La parole même de l'Evangile
de la grâce (cf. Ac 20,24), à cause de sa sublimité, est proportionnée aux
oreilles et aux intelligences des anciens; nos Pères théophores, en la
polissant de leur propre bouche la proportionnent aussi à nous qui sommes
imparfaits. Les mères qui aiment leurs enfants en mastiquant avec soin la
nourriture trop solide la rendent aisément assimilable par leur bébé; puisque
l'humidité physique dans la bouche des mères devient nourriture pour les
enfants, les pensées des Pères théophores deviennent une nourriture profitable
pour les âmes de ceux qui les écoutent et leur obéissent. Mais les bouches des
hommes méchants et hétérodoxes sont remplies d'un venin mortel ; lorsqu'il se
mélange aux paroles de la vie, celles-ci aussi deviennent mortelles pour ceux
qui écoutent inconsidérément. Fuyons donc ceux qui ne reçoivent pas les
interprétations des Pères mais essaient d'introduire de leur propre cru les
doctrines contraires et feignent de s'attacher au sens littéral, tout en
rejetant le sens conforme à la piété. Fuyons plus vite que l'on fuit devant un
serpent ; en effet, en mordant le corps, celui-ci fait mourir ce qui est
provisoire, sans atteindre l'âme immortelle ; mais en saisissant l'âme
elle-même avec leurs dents, ces gens-là séparent de Dieu, ce qui est la mort
éternelle de l'âme immortelle. Fuyons donc de tels individus de toutes nos
forces, et réfugions-nous auprès de ceux qui proposent l'enseignement conforme
à la piété et salutaire, en harmonie avec les traditions des Pères.
Si je viens de parler ainsi et
d'adresser cet exorde à votre charité, c'est parce que nous fêtons aujourd'hui
l'auguste transfiguration du Christ sur la montagne et devon parler de la
lumière qui y resplendit. Contre cette lumière, un violent combat est mené
actuellement par les ennemis de la lumière. Eh bien, reprenons un peu plus haut
les paroles évangéliques lues aujourd'hui, pour exposer le mystère et démontrer
la vérité.
L'accord des évangiles
«
Après six jours, jésus prend avec lui Pierre, Jacques et jean son
frère, et il les fait monter à l'écart sur une montagne ; il lut transfiguré devant eux, et son visage resplendit
comme le soleil » (Mt. 17, 1-2). C'est évidemment ce point de l'Evangile
qu'il faut d'abord examiner : après quel jour l'apôtre du Christ et évangéliste
Matthieu compte6T6-il les six jours qui précédèrent le jour de la
transfiguration du Seigneur ? Après quel jour donc ? Après celui où,
instruisant ses disciples, le Seigneur dit : « Le Fils de l'homme va venir
dans la gloire de son Père », et ajouta : « Il en est d'ici présents qui ne goûteront pas la mort avant d'avoir vu le Fils de l'homme venir dans son
royaume» (Mt. 16, 27-28) ; il appelait « gloire du Père et son royaume », la lumière de sa propre
Transfiguration. L'évangéliste Luc laisse entrevoir cela et l'expose plus
clairement en disant : « Il se passa, après ces paroles, environ huit
jours et, prenant avec lui Pierre,
Jacques et jean, il monta prier sur la montagne; et tandis qu'il priait, l'aspect de son visage devint différent et son
vêtement, d'un blanc resplendissant » (Lc
9,28-29). Mais comment sont-ils d'accord entre eux, celui qui affirme clairement
qu'il y a huit jours entre la promesse et la manifestation, et celui qui dit : « après six jours » ?
Huit
personnes étaient sur la montagne, et six étaient visibles ces trois-là,
Pierre, Jacques et Jean, qui étaient montés avec jésus de plus ils voyaient là,
accompagnant Jésus et conversant avec lui, Moïse et Elie, de sorte qu'ils
étaient six. Mais sans aucun doute le Père et l'Esprit-Saint accompagnaient
invisiblement le Seigneur, l'un attestant de sa propre voix que celui-ci était
son Fils bien-aimé, l'autre resplendissant en même temps par la nuée lumineuse
et montrant la communauté de nature du Fils par rapport à Lui et au Père, et
l'unité de la lumière ; en effet leur nature commune est leur richesse, et
c'est de leur unité que jaillit leur éclat. Ainsi donc les six sont huit.
