Emmanuel
LEVYNE
Lettre d’un kabbaliste à un rabbin
(Loi
& Création)
TSÉDEK
17,
rue Bleue (75009) Paris
DU
MEME AUTEUR
Le Royaume de Dieu et le Royaume
de César, Le Réveil, 1973
Le judaïsme contestataire, Tsédek,
1974·
Petite Anthologie de la Mystique
Juive, Tsédek, 1975.
La Kabbale du Aleph, Tsédek,
1976.
Un Kabbaliste à la rencontre de
Nicolas Berdiaev, Tsédek, 1977.
Revue Tsédek
N° 152 : La Kabbale du Aleph
(Correspondance et compléments)
N° 153 : Carlo Suarès, La
Kabbale et la Technologie
(Textes de E. Lévyne, C. Suarès, O.
Goldberg, R. Guénon, H. Marcuse)
[fin
page 6]
TABLE
DES MATIÈRES
–
Première partie –
Lettre d’Emmanuel Lévyne au rabbin
Jean Schwarz p.17
Références p.22
–
Deuxième partie Citations –
Notes
et Commentaires
1 – La Tora c’est la lumière
(Zohar III, 216 a-b ; Tikounè Hazohar XXII, 67b) p.
25
2 – Le règne de la Loi est
transitoire
(Zohar 1,
27b-28a) p.
26
3 – La Loi s’est imposée à la suite
du péché du Veau d’Or
(Zohar 1,
26b) p.
27
4 – La Loi disparaîtra à la venue du
Messie
(Zohar III, 12 4b, R.M.) p.28
5 – L’étude de la Kabbale a la
propriété d’extirper ontologiquement le mal
(Zohar II, 117b-118a) p.28
6 – La Kabbale divise Israël en deux
grandes classes
(Zohar III, 225a, R.M. ; Zohar III, 98a-b, R.M.) p. 29
7 – La Loi est la partie extérieure
de la Tora
(Zohar Hadach Tikounim 73b ; Zohar III, 152a ; Tikounè
Hazohar, Tikoun 69, I14a) p.
31
8 – La fonction thérapeutique de la
Loi
(Talmud Erouvim 54a ; Talmud Berakhoth 5a ; Midrach Rabba,
Gen. 44) p. 32
9 – L’utilité temporaire de la Loi
(Talmud Sanhédrin 97a ; Talmud
Maccoth 24a) p.
33
10 – La Tora commence là où il y a
Création
(Talmud
Menahoth 99b) p. 35
11 – La Halakha n’est déjà plus la
Loi de Moise
(Talmud
Berakhot 19b) p.35
12 – Le rabbin est un médecin
(Nombres II, 29 ;
Joël 2, 28-29 ; Jérémie 21, 31-34) p.·37
13 – Le véritable Kabbaliste
(Zohar Hadach,
Tikounim, 63a-b ; Zohar III, 1 24a) p.
38
14 – Malheur aux riches !
(Zohar III, 8b-9a) p. 39
15 – Conclusion : Halakha et
Kabbala p.·43
–
AVERTISSEMENT –
Cet écrit est un
complément à la Petite Anthologie de la Mystique Juive. Nous l’éditons à
part afin de ne pas trop épaissir la deuxième édition de ce livre déjà
considérablement augmentée et de rendre ainsi ces deux titres accessibles aux
lecteurs peu fortunés.
Cette Lettre d’un
Kabbaliste à un Rabbin a été inspirée par la lecture du cahier spécial sur le
Hassidisme de la revue Trait-d’Union (n° 81 - 82, janvier-février
1961), éditée par la Communauté Juive Traditionaliste de la rue de
Montévidéo à Paris.
Cette publication était
dirigée par le rabbin Jean Schwarz, pour lequel l’auteur – qui avait
enseigné dans son cours d’instruction religieuse à Montmartre – éprouvait
la plus grande estime et le plus profond respect.
Cette lettre, avec les
très importants textes anthologiques qui l’accompagnent – dont certains
sont traduits pour la première fois en français, de l’araméen ou de l’hébreu – n’a
jamais été publiée.
Ce retard est heureux, car
au début des années soixante le public n’accordait pas à l’ésotérisme en
général, à la Kabbale en particulier, l’intérêt qu’il lui manifeste
actuellement. Le temps des vrais kabbalistes est-il arrivé ? Si nous ne le
pensions pas, nous ne ferions pas l’effort d’éditer ce travail comme les autres
ouvrages du même auteur sur la mystique juive. Et il est dans notre programme d’éditer
d’autres kabbalistes méconnus ou inconnus, avec l’aide financière et technique
que voudront bien nous apporter les amis et lecteurs de TSEDEK.
« Quand approchera l’époque
messianique, nos mystères seront divulgués à tout le monde. (Zohar 1,
118 a.)
C’est la référence de
notre action d’édition et d’enseignement, pour que s’accomplisse le verset du
prophète cité dans ce texte du Zohar : « Alors je donnerai aux
peuples des lèvres pures, afin qu’ils invoquent tous le nom de l’Éternel pour
le servir d’un commun accord. » (Sophonie 3, 9.)
Tsédek
Nous nous représentons que la loi
existe pour diriger l’homme et le punir le cas échéant. Les Grecs recherchaient
toujours et partout et nous ont enseigné à rechercher les lois pour s’y
soumettre. Cependant, l’Écriture nous fait entendre autre chose : quand
Moïse se tenait sur la montagne en face de Dieu, il n’y avait pas de loi ;
quand il descendit de la montagne, il gouverna le peuple au moyen de la loi. Là
où est Dieu, il n’y a pas de loi : c’est la liberté ; et
là où la liberté n’est pas, Dieu n’est pas.
Léon Chestov, Athènes et Jérusalem
« Au commencement », il n’y avait pas de lois ; la
loi est venue plus tard. Et à la fin, il n’y aura plus de lois.
Léon Chestov, Sur la balance de Job
Dans les temps messianiques, les commandements seront supprimés.
Talmud Nida, 61 a
L’abolition de la loi, c’est le fondement de la Tora.
Talmud Menahoth, 99 b
– PREMIERE PARTIE –
Issy-les-Moulineaux
le 24 08 1962.
Monsieur
le Rabbin Jean Schwarz
directeur
de la revue – Trait-d’Union –
Cher Monsieur le Rabbin,
Je lis et j’étudie
toujours avec beaucoup d’intérêt vos numéros spéciaux. Dans celui consacré au
Hassidisme, la plupart de vos collaborateurs ont minimisé les divergences entre
la conception hassidique et la conception purement rabbinique. Par exemple,
pour le rabbin Gugenheim, ce qui aurait séparé les Hassidim des Mitnaguedim, ce
n’était qu’une différence d’horaire de la prière. Dans ce cas, on ne comprend
pas la rigueur dont a fait preuve le Gaon de Vilna, qui avait proclamé que le
sang des Hassidim pouvait être versé comme de l’eau.
