décembre 30, 2012

A PROPOS DES CLOCHES DE N-D DE PARIS



L'ignorance de bien des membres du nouveau clergé relativement au domaine du Sacré, alliée à la christianophobie de cette France oublieuse qu'elle fut fille aînée de l'Eglise Indivise, conduisait dès lors naturellement et les religieux et les laïcs à considérer comme normal que le sort de cloches pourtant consacrées, baptisées presque si j'ose dire puisque lors de sa bénédiction-consécration, assisté d'un parrain et d'une marraine,  elle sera lavée par l'eau bénite, ointe de l'huile des catéchumène puis du Saint Chrême, encensée, elle recevra un nom, que le sort donc des cloches ne N-D de Paris, s'en aillent en Chine pour être fondues et réduites en de nombreux objets profanes, pour touristes sans doute.

Agissons pour que ces cloches séculaires, soient installées dans un sanctuaire où elles puissent annoncer la Prière et les Louanges des fidèles.

,
JPB

--------------------------------------

Chers amis de cloches de Notre-Dame !
voici notre communiqué n°3
Père Alain HOCQUEMILLER, prieur.
               06.88.29.58.03
                 riaumont.net


Le combat pour sauver les cloches de Notre-Dame continue ;
signez la pétition vient d'être lancée en ce sens pour soutenir la plaidoirie de notre avocat !

Merci de faire circuler l'info ! 

décembre 21, 2012

MEDITATION SUR LES MYSTERES ET LES RAISONS DE L'INCARNATION



Je souscris totalement à la thèse du théologien Olivier CLEMENT qui exprime le regret que l'occident chrétien consacre à la fête de Noël, un aspect essentiellement humain, lorsque la tradition Byzantine considère que l'Incarnation du Fils de Dieu constitue une re-Création :

- Dieu vient à l'homme parce que l'homme s'est séparé de Dieu
- Le Verbe, ce petit enfant, n'a pas la parole dans la crèche, c'est l'anéantissement de Dieu se faisant petit enfant pour nous sauver et réaliser cette re-Création du monde
- Dans l'incarnation se trouve préfigurée l'annonce de la Passion.

         I
Ainsi, reprenons le récit de Luc.

"Or, en ce temps-là, parut un décret de César Auguste pour faire recenser le monde entier. Ce premier recensement eut lieu à l'époque où Quirinius était gouverneur de Syrie. Tous allaient se faire recenser, chacun dans sa propre ville ; Joseph aussi monta de la ville de Nazareth en Galilée à la ville de David qui s'appelle Bethléem en Judée, parce qu'il était de la famille et de la descendance de David, pour se faire recenser avec Marie son épouse, qui était enceinte."
(Luc II, 1-6)

Les raisons de ce voyage de Joseph et de Marie étant rappelées, réfléchissons sur le récit de l'Incarnation.

1- Premiers signalements de la Passion
"Or, pendant qu'ils étaient là, le jour où elle devait accoucher arriva ;  elle accoucha de son fils premier-né, l'emmaillota et le déposa dans une mangeoire"
(Luc II, 6, 7)
En réponse à cet emmaillotement et cette mangeoire, Joseph d'ARIMATHIE
"alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus. Il le descendit de la croix, l'enveloppa d'un linceul et le déposa dans une tombe taillée dans le roc"
(Luc XXXIII, 52, 53)

La Tradition Byzantine considère que dès l'Incarnation est annoncée la Passion.

2 - Le Christ rejeté
"...parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans la salle d'hôtes"
(Luc II, 7)
Corrélativement à cet absence d'accueil de l'Enfant Dieu  par les hommes, le
Christ est rejeté, refusé par l'homme : "Je suis venu au nom de mon Père, et vous refusez de me recevoir. Qu'un autre vienne en son propre nom, celui-là vous le recevrez !" (Jean V, 43)

3 - la réception de la Bonne Nouvelle aux petits
" Il y avait dans le même pays des bergers qui vivaient aux champs et montaient la garde pendant la nuit auprès de leur troupeau.  Un ange du Seigneur se présenta devant eux, la gloire du Seigneur les enveloppa de lumière et ils furent saisis d'une grande crainte.  L'ange leur dit : " Soyez sans crainte, car voici, je viens vous annoncer une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple :  Il vous est né aujourd'hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur ;  et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. "  Tout à coup il y eut avec l'ange l'armée céleste en masse qui chantait les louanges de Dieu et disait :
 " Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix pour ses bien-aimés. "" (Luc II, 8-15)
A qui se trouve annoncé la Bonne Nouvelle, à des bergers, à des êtres considérés comme impurs, par  ceux qui s'estiment être des justes, des savants, suivre la Loi de Moïse, impurs ces bergers sont considérés comme tels,  parce qu'ils sont en contact avec des animaux de ce fait ils sont par ailleurs interdits d'accès à la synagogue.
A l'être jugé indigne par les hommes, le  Christ le conduit immédiatement au Salut : Notre Seigneur a évangélisé les enfers. Cet acte de Foi qui sera repris dans l'Eglise Universelle dans le cadre du Symbole dit d'Athanase (1) dans la seconde partie du V° siècle, s'il était partie de la Foi des semi-Ariens, apparaît dans la Tradition de l'Eglise Catholique au sens de St Vincent de Lérins,  pour la première fois chez Rufin d'Aquilée vers 404 (2), lorsqu'il n'est pas sans intérêt d'évoquer la Constitution de l'Eglise Egyptienne vers 500 qui, à la place e la descente aux enfers, emploie les termes "a libéré ceux qui étaient enchaînés"(3).
 Il n'est donc pas étonnant, que NSJ+C ait immédiatement conduit le bon larron en Son Paradis : "  Jésus lui répondit : " En vérité, je te le dis, aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis. " (Luc XXIII, 43)

4 - la réciprocité du Témoignage par les petits, les rejetés
" Or, quand les anges les eurent quittés pour le ciel, les bergers se dirent entre eux : " Allons donc jusqu'à Bethléem et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître. "  Ils y allèrent en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la mangeoire.  Après avoir vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit au sujet de cet enfant.  Et tous ceux qui les entendirent furent étonnés de ce que leur disaient les bergers" (Luc II, 15-19).