De même donc qu'il n'y a là aucun
désaccord entre six et huit, de même les évangélistes ne sont pas en désaccord
lorsque l'un dit : « après six jours » et
Luc : « il se passa, après ces paroles, environ huit jours » ; mais par
ces deux expressions, ils nous ont donné comme une figure de ce qui s'est
déroulé sur la montagne d'une façon à la fois mystérieuse et manifeste. En
effet, en examinant attentivement même le sens littéral, on pourrait voir que
les hérauts de Dieu concordent entre eux. Luc a parlé de huit jours sans être
en désaccord avec celui qui a dit : «
après six jours » ; mais il compte et le jour où ces paroles furent dites,
et le jour où le Seigneur fut transfiguré. Matthieu le laisse aussi entendre à
ceux qui examinent avec intelligence, c'est pourquoi il a employé la
préposition « après », qui indique le jour suivant, tandis que Luc l'a omise ;
il ne dit pas en effet : « après huit jours », comme Matthieu « après six jours
», mais : « Il se passa environ huit
jours ». Ainsi il n'y a aucune différence entre le sens historique des
évangiles.
Transfiguration et éternité
Il est
cependant un autre point, grand et mystérieux, sur lequel ils nous semblent
être l'un par rapport à l'autre en désaccord apparent. Aussi, appliquez votre
esprit à ce qui va être dit, vous dont l'intelligence est plus pénétrante.
Pourquoi, en effet, l'un a-t-il dit : «
après six jours », tandis que l'autre a dépassé aussi le septième jour pour
mentionner le huitième ? Parce que la grande vision de la lumière de la
transfiguration du Seigneur représente le mystère du huitième jour, c'est à
dire celui, du -monde à venir, après la cessation du monde créé en six jours ;
elle annonce -aussi le dépassement des sens qui agissent en nous au nombre de
six. Nous avons en effet cinq sens, mais la parole émise de manière sensible,
en s'y ajoutant, porte au nombre de six les activités de nos sens. Or le
royaume de Dieu, promis à ceux qui en sont dignes. Dépasse non seulement les
sens, mais aussi la parole ; c'est pourquoi, après la sublime suspension
des activités s'exerçant au nombre de six - suspension qui confère sa dignité et
son prix au septième jour -, le royaume de Dieu se manifeste le huitième jour,
avec la puissance d'une activité supérieure. Et c'est en indiquant cette
puissance de l'Esprit divin, grâce à laquelle le royaume de Dieu se manifeste à
ceux qui en sont dignes, que le Seigneur, selon le divin Luc, a prédit aux
disciples : « Il en est d'ici présents
que ne goûteront pas la mort avant d'avoir
vu le royaume de Dieu venu en puissance » (Mc. 9,1 ; Lc. 9,27). Cela
signifie qu'en conférant à ceux qui voient le royaume, la puissance de
voir les choses invisibles, il les a d'avance purifiés de la souillure mortelle
et destructrice de l'âme, qui est le péché. Or goûter au péché, c'est le début
du mal, qui réside dans la pensée ; ceux qui s'en sont d'avance purifiés, ne
goûtent pas à la mort de l'âme, eux qui par la puissance de l'apparition
imminente ont été gardés sans tache, comme je le crois, jusque dans leur
intelligence.
« Il
en est d'ici présents qui ne goûteront pas la mort avant d'avoir vu le royaume de Dieu venu en
puissance » (Mc. 9,1 ; Lc. 9, 27). Le roi de l'univers est partout, et son
royaume est partout ; aussi la venue de son royaume signifie, non pas qu'il
survienne d'un lieu vers un autre, mais que le royaume est manifesté par la
puissance de l'Esprit divin. C'est pourquoi il dit : « venu en puissance » ; puissance qui s'offre non pas simplement au
premier venu, mais à ceux qui se tiennent avec le Seigneur c'est-à-dire ceux
qui sont affermis dans la foi en Lui ; ceux qui, comme Pierre, Jacques et jean,
sont eux aussi emmenés d'abord par le Verbe sur une haute montagne,
c'est-à-dire élevés au-dessus de notre bassesse naturelle. C'est donc
aussi pour cette raison que Dieu apparaît sur une montagne, comme on l'a dit ;
d'une part il descend du poste d'observation qui est le sien, et de l'autre, il
nous fait monter depuis notre basse condition naturelle, afin que
l'insaisissable se Iaisse saisir par une nature créée, dans une mesure
limitée et autant que cela est prudent. Une telle manifestation n'est pas
inférieure à l'entendement, mais bien supérieure et plus élevée, puisqu'elle
est produite par la puissance de l'Esprit divin.
