de ceux-ci dépend de l'homme : "Tous ceux qui agissent conformément à la crainte du Seigneur et à la Sagesse". Elle fait allusion à ceux qui ajoutent Foi aux paroles du Seigneur qui a dit : "Je ferai une alliance éternelle, selon la miséricorde promise à David" (Is. 55,3). Tous ceux qui soutiennent l'étude de la Tora - s'il est permis de s'exprimer ainsi - agissent. Ceux qui se consacrent à l'étude n'agissent pas, puisqu'ils étudient. C'est de ceux seuls qui la soutiennent qu'il est dit qu'ils agissent. Et c'est pour cela que l'Ecriture ajoute enfin : "Sa louange subsiste dans tous les siècles" ; c'est à dire que le trône de Dieu subsiste sur ses bases dans toute l'éternité" (92). Or, répétons-le, la Tora c'est la Loi et la loi, c'est la création : celui qui soutient la création (non celui qui se consacre à sa seule étude), agit. Et reste à définir de quelle forme se manifeste cette action, et en quel lieu et temps cela se peut-il : "Les hommes Zélés des temps primitifs ne dormaient pas cette nuit là et la consacraient à l'étude en disant : Nous voulons hériter la sainteté pour nous et pour nos enfants dans les deux mondes. Rabbi Siméon disait aux collègues qui se réunissaient chez lui cette nuit : Préparons des joyaux à la Fiancée, afin qu'elle soit parée demain et prête à se présenter devant le Roi. Heureux le sort des Justes lorsque le Roi va demander à la Matrona qui lui avait préparé ses joyaux ; car nul au monde ne sait aussi bien préparer les joyaux de la fiancée que les Collègues" (93).
Il est possible maintenant d'entendre ce passage du Zohar qui fait suite à notre avant-dernière citation : "Rabbi Siméon consacrait à l'étude de la doctrine ésotérique toute la nuit dans laquelle l'épouse céleste s'unit à son époux céleste ; car comme il a été enseigné, tous les hommes du palais de l'épouse céleste doivent passer avec celle-ci toute la nuit et la conduire le lendemain sous le dais nuptial, auprès de son époux, et se réjouir avec elle. Ils doivent consacrer la veille de l'union céleste à l'étude du Pentateuque, des Prophètes, des Hagiographes, aux explications des versets et aux mystères ; car la science ésotérique constitue en quelque sorte les joyaux de l'épouse céleste" (92).
En écoutant les enseignements du kabbaliste Emmanuel LEVYNE, il nous est donné de comprendre ce processus de citations que nous avons offert au lecteur, en le priant de nous pardonner s'il a pu lui paraître long ; quand évoquant les Sephiroth, Lévyne déclare : "Tifereth est la personne divine masculine appelée "le Saint Beni soit-il". Malkhlouth est la personne divine féminine appelée "Chekhina" ou "Communauté d'Israël". L'Union du Saint béni soit-il, et de la Chekhina est le but de tous les actes du kabbaliste. La définition kabbalistique du pêché est la séparation de ces deux personnes divines" (94).
Maintenant il nous faut, non réviser, mais adopter ce langage de la kabbale à la métaphysique chrétienne :
- La Chekhina ou Communauté d'Israël est une personne divine en ce que s'accomplit par la divino-humanité, la transfiguration du Cosmos et que tous les hommes seront Un, en ce que si Israël signifie littéralement "qui lutte avec Dieu", l'homme est appelé à participer avec Dieu à la Restauration de la Création ; car Israël ne saurait représenter une classe d'hommes en une nation terrestre, ce que le Zohar affirme, en ce que tout homme deviendra Israël (95).
- Une différenciation entre Personne masculine et Personne féminine quant à la Divinité constitue un danger considérable dans la compréhension orthodoxe de ce qu'est Dieu, en ce qu'elle tend dans ce passage du Zohar à un panthéisme entre Dieu et Sa créature, considérée comme "personne divine Féminine".