A ses propres disciples, Jésus répond quant à savoir qui serait le plus grand :
"" Qui accueille en mon nom cet enfant, m'accueille moi-même ; et qui m'accueille, accueille Celui qui m'a envoyé ; car celui qui est le plus petit d'entre vous tous, voilà le plus grand. "" (Luc IX, 48)


         II
Reprenons si vous le voulez bien par les rapprochements scripturaires suggérés, notre méditation.

1 - Les conditions de et dans notre monde de la  Naissance de l'Enfant Dieu, qui accepte d'anéantir Sa Gloire Divine dans le Temps de Son Incarnation, pour paraître tel un enfant semblant pareil à nous, montre l'HUMILITE de DIEU qui déjà s'oppose au scénario proposé par le Serpent à Eve : " vous serez comme des dieux" (Gen. III, 5).

La preuve de la Divinité de J+C résulte de Sa résurrection d'entre les morts, cette mort physique, conséquence du péché  qui a fait entrer le temps de l'homme en remplacement du Temps de Dieu :

" C'est dans la peine que tu t'en nourriras tous les jours de ta vie." (Gen III, 17)

"A la sueur de ton visage tu mangeras du pain jusqu'à ce que tu retournes au sol car c'est de lui que tu as été pris. Oui, tu es poussière et à la poussière tu retourneras. " (Gen III, 19)

Une courte parenthèse, le récit de l'Oeuvre des six Jours, présente les Jours de Dieu, distinctement dans le plan de la Création nous concernant, alors que suite à la Chute, Dieu évoque les jours de la vie" installant la temporalité du monde avec pour fin, la mort physique de l'homme tu es poussière et à la poussière tu retourneras.

Noël présente la soumission à la temporalité du monde dans le cadre de la manifestation de l'Incarnation, mais le Christ vrai Roi, ne se soumet pas aux erreurs du monde qui pensent que le Messie  aurait pour vocation de restaurer le royaume et libérer la terre d'Israël mais ne sommes-nous pas dans une vision et très humaine et très élitiste, qui s'oppose à l'universalité de Dieu, en l'espèce à Son Amour, c'est à dire à l'Amour ? A Pilate l'interrogeant, le Christ répond :
" Ma royauté n'est pas de ce monde."  (Jean XVIII, 36)

" Ma royauté n'est pas de ce monde."  Jésus+Christ s'Incarne non dans un palais, mais à l'intérieur d'une mangeoire. Cette mangeoire est un lieu qui permet de manger, de se rassasier, pour ce qui nous semble dépourvu d'un droit, d'une âme, à savoir les bêtes. Or, né dans une mangeoire, le Christ nous le rappelle :
"Je suis le pain vivant qui descend du ciel. Celui qui mangera de ce pain vivra pour l'éternité. Et le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. " (Jean VI, 51)

La temporalité disparaît au profit de l'intemporalité recouvrée.
Le Christ donne Sa chair pour sauver les hommes.

Cette mangeoire n'est pas seulement l'annonce du tombeau, les langes ne sont pas seulement la préfiguration du linceul, cette mangeoire, annonce le Pain de Vie, pour le Chrétien la Sainte Eucharistie, cette Cène du dernier repas à partir duquel il est dit " Maintenant, le Fils de l'homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié par lui"  (Jean XIII, 31)

La glorification intervient parce que le Christ a donné à Judas la bouchée de pain que Judas a donc communié par la main du Sauveur, là est un autre Mystère (5) qui ne peut intervenir dans le sujet posé ce soir.
L'espace particulier que constitue ce lieu préfigure la Passion et la Glorification avec pour héritage notamment ce Pain de Vie, ce Pain des Anges qui se distingue totalement à notre nourriture terrestre, et constitue l'un des aspects de cette re-Création permise par l'anéantissement de Dieu se faisant enfant.

2 Il conviendrait de ne pas continuer à dépendre des maladies spirituelles (6) liées à notre attache au monde et, jetant nos filets emplis de nos désirs trop humains, enfin aller à la rencontre de Dieu.

Aller à la rencontre de Dieu, c'st L'accueillir, et non pas tourner la tête vers Mammon ! Il n'y avait pas de place pour accueillir la naissance de Jésus, avons-nous accordé une place à notre Prochain, à nos prières, à notre tension vers Dieu, combien de temps accordons-nous à l'autre, aux autres, cela est-il épisodique, quotidien ? Noël nous invite à la Communion et non à l'égoïsme.

3 La réception de la Bonne Nouvelle et ses conséquences ne peut s'adresser à l'indécis, à celui qui croit savoir et connaître sinon disposer du monde, qu'il s'agisse des docteurs, des pharisiens, des prêtres  grand prêtres confortés par leur assurance de connaître et respecter la Loi de Moïse (7), la Bonne Nouvelle ne peut être reçue par les tièdes : " Je sais tes oeuvres : tu n'es ni froid ni bouillant. Que n'es-tu froid ou bouillant ! Mais parce que tu es tiède, et non froid ou bouillant, je vais te vomir de ma bouche." (Apoc III, 15-17)

De quelle tiédeur s'agit-il ?  Celui qui est tiède ne soufre pas de la chaleur ou du froid, dsans son confort, il ne se pose aucune question et vit l'instant, le déroulement de sa vie, en considérant que tout est naturellement harmonieux pour lui, et à supposer qu'il s'interroge sur Dieu il pensera sans doute que tout cela lui fut préparé, offert, de par son état ou ce qu'il considère comme ses bonne actions antérieures telle une récompense.

N'est-il pas rappelé lors de la fermeture  du Chapitre que le but du Chevalier R+C est de " Rendre hommage à la Divinité dans son cœur, dans son âme et dans son esprit. Proclamer sa Gloire par des actes."