En général – excepté
évidemment M. André Neher dont les textes sont parfaits à tous égards – vos
collaborateurs ne semblent pas avoir une connaissance très profonde de la
mystique juive et surtout son expérience –, car chaque fois qu’ils
abordent son domaine, ils s’y perdent – et leur hébreu avec eux.
Ainsi, je m’étonne de lire
dans les textes de vos collaborateurs que le mot Tora signifie Loi, que le
Judaïsme est essentiellement et totalement une Loi. C’est là le point de vue d’un
certain rabbinisme. Mais on ne peut émettre une telle opinion du point de
vue de la Kabbale.
Comment un hébraïsant
peut-il traduire le mot Tora par Loi ?
[Fin
page 17]
Tous les· dictionnaires
indiquent que le mot Tora vient d’une racine (Y-R-H) qui signifie enseigner.
La Tora, c’est l’enseignement divin.
On peut également faire
venir ce mot de la racine A-O-R, Lumière ; et cette étymologie a ses
références dans la littérature kabbalistique (et aussi talmudique et biblique).
Prov. VI,23 : ki ner
mitsva vetorah or : La Tora, c’est la Lumière.
Meguilla 16 b : ora
zou tora : La Lumière, c’est la Tora.
Tikouné Hazohar, Tikoun XI,
26 b : Il y a un Palais de la Lumière (hehela dinehora) qui
ne s’ouvre que pour l’homme qui s’occupe de la Lumière de la Tora (nehora
deoraïta).
La Tora, c’est la doctrine
de la Lumière, c’est-à-dire, selon les nombres de la racine A-O-R-, la science
des rapports justes entre l’Infini (1) - et (6) -le fini (2(00)),
entre Dieu et l’homme, entre Dieu et le monde.
La Tora est
essentiellement la Loi, et c’est en tant que Loi que le Judaïsme se distingue
des autres religions, son originalité est dans sa Loi. Ainsi s’expriment vos
collaborateurs.
Du point de vue de la
Kabbala, ce n’est pas exact. La catégorie essentielle de la Tora et de l’Hébraïsme
n’est pas la Loi, mais la Création. Les trois premières lettres de la Tora sont
B-R-A, racine de la CRÉATION : le premier verbe de la Tora est également
B-R-A : créer. Le mot et le verbe originel de la Tora, c’est la Création.
La Tora commence là où il y a Création.
Le but de la Tora n’est
pas de faire de l’homme un être soumis, mais un être qui soit à la ressemblance
de Dieu, c’est-à-dire un être créateur et libre.
Bien que la Création et la
Loi s’excluent, il faut reconnaître que dans la Tora il y a une Loi – la
Loi de Moïse. Mais cette Loi est une partie de la Tora – et non toute la
Tora ; et c’est là que réside essentiellement la [Fin page 18 ] divergence entre le point de
vue de la Kabbala et le point de vue du Rabbinisme.
Pour la Kabbala, la Loi ne
représente qu’un temps de l’histoire de la Tora, elle n’est qu’un des avatars
de la Parole de Dieu dans le monde.
Son règne est transitoire.
Elle s’est manifestée et imposée à la suite du péché du veau d’or (l) et
elle disparaîtra à la venue du Messie (2). Pour tout Israël. Mais même
dans les temps prémessianiques, le Kabbaliste – c’est-à-dire l’homme qui est
plongé jour et nuit dans l’étude du Zohar – échappe à la servitude de la
Loi. Car la Loi a pour but de protéger l’homme du mauvais penchant et de l’aider
à le vaincre. Or l’étude de la Kabbale a la propriété d’extirper
ontologiquement le mal. La Loi n’a donc plus de raison d’être pour l’homme qui
vit entièrement dans l’univers kabbalistique (3).
D’une manière plus
systématique, la Kabbala divise Israël en deux grandes classes (4) :
I – Les Kabbalistes (ou
les Justes), qui sont attachés à la Tora de l’Arbre de Vie – la Tora de Atsilouth
–, qui était celle des Patriarches et que Moïse reçut (kabbala) au mont
Sinaï : cette Tora spirituelle formait le contenu exclusif des premières
Tables, qu’il brisa à la vue du peuple adorant le veau d’or. Seuls les
Kabbalistes portent le nom d’Homme ; ils sont les fils du Roi ; ils
vivent dans le monde sephirotique.
II – Le reste du peuple –
la masse et ses dirigeants –, qui sont soumis à la Tora de l’Arbre de
la Connaissance du Bien et du Mal – la Tora de Beria – c’est-à-dire
à la Loi.
Cette dernière classe se
subdivise en deux catégories, comme l’arbre qui la gouverne.
A. Les Bons : les
rabbins et les hommes pieux qui s’efforcent d’observer les commandements ;
ils sont les serviteurs du Roi ; ils vivent dans le monde angélique.
B. Les Mauvais : les
impies et les libertins ; ils sont
comparables à des bêtes, ils vivent dans le monde démoniaque.
Bref, la Loi régit le
monde angélique et animal, c’est-à-dire les créatures statiques ; l’homme qui observe la Loi est semblable à
un ange, l’homme qui ne la respecte pas à une bête.
La destinée propre de l’homme,
c’est de vivre dans l’univers divin, c’est-à-dire de participer à la vie du
Créateur. Le monde de l’Homme, c’est le monde de Dieu, qui se trouve au-dessus du
monde des anges (5).
La Loi == hiérarchie
angélo-animale, nature statique.
Kabbale == hiérarchie
humano-divine, nature créatrice.
La Loi est la
partie extérieure de la Tora, elle est ce qu’est la paille au grain, l’écorce
au germe (6). Elle n’est pas la nourriture propre de l’Homme, fils de
Dieu, mais de l’Homme déchu, de l’Homme qui a perdu son âme divine, sa nechama ;
elle lui permet de ne pas succomber et de ne pas tomber au fond de l’abîme. L’homme
qui fait une chute se casse des membres et se blesse : il a besoin
de béquilles et de pansements. Tel est le rôle de la Loi et de ses
commandements : Mais l’homme qui se porte bien n’a que faire des
béquilles, des remèdes et des médecins. Tel est le Kabbaliste, tel sera Israël
aux temps messianiques.
Et les rabbins sincères et
intègres ont conscience de la fonction thérapeutique de la loi (7), donc
de son utilité et de son existence temporaires (8). Une des preuves est
qu’ils n’appellent pas la Loi rabbinique Loi, mais Halakha, qui signifie marche,
mouvement. Comme le souligne le grand rabbin Fingerhut dans son article, le
verbe Halakh « n’indique pas le but à atteindre, mais la marche à
suivre. »
C’est bien cela : la
Loi est la Halakha de la Tora, c’est-à-dire qu’elle permet à l’homme de se
diriger vers son but : l’univers divin, l’univers sephirotique. Mais une
fois qu’on est arrivé, la marche cesse. Il n’y a plus de Halakha (9).
L’homme qui a compris le
sens du mot Halakha a saisi toute la Tora et toute la tradition juive.
