août 05, 2009

Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver

Jésus a dit : « Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver » (Jn 12,47). Chers Prêtres, L'actuelle culture occidentale dominante, toujours plus diffuse dans le monde entier à travers les media globalisés et la mobilité humaine, jusque dans les pays d'autres cultures, présente de nouveaux défis qui ne sont pas de peu d’importance pour l'évangélisation. Il s’agit d'une culture profondément marquée par un relativisme qui refuse toute affirmation d'une vérité absolue et transcendante, qui ruine par conséquent jusqu’aux fondements de la morale, et qui se ferme à la religion. On perd ainsi la passion pour la vérité, reléguée au rang de « passion inutile ». Alors que Jésus-Christ se présente comme la Vérité, le Logos universel, la Raison qui éclaire et explique tout ce qui existe. Le relativisme s’accompagne ensuite d'un subjectivisme individualiste, qui place son propre ego au centre de tout. À la fin, on arrive au nihilisme, pour lequel rien ni personne ne vaut la peine d’engager sa vie entière, et par conséquent la vie n'a pas de sens véritable. Toutefois, il faut reconnaître que l'actuelle culture dominante, postmoderne, porte avec elle un grand et vrai progrès scientifique et technologique, qui fascine l'être humain, et d'abord les jeunes. L'usage de ce progrès, malheureusement, n'a pas toujours comme objectif principal le bien de l'homme et de tous les hommes. Il lui manque un humanisme intégral, qui pourrait lui donner son vrai sens et son but. Nous pourrions parler encore d'autres aspects de cette culture : le consumérisme, le libertinage, la culture du spectacle et du corps. On ne peut pas ne pas remarquer que tout cela produit un laïcisme qui ne veut pas de religion, qui fait tout pour l'affaiblir ou, au moins, la reléguer dans la vie privée des personnes. Cette culture produit une déchristianisation, elle n’est que trop visible, dans la majorité des pays chrétiens, en particulier en Occident. Le nombre des vocations sacerdotales a baissé. Le nombre de prêtres aussi a diminué, tant par manque de vocations que par l'influence du milieu culturel dans lequel ils vivent. Tout cela pourrait favoriser la tentation d'un pessimisme décourageant, qui condamne le monde actuel et nous pousserait à nous retirer sur la défensive, dans les tranchées de la résistance. Jésus-Christ, par contre, affirme : « Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver » (Jn 12,47). Nous ne pouvons ni nous décourager, ni avoir peur de la société actuelle, ni simplement la condamner. Il faut la sauver ! Chaque culture humaine, même l'actuelle, peut être évangélisée. Dans chaque culture il y a des « semina Verbi », en guise d’ouvertures à l'Evangile. Sûrement aussi dans notre culture actuelle. Sans doute, même les prétendus « postchrétiens » pourraient être touchés et se rouvrir, s'ils étaient portés à une vraie rencontre personnelle et communautaire avec la personne de Jésus Christ vivant. Dans une telle rencontre, chaque personne humaine de bonne volonté peut être rejointe par Lui. Il aime tout le monde et frappe à la porte de tous, parce qu'il veut les sauver tous, sans exception. Il est le Chemin, la Vérité et la Vie, pour tous. Il est l’unique médiateur entre Dieu et les hommes. Très chers Prêtres, nous autres pasteurs, nous sommes appelés aujourd'hui, avec urgence, à la mission : tant celle « ad gentes », que celle dans les régions des pays chrétiens, où de si nombreux baptisés ont pris leur distance en ne participant plus à nos communautés, ou ont même perdu la foi. Nous ne pouvons ni avoir peur ni rester tranquillement chez nous. Le Seigneur a dit à ses disciples : « Pourquoi avez-vous peur, hommes de peu de foi ? » (Mt 8,26). « Que votre cœur ne se trouble pas. Ayez foi en Dieu et ayez foi aussi en moi » (Jn 14,1). « On n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le lampadaire pour qu’elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison » (Mt 5,15). « Allez, donc, dans le monde entier et prêchez l'Evangile à toute créature » (Mc 16,15). « Voilà, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde » (Mt 28,20). Nous ne lancerons pas la semence de la Parole de Dieu seulement par la fenêtre de notre maison paroissiale, mais nous sortirons dans le champ ouvert de notre société, en commençant par les pauvres, en rejoignant même tous les niveaux et toutes les institutions de la société. Nous irons visiter les familles, toutes les personnes, en commençant par les baptisés qui se sont éloignés. Notre peuple veut sentir la proximité de son Eglise. Nous le ferons, en allant vers la société actuelle, avec joie et enthousiasme, certains que le Seigneur est présent avec nous dans la mission, et sûrs qu'Il frappera aux portes des coeurs auxquels Nous l'annoncerons. Cardinal Cláudio Hummes Archevêque Émérite de São Paulo Préfet de la Congrégation pour le Clergé

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