Celui qui est froid est appelé à acquérir cette Lumière, cette Chaleur liée à la conscience de La Présence, pentecôte personnelle à laquelle tous les êtres sont appelés.  Certes, l'être peut vouloir demeurer froid et ne pas répondre à cette rencontre de La Grâce, qu'importe, le Temps de Dieu n'est pas le temps de l'homme, et finalement chacun reviendra à Dieu, au plus tard lors du Jugement qui est la rencontre de face à face où tous les êtres devant l'Amour, cet Amour Absolu, s'effaceront, dans un acte d'humilité qui devient reconnaissance consciente que nous sommes tous enfants de Dieu.

A celui qui est chaud, appartient la responsabilité d'agir dans le monde, il n'est pas dans le confort illusoire du tiède, celui qui est chaud sait même qu'il pourrait trébucher, se relever alors avec cette humilité constamment présente de ceux qui savent, il peut être un ouvrier, mais aussi un aide pour le Maître de la moisson, parce que par sa vie, il indique la Voie, cette Voie de Celui qui a dit : " Je suis le chemin et la vérité et la vie. Personne ne va au Père si ce n'est par moi." (Jean XIV, 6)

Ainsi comme le rappelle NSJ+C : "'il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de conversion."  (Luc XV, 7) et l'Apôtre d'ajouter : "Voilà ce qui est beau et agréable aux yeux de Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité" (I Timothée II, 3,4)

4 En ces jours qui précèdent Noël, rappel de l'Incarnation de Celui qui nous a déjà sauvé, réintégré mais dont nous devons parce que par Amour Il nous a laissé la liberté, accepter librement le Salut, quel est notre Devoir ?
" Rendre hommage à la Divinité dans son cœur, dans son âme et dans son esprit. Proclamer sa Gloire par des actes."

Proclamer la Gloire de Dieu par des actes !

"Puisque donc toutes ces choses doivent se dissoudre, quelles ne doivent pas être la sainteté de votre conduite et votre piété, tandis que vous attendez et hâtez l'avènement du jour de Dieu." (II Pierre III, 11, 12)

Nous sommes bien dans une re-Création, permise par l'Incarnation et actualisée par la Résurrection, mais ne nous trompons pas, si l'Esprit Saint est revenu parmi les hommes une première fois au soir de la Résurrection, cette Pentecôte trop souvent oubliée rappelée par Jean XX, 19-24 : "Le soir de ce même jour qui était le premier de la semaine, alors que, par crainte des Juifs, les portes de la maison où se trouvaient les disciples étaient verrouillées, Jésus vint, il se tint au milieu d'eux et il leur dit : " La paix soit avec vous. "
Tout en parlant, il leur montra ses mains et son côté. En voyant le Seigneur, les disciples furent tout à la joie. Alors, à nouveau, Jésus leur dit : " La paix soit avec vous. Comme le Père m'a envoyé, à mon tour je vous envoie. "  Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : " Recevez l'Esprit Saint ; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. ", il nous revient d'être fidèle  :"Priez sans cesse, rendez grâce en toute circonstance, car c'est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus. N'éteignez pas l'Esprit." (I Thessaloniciens, V, 17-20)

N'éteignez pas l'Esprit, c'est-à dire maintenons la Présence de l'Esprit Saint dans la re-Création du monde, cet Esprit qui avait quitté le monde à la suite e la Chute.

Maintenir la Présence de l'Esprit dans le monde, l'Esprit Saint qui procède de toute éternité du Père  (Jean XV, 26), et qui dans le champ de la Création  est notamment la relation d'Amour entre le Père et le Fils, en ce qu'Il procède alors du Père par le Fils, ne pas éteindre l'Esprit mais maintenir au contraire Sa Présence, suppose que par la pratique de l'Amour, la tension vers Dieu, par nos bonnes actions et nos prières, comme le rappelle Pierre, nous agissions pour hâter l'avènement du Jour de Dieu, Jour ne dépendant pas de J+C mais de notre action pour le monde que nous entrainions dans notre Chute.

C'est à l'homme que revient cette tâche d'amener la Nature à sa délivrance ainsi que le rappelle l'Apôtre (Romains VIII, 19-23) et non à Dieu, aussi le Christ s'adressant au Père le déclare : "Je prie pour eux ; je ne prie pas pour le monde" (Jean XVII, 9).

A l'homme et non à Dieu " Car la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu : livrée au pouvoir du néant-non de son propre gré, mais par l'autorité de celui qui l'a livrée, elle garde l'espérance, car elle aussi sera libérée de l'esclavage de la corruption, pour avoir part à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu."  (Romains VIII, 20-22)

L'humilité dans Sa naissance de l'enfant Dieu, dans la manifestation de Sa vie visible, ne peut que nous indiquer qu'à notre tour nous devons être simples comme les bergers, comme les apôtres qui par la seule tension de leur coeur suivent immédiatement Jésus, certes ils ne comprennent pas grand chose sur  qui est leur Sauveur, ils doutent, ils trébuchent, sont-ils toujours de bonne foi dans leur façon de juger leur prochain tel Jean à l'encontre de Judas, ils ne sont que des hommes mais ils témoigneront.

A notre tour, il nous est demandé de témoigner puisqu'il nous échet de proclamer la Gloire de Dieu par des actes. Par la prière et les bonnes actions, agissons dans le secret de la plus stricte humilité, alors en communion avec l'enfant Dieu s'étant anéanti dans une humilité totale, me revient en mémoire cette pensée de Louis Claude de St Martin, à l'origine de ce Martinisme autrefois Chrétien et qui aujourd'hui ne l'est que peu ou prou ou pas du tout : "J'ai désiré faire du bien, mais je n'ai pas désiré faire de bruit, parce que j'ai compris que  le bruit ne faisait pas de bien, comme le bien ne faisait pas de bruit."