La Loi véritable, c’est la
Loi de Moïse, les 613 commandements dans toute leur rigueur.
La Halakha ce n’est plus
la Loi de Moïse ; elle est trop miséricordieuse, trop humaine, trop
dynamique, trop créatrice, trop souple, trop personnalisée, pour porter le nom
de Loi. La Halakha ne soumet pas l’homme à la Loi, au contraire, elle l’en
détache, et le délie doucement, insensiblement (10), car il est
dangereux de rendre brusquement la liberté à un homme qui s’est habitué à la
servitude, laquelle lui est devenue une seconde nature.
La fonction rabbinique n’est
pas une fonction juridique, mais pédagogique et médicale. Le rabbin est un
médecin. On reconnaît celui qui est honnête à ce qu’il souhaite, comme
son maître Moïse, que le temps vienne où le monde n’aura plus besoin de lui et
où sa science ne sera plus d’aucune utilité (11).
Je soupçonne certains de
vos collaborateurs d’être des rabbins Knock.
Chalom Aleikheim.
Emmanuel
Lévyne.
P.S. Attention : on
ne peut trouver dans cette lettre aucune justification à la position des Juifs
dits libéraux et de ceux qui vivent en dehors de la tradition juive. Le
Kabbaliste, qui s’élève au-dessus du monde de la Loi, c’est le Juif qui étudie
et médite jour et nuit la Tora selon le Zohar, afin d’unir le Saint, béni·
soit-il, à sa sainte Chekhina ; il n’exerce aucune autre activité : il
est donc pauvre et vit de charité (12). Ce type de kabbaliste n’existe
pratiquement plus de nos jours – du moins en France et à Paris. La Loi
rabbinique, dans son expression la plus orthodoxe, doit donc continuer à
gouverner la vie des communautés juives – et cela d’autant plus rigoureusement
que le niveau social des familles juives a tendance à monter en flèche. Le
pauvre a moins besoin [fin page 21] de
la loi que le riche, car il est moins tenté que lui par le mauvais penchant (13).
(Les femmes, les spectacles, la boisson, la bonne chère ... ça coûte cher.
Quand on n’a pas le sou, on n’intéresse pas le Tentateur ... ou
la Tentatrice (Samaël et Lilith). Le pauvre n’a pas de quoi fabriquer le
veau d’or.)
Je ne peux donc que
souhaiter le succès de l’action des communautés orthodoxes, comme celles de la
rue de Montevideo et de la rue Cadet, et je me déclare résolument hostile au
Judaïsme libéral, à plus forte raison aux Juifs qui vivent sans foi ni loi et
qui se croient émancipés et libérés, alors qu’ils sont tombés à un degré plus
bas que celui de la bête.
RÉFÉRENCES
1) Zohar
l, 26 b.
2) Zohar
III, 124 b, R.M.
3) Zohar II, 117 b -118 a, R.M.
4)
Zohar III, 98 a - b, R.M. ;
224 b, R.M. ; 252 b - 253 a, R.M.
5) Roch Hachana, 17 b.
6) Zohar
Hadach, Tikounim, 73 b ; Tikouné Hazohar, Tikoun 69 b, 114 a.
7)
Eroubim, 54 a ; Berakhoth 5 a ;
Midrach Rabba, Genèse, 44.
8) Maccolth
24 a ; Sanhédrin 97 a.
9)
Menakhoth 99 b.
10)
Berakhoth 19 b.
11 ) Jérémie
XXXI, 31 - 34.
12)
Zohar III, 126 a, R.M. ; Zohar
Hadach, Tikounim, 63 a - b.
13) Zohar
III, 8 b - 9 a.
[fin page 22]
– DEUXIÈME PARTIE –
1 – LA TORA, C’EST LA LUMIÈRE.
Zohar III, 216
a - b :
« Lorsqu’il se trouve un juste, dont les mérites et
les actes éclairent la Matrona (La Chekhina), en la débarrassant des vêtements
noirs du sens extérieur et littéral (pechat) afin qu’elle apparaisse dans tout
l’éclat de sa beauté avec les vêtements de couleurs lumineuses des secrets de
la Tora (sens kabbalistique), qu’est-il écrit alors à son sujet ; « Et
je la verrai pour me souvenir de l’alliance de toujours. (1) » « Et je la verrai ... » par les
secrets lumineux de la Tora, car la lumière est appelée « secret ».
(Lumière = A-O-R == 1 + 6 + 200 == 207 == Secret == Ra - Z == 200 + 7 == 207). »
Note : La Tora, qui
est essentiellement Lumière, c’est donc substantiellement le sens kabbalistique
donné par les nombres des lettres hébraïques. Le sens extérieur : les
lois et les récits pris à la lettre recouvrent le sens kabbalistique et
obscurcissent la Lumière de la Tora qui ne peut éclater que lorsqu’on lui
enlève ses vêtements sombres que sont les interprétations littérales (pechat).
***
Tikouné
Hazohar, Tikoun, XXII, 67 b
« Et Abraham se leva tôt le matin. (2) » Il se
leva pour la délivrance. C’est le matin que la Lumière paraît. Il est écrit à
son sujet ; « Et la Tora est Lumière. (3) » Cette Lumière est
celle dont il est dit : « Et pour tous les enfants d’Israël il y
avait de la Lumière. (4) » Il s’agit de la Lumière de la Pâque, le bras
droit, par .laquelle s’opérera la Libération. »
----------------------
(1) Gen. 9, 16. (2)
Gen. 19, 27.
(3) Prov. 6, 23. (4)
Exode 10,23.
[fin page 25]
II – LE RÈGNE DE LA TORA EST TRANSITOIRE.