- Lors de l'Apocatastase, nous ne serons pas pour autant des dieux ! Nous aurons par contre par notre Image, atteint la ressemblance qu'évoquait le Serpent. "Vous serez comme des dieux", (Genèse III, 5), non pas par l'assimilation de "la substance source de la Connaissance sensible du bien et du mal" (Genèse II, 17) (96) mais par l'acquisition de la plénitude de la Grâce qu'il nous était demandé de cultiver, de garder et de faire croître, ainsi "à cette époque à la Loi qui édicte ce qui est permis et ce qui est défendu, ce qui est pur et ce qui est impur ; car notre nature à cette époque nous viendra de l'Arbre de Vie" (63), puisque l'Arbre de Vie, est "la Substance de la Vie existentielle absolue constituent le Centre, l'Axe, le Principe vivant de la sphère organique" (97).
L'union de Dieu et de sa Créature produira donc pour celle-ci la Vie existentielle absolue, c'est à dire la Vie Eternelle. Si le Zohar considère deux étapes, la nuit et le matin (demain) où la veille engage les Juifs pieux (les fils du Règne) à oeuvrer selon la science ésotérique, c'est à dire d'accomplir dans la Création leur ministère ; il convient d'écouter maintenant Origène commentant Exode XVI, 12 : "Le soir vous mangerez de la viande et le matin vous serez rassasiés de pains". Pour le pain, c'est le Verbe de Dieu. Il est lui-même "Le pain vivant descendu du ciel, qui donne la vie au monde" (Jean VI, 51). Mais pourquoi est-il dit que ce pain est donné le matin, puisque la venue dans la chair, nous l'avons dit, eut lieu le soir ? Je crois qu'il faut entendre les choses ainsi. Le Seigneur est venu au soir d'un monde à son déclin, près d'achever sa course ; mais par sa Venue, lui qui est "le soleil de Justice" (Mal. IV, 2), il a refait un nouveau jour" (98).
Cette relation entre le Renouvellement du monde par ce Jour nouveau, et la manducation du pain, est en fait fondamentale, sans être d'ailleurs étrangère à l'univers de la kabbale : "la chose est comparable à un Roi qui donne à ses invités le pain de sa table. Dieu accorde aussi aux maîtres de la Loi le pain de l'Arbre de Vie" (99) et ce temps est bien celui de la consommation des siècles puisque Jean nous le révèle : "Magnifiques ceux qui lavent leurs habits pour avoir pouvoir sur l'arbre de vie" (Apocalypse XXII, 14) puisqu'au "vainqueur, je leur donnerai de manger de l'arbre de vie qui est dans le paradis de Dieu" (Apocalypse II, 7).
Quel est ce vainqueur sinon celui qui a participé à la restauration des mondes, dans ce cadre ; non pas à l'expulsion de ce pourrait être jugé (par qui ?) indigne, mais ; à la réconciliation purificative de ce qui n'aurait pu par le secours de ses propres forces accéder à la Réintégration : et nous revenons ainsi au processus du Tikkun, et le Zohar déclare : "Pendant l'union qu'on opère du Nom Sacré, la méditation et le recueillement sont exigés pour que tous les êtres d'en haut et d'en bas soient bénis" (100), "Or si nous sommes ses enfants, nous sommes ses héritiers ; héritiers de Dieu et cohéritiers avec Christ, si nous partageons ses souffrances afin de participer à sa gloire... Et c'est de toute la création que cette manifestation de Dieu est l'attente : car la création est assujettie à la vanité, non pas parce qu'elle le veut, mais par ordre de Celui qui lui a promis que, elle aussi, la création, sera libérée des servitudes de la corruption dans ce glorieux affranchissement des Fils de Dieu". (Romains VIII, 17-22).
Cohéritiers avec le Christ, les Fils du Règne qui sont appelés homme, contemplent la gloire du Fils d'une part par la déification, d'autre part parce que "ceux qu'il a prédestinés, il les a appelés ; et ceux qu'ils a appelés, il les a justifiés, et ceux qu'il a justifiés, c'est pour les glorifier" (Romains VIII, 30).
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XV - Père Saint, il ne te connaît pas, ce monde ; mais moi je te connais ; et ceux-ci reconnaissant que c'est toi qui m'as envoyé : et je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître : fais que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux et que moi je sois en eux.
Le monde ne connaîtrait pas Dieu ? Oui cela est, en ce que le fait de connaître, c'est naître avec, donc le monde ne connaît pas Dieu, en ce qu'il n'est pas né avec Dieu en sa naissance spirituelle, si l'on se trouve provisoirement sous cette ambivalence : "tout ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde" (I Jean V, 4) car si "quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché" (I Jean III, 9) , il s'avère que "les hommes ont mieux aimé la Ténèbre que la Lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises" (Jean III, 19).