JPB


NOTES

1 L'icône et le commentaire sont retirés du présent texte, ne parvenant pas à insérer cet élément sur le blog.

Source : http://egliseorthodoxelemans.fr/spip/spip.php?article14

2 DENZINGER : Symboles et définitions de la Foi catholique, Cerf Ed, N° 75 et 76 ; et édition électronique partielle : http://tho.org/9.php?d=g0 (ici §§ 76 et 76)

Symbole ." Quicumque ", dit d'Athanase.

(probable origine entre 430 et 500 dans le Sud de la France?)

(1) Quiconque veut être sauvé, doit avant tout tenir la foi catholique : (2) celui qui ne la garde pas intègre et inviolée ira, sans aucun doute, à sa perte éternelle.
(3) Or la foi catholique consiste en ceci : nous vénérons un seul Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l'unité, (4) sans confondre les personnes ni diviser la substance : (5) autre en effet est la personne du Père, autre celle (la personne) du Fils, autre celle (la personne) de l'Esprit Saint ; (6) mais le Père, le Fils et l'Esprit Saint ont une même divinité, une gloire égale, une même éternelle majesté.
(7) Comme est le Père, tel est le Fils, tel (aussi) l'Esprit Saint : (8) incréé est le Père, incréé le Fils, incréé l'Esprit Saint ; (9) immense est le Père, immense le Fils, immense l'Esprit Saint : (10) éternel est le Père, éternel le Fils, éternel l'Esprit Saint ; (11) et cependant ils ne sont pas trois éternels, mais un seul éternel ; (12) ni non plus trois incréés, ni trois immenses, mais un seul incréé (immense) et un seul immense (incréé). (13) De même tout-puissant est le Père, tout-puissant le Fils, tout puissant l'Esprit Saint ; (14) et cependant ils ne sont pas trois tout-puissants, mais un seul tout- puissant. (15) Ainsi le Père est Dieu, le Fils est Dieu, l'Esprit Saint est Dieu ; (16) et cependant ils ne sont pas trois dieux, mais un seul Dieu. (17). Ainsi le Père est Seigneur, le Fils est Seigneur, l'Esprit Saint est Seigneur; (18) et cependant ils ne sont pas trois Seigneurs, mais il y a un seul Seigneur : (19) car de même que la vérité chrétienne nous commande de confesser chacune des personnes en particulier comme Dieu et Seigneur, (20) de même la religion catholique nous interdit de dire qu'il ya trois dieux ou trois seigneurs.
(21) Le père n'a été fait par personne, ni créé, ni engendré ; (22) le Fils est du Père seul, non pas fait, ni créé, mais engendré ; (23) l'Esprit Saint est du Père et du Fils, non pas fait, ni créé, ni engendré, mais il procède. (24) Donc un seul Père, non pas trois Pères ; un seul Fils, non pas trois Fils, un seul Esprit Saint, non pas trois Esprits Saints. (25) Et dans cette Trinité rien n'est antérieur ou postérieur, rien n'est plus grand ou moins grand, (26) mais toutes les trois personnes sont coétemelles et coégales, (27) si bien qu'en tout, comme il a déjà été dit plus haut, on doit vénérer aussi bien l'unité dans la Trinité que la Trinité dans l'unité (28) Celui donc qui veut être sauvé doit penser cela de la Trinité.

(29) Mais il est nécessaire au salut éternel de croire fidèlement aussi en l'incarnation de notre Seigneur Jésus Christ. (30) C'est donc la foi droite que de croire et de confesser que notre Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, est Dieu et homme (aussi bien Dieu qu'il est également homme) : (31) il est Dieu, engendré de la substance du Père avant les siècles, et homme né de la substance de la mère dans le temps ; (32) Dieu parfait, homme parfait, composé d'une âme raisonnable et d'une chair humaine ; (33) égal au Père selon la divinité, inférieur au Père selon l'humanité ; (34) bien qu'il soit Dieu et homme, il n'y a pas cependant deux Christ, mais un seul Christ ; (35) un, non pas parce que la divinité s'est changée en chair (dans la chair), mais parce que l'humanité a été assumée en Dieu ; (36) un absolument, non par un mélange de substance, mais par l'unité de personne. (37) En effet de même que l'âme raisonnable et le corps font un homme un, de même Dieu et l'homme font un seul Christ. (38) Il a souffert pour notre salut, il est descendu aux enfers, le troisième jour il est ressuscité des morts, (39) il est monté aux cieux, il siège à la droite du Père, d'où il viendra juger les vivants et les morts. (40) A sa venue tous les hommes ressusciteront avec (dans) leurs corps et rendront compte chacun de leurs actes ; (41) ceux qui ont bien agi iront dans la vie éternelle, mais ceux qui auront mal agi, au feu éternel. (42) Telle est la foi catholique : si quelqu'un ne la croit pas fidèlement et fermement, il ne pourra être sauvé."

3 DENZINGER : op cité, N° 16, et édition électronique citée : http://tho.org/9.php?d=g0 (ici § 15) :

 - Tyrannius Rufinus : Expositio (ou Commentarius) in symbolum.


4 DENZINGER : op cité, N° 62, 63;  éd électronique citée, N° 62 :

Constitutions de l'Eglise égyptienne. Cf. [Can.3>3]

a) Version copte : profession de foi après le baptême.


