septembre 04, 2011

Du Bouddha au Christ : Réflexions sur une conversion

I
Mon nom est Jean Trisanjaya. J'appartiens à l'ethnie javanaise d'Indonésie. Je suis né en 1982 dans le village de Prigi au centre de Java. J'ai été élevé dans une famille bouddhiste, mon père est fonctionnaire du gouvernement et ma mère est femme au foyer. La plupart des gens de notre village sont musulmans, mais beaucoup adhèrent au bouddhisme. En tant que bouddhiste, j'étais si actif que j'ai été nommé Président de l'Association de la Jeunesse Bouddhiste.

L'essence de l'enseignement bouddhiste est "l'amour sans limite", où la loi des actes ("karma") est soulignée, par laquelle tous nos actes dans cette vie porteront du fruit dans notre prochaine réincarnation. L'amour n'est pas limité aux seuls humains non plus, mais aux plantes et aux animaux aussi, car ils pourraient avoir été jadis humains. Lorsque vous mourrez, avec un bon karma vous naîtrez dans le prochain corps dans un état d'être élevé. Lorsque vous mourez avec un mauvais karma, vous naîtrez, soit dans un statut inférieur de la vie en société, ou même comme animal, ou dans le royaume démoniaque.

Alors que je m'apprêtais à commencer l'école secondaire, mon cousin, le Père Alexis, est venu dans mon village et m'a dit de venir avec lui à Solo et d'aller à l'école là-bas. Il avait été bouddhiste avant de devenir prêtre orthodoxe. Je fus d'accord. J'ai senti que c'était correct de n'être exposé au christianisme que pour trois ans, car cela permettrait d'élargir mon horizon. J'avais toujours assisté au culte et aux rassemblements à l'église, mais je m'étais toujours assis sur la rangée arrière car je me sentais coupable d'être bouddhiste, mais de prier comme un chrétien.

Enfin, dans ma confusion, j'ai quitté la maison de Père Alexis et je suis rentré à la maison pendant deux semaines, sans même une autorisation d'absence de l'école. Pendant ces deux semaines, j'ai perdu tout sens dans ma vie, et je me suis senti confus. J'ai commencé à agir de façon insensée. J'ai commencé à faire des choses que je n'ai jamais faites auparavant, à la surprise et l'embarras de mon père, car il est considéré comme un pilier de la société.

Un jour, j'ai senti comme si quelqu'un murmurait et m' ordonnait de revenir à Solo vers Père Alexis, alors j'y suis retourné. Après quelques jours à Solo, j'ai commencé à apprendre de nouveau des choses sur l'Orthodoxie. J'ai ressenti le besoin d'être baptisé, et le Père Alexis fut d'accord. J'ai été surpris du fait que même si je n'étais pas allé à l'école pendant deux semaines, je ne fus même pas réprimandé ou puni par l'école, comme on pouvait s'y attendre. Après j'ai été baptisé avec le nom de baptême de "Johanes" (Jean), j'ai aidé le ministère du Père Alexis. En l'an 2006, j'ai été élevé par le Métropolite Hilarion au rang de Lecteur.

Ce que j'ai trouvé de libérateur dans le christianisme, c'est que le Christ a vaincu la puissance de la mort par Sa résurrection, de sorte qu'il n'y ait plus de cycles sans fin de naissance et de mort dans la réincarnation, et il n'y a plus la loi du karma qui a du pouvoir sur vous, mais le puissance de la Grâce de la victoire du Christ sur le péché, la mort et le Diable.

Les bouddhistes sont tellement effrayés par le karma, parce qu'ils sont effrayés par la perspective de réincarnation dans un règne inférieur, mais il n'y a aucune crainte de Dieu, puisque Dieu n'existe pas. Mais afin d'atteindre un bon karma, il y a tellement de règles et d'exigences difficiles à atteindre; c'est comme s'il n'y avait pas la grâce de Dieu.