Mais il se trouve que le monde connaît Dieu, - quand bien même il n'accepterait pas de le reconnaître par sa soumission - : "Toutes les créatures ont les regards tournés vers toi". (Psaume 145, 15) ; si le monde est l'anagramme de démon, n'est-il pas habituel pour qui s'intéresse tant soit peu sérieusement à la phénoménologie mystique de remarquer que très souvent les démons avouent et enseignent les vérités de la Foi ? (/o/) ; et pourquoi toutes les créatures sont-elles tournées vers le Seigneur ? Parce qu'elles sont tournées vers la prière qui les purifiera : "O toi qui entends la prière, toutes les créatures iront à toi". (Psaume 65, 3), de même que le Psalmiste déclare : "J'enseignerai tes voies aux transgresseurs, et les pêcheurs se convertiront à toi" (Psaume 50/51, 15).
A l'inverse le Christ connaît-il toutes les créatures ? S'il est dit par l'Apôtre : "Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent" (II Timothée II, 19), en revanche et pour confirmer une nouvelle ambivalence, le Sauveur ne déclare-t-il pas à l'égard de certaines créatures qui auront réalisé des prodiges en Son nom : "Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, Fauteurs d'iniquité" (Mathieu VIII, 23) et pourtant le Christ ne déclare-t-il pas : "Ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Oui, si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai" (Jean XIV, 13-15). Il semble que cela soit dans les aveux du démon Iscaron possédant le corps d'Antoine GAY que figure cette confession : "Jésus a-t-il défendu de faire le bien ? Non, sans doute. Pourtant ceux qui délivrent les possédés, imitent le Sauveur des hommes. Hélas ! que faites-vous remplaçants des Apôtres ? Vous êtes des aveugles : je ne vous en dis pas davantage ; prenez garde à vous" (102).
Le mystère de cette mise en garde, de cette iniquité, nous l'avons évoqué quand en notre étude sur Satan (2) nous avons abordé la question des démons et de la Création : il réside dans le Mystère de la Réparation qui passe notamment par les domaines de la Restitution puis de la Restauration.
Quant au terme "ceux-ci", il n'est pas de créature qui ne reconnaisse que le Christ fut envoyé par Son-Père ; que cela soit dans les provisoires lieux "de terre" ou "d'enfer" puisque parmi d'autres exemples que nous pourrions citer, Iscarion déclare : "Je dis O Dieu de toute Majesté que tu es grand, que tu es puissant, que tu es bon" (103) ; c'est la raison pour laquelle le Christ déclare évoquant l'univers entier : "ceux-ci reconnaissent que c'est toi qui m'as envoyé".
Que le créature accepte - ou refuse alors provisoirement -, le Fils, il n'en demeure pas moins que par la grâce du Sauveur, tout ce qui aurait pu un instant s'opposer à l'Amour, reviendra dans l'Unité du Père : l'utilité du "diable", comme principe d'obstacle que Dieu se fait à lui-même, s'il est affirmé dans le Judaïsme, trouve sa réplique dans les révélations que le Christ fit à Sainte Brigitte, dont de par sa canonisation, les catholiques romains ne sauraient mettre en doute la valeur : "J'ai le diable pour bourreau de ma justice" (104). Pour l'heure ce n'est pas l'instant de la rédemption du Prince de ce monde (2) ni l'instant où le Fils doit accomplir - comme nous l'avions évoqué plus haut - le rassemblement de toutes les Bergeries, aussi Origène déclare-t-il : "Si quelqu'un objecte - que le Christ descend dans les régions inférieures de la terre, tu remarqueras que, de ceux qui descendent dans la terre, il est dit : "Ils se prosterneront", car si tous doivent tomber aux pieds du Christ et fléchir le genou au nom de Jésus (Phil. 2,10), les uns se prosterneront devant lui d'abord, et d'autres, plus tard. Et peut-être ceux qui seront sur terre se prosterneront-ils et lui seront-ils soumis avant d'autres ; car c'est aux pires qu'il revient d'être soumis plus tard, c'est pourquoi aussi "Le dernier ennemi qui sera anéanti c'est la mort" (I Cor. 15, 26) (105). Or, nous savons que celui que l'on nomme le dernier ennemi, c'est le Prince de ce monde, aussi parce que l'anéantissement n'est pas une destruction, mais une rédemption en ce qu'il faut que "transparaisse le jour et que se lève en vos coeurs Lucifer" (II Pierre I, 19) puisque le Seigneur "veut que personne ne périsse, mais que tous en soient à la conversion" (II Pierre III, 9), l'Apôtre précise : "Lorsque tout lui aura été soumis, alors lui, le Fils sera soumis à Celui qui lui a soumis toutes choses, afin qu'en tous Dieu soit Tout" (Corinthiens XV, 28).