5 J-P BONNEROT : Judas ou les conditions de la rédemption, Cahiers d'Etudes Cathares, N° 104, hiver 1984. Pour un accès Internet : http://misraim3.free.fr/gnosticisme/JUDAS.PDF

6 http://theologie-et-questions-disputeses.blogspot.fr/2012/12/les-maladies-spirituelles-et-leurs.html

7 Sur les vingt-sept irrégularités du faux et mauvais procès fait à NSJ+C, il convient de revenir sans cesse au travail magistral des Mgrs Augustin et Joseph LEMANN : Valeur de l'assemblée qui prononça la peine de mort contre Jésus-Christ, nombreuses éd dont la dernière Editions DFT.
Pour un accès internet, plusieurs sites, mais celui-ci est à recommander ;
http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Lemann/Valeur/Objet.html

décembre 17, 2012

De la théologie de l'icône à la théologie des énergies incréées



Père Nicolas OZOLINE



http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=w33VSgdqBoY

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=0e2Shejc6k4

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=0n_0ZWSQJPE

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=26Vt6oZRJvQ

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=L8SVWkJq600

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=YHvORz7cGBs


Source :  http://orthodoxeroumain.com/dev/index.php/fr/

Les maladies spirituelles et leurs remèdes



Père Philippe DAUTAIS


http://www.dailymotion.com/video/xve3jg_prphilippedautais2010-partie1_people


http://www.dailymotion.com/video/xve8ak_prphilippedautais2010-partie2_people


Source :  http://orthodoxeroumain.com/dev/index.php/fr/

décembre 16, 2012

Dictionnaire de Théologie Catholique



Le Dictionnaire de Théologie catholique  contient 65.000 pages de texte, 9.500 articles de 460 auteurs différents. Certes face à la version papier ou au DVD de l'éditeur, il n'est présentement  pas complet, mais sera un outil utile pour le chercheur ne disposant pas du texte livré sous l'une des formes rappelées, lorsqu'il échet de signaler que le DVD ne permet pas une meilleure présentation que celle qui est ici proposée quant au corps des caractères souvent très petit, et à la présentation de la page. L'avantage réside dans la gratuité des articles accessibles.

JPB

                        http://jesusmarie.free.fr/dictionnaire_de_theologie_catholique.html

PROPHETES ET MYSTIQUES: MIRACLE DES CORPS INCORRUPTIBLES

PROPHETES ET MYSTIQUES: MIRACLE DES CORPS INCORRUPTIBLES

octobre 31, 2012

LA MYSTIQUE DE L'UNION DANS LA THÉOLOGIE EUCHARISTIQUE



Parole de IVrienl XVI (1990-1991)261-270
LA   MYSTIQUE   DE   L'UNION
DANS   LA   THÉOLOGIE   EUCHARISTIQUE
DU PATRIARCHE ETIENNE AL-DUWAYHI (1630-1704)
PAR
Jad Hatem
Le Candélabre des sanctuaires (Manàrat al-aqdâs) d'Etienne Al-Duwayhï est une somme de théologie spirituelle qui se présente sous la forme d'un traité exhaustif sur la messe. En effet, la célébration eucharistique est pour les Maronites toute la théologie, y compris la mystique. Le Patriarche a totalisé les éléments de la spiritualité maronite après qu'elle s'est ouverte à l'influence latine. Il ne renonce pas pour autant à la tradition mystique de l'Eglise d'Orient. L'union sous toutes ses formes, — ecclésiale, communautai­re, eucharistique et la thëôsis proprement dite, — est prise en considération.
I. LES DEUX UNIONS
La messe est selon Duwayhï le moyen pour les fidèles de se rencontrer dans le corps du Christ1. Elle opère une première union de type horizontal grâce à la verticalité qui, devenue immanente, agrège les individus.
La réunion horizontale favorise l'union ascensionnelle avec Dieu et confère à la messe l'un de ses noms: «Qûrobo», «c'est-à-dire la proximité et l'amitié, d'abord parce que, par elle, nous nous approchons de l'union (ittihâd) avec Dieu» (et de citer Jn VI, 57) «et ensuite parce que c'est grâce au corps du Christ qu'ont pu avoir lieu, entre célestes et terrestres, peuple juif et nations, comme dit l'Apôtre, la réconciliation et le rapprochement»2.
1)    Manàrat al-aqdâs, éd. Rasid al-Sartùnï, I, Beyrouth, 1895, p.10 [Cité: MA].
2)    MA, I, pp. 10-11. Cf. II, p. 185 où il est précisé: entre Dieu et les hommes et entre les anges et les hommes. Cf. aussi sur qûrobo et participation II, pp. 459, 529, et F.E. Brightman, Liturgies Eastern and Western, I, Oxford, 1896, p.579.

A Duwayhï le peuple dont il a la charge n'apparaît pas comme un regroupement d'ouailles mais comme une Nation qui porte le nom de l'anachorète Maron et qui doit être uni par le lien le plus fort qui soit afin de venir à bout des dangers multiples auxquels il est affronté. Et d'union il n'en est pas de plus puissante et de plus efficace que celle, de nature transcendante, qui élève tout un héritage spirituel grec et pansyriaque, enrichis ensuite par l'apport latin, à l'unicité d'une substance éthique dont les fils sont noués à même hauteur par une transmutation qui fonde le corps du Christ qu'est l'Eglise sur le corps du Christ qu'est l'Eucharistie.
Cette conception prend sa source dans la spiritualité monastique où la charité fraternelle constitue une propédeutique à l'union à Dieu. La tradition, comme on le sait, a développé deux inspirations complémentaires: un courant vertical, représenté par les Pères du désert, Pachôme et CVssien, qui, dans le mouvement ascensionnel théocentrique, soude les frères, et un courant horizontal plus particulièrement illustré par Basile et Augustin qui perçoit Dieu dans les individus. Je redis que ces deux courants sont complémentaires et impliquent une transfiguration philadelphique par l'incorporation au Christ, lieu nodal et cruciforme des deux mouvements.
II. L'UNION HORIZONTALE
Le sens de l'union horizontale est développé, à la fin du Candélabre, par un commentaire sur l'union communautaire en Dieu: «Par la consommation du corps du Christ advient une autre union: les fidèles deviennent «un» non seulement avec Dieu mais aussi entre eux. De même que tous les fleuves s'unissent dans la mer (...), en prenant part à ce sacrement, nous devenons tous «un» avec Dieu et avec le corps de son Fils et entre nous comme II dit dans l'Evangile de Jean: «Pour eux je me sanctifie moi-même afin qu'ils soient eux aussi sanctifiés en vérité (...) afin que tous soient un comme toi, Père, es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient un en nous»3. Disant: «qu'ils soient un
3) Jean XVII, 19,21. Le mot que j'ai souligné est absent du texte grec et provient de la Psitta.