Ainsi donc,
la lumière de la transfiguration du Seigneur ne commence ni ne
disparaît, elle n'est pas non plus circonscrite ni ne tombe sous la
prise des sens, même si elle a été vue par des yeux corporels, pour peu de
temps et sur le sommet exigu de la montagne. Les initiés du Seigneur « passèrent alors de la chair à l'Esprit, comme l'a dit Maxime le
Confesseur, grâce à la mutation que
l'Esprit opéra en eux », et ainsi ils virent cette lumière
mystérieuse dans la mesure où le leur accorda la puissance de l'Esprit divin.
Faute d'en avoir l'expérience, ceux qui blasphèment maintenant là-contre
s'imaginent que des apôtres aient été choisis, ont vu la lumière de la
transfiguration du Seigneur par un pouvoir sensitif créé, et pour cette raison
ils entreprennent de réduire à être une créature, non seulement cette lumière,
la gloire et le royaume de Dieu, mais aussi la puissance de l'Esprit divin,
grâce à laquelle les choses divines se dévoilent à ceux qui en sont dignes. En
effet, ils n'ont pas écouté ou ils n’ont pas cru les paroles de Paul : « Ce que l'œil n'a pas vu et ce que l'oreille n'a pas entendu, ce qui n'est
pas monté au cœur de l'homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment:
Dieu nous l'a révélé par son Esprit ; car l'Esprit scrute les profondeurs de Dieu » (1 Co. 2, 9-1 0).
Or une fois arrivé le huitième jour,
comme on l'a dit, « prenant avec lui
Jacques et jean, le Seigneur monta prier sur la montagne » (Lc. 9, 28). Il
priait toujours seul, à l'écart de tous et des apôtres eux-mêmes, comme
lorsqu'il avait nourri les cinq mille hommes, avec femmes et enfants, au moyen
de cinq pains et deux poissons ; en effet, à l'instant même, il congédia tout
le monde, il obligea les apôtres à s'embarquer et lui-même monta prier sur la
montagne (Mt. 14, 22-23). Ou bien il prenait avec lui des personnes peu
nombreuses et supérieures aux autres ; ainsi, à l'approche de sa Passion
salutaire, il dit aux autres disciples : «Restez
ici pendant que je prierai», puis il prend avec lui Pierre, Jacques et Jean
(Mt. 26, 36-38). Ici donc il ne prend que ces derniers, il les fait monter à
l'écart sur une haute montagne et il fut transfiguré devant eux, c'est-à-dire
sous leurs yeux.
Que
signifie: « il fut transfiguré » ?,
demande le théologien Chrysostome. Il laissa entrevoir, comme il le jugea bon,
un peu de sa divinité et il montra, aux initiés, Dieu habitant en lui. En
effet, « tandis qu'il priait, son aspect
devint différent », comme dit Luc; «
brillant comme le soleil », comme l'écrit Matthieu. Il dit : « comme le soleil », non pour que
quelqu'un imagine que cette lumière soit sensible, (loin de nous
l'aveuglement d'esprit de ceux qui ne peuvent rien imaginer de plus élevé que
ce qui apparaît aux sens !), mais pour que nous comprenions ceci : ce qu'est le
soleil pour ceux qui vivent selon les sens et qui voient par les sens, cela, le
Christ l'est en tant que Dieu pour ceux qui vivent selon l'Esprit et qui
voient dans l'Esprit. Et il n'est pas besoin, pour ceux qui sont semblables à
Dieu, d'une autre lumière dans la vision divine ; car pour ceux qui sont dans
l'éternité, Il est lui-même lumière, Lui et non une autre lumière. Quel besoin
y aurait-il en effet d'une seconde lumière pour ceux qui ont la plus élevée ?
La lumière de la Transfiguration
Or tandis qu'il priait, il resplendit ainsi et révéla cette lumière
mystérieuse à ceux des disciples qu'il avait choisis, en présence des prophètes
les plus éminents, afin de montrer que c'est la prière qui procure cette
bienheureuse contemplation, et pour que nous apprenions que c'est en étant
proche de Dieu par la vertu et uni avec Lui par l'Esprit que l'on obtient la
manifestation de cet éclat. Celui-ci s'offre aux regards de tous ceux qui
tendent sans cesse vers Dieu, grâce à l'exacte pratique des bonnes œuvres et à
une prière sincère. «Seul, dit en
effet saint jean Chrysostome, celui dont
l'esprit a été purifié peut contempler la beauté véritable et très désirable. Celle qui entoure la divine et bienheureuse nature ». Celui qui fixe du
regard ses rayons et ses grâces participe à elle dans une certaine mesure, en
se servant de son brillant éclat pour la contempler elle-même.