Dans l'attente de cette Rédemption générale et Finale, il revient à l'homme d'accomplir sa destinée en ne défaillant pas dans sa tâche "mais si en nous l'homme extérieur défaille, l'homme intérieur se renouvelle de jour en jour, parce que ce poids d'un instant, ce poids léger qu'est notre tribulation présente, par une multiplication transcendante produit pour nous vers en haut un poids éternel de gloire. Car nous ce que nous regardons, ce n'est pas le visible, c'est l'invisible : parce que le visible est passager, mais l'invisible est éternel" (II Corinthiens IV, 16 à V).
L'homme parviendra à accomplir cette co-rédemption du Cosmos puisque comme le déclare Dieu "Mon esprit ne peut demeurer perpétuellement en lutte avec l'Adam ; d'autant qu'il est l'être substantiel intermédiaire entre la nature sensible et Moi" (Genèse VI, 3) (106).
Cette mission médiatrice, co-rédemptrice de l'homme est la base sur laquelle - avec la grâce qu'accorde l'Esprit-Saint - s'appuie tout l'édifice de la métaphysique chrétienne. La théologie traditionnelle ne souhaita pas percevoir l'immense responsabilité de l'homme dans la chute de la nature et les conséquences qui découlèrent de cette mission : l'homme se doit de régler la dette de son propre rachat par le rachat qu'il doit accomplir en faveur du Cosmos, la Création attendant sa délivrance.
Il est venu le temps de dire avec Ben Sira : "Il ne faut pas dire ceci est moins bon que cela, car tout en son temps sera reconnu bon". (Ecclésiastique XXXIX, 34) (Bible de Jérusalem).
Pour que cela s'accomplisse il importe de suivre le Sauveur : "Oui je vous le dis, à vous qui m'avez suivi : lors de la régénération, quand le Fils de l'homme s'assoira sur son trône de gloire, vous vous assoirez vous aussi sur douze trônes (Matthieu XIX, 28).
Alors sera accomplie la Prière Sacerdotale, la réalisation de l'Unité et de l'Amour vivifiant toute la Création "car c'est une duperie la figure de ce monde" (I Corinthiens VII, 31).
Jean-Pierre BONNEROT
NOTES
(1) ALTA : Saint Jean, traduit et commenté. Paris Henri DURVILLE Ed. 1919, pages 359 à 361. Comme il est habituel en nos travaux pour les textes de Jean et de Paul nous usons toujours des traductions de l'abbé ALTA ; et, en général pour l'A-T, de l'édition établie par Edouard DHORME, pour le N-T de l'édition établie par Jean GROSJEAN, toutes deux publiées dans la bibliothèque de la Pléiade, sauf indication contraire ; ainsi nous tenons compte de même : du Diatessaron de Tatien, de la Vulgate traduite par le Maître de Sacy, des diverses éditions de Segond, de la version de Darby, de la version Synodale, des éditions des moines de MAREDSOU, des versions 1905 de Crampon et sa révision actuelle, de la version d'OSTERVALD, des diverses éfditions de la Bible de Jérusalem, et parfois pour les variantes des manuscrits les plus anciens du N.T, de la recension Nestle-Aland, notamment.
(2) J-P BONNEROT : Satan, Lucifer, le Prince de ce monde et les démons dans la tradition chrétienne et l'exégèse scripturaire. Cahiers d'Etudes Cathares n° 96.
(3) René NELLI : Le Phénomène Cathare. Toulouse, Privat Ed.; 1978, page 58.
(4) J-P BONNEROT : Consolamentum, Réincarnation et Evolution Spirituelle dans le Catharisme et le Christianisme Originel. Cahiers d'Etudes Cathares n° 98.