Zohar 1, 27 b
- 28 a :
« Tant que les Intrus seront mêlés à Israël, il n’y
aura point de rapprochement entre les lettres du nom YHVH, mais aussitôt qu’ils
seront effacés du monde, l’Écriture dit au sujet des lettres du Saint, béni
soit-il : « En ce jour là, YHVH sera un, et son nom sera un. (1) »
c’est-à-dire uni. C’est pourquoi l’Homme, qui est Israël, trouve son unité dans
la doctrine ésotérique, dont l’Écriture dit : « Elle est un arbre de
Vie pour ceux qui l’embrassent ; et heureux celui qui se tient fortement
uni à elle. (2) » Cet arbre de Vie est la « Matrona », symbolisée
par la Sephira « Malkhouth » ; c’est pour cette raison, qu’Israël
est appelé « Fils de rois ». C’est pourquoi le Saint, béni soit-il, a
dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; faisons-lui une
aide contre lui. (3) » Par cette « aide contre lui », l’Écriture
entend la « Michna » servante de la Chekhina ; cette servante a
été donnée pour épouse à Israël pendant son adolescence. Elle était tantôt son
aide, tantôt contre lui. Ainsi, la Michna sert à Israël, durant la captivité, d’épouse ;
elle est tantôt son aide, par les sentences : « Pur, permis à manger,
l’acte est légal » ; elle est tantôt contre lui, par les sentences :
« Impur, défendu à manger, l’acte est illégal ». La loi relative aux
menstrues pures et impures est l’image de l’inconstance de la servante de la
Chekhina. Cette épouse, qui est la Michna, est indiquée dans les paroles de
Dieu : « Une aide contre l’homme » ; car l’union d’Israël
avec cette épouse n’est pas parfaite. Israël ne trouvera l’union avec l’épouse
véritable qu’à l’époque où les Intrus seront effacés du monde. C’est pourquoi
Moïse a été enterré hors de la terre sainte. « Et personne ne connut son
sépulcre jusqu’à ce jour. (4) » Le sépulcre désigne la Michna qui, durant
l’adolescence d’Israël, avait la prééminence sur la « Matrona » que
Moïse avait entrevue. C’est pourquoi, l’Écriture dit : « La terre est
troublée par trois choses, et elle ne peut supporter la quatrième : par un
esclave, lorsqu’il règne ; par un insensé lorsqu’il est rassasié de pain ;
par une femme digne de haine, lorsqu’un homme l’a épousée ; et par une
servante, lorsqu’elle prend la place de sa maîtresse. (5) » L’esclave qui
règne désigne l’esclave que l’on sait, c’est-à-dire Samaël ; la servante
qui prend la place de la maîtresse désigne la Michna, qui prend la place de la
Matrona, qui est la Kabbala de Moïse ; [fin
page 26] et l’insensé qui est rassasié de pain désigne les Intrus, qui
sont appelés « le peuple d’insensés et nullement sages ». »
Dans ce texte :
Kabbala == Matrona == Chekhina ==
Arbre de la Vie == Israël.
Michna == Loi == Métatron ==
Arbre de la science du bien et du mal == Intrus.
Les Intrus, d’après Zohar
1, 25 a b, c’est la classe bourgeoise en Israël. Ce sont eux qui ont rendu
nécessaire le règne de la Loi.
--------------------------
(1) Zacharie 14, 9. (2)
Prov. 3, 18.
(3) Gen. 2, 18. (4)
Deut. 34, 6.
(5) Prov. 30, 21 - 23.
III – LA LOI S’EST IMPOSÉE À LA SUITE DU PÉCHÉ
DU VEAU D’OR.
(Référence 1)
Zohar 1, 26 b :
« Ces deux Yod (de Vayyitser) correspondent également
aux deux yeux sephirotiques, d’où coulèrent deux larmes qui tombèrent dans le
grand océan. Et pourquoi sont-elles tombées dans l’océan ? En raison des
tables de la Tora que Moïse fit descendre du ciel, et dont Israël n’a pas été
jugé digne d’en profiter. C’est pourquoi, elles furent brisées et jetées. C’est
ce qui occasionna la destruction du premier et du second temples. Et pourquoi
les premières tables furent-elles jetées, alors que Moïse pouvait s’en servir
pour les rendre aux Israélites ? C’est parce que le Vav s’en est envolé. C’est
ce même symbole qui est indiqué par le mot Vav du mot « Vayyitser »
(et il créa). C’est pourquoi Moise donna à Israël d’autres tables de la Tora,
qui étaient du côté de l’arbre du Bien et du Mal. C’est pour cette raison que
la Loi est formée de préceptes négatifs et de commandements : « Ceci
est permis, cela est défendu » ; c’est parce que la Loi émane de l’arbre
du Bien et du Mal. »
IV – LA LOI DISPARAITRA À LA VENUE DU MESSIE.
(Référence 2)
Zohar III, 124
b, Raaya Méhémna :
« Et les savants brilleront comme les feux (Zohar) du
firmament. (1) » C’est une allusion à ton œuvre, le livre Zohar, qui
reflète la lumière de la Mère suprême, source de la Pénitence. Les Israélites
qui étudieront ton livre goûteront à l’Arbre de Vie et n’auront plus besoin d’être
mis à l’épreuve. C’est par le livre Zohar qu’Israël sera miséricordieusement
affranchi de l’exil ; et les paroles de l’Écriture s’accompliront : « Et
l’Éternel (YHVH) sera seul son conducteur, et il n’y aura point avec lui de
dieu étranger. (2) » À cette époque, Israël ne dépendra plus de l’Arbre du
Bien et du Mal ; il ne sera plus soumis à la Loi qui édicte ce qui est
permis et ce qui est défendu, ce qui est pur et ce qui est impur ; car
notre nourriture nous viendra, à cette époque, de l’Arbre de Vie, et il n’y
aura plus ni questions (quouchia), qui viennent du mauvais côté, ni controverses
qui viennent du côté impur, ainsi qu’il est écrit : « Je ferai
disparaître l’esprit impur de dessus la terre. (3) »
Araméen : veilana
de tov vera deihou isour vehéter tourna vetahara la chalta al yisrael de ha
parnassa dilann la lihévé éla misitra de ilana de ’hayé.
----------------------------
(1) Daniel 12, 3. (2)
Deut. 32, 12.
(3) Zach. 13, 2.
V – L’ÉTUDE DE LA KABBALE A LA PROPRIÉTÉ D’EXTIRPER
ONTOLOGIQUEMENT LE MAL.
(Référence 3)
Zohar II, 117
b - 118 a, R.M. :
« Pour celui qui est de l’arbre de la vie, il n’y a
pas de jugement, .car il n’y a pas de force du mal en lui. C’est le juste
parfait (tsadik gamour), le juste qui possède le bonheur (tsadik ve-tov lo), et
n’y a de bonheur que la Tora kabbalistique. (…). [fin
page 28] Et du côté du juste parfait (tsadik gamour), il n’y a pas de
force du mal. »
Le Zohar applique au monde
sephirotique, d’où l’âme du Juste ou du Kabbaliste émane et dans lequel il vit,
le verset des psaumes : « Le mal n’a pas sa demeure en toi. (1) »
--------------------
(1) Ps. (5,5)
VI – LA KABBALA DIVISE ISRAËL EN DEUX GRANDES
CLASSES.
(Référence 4)
Zohar III, 225
a, R.M. :
« Tous les Israélites ne sont pas de la même classe :
il y en a qui sont fils de roi du côté du royaume saint (la Chekhina) ... ;
il y en a qui sont des esclaves, du côté de l’Esclave (l’ange Métatron) ;
et il y en a qui sont comme des bêtes.