C'est pourquoi le visage de
Moïse fut aussi glorifié tandis qu'il s'entretenait avec Dieu (cf. Ex. 34, 29).
Voyez-vous que Moïse lui aussi fut transfiguré, une fois monté sur la montagne,
et qu'ainsi il vit la gloire du Seigneur ? Non, il subit la transfiguration,
il ne la produisit pas ; c'est ce que dit notre auteur : « La clarté
alors ténue de la vérité me conduit à ceci : à voir et à subir la splendeur de Dieu ».
Notre Seigneur Jésus-Christ avait en
lui-même cette splendeur c'est pourquoi il n'avait pas lui-même besoin de prier
pour faire resplendir son corps de la lumière divine, mais il indique
par quel moyen serait offerte aux saints la splendeur de Dieu et comment ils la
verraient. En effet, « les justes eux
aussi resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père» (Mt. 13,
43). Ainsi, une fois devenus tout entiers lumière divine, et comme des rejetons
de la lumière divine, ils verront le Christ suprêmement resplendissant d'une
façon divine et mystérieuse, lui dont la gloire, émanant naturellement de sa
divinité, se montra sur le Thabor également partagée par son corps, à cause de
l'union hypostatique. C'est donc aussi grâce à une telle lumière que son visage
resplendit comme le soleil.
Or il en est parmi nous qui
se targuent de la raison grecque et de la sagesse de ce monde, et qui ont
décidé de ne pas obéir du tout aux hommes spirituels s'appuyant sur les paroles
de l'Esprit, mais de se dresser contre eux. Quand ils entendent parler de la
lumière de la transfiguration du Seigneur sur la montagne, celle qu'ont vue les
yeux des apôtres, ils la réduisent aussitôt à la lumière immédiatement sensible
et créée, et ils assimilent à cette dernière la Lumière immatérielle, sans
déclin et éternelle, qui est non seulement au-delà des sens, mais
aussi au-delà de l'intelligence. Ces gens traînent en bas, et ils ne
peuvent rien concevoir dépassant ce qui est terrestre. Pourtant, Celui qui a
resplendi de cette lumière-là, avait Lui-même auparavant démontré qu'elle est
incréée, en l'appelant royaume de Dieu. Car le royaume de Dieu n'est ni
assujetti, ni créé ; seul de tous, en effet, il est indépendant, invincible et
au-delà de toute durée et de toute éternité. Il est d'ailleurs impossible, dit
un Père, que le royaume de Dieu ait commencé ou soit limité par des siècles ou
des temps. Nous croyons que le royaume est l'héritage des élus!
Une lumière incréée
Puisque
d'autre part le Seigneur transfiguré resplendit et qu'il montra cette gloire,
cet éclat et cette lumière, et qu'il viendra à nouveau tel que les disciples le
virent sur la montagne, est-ce à dire qu'il a acquis une lumière nouvelle qu'il
n'avait pas auparavant, et qu'il la gardera pour l'éternité ? Loin de nous ce
blasphème. En effet, celui qui dit cela attribue trois natures au Christ, la
divine, l'humaine et celle de cette lumière voilà pourquoi le Christ a
manifesté non pas un autre éclat, mais celui qu'il possédait invisiblement.
Il possédait, caché sous sa chair, l'éclat de la nature divine. Cette lumière
est donc celle de la divinité, et elle est incréée. Lorsque le Christ fut
transfiguré, disent les théologiens, « ce
n'est pas en acquérant ce qu'il n'était pas, mais en se montrant à ses disciples tel qu'il était, en leur
ouvrant les yeux et en se faisant voir à ces aveugles ».
Sens-tu que
les yeux qui voient dans l'ordre naturel sont aveugles à l'égard de cette
lumière ? Cette lumière n'est donc pas sensible, et ceux qui la voyaient ne la
voyaient pas simplement de leurs yeux sensibles, mais d'un regard
transformé par la puissance de l'Esprit divin. Ils furent donc
changés, et ainsi ils virent le changement qui, par l'action de Dieu, avait
affecté notre nature, du fait de son union au Verbe de Dieu, non pas tout
récemment, mais dès le moment où le Verbe l'avait assumée.
C'est aussi
pourquoi celle qui l'avait conçu et enfanté de manière extraordinaire, tout en
restant vierge, reconnut le Dieu incarné enfanté par elle ; Le reconnurent
pareillement Syméon, qui le reçut dans ses mains comme un nouveau-né, et la
vieille Anne qui vint à sa rencontre. C'est que la puissance divine brillait
comme à travers des lames de verre, resplendissant pour ceux dont les yeux du
cœur ont été purifiés.
