LE PENITENT BLANC : J’ai appris à pardonner
Chaque année, depuis la nuit des temps, la
Cunfraterna di San Teofalu organise les processions de la Semaine Sainte avec
l'aide du clergé. Et le rituel du chemin de croix, retraçant la Passion du
Christ, a une nouvelle fois été respecté. Loin des clichés spectacles que l'on
peut avoir quant à la sincérité du rituel, il s'agit bien d'un moment de foi
intense. D'un acte volontaire de contrition, d'une forte demande de pardon et
le pénitent blanc garde longtemps les stigmates de la croix de 53 kg, portée à
travers les rues et ruelles de la cité...
Cet acte volontaire débute quelques semaines, voire
quelques mois avant le Vendredi saint en posant sa candidature auprès du
premier prieur, seul à connaître l'identité du futur porte-croix,
obligatoirement membre de la Cunfraterna. Celui-ci attribue un numéro à chacun
avant un tirage au sort effectué lors de l'assemblée générale de la confrérie.
Il n'est pas facile de rencontrer l'un de ceux qui ont
porté cette lourde croix. Mais l'un des nombreux pénitents blancs a bien voulu
raconter son calvaire, expliqué pourquoi il avait besoin de demander pardon au
Seigneur !
« J'avais perdu la foi, raconte-t-il. Je
n'avais pas accepté le décès de certains de mes proches... » Et
progressivement, il va entamer un long travail de reconstruction de sa foi,
aidé en cela par l'abbé Polge, « que je rencontrais au moins une fois par
semaine. Durant cette période aussi, mon père s'éteignait, et je ne pensais pas
être assez fort pour l'accompagner vers son ultime voyage. J'ai eu besoin de
l'abbé Polge qui m'a soutenu, m'a donné la force d'avancer ».
Après le décès de son père, il décide donc de rencontrer
le premier prieur et de poser sa candidature pour porter la croix du Vendredi
saint. « Et le numéro 2 est tiré au sort. Je savais que de là-haut, mon père
m'aiderait, car son décès était en fait une punition à mes péchés. Il fallait
absolument un acte fort de contrition pour expier le mal que j'avais fait »,
poursuit-il.
« J'avais honte »
Une semaine avant le grand rendez-vous du pardon, le
pénitent blanc va se retrouver avec l'abbé Polge chaque jour pour prier, se
préparer à vivre son calvaire dans la dignité, dans la foi retrouvée.
Et lorsqu'il place la croix sur son épaule en ce Vendredi
saint de 2007, que ses pieds nus foulent les premiers galets de la place de
l'église, il comprend que la route jusqu'à l'absolution va être longue et
difficile. « J'ai particulièrement souffert dans la descente des quattru chjassi,
tandis que les clous posés sur la croix m'écorchaient le crâne. Je n'osais pas
lever les yeux, de peur de croiser un regard familier, mais j'avais surtout
honte. Non pas de porter la croix, mais de mes fautes, de mes péchés. Alors
tout le long du parcours, je m'en suis remis au Seigneur et à la Vierge, en
récitant le Notre Père et le Je vous salue Marie. En haut des
Lubbiacce, mes jambes ont commencé à vaciller. Elles ne me tenaient plus. J'ai
trouvé la force de poursuivre en implorant mon père et mon frère qui veillaient
sur moi et m'ont permis de retrouver un second souffle. Arrivé sur la place
Paoli, je me suis senti étouffé par la foule dense, massée autour de moi.
Lorsque je suis tombé pour la première fois, j'ai vraiment eu besoin de respirer,
de reprendre mes esprits. C'est là que j'ai vu le visage du Seigneur et je l'ai
supplié de me donner le courage d'aller jusqu'au bout. Il s'est vraiment passé
quelque chose car j'ai retrouvé mes forces pour rejoindre le parvis de l'église
de l'Annonciation... », a raconté le pénitent blanc, avouant que depuis, il
a appris à pardonner..
Source : Corsematin.com 8 mai 2011
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