8 DÉCEMBRE
IMMACULÉE CONCEPTION
DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE
Références :
Gen 3,9-15.20 : http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/fr/9an4elc.htm
Eph 1,3-6.11-12: http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/fr/9aeu4va.htm
« Je vous salue Marie, pleine de grâce ». Depuis
des siècles, des milliers, des millions de fois par jour, la Vierge Marie est saluée par les fidèles avec la salutation de
l'Archange, que nous entendons résonner de nouveau dans l'Évangile
d'aujourd'hui. Les enfants de l'Eglise apprennent des paroles de l'Archange
Gabriel qu’en Marie Très sainte se réalise avec plénitude le mystère de la
grâce de Dieu. L'Apôtre saint Paul enseigne que le Père fit demeurer toute
plénitude en son Fils incarné (cf. Col 1,12-20), mais cette plénitude déborde du
Christ, et de la Tête elle se répand sur le corps
Mystique, qui est l'Eglise. Avant de descendre sur le corps, la plénitude du Christ se répand d’une
façon unique, qu’on ne peut répéter, sur Marie, prédestinée dès l'éternité à
être la
Mère de Dieu.
Significativement, la liturgie rappelle dans la première
lecture la figure d'Eve, la mère de tous les vivants. Les Pères ont vu en Marie
la Nouvelle Eve , qui dénoua le noeud lié par
la première femme. Le noeud de la désobéissance embrouillé par Eve, est dénoué par
l'obéissance de Marie. Et comme Eve fut créée dans la pureté et dans
l'intégrité, ainsi la Nouvelle Eve fut miraculeusement préservée
de la contagion de la faute originelle, parce qu'elle devait donner l'humanité
au Verbe, qui s'incarnait pour notre rachat. Saint Irénée compare la virginité
de la terre pure dont fut tiré Adam à la virginité de l'humanité immaculée de
Marie, dont fut tiré le second Adam : « Comme l'homme qui fut modelé le
premier, Adam, reçut sa substance d'une terre inculte et encore vierge - Dieu,
en effet, n'avait pas encore fait pleuvoir et l'homme n'avait pas travaillé la
terre (cf. Gen 2,5) - […] ainsi, en récapitulant Adam en lui-même, Lui qui est
le Verbe, il prit justement de Marie, qui était encore vierge, la génération
qui est la récapitulation d'Adam » (Adversus
haereses, III, 21, 10 http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/fr/cpq.htm).
Le bienheureux Pontife Pie IX a défini, le 8 décembre 1854, que c’est un dogme de foi révélé par Dieu
que « la très heureuse Vierge Marie au premier instant de sa conception, par
grâce singulière et privilège de Dieu tout-puissant, en vue des mérites de
Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, a été préservée exempte de toute tache
de péché original » (Denz. - Schönm., 2803 http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/fr/e1o.htm#d4l). Si la proclamation
officielle du dogme est relativement récente, la profession de foi des
chrétiens et de la liturgie elle-même, sur ce sujet, est très ancienne. En
outre, quatre années plus tard, la Vierge Marie en personne, en apparaissant à Lourdes à sainte
Bernadette, confirma de nouveau la vérité de la doctrine en se présentant par
ces mots : « Je suis l'Immaculée Conception ».
La prédestination de Marie à cette grâce singulière -
consistant dans la suspension du décret universel en vertu duquel chaque homme,
dès l'instant de sa conception, est contaminé par le péché d'origine - nous
mène dans les méandres les plus écartés du mystère du plan salvifique de la
Très sainte Trinité. Dieu un et Trine a prévu depuis toujours l’incarnation future
du Verbe, qui a pour fin la rédemption du genre humain tombé dans le péché, et il
a donc prédestiné la
Mère très pure de qui il aurait
tiré l'humanité incontaminée, que le Fils aurait assumée pour rétablir en Lui
la pureté originaire de la créature et la réorienter vers la gloire éternelle.
C’est pour ce motif que la liturgie, dans la deuxième
lecture, nous rappelle, avec saint Paul, que le dessein de Dieu sur nous
consiste à vouloir nous contempler, à la fin, saints et immaculés face à Lui.
La pureté des origines a été perdue, apparemment de façon irrémédiable. Mais
Dieu trouva la solution adaptée pour retourner le désastre causé par le mauvais
usage de notre liberté. En Marie Immaculée, l'humanité brille de nouveau de
cette pureté originaire qui semblait irrémédiablement perdue.
L'Immaculée Conception de Marie est la conséquence
directe de sa Maternité divine. Saint Anselme d'Aoste l’écrit : « Il était
juste que soit ornée d'une pureté supérieure, à laquelle on ne puisse rien concevoir
de plus grand si ce n’est la pureté de Dieu même, cette Vierge à qui Dieu le
Père devait donner son Fils de façon si spéciale, puisque ce Fils serait devenu
le Fils commun et unique de Dieu et de la
Vierge » (De conceptu virginali et originali
peccato, XVIII). Ce lien entre le privilège de la Maternité divine et celui de l'Immaculée Conception de Marie,
marque aussi sa supériorité à notre égard. Elle est certainement l’image
parfaite de l'Eglise du Ciel, de la Jérusalem nouvelle et triomphante, qui
n'a plus ni tache ni ride, au-delà de la douleur et de la mort. C’est pourquoi la Préface d'aujourd'hui déclare : « En Elle tu as marqué
le début de l'Eglise, Épouse du Christ sans tache et sans ride, resplendissante
de beauté ». Mais même au Ciel, Marie n'est pas et ne sera jamais une simple
disciple, serait-ce la plus sublime, de son Fils. Elle est et sera toujours la Mère de Dieu, la
Mère de l'Eglise, la Reine des anges et des saints. C’est pourquoi la Préface ajoute : « Et toi [Père saint], tu la prédestinais
sur chaque autre créature pour être pour ton peuple avocate de grâce et modèle
de sainteté ». Marie fut Immaculée parce qu'elle devait être la Mère de Dieu. Elle n’a pas seulement reproduit en elle la grâce
originelle de la pureté, ni cet état final de vie bienheureuse, que nous aussi,
en collaborant avec la grâce divine, nous pouvons espérer rejoindre un jour :
Marie Immaculée est la
Pleine de grâce. Pas seulement une
disciple du Christ, qui a dépassé avec le secours de la grâce les liens du
péché, mais plutôt le totius Trinitatis
nobile triclinium, le noble lieu de repos de la Trinité (saint Thomas d'Aquin, Expositio salutationis angelicae, I). Cette partie élue de l'Eglise
dont nous espérons nous aussi faire partie, qui pourra un jour chanter
joyeusement devant le trône du Très haut, aura toujours pour Mère et Reine
l'Immaculée Pleine de grâce.
CONGREGATIO PRO CLERICIS
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