D'autre
part, pourquoi sépare-t-il des autres les coryphées, et pourquoi fait-il monter
ceux-là seuls, à l'écart ? C'est afin de révéler quelque chose de grand et de
mystérieux. Comment serait-ce donc quelque chose de grand et de mystérieux que
la contemplation de la lumière sensible, dont ceux qui avaient été choisis
disposaient même avant d'être montés, et tout aussi bien ceux qui avaient été
laissés en bas ? Et quel besoin auraient-ils eu de la puissance de l'Esprit et
du renforcement ou du changement visuel qu'elle procure en vue de la
contemplation de cette lumière, si elle était sensible et créée ? Comment la
lumière sensible serait-elle gloire et royaume du Père et de l'Esprit ?
Comment le Christ viendra-t-il dans une semblable gloire et royauté en vue du
siècle à venir, lorsqu'il n'y aura plus besoin ni d'air, ni de lumière, ni
d'espace, ni de choses semblables, mais que « Dieu nous tiendra lieu de
tout », selon l'Apôtre (1 Co. 15, 28) ? S'il nous tient lieu de tout, cela
vaudra évidemment aussi pour la lumière. D'où il appert à nouveau que cette
lumière est celle de la divinité, puisque le plus théologien des
évangélistes, Jean, dans l'Apocalypse, déclare aussi que la cité future et
permanente (cf. Hb. 13, 14) « n'a pas
besoin du soleil ni de la lune pour l'éclairer, car la gloire de Dieu l'a illuminée et son flambeau, c'est l'Agneau »
(Ap. 21, 23). N'est-il pas évident qu'il nous a indiqué là aussi Celui qui
maintenant a été divinement transfiguré sur le Thabor, Jésus, Lui qui a son
corps en guise de flambeau, et en guise de lumière la gloire de la divinité
révélée sur la montagne à ceux qui étaient montés avec lui ?
Le même jean
dit aussi au sujet des habitants de cette cité «Ils n'auront pas besoin de la lumière d'une lampe, ni de la lumière du soleil, car le Seigneur Dieu les
illuminera, et il n'y aura plus de
nuit» (Ap. 22, 5). Quelle est donc cette lumière qui ne connaît «ni changement, ni ombre de variation» (le.
1, 17) ? Quelle est cette lumière immuable et sans déclin ? N'est-ce pas celle
de la divinité ? Mais Moïse et Elie, et surtout Moïse qui se trouvait là avec
son âme, non avec son corps, comment ont-ils été vus et glorifiés au moyen
d'une lumière sensible ? En effet «eux
aussi, vus dans la gloire, ils parlaient alors du départ qu'il allait accomplir à Jérusalem» (Lc. 9, 3
1). Et comment les apôtres reconnurent-ils ceux qu'ils n'avaient encore jamais
vus, sinon par la puissance révélatrice de cette lumière ?
Conclusion
Afin de ne pas tendre trop longtemps votre
intelligence, nous garderons le reste des paroles évangéliques pour le moment
de la très sainte et divine liturgie. Nous croyons en accord avec l'instruction
reçue de ceux que le Christ a illuminés, les seuls qui possèdent une
connaissance exacte. « Mes mystères sont
pour moi et pour les miens », dit
Dieu par le prophète (Is. 24, 16). Puisque nous croyons comme on nous a
enseigné, et que nous comprenons le mystère de la transfiguration du
Seigneur, faisons donc toute vers la clarté de cette lumière (cf. Ba. 4,
2). Epris de la beauté de la gloire, immuable, purifions l'œil de notre
intelligence de toute souillure terrestre, méprisons tout ce qui est charmant
et beau, mais fragile, ce qui peut sembler agréable mais procure la
souffrance éternelle, ce qui peut conférer la beauté du corps mais revêt l'âme
de cette horrible tunique du péché. A cause de cette tunique, celui qui n'a pas
le vêtement de l'union incorruptible est emmené, pieds et poings liés, vers le
feu éternel et les ténèbres extérieures (cf. Mt. 22, 13).
Puissions-nous tous y échapper grâce à
l'illumination et à la connaissance de la lumière immatérielle et éternelle de
la transfiguration du Seigneur, pour sa gloire et celle de son Père sans
commencement et celle de l'Esprit vivifiant, à qui appartiennent, uniques et
identiques, splendeur, divinité, gloire, royauté et puissance, maintenant et
toujours, et pour les siècles des siècles. Amen.
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