Ayant compris la beauté de l'enseignement de l'Orthodoxie, j'ai maintenant un très fort désir de servir le Christ, soit comme prêtre ou laïc. Je me prépare à aller au séminaire, soit en Russie soit aux Etats-Unis afin de réaliser ce rêve. J'ai passé du temps avec le Père Daniel au cours de sa dernière visite, le conduisant à travers Java et jusques à Bali. S'il vous plaît priez pour moi. Je vous remercie.



Version française Claude Lopez-Ginisty d'après


II

Il e s’agit pas dans le cadre de cc témoignage de dire qui du Christianisme ou du Bouddhisme a plutôt raison  au plan spirituel, mais de s’étonner de la façon dont les notions du Bouddhisme sont exposées et de l’incompréhension des lois spirituelles du Christianisme.

1 On ne change pas sa pensée religieuse parce que l’o n a peur de ce qu’elle contient comme obligations  tant morale, spirituelle, notamment.

2 L’idée que l’être  pourrait se réincarner (ce qui suppose dans le même règne donc un humain dans un humain, un animal dans un animal etc.) ne fut jamais condamné par un concile, ce principe énoncé par certaines pensées religieuses n’est pas pour autant ce que l’on  nomme  la métempsychose, (situation présumée par ce converti). La métempsychose est l’idée d’une involution dans un règne inférieur, l’humain devenant animal, l’animal devenant végétal.

Origène, le Père des Pères, ne manque pas de préciser dans  son Traité des Principes : «Nous pensons, certes, qu'on ne doit en aucune façon accepter les questions ou les affirmations de certains, qui pensent que les âmes peuvent atteindre un tel degré de déchéance qu'oublieuses de leur nature raisonnable et de leur dignité, elles vont même jusqu'à se précipiter dans la classe des êtres animés déraisonnables, des animaux et des bestiaux. » (1)

Thomas d’Aquin en sa Somme contre les gentils est fort clair à propos de la métempsychose : « C'est de plus une hérésie, au point de vue de la foi, qui enseigne que l'âme reprend à la résurrection le même corps qu'elle avait déposé. » (2)

la réincarnation ne fut pas rejetée par  les premiers chrétiens  et se trouve même posée dans le Nouveau Testament à propos de l’aveugle de naissance  (Jean IX, 1-3) : à la question de savoir si cet état résulte des péchés de ses parents ou de ceux qui précédèrent la naissance de l’infirme, J+C ne déclare pas que les disciples posent une question sans fondement, Il se contente de répondre au verset 3 : « c'est pour que les oeuvres de Dieu se manifestent en lui. »

Le karma tel que défini traditionnellement, s’inscrit dans le principe selon lequel il convient de réparer ses erreurs. Il serait trop simple – et contraire à la Révélation Chrétienne -  de considérer que Jésus+ Christ par Sa Résurrection nous a lavé de tous nos péchés, qu’il n’y aurait plus rien à faire que de s’en remettre à la Grâce. Le principe de la Réparation accomplie par l’homme soit pour lui-même soit pour les autres (communion des saints), est sans cesse rappelé dans les Evangiles, mais aussi par les apôtres (Gal VI, 2 ; II Pierre III, 12) : ne serait pas chrétienne l’idée selon laquelle quoi que l’on fasse, cela se trouverait sans importance au regard de Dieu, puisque nous sommes sauvés, mais c’est en espérance que nous le sommes (Rom. VIII, 21 et 24), espérance en ce que dépendant de notre acquiescement à suivre les voies du Seigneur, ce à quoi nous ne pouvons répondre par la passivité.

Le Christianisme n’est pas une religion de la facilité, à chacun le Christ demande de Le suivre, et le suivre c’st pratiquer ce que demandent les Evangiles.

Jean-Pierre BONNEROT

---------------- Notes

1 Origène, Traité des principes, I, VIII, 4. Nous usons par commodité  de la version du CD  « Vebum Domini », deux éditions accessibles du PERI ARCHÔN, celle des Etudes Augustiniennes, celle des Sources Chrétiennes. >> En l’absence d’indication précise par facilité évitant la recopie d’une citation, sont utilisées des versions CD ou disponibles  sur Internet, lorsque cela est possible.

2 – Thomas d’Aquin, Somme contre les Gentils II, 44, 6

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