« Ceux qui ressemblent au troupeau, le Saint, béni
soit-il, leur a ordonné de sacrifier des bêtes pour se faire pardonner ;
ceux qui ressemblent aux anges, leurs sacrifices ce sont les bonnes actions,
car ce sont les anges qui les gouvernent ; et ceux qui sont les fils de l’Éternel,
leurs péchés consistant à séparer les lettres du nom de Dieu, leur acte de
réparation, c’est l’étude de la Tora de la Kabbale, qui est le nom YHVH, afin d’unir
la lettre Y à la lettre H et la lettre V à la lettre H. »
***
Zohar III, 125 a, R.M. :
« D’où savons-nous que les Israélites sont divisés en
bêtes et en hommes ? Il est écrit : « Vous, mon troupeau,
troupeau de mon pâturage ; vous, hommes. (1) » ( ... ) Et dans un
autre verset, il est également fait allusion à cette division d’Israël en deux
classes : « Oh ! Si mon peuple m’écoutait, si Israël marchait
dans mes voies. (2) » Après avoir dit « mon peuple », pourquoi
le texte dit : « Israël » ? C’est parce que « mon
peuple » désigne le peuple de la terre – la masse – et « Israël »,
les Kabbalistes. »
[fin page 29]
Zohar III, 98
a - b, R.M. :
« Chavouott, c’est le don de la Tora : les deux
Tables de la Tora ont été données du côté de l’arbre de vie. Les deux jours de
la fête sont le Y et le V du nom divin YHVH ; il faut leur offrir les deux
pains qui sont les deux H. Ce pain est le pain de la Tora dont il est dit :
« Venez et mangez de mon pain. (3) » C’est la nourriture de l’Homme,
qui est Yod Hé Vav Hé.
« Vous, mon troupeau, brebis de mon pâturage ;
vous, hommes. (4) » Les maîtres de la Kabbale sont du côté de l’arbre de
vie, et le reste du peuple est du côté de l’arbre de la connaissance du bien et
du mal, du permis et du défendu ; c’est pourquoi il est dit des hommes du
peuple : « et du bétail » ; leur nourriture est une « ration
de pain d’orge (5) », « et il mesurera six mesures d’orge, qu’il
chargera sur elle (6) » : (il s’agit de) la loi orale, des six
traités de la Michna ; mais ceux qui sont du côté de l’arbre de vie, qui
sont les Hommes, leur Tora est le pain du Saint, béni soit-il, ainsi qu’il est
dit : « Venez et mangez de mon pain », c’est-à-dire des deux
pains. »
Commentaire :
Les mesures d’orge,
offertes pendant la période de l’Omer, c’est la Loi talmudique – la Tora
dans son sens extérieur (pechat) – qui provient de l’arbre de la
connaissance du bien et du mal, et qui est la nourriture de la masse du peuple
et des rabbins qui la dirigent. Cette masse est semblable à un troupeau, à du
bétail.
Les deux pains, offerts à
la fête de la Pentecôte, c’est la Loi spirituelle – la Tora dans son
sens intérieur (sod), qui émane de l’arbre de vie et qui est la nourriture des
kabbalistes, qui seuls sont dignes de porter le nom d’Homme – qui est
également le nom de Dieu, car la valeur numérique du nom divin écrit en toutes
lettres –Yod Hé Vav Hé – est égale à celle du nom d’Adam, soit 45.
***
Zohar III, 252 b - 253 a, R.M. :
« Le roi dispose de trois sortes de pains ; le
pain blanc, fait de la partie interne du blé (germe principalement) ; le
pain bis fait de la partie moyenne ; le pain noir, fait avec le son, qui
est la partie externe. Le pain blanc, qui constitue sa propre [fin page 30] nourriture, le roi ordonne de le
donner à ceux qu’il aime ; c’est l’aliment de l’arbre de la vie ; le
pain bis, qui est l’aliment du côté « bien » de l’arbre de la
connaissance du bien et du mal, il ordonne de le donner aux anges, qui lui
servent de cavaliers ; et le pain noir, qui est l’aliment du côté « mal »
de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, il ordonne de le donner aux
démons, qui servent de chevaux. Les cavaliers du roi sont aussi les Maîtres de
la Loi (Michna), qui sont comme les anges. »
-------------------------
(1) Ezech. 34, 31. (2)
Ps. 81, 24.
(3) Prov. 8. (4)
Ezech. 34, 31.
(5) Juges 7, 13. (6)
Ruth. 3, 15.
VII – LA LOI EST LA PARTIE EXTÉRIEURE DE LA
TORA.
(Référence 6)
Zohar Hadach,
Tikounim, 73 b :
« Malheur aux hommes de ce monde, qui ont le cœur et
les yeux fermés, car il y a combien de mystères dans la Tora, et ils ne
cherchent pas à les voir ; ils ne veulent se nourrir que de la paille de
la Tora, qui est son sens extérieur (pechat), son enveloppe, et ils ne désirent
pas goûter à sa substance interne. »
***
Tikouné
Hazohar, Tikoun 69, 114 a :
« Malheur aux hommes imbéciles, qui ont le cœur bouché
et les yeux bandés ; d’eux il est dit : « Ils ont des yeux et
ils ne voient pas. (1) » la Lumière de la Tora ; ce sont des bêtes,
ils ne voient et ne connaissent que la paille de la Tora, son enveloppe
extérieure. Les Sages et les Kabbalistes jettent la paille et l’enveloppe, qui
sont à l’extérieur, et ils mangent le grain de blé de la Tora, qui est à l’intérieur. »
[fin page 31]
Zohar III, 152
a :
« La Tora à un corps : ce sont les Lois, qui sont
appelées « le corps de la Tora » (goufétora). Ce corps est revêtu
dans des habits, ce sont les récits historiques. Les sots ne regardent que l’habit,
qui est la partie historique de la Tora, et là s’arrête leur connaissance, ils
ne cherchent pas à voir ce qui est sous l’habit. Ceux qui en savent plus ne
regardent pas l’habit, mais seulement le corps qui est sous l’habit. Les Kabbalistes,
les serviteurs du Roi Suprême, eux qui étaient présents au mont Sinaï, ne
regardent que l’âme, qui est l’essentiel, la Tora proprement dite ; et aux
temps messianiques, ils verront l’âme de l’âme de la Tora. »
------------------------
(1) Ps. 115, 5.
VIII – LA FONCTION THÉRAPEUTIQUE DE LA LOI
(Référence 7)
Talmud
Erouvim, 54 a :
« Souffrez-vous d’une maladie des entrailles ou des
os, occupez-vous de l’étude de la Loi, car il est dit : « Ce sera une
source de santé pour tes entrailles et un rafraîchissement pour tes os. (1) »
Éprouvez-vous des douleurs dans tout le corps, occupez-vous de l’étude de la
Loi, car il est dit : « Elles donneront la santé à tout ton corps.
(2) »
***
Talmud
Berakhoth 5 a :
« Celui
qui s’occupe de la Tora éloigne de lui les douleurs. »
***
Midrach Rabba
sur Genèse, 44 :
« Les
préceptes religieux n’ont été donnés que pour épurer les hommes. »
Un rabbin explique ainsi cet
enseignement : « Les lois cérémonielles ne sont d’aucune utilité à
Dieu ... Qu’importe à Dieu que nous suivions les pratiques religieuses, que
nous lui [fin page 32] offrions des
sacrifices, que nous célébrions les fêtes, que nous observions, en un mot, tous
les préceptes du culte ? Évidemment le Seigneur peut se passer, pour son
compte, de ces actes de soumission ; s’il les a ordonnés, c’est pour notre
bien, c’est pour purifier notre âme. » C’est-à-dire que l’observation de
la Loi ne fait pas participer l’homme à la vie divine, elle ne le fait accéder
tout au plus, qu’au monde des anges (Yetsira) : elle l’élève au-dessus du
monde démoniaque (Asia), elle le délivre du royaume du mal, mais elle ne le
fait pas pénétrer dans le monde de la Création (Béria) et des Sephiroth
(Atsilouth), qui forment le royaume divin. La Loi transforme l’homme animal en
ange, mais elle n’en fait pas un Homme, c’est-à-dire un Créateur et un Dieu.
