mars 06, 2018

THEOCAFE N° 2



LA JUSTIFICATION

Sous le nom de Justification la théologie désigne l’acte par lequel Dieu fait passer une âme de l’état de péché à l’état de grâce.

Pour le Protestantisme (Luther) seule la Foi justifie, les œuvres sont sans conséquence.

Lorsque l’Apôtre déclare : « Et même je regarde toutes choses comme une perte, à cause de l'excellence de la connaissance de Jésus -Christ mon Seigneur, pour lequel j'ai renoncé à tout, et je les regarde comme de la boue, afin de gagner Christ, et d'être trouvé en lui, non avec ma justice, celle qui vient de la loi, mais avec celle qui s'obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi, (Philippiens III  8-10)

>>> Il ne convient pas de  prendre à la lettre le sens de l’Ecriture,  

-         la Foi comme expression de la croyance est sans objet
-         la Foi comme tension de l’homme à suivre l’Evangile >> ŒUVRES

Or, les Œuvres c’est la pratique de la Charité et comme le rappelle l’Apôtre : « Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas la charité, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit.  Et quand j'aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j'aurais même toute la foi jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. »  (I Cor XIII, 1 ss)

ATTENTION, la Foi qui permet de transporter des montagnes, n’est pas celle de la croyance, mais celle de la CHARITE TOTALE, celle que le Christ expose en ces termes : « si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : Transporte -toi d'ici là, et elle se transporterait ; rien ne vous serait impossible. »  (Matthieu XVII, 20)
… le grain de sénevé,  cette tout petite graine, qui nous permet de comprendre cette parole de Monsieur PHILIPPE disant qu’il était moins qu’une pierre, la totale humilité, le pardon permanent des offenses, conduisent à cette pratique devenue  naturelle de la Charité qui est la VRAIE FOI comme COMMUNION A DIEU.

Ainsi pouvons-nous comprendre ce mystère de la Foi qui soulève les montagnes  lorsque NSJ+C déclare : « Jésus prit la parole, et leur dit : Ayez foi en Dieu.] Je vous le dis en vérité, si quelqu'un dit à cette montagne : Ote-toi de là et jette-toi dans la mer, et s'il ne doute point en son cœur, mais croit que ce qu'il dit arrive, il le verra s'accomplir. C'est pourquoi je vous dis : Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l'avez reçu, et vous le verrez s'accomplir.  Et, lorsque vous êtes debout faisant votre prière, si vous avez quelque chose contre quelqu'un, pardonnez, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos offenses. Mais si vous ne pardonnez pas, votre Père qui est dans les cieux ne vous pardonnera pas non plus vos offenses. » (Marc XI, 22-27).


I Le problème  du PROTESTANTISME

Luther déduira son idée de la Justification, 

-         d’une part suite à sa double opposition :
·        au commerce des indulgences
·        à la Justification par les œuvres

-         d’autre part par la compréhension selon la lettre et non selon l’esprit de cette phrase de l’Apôtre : « Le juste vivra par la foi. » (Rom. I, 17).

Sur la question des indulgences, il conviendra d’examiner ce point lors des questions.

Lorsque de surcroît l’Apôtre ajoute : « Car nous pensons que l'homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi. »  (Rom. III, 28)

Comprendre la Loi comme étant celle des hommes ou d’une société juive  ou romaine par exemple,  est une grave erreur, d’une lecture selon la lettre et non selon l’esprit.
La lecture des Epîtres de Paul, montre que  l’Apôtre s’exprime toujours, je dirai en théologien,  il est certainement le premier théologien, ses Epîtres constituant les bases d’une Doctrine naissante, et il échet alors de lire les dites Epîtres  selon le sens de l’Evangile  et non en les ramenant à des propos  dénués de tout contexte !

Quant aux Œuvres, ORIGENE rappelait que celles-ci priment sur la Foi, dès lors que  la Foi est prise au sens d’une croyance selon la lettre (Cf. Entretien avec Héraclide 8-16 à 10-20, SC N° 67, Paris, Cerf Ed, 1960, pages 73 à 77)

Ainsi n’oublions pas, contrairement aux dires de LUTHER prétendant que la Justification n’intervient que par la Foi, ce que rappelle l’Apôtre Pierre :
« Puisque donc toutes ces choses doivent se dissoudre, quelles ne doivent pas être la sainteté de votre conduite et votre piété, [12] tandis que vous attendez et hâtez l'avènement du jour de Dieu, à cause duquel les cieux enflammés se dissoudront et les éléments embrasés se fondront ! » (II Pierre, III, 11, 12).

Les œuvres priment sur la Foi, du moins la Foi du charbonnier !