en nous», Il veut dire que c'est nous qui devenons Lui parce qu'il y a entre le pain du Seigneur et le pain naturel une grande différence: nous changeons en nous le pain naturel en raison de l'extrême énergie [littéralement: chaleur] qui est en nous, alors que le corps du Seigneur nous change en Lui, parce qu'il est plus fort que tout et que par son esprit nous nous relions tous, les uns aux autres. Ainsi suppliaient les Pères Ignace, Basile et Clément dans l'épiclèse disant: «Rends-nous dignes, Seigneur, de la participation (...) avec Dieu et entre nous afin que Dieu devienne tout en tous»4.
Ce texte remarquable déborde ses deux frontières. Par la supérieure, il touche à la déification, par l'inférieure à l'intercommunion (KOivcovia)5, l'une par l'autre parce que le corps du Christ — expression qui désigne et l'Eucharistie et l'Eglise6 — assure la médiation réciproque entre les deux types d'union.
Que signifie la vie en l'homme du Christ, selon le mot de l'Apôtre cité par Duwayhï?7 Que l'homme nouveau est exalté, mû par le divin qui devient le principe de son orientation dans le monde et le ressort de son action. Or Dieu est par essence agent d'union comme le signalent les versets de Jean
4)    MA, II, p. 593.
5)    MA, II, p. 395. Cf. I Cor X, 16-18. Y a-t-il influence de Cyrille d'Alexandrie sur ce point? Cf. In Joonnem, XVII, 11, 20-21.
6) Cf. I Cor XI, 24; XII, 27.
7)ÀM,II, p. 602; Gai
II, 20.


précédemment cités8, mais aussi le texte entier de par sa facture trinitaire puisque divisé en trois sections selon la répartition des fonctions divines: Le but du chrétien est l'union à Dieu par le corps du Christ dans l'Esprit. Or la Trinité est relation d'amour, acte d'union. A l'instar du Père et du Fils, les chrétiens doivent s'unir, mais pas n'importe comment, car ils pourraient se retrouver agrégés sous le chef satanique9. L'unité est d'amour dans l'intercommunion horizontale. Mais seul celui qui est, dès ici bas, uni à Dieu par l'effet transfîgurateur de l'Eucharistie, c'est-à-dire qui est habité par l'Esprit illuminateur10, peut envisager de la réaliser, s'y efforcer et réussir.
Réciproquement, l'amour et l'union interhumains favorisent l'union à Dieu grâce à ce qui donne tout son sens à l'humain: le Christ premier né d'entre plusieurs frères11.
Duwayhï a repéré dans la salutation des chrétiens, lors de la messe, l'expression et le symbole de l'union horizontale: Les mains réunies des fidèles désignent «leur union totale dans l'esprit, le corps, la raison et la volonté car dix sont les sens (hawâss) de l'esprit et du corps et dix sont les commandements que Dieu octroya sur la montagne et qu'il nous ordonne de suivre afin que soit parfait notre amour de Lui et de notre prochain. Par cette salutation des dix doigts, nous nous embrassons et nous unissons les uns aux autres à la manière des anneaux d'une chaîne»12.
L'illustration de l'union est, dans le texte cité, évidente par soi. Le symbole des doigts appelle un développement. Des vingt doigts qui entrent en contact, la moitié désigne l'humanité (car «l'esprit» désigne ici celui de
8)    Sur l'importance de Jean XVII pour cette problématique, cf. Titus Cranny, John 17: As we are One, Garrison (NY), Graymoor, 1965.
9)    Sur la fausse unité, cf. mon ouvrage, De l'Absolu à Dieu, Paris, Cariscript, 1987, pp. 119-120, 131-132, 137.
10) Sur cette fonction de l'Esprit, cf. MA, II, p. 603 où l'Esprit illumine la raison et l'engage
sur la voie de Dieu en l'armant d'une tenace volonté.
11) Cf. MA, II, p. 189.
12)Âf^,II, p. 194.

l'individu et transitivement l'esprit de corps de la collectivité) et l'autre moitié la Loi divine dans ses deux dimensions: celle qui règle le rapport de l'homme à Dieu (les quatre premiers commandements) et celle qui organise l'inter-humanité (les autres). Les deux dimensions ne cessent de s'appuyer l'une sur l'autre. Dieu est présent dans l'étreinte fraternelle.
Les deux unions sont visibles et conjointes dans un autre signe, la concélébration des prêtres: «Tout comme le sacrement (sirr) de l'Eucharistie (qurbàn) est sacrement de la charité (mahabba), et de même que pain et vin réunissent plusieurs ingrédients et sont consommés par une assemblée, de même la réunion des prêtres, pour les sanctifier et y prendre part, illustre pour nous leur union dans la paix et la charité avec Dieu et les uns avec les autres»13; et de citer Jn VI, 56.
Les fidèles forment donc une communauté eucharistique. Sans le corps du Christ, ils seraient déconnectés de Dieu, en proie à la zizanie, affaiblis face à leurs ennemis14. Par lui, ils deviennent un seul corps et un seul esprit15.
III. L'UNION VERTICALE
En passant de l'union horizontale à l'union verticale, le tableau change. L'ascension comporte ses degrés: l'union horizontale dans la communauté, l'union horizontale dans l'Eucharistie, l'union à Dieu par la médiation de l'Eucharistie et enfin l'union post mortem à Dieu dans la gloire.
La gradation des trois premiers niveaux est logique et de dignité et non pas chronologique. Ces trois niveaux se déterminent réciproquement. Au troisième niveau, le fidèle, par le truchement de l'Eucharistie qui est la perfection de tous les sacrements16 augmente ses vertus17. Son corps est
U)MA, I,p. 255.
14)    MA, II, p. 608.
15)    MA, II, pp. 395-396 et 412. 16)M^,II, pp. 564 et 589.
17) MA, II, p. 600. L'Eucharistie contient elle-même toutes les vertus: II, p.458.