(5) Dr. A-E CHAUVET : Esotérisme de la Genèse, traduction ésotérique commentée des dix premiers chapitres du Sehpeur Bereschit. paris, SIPUCO Ed. 1948, tome 4, page 961.
(6) J-P BONNEROT : Approche d'une vision chrétienne de la chevalerie. Cahiers d'Etudes Cathares n° 107, mais aussi confer la note n° 2.
(7) J-P BONNEROT : Judas ou les conditions de la Rédemption. Cahiers d'Etudes Cathares n° 104.
(8) Alfred HAELH : Vie et Paroles du Maître Philippe. Lyon, Paul Derrain Ed. 1959, page 263 ; nlle. Ed. Dervy Livres Ed.
(9) JUSTIN : Dialogues avec Tryphon 72, in : l'oeuvre de Justin, Paris Desclée de Brouwer Ed, Coll. les Pères dans la Foi 1982, page 249.
(10) Origène : Contre Celse II, 43. Paris, Ed du Cerf. Coll. Sources Chrétiennes n°132, 1967, page 383.
(11) Pasteur d'Hermas : Similitudes IX, 16, 5. in Les Ecrits des Pères Apostoliques, Paris, Ed du Cerf, Coll Chrétiens de tous les temps n° 1, 1969, pages 426 et 427.
(12) Origène : Sur l'Evangile de Jean, I, 9286, 256 et 258. Paris, Ed du Cerf, Coll Sources Chrétiennes n° 120, 1966, pages 187 et 189.
(13) Origène : Contre Celse V, II, op cité, Coll S.C n° 147, 1969, page 41.
(14) Rappelons que nous usons des leçons de la Langue Hébraïque Restituée de Fabre d'Olivet, Paris, Ed de la tête de Feuille et Lausanne, l'Age d'homme Ed, 1971.
(15) Origène : Homélies sur le Lévitique VI, 2, Paris Ed. du Cerf, Coll Sources Chrétiennes n° 286, 1981, pages 275 et 277.
(16) Emmanuel LEVYNE : lettre d'un kabbaliste à un rabbin. Paris, Tsedek Ed., 1978 ; en tous nos travaux nous avons rappelé ce travail, - de même que tous les autres aussi - remarquable, de cet éminent kabbaliste.
(17) J-P BONNEROT : Le Prologue de Saint Jean dans la tradition chrétienne et l'exégèse scripturaire. Cahiers d'Etudes Cathares n° 102.
(18) Emmanuel LEVYNE : La kabbale du commencement et la lettre B (eith), Cagne sur Mer, Tsedek Ed, 1982, page 59.
(19) Denys L'AEROPAGITE : Des Noms Divins, II, 7, in : oeuvres. Paris Tralin Ed, 1932, page 176.
(20) Jean Damascène : La Foi Orthodoxe, I, 8. Paris, Institut Orthodoxe Français de Théologie de Paris Saint Denys Ed., 1966, page 27.
(21) Gervais DUMEIGE : Textes doctrinaux du magistère de l'Eglise sur la Foi Catholique, Paris, Editions de l'Orante, 1977, page 117.
(22) Nicolas BERDIAEFF : De la destination de l'homme, Paris, Ed. "Je sers", 1935, page 170.
(23) Ibid : Essai d'autobiographie spirituelle. Paris, Buchet Chaste Ed., 1979, page 261.
(24) J. de Pauly : Zohar, I, 5 a traduit par, Paris, Maisonneuve et Larose Ed. 1975, tome 1, page 26.
(25) Ibid : Zohar III, 7b, op. cité, tome 5, page 19. Une note de J. de P. précise : Le Zohar traduit le mot "hésed" (inceste) par "grâce", ibid, page 19.
(26) Rachi : le Pentateuque, Paris Fondation Samuel et ODETTE LEVY, 1981, tome 3 : Le Lévitique, page 149.
(27) Ephrem de Nisibe : Commentaire de l'Evangile Concordant ou Diatessaron. Paris, Ed. du Cerf, Coll Sources Chrétiennes n° 121, 1966, page 358.
(28) Alfred HAEHL: op cité, page 97.
(29) Bréviaire Romain, 5e Ed. Desclée de Brouwer Ed. 1951, tome 1, page 14.
