août 17, 2012

Tentative de réponse à la lettre ouverte adressée au Pape de Rome par le père Elias Zahlaou, de l'église Notre-Dame de Damas.


http://www.geostrategie.com/4559/lettre-ouverte-dun-pretre-arabe-de-syrie-a-sa-saintete-le-pape-benoit-xvi/


I
A l'occasion de la lecture de l'Evangile  (Matthieu XVIII 1-8), ce prêtre interpelle le Souverain Pontife, en lui demandant d'expliquer pourquoi l'Eglise ne réagit pas à la souffrance qu'endurent les enfants dans le monde arabe et musulman : " Jésus considère que quiconque perturbe un seul enfant, mérite qu’on lui pende au cou une meule de moulin, et qu’on le précipite au fond de la mer, quel devrait être le sort de celui qui planifie et met à exécution depuis des dizaines d’années, des politiques programmées, qui ne visent en fait qu’à condamner des dizaines de millions d’enfants, à travers le monde, principalement dans le monde arabe et musulman, ....Une telle question a de quoi mettre en relief, la différence terrible qui existe entre l’appel splendide de Jésus à honorer et sauver tout enfant sur terre d’un côté, et ce qui me paraît, à moi prêtre arabe catholique, être un mépris total de la part des Églises d’Occident de l’autre, du fait de leur silence consternant, face à ce que leurs gouvernements font subir au monde entier !"

II

Avant de poursuivre la lecture de cette lette, indépendamment des possibilités d'action permises à l'Eglise qui n'a pas pour vocation de lever des armées, mais au mieux, d'agir au plan diplomatique, il échet de rappeler ce qu'est le Mystère de l'Eglise selon le Magistère et ce que peuvent être ses apports avec la Cité au selon l'enseignement des conciles.

L'Eglise est le Corps Mystique du Christ, fondée sur la Foi de Pierre liée à la résurrection de Jésus+Christ et comprend ceux qui, se rattachant à cette Foi en  la résurrection, participent de fait à une vie liturgique et sacramentelle ou du moins tentent d'avoir une vie de prière et de contemplation, plaçant toujours devant ces actions un Devoir fondamental, celui de la Charité.

Il n'appartient pas à l'Eglise d'agir dans ce monde, la Royauté du Christ n'est pas pour ce monde, rejeté une première fois lors de la troisième tentative de tentation au Désert (Mat IV, 9-11), rappelé  à Pilate (Jean XVIII, 36)