sanctifié par le corps saint du Christ et son âme purifiée par son sang miséricordieux18. La purification ne s'arrête pas au plan éthique, mais prolonge ses effets dans la constitution anthropologique de l'individu. Le péché d'Adam avait privé l'humanité des fruits de l'arbre de vie, introduisant la mort dans le monde19. Le Christ a renoué le pacte et son corps est devenu les fruits de l'arbre de vie auquel Adam avait préféré celui de la science du bien et du mal20. Dès lors s'organise chez Duwayhï qui n'eut qu'à puiser dans les paroles de l'Evangile et dans la littérature patristique21 tout un réseau symbolique du corps du Christ comme don de vie et fruit de l'arbre de vie. Le corps du Christ est pain de vie22, octroie la vie nouvelle23, est l'équivalent de l'arbre de la vie24, gage de la résurrection25; il nourrit pour la vie éternelle26.
Dès ici-bas, le fidèle est lentement et sûrement transformé. Duwayhï cite saint Ephrem selon qui le corps du Fils de Dieu renouvelle tout à la fois l'âme et le corps27. En effet, celui qui absorbe les saintes espèces devient le Christ28 (on a déjà vu que ce n'était pas le corps du Christ qui se transformait en notre corps). Le troisième niveau est incompréhensible sans la considération que l'Eucharistie est le corps déifié de l'hypostase divine (et non seulement celui de la nature humaine)29. Le communiant est assumé par Dieu dans la personne du Christ. L'Eucharistie prolonge l'inhumanation: «Le Fils du Très haut s'est mêlé à ceux qui sont en bas pour les mêler à lui en son lieu élevé»30. A l'adage patristique «Dieu s'est fait homme pour que l'homme se fasse Dieu», le réalisme du verbe «mêler» (halet) donne une saveur nouvelle et peut faire craindre une confusion, avérée dans l'Eucharistie. Duwayhï qui insiste pour
18)      ma il, p. 261.
19)      MA, II, p. 606; cf. II, pp. 292 et 573.
20)      MA, II, pp. 466 et 500.
21)      Voir chez Saint Éphrem l'analogie des fruits de l'arbre de vie et de l'Eucharistie, par exemple dans ses Hymnes sur le Paradis VI, 8 et dans le Commentaire du Diatessaron XXI, 25.
22)  MA, II, p. 292.
23)      MA, II, pp. 457, 592 et 605.
24)  MA, II, pp. 292, 573, 588 et 605.
25)M4,H,p. 572.
26)      MA, II, pp. 459, 594.
27)      MA, I, p. 381.
28)      MA, I, p. 342.
29)  MA II, pp. 281-282.
30)      MA II, p. 531.

mêler l'eau au vin31 (l'omission de ce rite par le célébrant constitue un péché mortel)32, soutient que, outre qu'ils symbolisent les deux liquides jaillis du flanc du Supplicié, ils désignent les deux natures humaine et divine du Christ unies dans l'hypostase unique33 — telle est la condition de possibilité et le modèle de la déification —, mais aussi, et par dérivation, l'union des hommes au Christ. Parmi les sens de la commixtion du sang et de l'eau, il faut compter qu'elle «clarifie notre union au Christ dans un seul Esprit parce que le Sauveur est la source de la grâce et de la joie»34. L'union n'est pas de juxtaposition, mais de transformation: «Le vin devient le sang du Christ et l'eau ne devient pas eau, mais est symbole de notre union au corps du Fils de Dieu et à son sang»35.
Mais que devient donc l'eau? La réponse se fait attendre, mais elle est on ne peut plus claire: «la plupart des théologiens soutiennent que le vin et l'eau deviennent le sang du Seigneur»36.
L'analogie est poussée si loin que la déification de l'homme finit par ressembler davantage à une transsubstantiation qu'à une transformation37.
il) MA, I, p. 382.
32)     MA, I, p. 383.
33)     MA, I, p. 383. Dans l'Apocalypse (XVII, 15), l'eau symbolise les peuples.
34)     M/U, p. 383.
35)     MA, I, p. 385.
36)     MA, II, p. 344; cf. II, p. 601.
37)     Pour Cyprien, l'absorption de l'eau par le vin correspond à l'assomption de l'humanité par le Christ et garantit, dans le sacramentum unitatis qu'est l'Eucharistie, la coprésence du Christ et de l'humanité. De ce fait, la référence au mélange est constante: «L'eau figure le peuple, le vin, le sang du Christ. Quand donc, dans le calice, l'eau se mêle au vin, c'est le peuple qui se mêle avec le Christ, et la foule des croyants qui se joint et s'unit à celui en qui elle croit. Ce mélange, cette union (copulatio et coniunctio) du vin et de l'eau dans le calice du Seigneur est indissoluble» (Lettre LXXIII à Cecilius, XIII, 1).
«Si l'on offre le vin seul, le sang du Christ est présent sans nous; si l'eau est seule, voilà le peuple sans le Christ. Au contraire, quand l'un est mêlé à l'autre et que, se confondant, ils ne font plus qu'un, alors le mystère spirituel et céleste est accompli» (ibidem, XIII, 3; traduction du chanoine Bayard in Saint Cyprien, Correspondance, Paris, Les Belles Lettres, II, 1925, pp. 199-213).