(30) Jean Chrysostome : Sur l'incompréhensibilité de Dieu, IVe Homélie, Paris, Ed. du Cerf, Coll Sources Chrétiennes n° 28 bis, 1970, page 237.
(31) Origène : Traité des Principes, Préface § 7. Paris Etudes Augustiniennes Ed, 1976, page 26.
(32) Origène : Ibis, II, 3, 4, op. cité, tome 4 pages 89 et 90.
(33) Alfred HAELH : op. cité, page 146.
(34) Philon d'ALEXANDRIE : De Opificio Mundi § 16, Paris, Ed. du Cerf, 1961, pages 151 et 153.
(35) Basile de Césarée : Homélies sur l'Hexaéméron, II, 5. Paris, Ed. du Cerf, Coll Sources Chrétiennes n° 26, 1950, page 163.
(36) J. de PAULY : Zohar II, 166 b, op. cité, tome 4, page 113.
(37) Philon d'Alexandrie : Legum Allegoriae § 5 et 6. Paris, Ed. du Cerf, 1962, pages 41 et 42.
(38) J. de Pauly : Zohar I, 31 b et 32 a, op. cité, tome 1, page 198.
(39) W. MARCHEL : Abba Père ! La Prière du Christ et des Chrétiens. Rome, Biblical Institute Press, 1971.
(40) Dr. A-E CHAUVET : op cité, tome 4, page 961.
(41) Pierre LAROUSSE : Grammaire Supérieure, Paris, Lie Larousse Ed, sd, page 275 et 276.
(42) Tatien : Diatessaron, XLVII, 30. Beyrouth, Imprimerie Catholique Ed. 1935, page 453.
(43) De ce traité actuellement inédit, nous préparons une édition critique à praître prochainement.
(44) Alfred HAELH : op. cité, page 105.
(45) Cyprien : lettre 69, 1, 1. in Lettres, Namur, Editions du Soleil levant, 1961, page 133.
(46) Sainte Brigitte de Suède : Les révélations célestes et divines, I, 34. Avignon, Seguin-Aîné Ed, 1850, tome 1, page 102.
(47) Joséphin PELADAN : Istar. Paris Edinger Ed. 1888 page 36 ; nlle. Ed. par nos soins : Genève, Slatkine Ed. 1979.
(48) Nous remercions S.B. Tau Irénée II, Patriarche de l'E.G.A.P. de nous avoir communiqué le texte de la Sainte et Divine Liturgie.
(49) Henri SEROUYA : La kabbale, Paris, P.U.F. Ed, Coll. Que sais-je n° 1105, 1977, page 108.
(50) G-G. SCHOLEM : La kabbale et sa symbolique, Paris, Payot Ed. Coll. P.B.P., 1975, page 147.
(51) Aggadoth du Talmud de Babylone : Soucca, § 29 et 33. Paris, Verdier, Ed, Coll. les dix Paroles, 1983, pages 404, 405 et 407.
(52) Targum du Pentateuque : Genèse I, 1. Paris, Ed. du Cerf, Coll. Sources Chrétiennes, n° 245, 1978, page 74.
(53) Emmanuel LEVYNE : La kabbale du commencement..., op. cité, page 88.
(54) J. de Pauly : Zohar III. 113 a, op. cité, tome 5, page 284.
(55) Emmanuel LEVYNE : La kabbale du commencement, op. cité, page 65.
(56) Jean CASSIEN : Conférences, IX, § 23. Paris, Edition du Cerf, Coll Sources Chrétiennes, n° 54, 1958, pages 60 et 61.
(57) Dr. A-E. CHAUVET, op. cité, tome 4, page 951.
(58) J. de Praly : Zohar II, 184 a, op. cité, tome 4, page 159.
(59) Emmanuel LEVYNE : La kabbale du Aleph. Paris, Tsedek Ed, 1981, page 98, mais aussi du même auteur : Petite anthologie de la mystique Juive, ibid, 1979, page 58. Il s'agirait d'un passage du Zohar II, 183 b, 184 a.
(60) Grégoire de Nysse : Catéchèse de la Foi, § 26. Paris Desclée de Brouwer Ed. Coll les Pères dans la foi, 1978, page 73 et 74.
(61) Denys l'Aéropagite : Des Noms Divins, IV, 23. op. cité, page 210.