-----------------
(1) Prov. 3, 8. (2)
Prov. 4, 22.
IX – L’UTILITÉ TEMPORAIRE DE LA LOI.
(Référence 8)
Talmud
Sanhédrin, 97 a :
« Le monde a été créé pour la durée de six mille ans.
Les deux premiers mille ans forment l’état de tohou, les seconds deux mille ans
constituent l’époque de la Loi, et les deux derniers mille ans formeront l’ère
messianique. »
Note : nous sommes à la fin du sixième·
millénaire (5723).
***
Talmud
Maccoth, 24 a :
« Six cent treize commandements furent donnés à Moïse
sur le mont Sinaï. Vint David, qui les réduisit à onze : « Éternel,
qui séjournera sous ta tente ? Celui qui marche intègre, pratique la
justice et dit la vérité de tout son cœur ; qui n’a pas de calomnie sur sa
langue, ne fait aucun mal à son semblable, et ne profère point d’outrage contre
son prochain ; qui tient pour méprisable quiconque mérite le mépris, mais
honore ceux qui craignent l’Éternel ; qui ayant juré à son détriment, ne
se [fin page 33] rétracte point ; qui
ne place pas son argent à intérêts, et n’accepte pas de présent aux dépens de l’innocent.
(1) ». Puis vint Esaïe, qui les réduisit à six : « Qui de nous
peut demeurer auprès d’un feu dévorant ? Celui qui marche dans la justice
parle avec droiture, refuse le profit de la violence, secoue la main pour
repousser les dons, bouche ses oreilles aux propos sanguinaires, ferme les yeux
pour ne pas se complaire au mal.(2) » Puis vint Michée, qui les réduisit à
trois : « Homme on t’a dit ce qui est bien, ce que l’Éternel demande
de toi : rien que de pratiquer la justice, d’aimer la bonté, et de marcher
humblement avec ton Dieu.(3) » Et quand vint Amos, il les ramena à un seul :
« Ainsi parle l’Éternel : cherchez-moi, et vivez. (4) »
Résumé :
« 613 commandements ont
été donnés à Moise au mont Sinai ; David les a réduits à 11 ; Esaïe à
6 ; Michée à 3 ; et Amos à un seul : « Ainsi parle l’Éternel :
cherchez-moi et vivez.. »
-------------------------
(1) Ps. 15. (2)
Esaïe 33, 15- 16.
(3) Michée 6, 8. (4)
Amos 5, 4·
X – LA TORA COMMENCE LÀ OÙ IL Y A CRÉATION.
(Référence 9)
Talmud Menahot
99 b :
« Le fondement de la Tora, c’est l’abolition de sa
Loi. » (Bitoula chel Tora zéhou yesoda.)
Cet enseignement talmudique
ne vient pas pour dire, comme certains hérétiques l’ont compris, que « l’accomplissement
de la Tora est sa transgression », donc pour justifier le libertinage et l’immoralisme.
Le fondement, la base, l’essence de la Tora, c’est la Création : Bérèchith
bara Elohim. La Tora divine commence là où il y a Création, donc là où finit la
Loi. C’est littéralement conforme à la hiérarchie des mondes selon [fin page 34] la Kabbale. Le monde de la Loi –
le monde des anges (Yetsira) – est placé au-dessous du monde de la Création (Beria)
et du monde divin (Atsilouth) : le monde de la Création commence – sa
base, son fondement – là où finit le monde de la Loi. (Dans une maison, le
plancher – la base – du 3e étage apparaît lorsqu’on perce le plafond
– le sommet – du 2e étage, lorsqu’on le dépasse.) On découvre le
fondement de la Tora, lorsqu’on arrive à la fin de sa Loi – son revêtement. (À
la fête de Simhat Tora, on finit de répéter la Loi (Michné Tora, Deutéronome)
et l’on commence à lire la Création : Béréchith bara Elohim.)
Mais attention : on peut
sortir du monde de la Loi (Yetsira) par deux extrémités, comme on peut quitter
le rez-de-chaussée d’une maison soit en montant dans les étages, soit en
descendant à la cave : en haut – c’est le monde de la Création et de la
Vie Divine (Beria et Atsilouth), en bas – c’est le monde démoniaque (Asia,
Sitra Ahara). L’homme qui s’échappe du monde de la Loi divine (monde des êtres
moyens) devient soit un Créateur, soit un Démon. Il y a une liberté créatrice –
la vraie –, et une liberté démoniaque – la fausse. Pour accéder à la création
et à la vie divine (Beria et Atsilouth) il faut passer et s’élever par la Loi
(Yetsira), comme pour accéder au 3e étage, il faut d’abord monter au
2e étage. La liberté du monde n’est pas une liberté créatrice – elle
est illusoire. C’est celle de la cave. C’est celle de l’existentialisme
sartrien et des autres philosophies modernes, comme le marxisme et le
gauchisme. Le monde emprisonne l’homme qui se réfugie en lui, et finalement il
se retrouve plus enchaîné et plus esclave que dans le monde rabbinique qu’il a
fui, plus à l’étroit que dans les ruelles du ghetto et dans les quatre coudées
de la Loi. C’est là le drame des faux messianismes juifs : on a affranchi
le peuple du joug de la Loi de la Tora, mais on l’a soumis à celui – autrement
plus lourd et accablant – des Lois des Nations et des États, gouvernés par les
Césars.
XI – LA HALAKHA N’EST DÉJÀ PLUS LA LOI DE MOÏSE.
(Référence 10)
Talmud
Berakhoth 19 b :
« Le devoir de respecter la créature humaine est
tellement [fin page 35] important, qu’il
est permis d’enfreindre un précepte explicitement énoncé dans la Loi sacrée,
qui se trouverait en opposition avec lui. »
Je lis dans « Trait-d’Union}) numéro
97 - 98, page 28 :
« On sait que dans
certains cas et dans certaines conditions (Yeb. 90 b), les Sages ont autorité
pour abolir même un précepte de la Tora. Ainsi, pour éviter qu’on ne soit amené
à transgresser l’interdiction de porter le jour du Chabbat, ont-ils supprimé la
sonnerie du Chofar lorsque Roch Hachana tombe le Samedi (R. H. 29 b). ( ... )
« Sonner du Chofar,
ébranler l’Accusation, c’est accepter un ordre de la Tora, et il n’y aurait
rien de particulièrement méritoire à se plier aux exigences de la Tora ;
mais ne pas sonner, c’est-à-dire accepter une décision qui n’est que rabbinique,
c’est accomplir un acte purement désintéressé ( ... )
« ... Quelle a été l’attitude
(d’Abraham) la plus méritoire : était-ce de vouloir immoler son fils comme
le lui avait demandé Dieu ? Ou était-ce d’obéir à l’Ange qui – en
empêchant le sacrifice – obligeait Abraham à ne pas exécuter l’ordre divin ?