IV. MÉLANGE ET DÉIFICATION
Le verbe «mêler» en devient encore plus troublant. Duwayhï, qui en est conscient, essaie de justifier le maintien d'un mot et d'une notion disqualifiés à Chalcédoine. Il entend la récupérer au profit de la théologie eucharistique et mystique. La notion était d'un usage courant parmi les monophysites, particulièrement Philoxene de Mabboug pour qui le mélange n'implique pas la confusion qu'il récuse38 et Jacques de Saroug39, abondamment cité par Duwayhï. Philoxene et Jacques ne faisaient que perpétuer le vocabulaire d'Ephrem40 et même, éventuellement, celui du Chrysostome41.
Pour avoir fondé sa mystique sur l'union eucharistique, Duwayhï est tenu de s'exprimer dans une terminologie réaliste et de défendre le verbe «mêler» qui seul lui permet d'expliquer le mode de l'union. Il cite la parole du prêtre lors du dépôt d'une parcelle de l'hostie dans le calice: «Tu as mélangé, Seigneur, ta divinité avec notre humanité et notre humanité avec ta divinité; ta vie avec notre mortalité et notre mortalité avec ta vie; tu as pris ce qui est nôtre et nous as donné ce qui est tien; pour la vie et le salut de nos âmes»42.
Les quatre segments de la phrase (que j'ai mis en relief par les points-virgules) désignent, selon Duwayhï, les quatre types d'union; successivement: l'hypostatique, celle de la grâce (en la reprenant, il ne manque pas de répéter «tu as mêlé»), la sacramentaire et celle de la gloire43. Duwayhï précise que certains se sont méfiés du verbe mêler, à cause de l'hérésie d'Eutychès qui mélangea les deux natures du Christ et prétendit qu'elles étaient une. Certains
38) Cf. Roberta Chesnut, Three Monophysite Christologies, Oxford University Press, 1976, pp. 65-70.
39)M^,I,pp. 132-136.
40) Par exemple: «Tout entier il s'est mêlé en nous» (Ephrem, Hymnes sur la virginité, XXXVII, 2).
41 ) «Il a voulu se mêler et s'unir à nous de telle sorte que nous devenions un même corps avec Lui (...) Il nous sert de nourriture (...) et nous incorpore à Lui» (Jean Chrysostome, In Matth., hom. 82, LXXXII, § 5; PG, 57, 743).
42) MA, II, p. 527.
43)^^,11, pp. 529-530.

copistes remplacèrent le mot dangereux par «prendre»44. Et plus tard on imprima «tu as uni» (hayédt) au lieu de «tu as mélangé» (halett)45.
Pour sa part, Duwayhî écarte du vocable tout soupçon. Il signifie, à l'entendre, le fait de s'approcher d'autrui, de s'y associer ou de s'y unir46. En guise d'exemple, il allègue l'Epître aux Hébreux III, 14 où halett traduit Liétoxoç, et Jacques de Saroug dont il semble ignorer la relative hétérodoxie: «Emmanuel est devenu pareil à nous par son humilité et quoique égal en tout à son Père par la gloire infinie, il prit notre semblance et s'est mélangé à nous, devenant comme nous; Il s'est abaissé pour nous élever au lieu sublime auprès de son Père»47. Le réalisme eucharistique conduit donc Duwayhî à tolérer un vocabulaire d'interfusion qui fait la part belle à une assomption qui assimile.
Les trois premières formes d'union sont ordonnées à la quatrième: avec Dieu dans la gloire. La co-transsubstantiation de l'eau préfigure la déification sur la tonalité de laquelle on ne peut se tromper. L'homme est appelé à devenir un avec le Christ dans le corps, dans l'esprit et même dans la divinité (lâhût)48. Cyrille d'Alexandrie est cité qui évoque la participation à la nature divine49.
Les deux types de l'union de l'homme à Dieu sont formellement distingués, l'eucharistique étant seulement gage de la glorieuse. Des morts parvenus à la béatitude, Duwayhî dit qu'ils ont atteint l'union avec Dieu dans la gloire50. Ailleurs, il précise qu'on y parvient dans l'eschaton (àhir al-câlam)51.
44)      MA, II, p. 530.
45)  Cf. Michel Hayek, Liturgie maronite, Paris, Marne, 1964, p. 205n. Ainsi par exemple dans le texte reproduit dans la Pentalogie maronite de Youakim Moubarac, IV, p. 223.
46)  MA, II, p. 530.
47) Jacques de Saroug, Mïmrô 66 sur le Jeudi-Saint, in MA, II, p. 530.
46) MA, II, p. 591.
49)      MA, II, p. 592, Cyrille qui savait, ajuste titre, distinguer la filiation naturelle (celle du Christ) de celle adoptive (des hommes) (In Joannem VI, 58) ou mieux l'union substantielle ('evcociç Çdcikv) de l'accidentelle ('fevcociç cxemcfi) (Apologeticus contra Theodoretum, PG, 76, 408c), recourt au vocabulaire du mélange dans le registre de l'union eucharistique: le Christ et le communiant sont unis comme deux morceaux de cire con-fondus (In Joannem, VI, 56; XV, 1) ou comme pâte et levain qui se compénètrent (In Joannem, VI, 57); en outre, fusion: In Joannem, XVII, 22, 23 et participation à la divinité du Christ (In Lucam, XXII, 18).
50)      MA, II, p. 404.
51)      MA, II, p. 458.


L'union eucharistique réalisée ici-bas est donc incomplète en raison de la faiblesse de l'homme terrestre soumis au souci et parce que la théognosie octroyée par l'Eucharistie52 demeure oblique puisque «nous ne voyons pas Dieu en face mais dans la semblance, et nous ne sommes guère unis à Lui selon ce qu'il est en soi mais dans le sacrement»53.
La splendeur de la vie paradisiaque inspire au Patriarche une page digne d'Ephrem54.
Duwayhï fait l'expérience de la déification dans l'Eucharistie. La régénération dans le Fils fait qu'aimer Dieu c'est aimer les hommes et réciproquement. La responsabilité du prêtre en devient écrasante. Médiateur de l'union eucharistique55, il mérite d'être appelé «ange de Dieu»56 et même «dieu»57. «Au four du pain de rompre l'homme»58, dit René Char.
Jad Hatem
c/o Bureau de l'U.S.J.
42, Rue de Grenelle
F-75343 PARIS CEDEX 07
52)     Cf. MA, II, pp. 596 et 603.
53)     MA, II, p. 595. 54)A/vlII,p. 141.

55)     Duwayhï, Sarh al-takrîsât wa-l-sartûniyyât, éd. Rasîd al-Sartûnî, Beyrouth, Imprimerie Catholique, 1902, p. 289.
56)     Ibidem, p. 83; cf. p. 265.
57)     Ibidem, p. 83.
58)     A la santé du serpent, II.