(62) Origène : Homélies sur le Lévitique XVI, 7, op. cité, sc n° 287, pages 297 et 299. Pour les références non incluses dans la citation : Luc XVI, (Luc 16, 29) - I Cor. XV, 47 ss - Eph. IV, 24 - Eph. IV, 22 ss - II Cor. IV, 16.
(63) J. de Pauly : Zohar III, 124 b, op. cité, tome 5, page 322.
(64) Ibid : Zohar III, 125 a, op. cité, tome 5, page 323.
(65) Ibid : Zohar II, 117 b, op. cité, tome 3, page 452.
(66) Ibid : Zohar III, 125 b, op. cité, tome 5, page 323.
(67) Si l'on considère toutefois - ce que je pense Emmanuel LEVYNE acceptera -, que les Fils du Règne, les Fils de Dieu sont identiques aux Justes heureux qui agissent dans la Création, selon l'univers de la kabbale ; cette désignation réductrice de "kabbaliste" à l'endroit des disciples du Christ, me paraît alors parfaitement acceptable, en ce fait que le kabbaliste agit en vue de la Restauration des mondes, selon que Dieu l'a demandé à l'Homme sa Créature ; il s'avère que réside présentement la synthèse de la métaphysique chrétienne.
(68) Emmanuel LEVYNE : Lettre d'un kabbaliste à un Rabbin, op. cité, page 30.
(69) Jean Chrysostome : Sur la Ire Epitre aux Corinthiens, 41, in : Oeuvres Complètes, Bar le Duc, L. Guérin et Cie Ed., 1866, Tome 9, page 590.
(70) Origène : Traité des Principes II, 2, 2, op. cité, page 85. Par ailleurs, les commentateurs de l'édition des S.C. n'ont malheureusement rien compris à la pensée d'Origène ; comme cela est malheureusement trop souvent le cas pour les exégètes du "génie du Christianisme", ainsi écrivent-ils, il existerait "une certaine inconséquence qu'on ne peut manquer de sentir dans les autres textes d'Origène : Si Genèse II, 7 exprimait la création du corps dans son état terrestre, comment se fait-il, dans les perspectives d'Origène, qu'elle soit antérieure à la faute qui n'intervient qu'en Genèse III" (S.C., n° 253, page 139). Il ne convient pas d'émettre des "si" quand Origène s'avère très clair ! Je convie ces exégètes romains à lire mon étude : "Pour une vision Chrétienne de la Chevalerie", à leur ignorance, ils auront ainsi une réponse.
(71) Origène : contre Celse IV, 37, op. cité, Coll SC n° 136, 1968, page 277.
(72) Clément d'Alexandrie : Le Protreptique § 105, Paris Ed, du Cerf, Coll. Sources Chrétiennes n° 2. sd (1941), page 165.
(73) Ibid, § 88, page 147.
(74) Jean Chrysostome : Eloge de Saint Paul, Ve Homélie, in : Oeuvres Complètes, op. cité, tome 3, pages 353 et 354.
(75) Origène : Homélie sur Jérémie XIV, 1. Paris, Ed. du Cerf, Coll. Sources Chrétiennes n° 238, 1977, page 65.
(76) Origène : Contre Celse III, 61, op. cité, Coll. sc. n° 136, Ibid, page 143.
(77) Origène : Homélies sur le Lévitique VII, 2, op. cité, sc n° 286, page 321.
(78) E. MUNK : La Voix de la Thora, Paris, Fondation Samuel et Odette LEVY Ed. 1981, tome 3 : Le Lévitique, page 260.
(79) Origène : Homélies sur le Lévitique XVI, 7, op. cité, sc. n° 287, page 299.
(80) Grégoire de Nysse : VIE DE MOÏSE, PARIS, ED. DU CERF, COLL, SOURCES CHRETIENNES N° 1, 1941, PAGE 111.
(81) Grégoire de Nysse : Les Béatitudes, VI, 3. Paris, Desclée de Brouwer, Ed. 1979, page 84.
(82) J. de PAULY : Zohar I, 65 a, op. cité, tome 1, page 381.
(83) Syméon Le Nouveau Thélogien : Ethique, V, 263-269, in Traités Théologiques et Ethiques, Paris Ed. du Cerf, Coll Sources Chrétiennes, n° 129, 1967, tome 2, page 99.
(84) Ibid, Ethique V, 314-315, op. cité, page 103.