Nous verrons plus outre les problèmes posés  par la thèse de Luther qui fait disparaître  et la  Charité, et la Communion des Saints et donc les Grâces surérogatoires. N’oublions pas la question des indulgences et la façon dont elle doit être  comprise.


II Sur la déclaration conjointe entre les Luthériens et l4Eglise Romaine

11. La justification est pardon des péchés (Rm 3, 23-25 ; Ac 13, 39 ; Lc 18, 14), libération du pouvoir de domination du péché et de la mort (Rm 5, 12-21) et de la malédiction de la loi (Ga 3, 10-14).

12. Les justifiés vivent de la foi qui naît de la parole du Christ (Rm 10, 17) et qui agit dans l’amour (Ga 5, 6), lui-même fruit de l’Esprit (Ga 5, 22s.).

>>> Il sera fait observation que ce Document mis en annexe, se garde bien d’évoquer la COMMUNION DES SAINTS, par ce fait, les Grâces surérogatoires.


  
III La Justification telle que rappelée par le Protestantisme  et Rome s’oppose à la Révélation et au Magistère de l’Eglise Indivise

Lorsque l’Apôtre déclare : « Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous ; et ce qui manque aux souffrances de Christ, je l'achève en ma chair, pour son corps, qui est l'Église. »  (Colossiens I, 24).

Que devons-nous comprendre ?

-         Que le Protestantisme qui utilise abusivement le terme d’Eglise ignore les Grâces surérogatoires pour l’Eglise Corps Mystique de NSJ+C, est une chose.

-         Que Rome qui se dit appartenir à l’Eglise et, abusivement  prétendrait la représenter en sa totalité, ignore la COMMUNION DES SAINTS et par voie de conséquence les Grâces surérogatoires, cela répond à un retrait de la FOI dans le MAGISTERE de l’Eglise Indivise.


>>> Enoncer dans « La Déclaration conjointe »  l’idée d’une Justification sans la relier à la COMMUNION DES SAINTS, c’est nier le fondement même de l’Eglise  et ces  - « Eglises »   présentent   le Christianisme et le Salut  comme une sorte de  « salut personnel » individuel, dépendant  pour chacun de ce que serait sa Foi.

L’Apôtre rappelle :   « Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (I Timothée, II, 3, 4).

Qu’en est-il de ceux qui ne cherchèrent pas à se rapprocher de Dieu ?

Convient-il d’être obligatoirement baptisé pour entrer dans le Royaume ? Au « bon larron » le Christ ne dit-il pas : « Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. »  (Luc XXIII, 43) …, ce bon larron n’est pas baptisé !


Tout le Mystère et les Grâces exposés dans la Prière Sacerdotal, en cette nuit de Gethsémani, où NSJ+C  est seul, les apôtres dorment, préfiguration peut-être d’une Eglise qui manquera à son Devoir d’aider tous les hommes à parvenir au Salut,   en cette Nuit sacrée Jésus+Christ répond à Son Père :

« Comme tu m'as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde. Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'eux aussi soient sanctifiés par la vérité. Ce n'est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu'eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m'as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, afin qu'ils soient un comme nous sommes un, » (Jean XVII, 18-23).

>>> Dans la thèse de la Justification telle qu’exposée, où est cette UNITE dans la COMMUNION, ce qui est, ou devient COMMUNION DES SAINTS ?

Alors, à l’inverse des théories Protestantes, Romaines à la mode Protestante, en remplacement de cette fausse présentation de la Justification par ce qui ne répond pas ou plus à la notion d’Eglise, j’aime à rappeler cette remarque livrée par le RP TURINCEV : 

" Un saint moine du Mont Athos, un staretz qui fut pres­que notre contemporain, écrit ce qui suit, en s'adressant à chaque chrétien :
«Quand le Seigneur t'aura sauvé avec toute la multitude de tes frères, et quand il ne res­terait qu'un seul des ennemis du Christ et de l'Eglise dans les ténèbres extérieures, ne te mettras-tu pas avec tous les autres à implorer le Seigneur afin que soit sauvé cet unique frère non repenti ? Si tu ne le supplies pas jour et nuit, alors ton cœur est de fer, — mais on n'a pas besoin de fer au paradis. »  (RP Alexandre TURINCEV : L'Eschatologie Orthodoxe Revue CONTACTS N° 54,  1966, page 103)


A propos des Indulgences : sujet à venir ou questions immédiates

Jean-Pierre BONNEROT

Dossier Joint :
Dictionnaire de théologie catholique de VACANT  (article Justification)
Déclaration conjointe
Recherche de Sciences Religieuses tome 88/3 extraits

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