« La leçon qu’il faut
tirer d’Abraham est qu’il ne faut pas seulement accepter les ordres que Dieu
donne Lui-même mais qu’il convient aussi d’écouter ses messagers, même si
leurs exigences semblent contredire la Parole divine. Car c’est Dieu qui a
conféré à ses serviteurs fidèles, aux docteurs de la Loi, le pouvoir de
légiférer, en nous demandant de ne pas nous détourner de la voie qu’ils nous
indiqueront. (Deut XVII, II) »
Note :
Autrement dit : c’est
Dieu lui-même qui ordonne de transgresser sa Loi – mais sagement. Dans
certaines circonstances, observer la Loi divine, est acte de révolte contre la
Parole de Dieu. La Loi se présente donc comme une épreuve pour la liberté de l’homme,
comme un examen de son degré de maturité, d’où son caractère pédagogique.
« Abraham le premier a
obéi à la Loi orale : ce que lui a dit l’ange avait la même force
contraignante que l’ordre qu’il avait reçu directement de Dieu. Personne n’hésiterait
à exécuter un ordre divin ; mais Abraham a montré qu’il fallait aussi
accepter les ordres de celles des Créatures qui détiennent le Message divin :
les Anges, les prophètes, les Sages d’Israël. »
[fin page 36]
Note :
Remarquons que l’auteur de
cet article classe les Sages d’Israël, les Rabbins, avec les Anges, les uns et
les autres disposent du pouvoir législatif. Ainsi se confirme du côté
rabbinique la thèse de la Kabbala qui assimile les rabbins aux anges, dont leur
chef Métatron personnifie la Loi et l’Arbre de la science du bien et du mal, d’où
elle émane, et qui gouverne les deux mondes inférieurs (Yetsira et Asia) ;
le temps de sa domination est fixé aux six jours de la semaine (qui
correspondent aux six traités de la Loi Orale : Michna) et se termine au
Septième, le jour du Sabbat, pendant lequel règnent la Chekhina unie au Saint,
béni soit-il, et l’Arbre de la Vie, d’où émane la Tora de la Kabbale.
Traduction de
Yebamoth, 90 b :
« Vous l’écouterez » : même si le rabbin te
dit de transgresser un des commandements de la Tora ... écoute-le. »
XII – LE RABBIN EST UN MÉDECIN.
Que le temps vienne où
le monde n’aura plus besoin de lui.
(Référence 11)
Nombres II, 29 :
« Puisse tout le peuple de l’Éternel être composé de
prophètes ; et veuille l’Éternel mettre son esprit sur eux. »
***
Joël 2, 28 -
29 :
« Après cela, je répandrai mon esprit sur toute chair ;
vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des songes, et vos
jeunes gens des visions. Même sur les serviteurs et sur les servantes, dans ces
jours-là, je répandrai mon esprit. »
***
Jérémie 21, 31
- 34 :
« Voici, des jours viennent, dit l’Éternel, où je
ferai avec la maison d’Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle, non
comme l’alliance que je traitai avec leurs pères, le jour où je les ai saisis
par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte, Alliance qu’ils ont violée,
quoique je fusse leur maître, dit l’Éternel. Mais voici l’alliance que je ferai
avec la maison d’Israël, après ces jours-là, dit l’Éternel : je mettrai ma
Tora au-dedans d’eux, je l’écrirai dans leur cœur ; et je serai leur [fin page 37] Dieu, et ils seront mon peuple.
Celui-ci n’enseignera plus son prochain, ni celui-là son frère, en disant :
Connaissez l’Éternel ! Car tous me connaîtront, depuis le plus petit jusqu’au
plus grand, dit l’Éternel. »
XIII – LE VÉRITABLE KABBALISTE.
(Référence 12)
Zohar Hadach, Tikounim, 63 a - b :
« Il y en a qui se consacrent à l’étude de la Tora
pour l’amour de la Chekhina et du Saint, béni soit-il. Ils sont les protecteurs
de la Maison d’Étude. Il est dit à leur sujet : « Voici la Tora :
lorsqu’un homme meurt. (1) » Les Maîtres ont expliqué ce verset ainsi :
« La Tora n’existe que par celui qui se tue pour elle. (2) » c’est-à-dire
qui s’appauvrit pour se consacrer à elle – car la mort c’est la pauvreté – et
qui vit selon l’enseignement des Pères : « Telle est la voie de la
Tora : Tu mangeras du pain avec du sel, tu boiras de l’eau avec mesure, tu
coucheras sur la terre, tu mèneras une vie dure en peinant dans l’étude. (3) »
Il est dit des hommes qui suivent cette voie : « Tes morts revivront.
(4) » Il s’agit de ceux dont il est dit : « Voici la Tora :
lorsqu’un homme meurt dans la tente » ; car c’est évidemment par ceux
qui se tuent pour la Tora en vivant dans la pauvreté que la Chekhina subsiste. »
***
Zohar III, 124
a :
« Élie dit : « Pasteur fidèle, le moment est
venu où je dois monter en haut ; mais je te jure que c’est à cause de ton
mérite que Dieu m’a autorisé à me révéler à toi dans ta prison, dans ton
tombeau et de te faire du bien, car tu expies les péchés du peuple, ainsi qu’il
est écrit : « Il a été brisé par nos crimes. (5) » Le Pasteur
fidèle lui répondit : « Je te conjure, au nom de YHVH, de ne pas
retarder ton retour, car je souffre ; je me tourne d’un côté et de l’autre,
et je ne trouve personne pour m’aider à sortir de ce tombeau, ainsi qu’il est
écrit : « Et son tombeau est parmi les méchants. (6) » Je suis
méconnu et méprisé, comme une chien mort, parmi les méchants, les Intrus impies
qui m’entourent. Car ce sont les descendants des Intrus [fin page 38] qui s’imposent comme bergers d’Israël, à la place
du Saint, béni soit-il, dans tous les pays où Israël est répandu. Par contre,
les hommes de bien qui craignent le péché sont excommuniés et bannis ; ils
errent de ville en ville, et nul n’a pitié d’eux ; on ne leur donne pas
même de quoi entretenir leur vie pendant une seule heure ; ils vivent dans
la gêne, dans le souci et dans la douleur, et ne sont pas plus considérés que
des chiens ; ils ne trouvent pas même où se loger. Quant aux Intrus, ils
jouissent des richesses et vivent en paix, sans douleur et sans souci ;
ils sont voleurs et corrompus, ce qui ne les empêche pas de s’imposer comme
juges et comme dirigeants du peuple ; c’est « à cause d’eux que la
terre est remplie de violence » (7), et à leur sujet il est écrit : « Ses
oppresseurs sont devenus ses chefs. » (8). Je te conjure, pour la seconde
fois, au nom de l’Eternel Cebaoth, le Dieu d’Israël assis au-dessus des
Cheroubim, de rapporter toutes mes paroles au Saint, béni soit-il, et de lui
exposer notre peine. »
***
Voir aussi André Néher :
Chapitre sur le Lévitisme dans l’Essence du Prophétisme, pages 166
à 175 ; et texte dans le cahier spécial de Trait d’Union (n°
81 - 82) consacré au Hassidisme.