(85) Emmanuel LEVYNE : Le Mystère du nom divin ELOHIM, précédé de la kabbale (de) la lettre Hé. Paris, Tsedek Ed. 1980, page 27.
(86) Origène : Homélies sur la Genèse I, 13. Paris, Editions du Cerf, Coll. Sources Chrétiennes n° 7 bis, 1976, pages 59 et 61.
(87) Maxime Le Confesseur : Questions à Thalassios. 959 in : le Mystère du Salut, Namur, Ed. du Soleil Levant, 1965, page 113.
(88) La Théologie Chrétienne ne saurait continuer à souscrire à la thèse erronée selon laquelle un sacrement ne pourrait agir hors de la réception par le récipiendaire d'un sacrement antérieur comme le Baptême. Le seul élément qui peut atténuer la grâce - et non la dissoudre - est le péché contre l'Esprit. L'E.G.A.P. possède en son Rituel, un sacrement conféré alors au cours de la messe : Absolution apostolique conférée au cours de la Divine Liturgie ; sacrement non administré au cours de toutes les messes bien entendu, qui relève, selon le pouvoir des Clefs, le pénitent de son péché, si celui-ci s'est trouvé en opposition avec l'Esprit-Saint. par ailleurs, et à titre d'exemple, la théologie mystique devrait réfléchir sur les grâces dont bénéficiera un enfant dans le ventre de sa mère, lorsque celle-ci communiera !
(89) J. de PAULY : Zohar III, 107b, op. cité, tome 5, page 269.
(90) Ibid, Zohar I, 126b, op. cité, tome 2, page 102.
(91) Ibid, Zohar II, 42a, op. cité, tome 3, page 192.
(92) Ibid, Zohar I, 8a, op. cité, tome 1, page 43.
(93) Ibid, Zohar III, 98a, op. cité, tome 5, page 254.
(94) Emmanuel LEVYNE : Petite anthologie de la mystique Juive, Paris, Tsedek Ed. 1979, page 28.
(95) Au cours de nos "lectures méditations" du Zohar, nous avons rencontré cette expression selon laquelle tout homme est Israël, mais à l'instant d'en retrouver la référence, cela ne nous a pas été possible. Profitons de cette note pour demander que soient réalisés - pour les lecteurs de langue française, si cela existe en Hébreu - du Zohar, une concordance des citations bibliques et un dictionnaire des termes et des thèmes. Une telle oeuvre rendrait de grands services à tous.
(96) Dr. A-E. CHAUVET, Esotérisme de la genèse, op. cité, tome 4, page 957.
(97) Ibid, page 956.
(98) Origène : Homélies sur l'Exode, VIII, 8, Paris, Editions du Cerf, Coll. Sources Chrétiennes n° 16, 1947, page 180.
(99) J. de PAULY : Zohar III, 253a, op. cité, tome 5, page 592.
(100) J. de PAULY : Zohar II, 57a, op. cité, tome 3, page 254.
(101) Une tel sujet nécessiterait une très vaste bibliographie, nous donnons rendez-vous au lecteur intéressé par ce point, à la parution d'une prochaine écriture.
(102) Chanoine Théodore GEIGER : La Sainte Vierge et les possédés du démon. Sherbrooke (Québec), Editions Saint Raphaël, 1980, page 99 : cette citation intervient dans le cadre de l'annexe faisant état de l'ouvrage suivant : Victor de STENAY : Le Diable Apôtre, Paris Delhomme et Briguet Ed, pour un résumé de cet ouvrage introuvable, confer : J.H. Gruninger : le Possédé qui glorifia l'Immaculée : Antoine Gay. Lyon, EISE Ed. 1953, ce dernier volume disponible ne contient pas cette citation.
(103) J.H. GRUNINGER : le Possédé qui glorifia l'Immaculée : Antoine Gay. Lyon, Editions et Imprimeries du Sud Est, 1953, page 48.
(104) Sainte Brigitte de Suède : Les Révélations célèstes et divines, op. cité, tome 3, page 2.
(105) Origène : COMMENTAIRE SUR SAINT-JEAN XIX, § 141 ET 142, OP. CITE, SC., N° 290, PAGE 133.
(106) Dr. A. E. CHAUVET : Esotérisme de la Genèse, op. ctié, tome 4, page 976.
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