La mort scandaleuse de Troy Davis, - bien que
semblant sans rapport au plan des raisons qui décidèrent de cet acte -, de
celle du guillotiné Jacques FESCH en 1957, est de nature à nous interpeller.
«On
a guillotiné un saint » tel est le sentiment de
ceux qui suivirent l’évolution spirituelle de Jacques FESCH, dont les lettres
de prison amèneront bien des conversions (1) qui pour sa part avait tué un
policier.
Dans la situation de Troy Davis, aucun élément ne
semble prouver qu’il commettait l’acte reproché, sur la foi de prétendus témoins
puisque reconnaissant que leurs dires furent imposés par la police, et qu’ils
se rétractèrent.
Selon ce que rapportent les témoins des derniers
instants de Troy Davis, ce dernier n’a cessé de prier, même pour ceux qui le
condamnèrent, lui qui clama sans cesse son innocence.
I
La prière en faveur des bourreaux, qu‘il s’agisse de
juges, de policiers, de l’homme d’Etat qui refusa la grâce humaine, ne saurait spirituellement les laver de leur
responsabilité, car si la miséricorde de Dieu est infinie, les règles de l’économie
divine veulent que chacun soit amené à réparer ses fautes dès lors qu’elles
résultent d’un choix, d’une prise de conscience préalable, expression de notre
liberté !
Si relativement à J+C il est dit : « mais malheureux l'homme par
qui le Fils de l'homme est livré ! Il aurait mieux valu pour lui qu'il ne fût
pas né, cet homme-là ! "
(Mat. XXVI, 24), « Car Dieu n'a pas fait la
mort, et il n'éprouve pas de joie de la perte des vivants. » (Sag.
I, 13), par voie de conséquence, n’aurait-il
pas été préférable à tous ces bourreaux de ne pas naître ?
L’interrogation étant posée, la réponse est délicate
et nous entraîne vers le Mystère de Dieu.
Relativement à Troy Davis, une question des apôtres
me revient en mémoire, celle de la raison pour laquelle l’aveugle est né
aveugle, selon l’interrogation pour ses péchés ou les péchés de ses parents :
alors que le Sauveur ne dénigre pas les choix exposés, Il répond : «Ni lui, ni ses parents
n'ont péché, mais c'est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. » (Jean
IX, 3)
Relativement aux bourreaux, la réponse est encore
plus difficile ; sont-ils des instruments alors conscients de la Grâce ?
Ou bien la Grâce opérera-t-elle à cause de leur
acte, mais leur absence de conscience les handicapera à bénéficier immédiatement
de ce qu’ils ne cherchaient pas à
accueillir, s’ils se sont fermés à la Grâce.
II
Si donc c’est pour que les œuvres de Dieu se manifestent
en Troy Davis, que cet homme est ainsi mort, il convient bien entendu de prier
pour lui – tous les êtres ont besoin de prières – mais aussi de l’associer à
nos prière, lui qui aura connu déjà le vrai jugement celui que l’on nomme le
Jugement particulier.
Quant aux bourreaux, laissons Dieu les éveiller à la conscience de telle sorte que par leur
seul travail, ils parviennent un jour à entrevoir ce qui est la vrai et la
seule Justice, celle de Dieu dont la Loi est l’Amour de notre prochain.
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(1) Jacques FESCH : Lumière sur l’échafaud et a6m
LEMONNIER : Cellule 18, Ed
ouvrières, Paris, nombreuses rééd.
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