En son encyclique IMMORTALE DEI, Léon XIII précise : "Dieu a donc divisé le gouvernement du genre humain entre deux puissances: la puissance ecclésiastique et la puissance civile; celle-là préposée aux choses divines, celle-ci aux choses humaines. Chacune d'elles en son genre est souveraine ; chacune est renfermée dans des limites parfaitement déterminées et tracées en conformité de sa nature et de son but spécial. Il y a donc comme une sphère circonscrite, dans laquelle chacune exerce son action jure proprio."
C'est, nous semble-t-il un grand tort pour l'auteur de la lettre ouverte de louer  Jean-Paul II sur la notion du "pardon", osant interpeller ce grand Pape de Rome qu'est SS Benoît XVI, en écrivant :  " Seriez-vous donc en attente, dans des centaines d’années, d’un nouveau Jean-Paul II, pour demander à nouveau pardon à Dieu et aux hommes, pour le péché de massacres ou d’expulsion des Arabes Chrétiens, d’un Orient qu’ils avaient rempli de vie durant des centaines d’années, et où ils avaient vécu en convivialité avec les musulmans et les juifs, contrairement à ce qui se passait en Occident, où les chrétiens s’obstinaient à s’entrégorger pendant des centaines d’années ?"
Il est facile de dire pardon, formule hâtive qui ne pourra jamais remplacer les grâces de l'action dont la première attitude sera de prier, cette Prière et ces bonnes actions qui permettront de hâter l'avènement du Jour de Dieu (II Pierre, III, 11, 12), cet évêque de Rome qui le 14 mai 1999 embrassait le Coran avec les habitants chrétiens de tous ces pays, ainsi qu’avec les juifs, avec magnanimité, grandeur d’âme, sagesse et clairvoyance., prédication de Mahomet qui se déclare prophète et nie que Jésus+Christ soit Dieu, incarné, mort et ressuscité, sans qui notre Foi est vide (I Cor. XV, 14)....
L'auteur de la lettre soulève enfin trois autres ponts :
- sa critique que les Eglises orientales unies à Rome et particulièrement celles dont les sièges se trouve dans un pays arable ne sont pas présentes ou suffisamment présentes dans  "les divers organismes, administratifs, juridiques, spirituels, représentatifs et médiatiques, qui composent le Vatican, tant à Rome qu’à travers le monde".
- son assurance qu'il existe un antisémitisme de l'Eglise
- sa déclaration selon laquelle l'Islam s'est toujours comporté avec les chrétiens, avec magnanimité, grandeur d’âme, sagesse et clairvoyance.
Sur le premier point, il reviendra à un bon connaisseur de  la diplomatie Vaticane et de l'organisation de la curie de répondre, présumant que l'auteur de la lettre n'a pas davantage de connaissance que nous même de cet univers particulier.
Sur le deuxième point, s'il est de fait que des Pères  de l'Eglise purent  -comme certains le firent pour l'Islam - manifester une forme d'opposition au Judaïsme, ce prêtre Romain ne peut,  - sauf à contredire le sens des actes de son bien aimé Jean-Paul II, préalablement par lui loué -  prétendre que l'Eglise maintient ou a maintenu (et cela depuis fort longtemps mais c'est un sujet qui mériterait une étude particulière) un quelconque antisémitisme.
- l'historie  - et notamment l'historie contemporaine -  montre que du fait des prescriptions du Coran, l'Islam pratiqué  ne permet pas d'accorder à un chrétien, les qualités que notre auteur attribue à la prédication de Mahomet. Que l'auteur de la Lettre ouverte, ouvre un Coran et lise ce qui concerne le statut des non-musulmans pour ce qu'énonce l'islam, et se référer à l'attitude d'un chef d'Etat qui à un moment particulier choisit de ne pas pratiquer la loi de l'Islam, ne signifie pas que sa politique menée soit le reflet de sa culture.
En conclusion le sionisme intriguerait près de l'Occident pour voir détruit l'Islam  modéré.
La question du sionisme constituerait un trop vaste débat  et ne peut être  évoqué présentement que  hâtivement : Emmanuel LEVYNE, rabbin et kabbaliste, grand mystique qu'à ce titre j'ai bien connu, s'opposait pour des raisons spirituelles au sionisme (1)
Il convient de ne sans doute pas mêler la question du sionisme avec la lutte pouvant exister au sein de l'Islam entre les libéraux, les modérés, les intégristes et ce qui divise ces derniers, dans le cadre de ce prétendu printemps arable.
III
Il est certes d'autres réponses à cette lettre ouverte, ce qui méritait d'être rappelé, c'est que l'Eglise n'a pas pour vocation de s'occuper de la Cité terrestre, si d'aventure la voie diplomatique le permet,  elle agira pour le bien de la Cité, mais que ne soit jamais oublié que l'Eglise prépare les créatures à revenir dans le Royaume de Dieu dont la Chute est la raison de leur exile, que ce prêtre n'oublie pas qu'il a le Devoir de participer par ses prières et des bonnes actions à l'avènement du Jour de Dieu comme cela fut rappelé par Pierre (II Pierre, III, 11, 12)

JPB
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1 - Emmanuel LEVYNE : Judaïsme contre sionisme. Coll. Monographies N°8, le Dossier Arabe, Paris, Cujas Ed, 1969. Mais aussi : Le royaume de Dieu et le royaume de César. Beyrouth, Ed "Le Réveil"

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