----------------------------------
(1) Nombres 19,14 (2)
Talmud Bérakhoth 63 b.
(3) Traité des Pères (Avoth 6,4). (4) Esaïe 26,19·
(5) Esaïe 53,5· (6)
Esaïe 53,9.
(7) Gen. 6,13· (8)
Lam. 1,5.
XIV – MALHEUR AUX RICHES !
Le pauvre est moins
tenté par le mauvais penchant.
(Référence 13)
Zohar III, 8b
- 9a :
« Si son sacrifice est un holocauste, et s’il est de
bœufs ... »
[fin page 39]
(1). Rabbi Yossé demanda :
Pourquoi cette répétition dans l’Écriture : « ... S’il est de bœufs »,
« ... S’il est de moutons », « ... S’il est d’oiseaux »,
puisque tous reviennent au même ? L’Écriture veut nous apprendre que celui
qui peut offrir un holocauste de bœufs, doit l’offrir ; s’il ne le peut
pas, il l’offre de moutons, et s’il ne peut encore pas cela, il l’offre d’oiseaux ;
car le Saint, béni soit-il, ne demande pas à l’homme une chose impossible.
Rabbi Eléazar dit : L’offrande est toujours proportionnée au péché. Le
riche qui commet des péchés avec orgueil, est plus coupable et il doit offrir
un holocauste de bœufs. L’homme de fortune médiocre offre un holocauste de
moutons ; car il est moins orgueilleux. Mais le pauvre, qui n’a point d’orgueil,
offre la chose la plus minime, parce que son péché est le plus léger. Le Saint,
béni soit-il, pèse les péchés de chacun sur une balance équitable. Rabbi
Eléazar demanda à son père Rabbi Siméon : Une tradition nous apprend que
la famine vient au monde à cause de trois péchés. Or, tous les péchés ne se
trouvent que chez les riches à cause de leur orgueil et ils sont absents chez
les pauvres. Où est donc la justice de Dieu qui fait mourir de faim les pauvres
et qui laisse vivre les riches, afin qu’ils continuent à pécher ? Rabbi
Siméon lui dit : Ta question est judicieuse. Les collègues ont déjà dit
que lorsque Dieu veut perdre les coupables il leur donne la paix et comble
leurs vœux. Mais, remarque que les coupables ne sont jamais aussi près du Roi
suprême que les ustensiles dont il se sert. Et quels sont ces ustensiles ?
« Dieu ne méprise jamais un cœur brisé et meurtri. » Et ailleurs :
« Je demeurerai près de l’humble et de l’opprimé. » Voilà les
ustensiles du Roi. Et, quand la disette et la famine sévissent dans le monde,
les pauvres qui en souffrent le plus pleurent et gémissent devant le Roi ;
et le Saint, béni soit-il, les rapproche de lui plus près que tous les autres
hommes, ainsi qu’il est écrit : « Car il n’a point méprisé ni
dédaigné l’humble supplication du pauvre. » (2). Et quand le Saint, béni
soit-il, fait sévir la famine dans le monde, malheur aux coupables qui en sont
la cause ! Car le Roi prête l’oreille au cri des pauvres. Que Dieu nous
préserve du châtiment et de la honte qui attendent ces coupables ! C’est
pourquoi l’Écriture dit :
« J’entendrai, j’entendrai
encore une fois ses cris. » (3). J’entendrai d’abord pour soulager la
souffrance des pauvres, et j’entendrai ensuite pour châtier les riches qui en
sont la [fin page 40] cause. Aussi, à l’époque
où sévit la famine dans le monde, il convient de dire : Malheur aux riches !
Car Dieu entendra les cris des pauvres. Remarquez que le sacrifice exigé du
pauvre est réduit à un minimum, parce qu’il a déjà le cœur brisé ; et,
bien qu’il ait eu l’intention de pécher, Dieu la lui pardonne en raison de ses
prières et des peines des membres de sa maison. »
-------------------------------
(1) Lévit., 1,3. (2)
Ps 51,19, et 22,25.
(3) Exode, 22,22.
[fin page 41] [fin
page 42]
La Halakha, c’est déjà la
Kabbala. On ne découvre pas le monde de la Kabbala en refusant d’entrer dans le
monde de la Halakha. C’est au contraire en pénétrant dans les profondeurs du
monde de la Halakha que les fondements du monde de la Kabbala apparaissent.
Suivre jusqu’au bout la Halakha, c’est le plus sûr moyen d’arriver à la
Kabbala. Mais la Halakha n’est pas le but – le monde de la création et la participation
à la vie divine – : elle indique « la marche à suivre ». Les
rabbins anti-kabbalistes, ce sont les pasteurs qui refusent de voir le but et
qui se condamnent à marcher et à errer éternellement avec leurs troupeaux dans
les lieux arides. C’est-à-dire à produire des Halakhoth sans fin.
« Ils n’entreront pas
dans la terre d’Israël » où coulent le lait et le miel. Ils appartiennent
à la classe des esclaves attachés à l’arbre de la science du bien et du mal, et
dont le Zohar dit : « Ils ne se passeront jamais de la Loi qui
interdit et qui autorise, qui édicte ce qui est impur et ce qui est pur. La
Michna sera toujours valable pour eux, car ils ne goûteront jamais de l’arbre
de la vie. » (1).
Ils font partie du Erev
Rav, des Intrus, qui ne sont pas de véritables Israélites et qui sont
comparables à des bêtes. (2). Le Zohar déclare à leur sujet : « Le
jour où les âmes de ces hommes seront exterminées sera aussi solennel que le
jour où le Saint, béni soit-il, créa le ciel et la terre, ainsi qu’il est écrit :
« Au jour où Dieu créa la terre et le ciel. .. » À cette époque, le
Saint, béni soit-il, s’unira à la Chekhina et le monde sera renouvelé, ainsi qu’il
est écrit : « Car comme les cieux nouveaux et la terre nouvelle que
je vais créer subsisteront toujours devant moi, dit l’Éterne1. .. » (…)
Mais avant l’exter- [fin page 43] mination
de ces âmes qui se sont introduites parmi les Israélites, la pluie de la
doctrine ésotérique ne tombera pas sur Israël, et Israël qui est comparé aux
plantes et aux arbres ne poussera pas. » (3).
---------------------------------
(1) Zohar III,
125 a, R.M. (2)
Idem.
(3) Zohar 1, 25 b.
[fin page 44]
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