juillet 23, 2017

Théodore Abu Qurrah évêque de Harran: Mahomet n'était pas envoyé par Dieu




Théodore Abu Qurrah évêque de Harran: Mahomet n'était pas envoyé par Dieu
Recueil  grec de paroles de Théodore Abu Qurrah évêque de Harran
 par le Diacre Jean

C'est une habitude des Sarrasins hypocrites, lorsqu'ils rencontrent un chrétien, de ne pas le saluer [1], mais de dire, de but en blanc : "Chrétien ! Témoigne que Dieu est unique et imparticipable, et qu'il a Muhammad pour serviteur et pour envoyé" [2].
Un de ces hypocrites ayant rejoint le bienheureux évêque alors qu'il redescendait de Jérusalem, au lieu de recevoir la salutation de l'évêque lui dit immédiatement : "Chrétien, témoigne que Dieu est un et sans associé, et que Muhammad est son serviteur et son messager".
Théodore répondit : "Cela ne te suffit-il pas d'être condamné pour un faux témoignage, il faut encore que tu entraînes les autres à faire de même ?"
Le Sarrasin : Je ne fais pas de faux témoignage !
Théodore : Etais-tu présent lorsque Dieu a envoyé Muhammad ?
Le Sarrasin : Non, mais j'en témoigne parce que mon père en témoignait.
Théodore : Si ce qui est dit par les parents aux enfants était toujours la vérité, alors tout le monde, que ce soit les samaritains, les juifs, les scythes, les chrétiens et ceux qui suivent la religion païenne des anciens grecs auraient la vraie foi, car chacun d'entre eux aura appris à témoigner de sa foi comme ses parents. Et alors ! En quoi ta religion sera-t-elle différente si tout ce que tu fais est de "croire comme ton père" ? Avec un tel raisonnement, les païens qui vivent comme des bêtes verront aussi leurs croyances justifiées.
Le Sarrasin : Comme tu m'as mis dans l'embarras, dis-moi : Est-ce que vraiment tu ne témoignes pas en fonction de ce qui t'a été enseigné par ton père ?
Théodore : Si, bien sûr ! Mais ce que mon père m'a enseigné, et ce que le tien t'a enseigné sont deux choses bien différentes !
Le Sarrasin : Que veux-tu dire par là ?
Théodore : Mon père m'a appris à n'accueillir quelqu'un comme Envoyé uniquement s'il a été annoncé par un prophète antérieur ou si par des miracles il démontre qu'il est digne de foi. Ton Muhammad, lui n'a ni l'une, ni l'autre de ces caractéristiques. Aucun prophète des temps anciens ne l'a annoncé comme prophète, et lui-même n'a pas confirmé la foi en lui par des miracles.
Le Sarrasin : Au contraire ! le Christ a écrit dans l'Evangile : "Je vous enverrai un prophète dont le nom est Muhammad". [3]
Théodore : L'Evangile n'en fait aucune mention.
Le Sarrasin : Cela y était, mais vous l'avez supprimé. [4]
Théodore : Si quelqu'un, demandant l'exécution d'une dette, présente devant le juge un reçu signé de la main du débiteur, dans lequel il n'y a rien qui corresponde à ce qu'il réclame, qu'est-ce que le juge va décider que le plaignant doit recevoir ?
Le Sarrasin : Rien.
Théodore : Par conséquent, vous n'avez rien dans l'Evangile
Le Sarrasin : Même si je n'ai rien dans l'Evangile, d'après les miracles que Muhammad a accomplis, il est un prophète digne de foi.
Théodore : Quel miracle a-t-il accompli ?
Le Sarrasin, raconta alors de fausses histoires[5], puis ne pouvant rien dire de vrai, se tut.
 Notes :
Cette anecdote fait partie du recueil du Diacre Jean. C'est donc précisément lui qui parle de "sarrasins hypocrites", comme nous disons "fanatiques". Texte grec : traité 19, PG 97, col 1544. Je me suis aussi basé sur la traduction américaine de Lamoreaux.

1. Ce qui est de la plus grande grossièreté. Mais, comme me l'a expliqué un musulman - lui-même quelque peu fanatique - rencontré il y a quelques années : "Pour la salutation usuelle "As Salaam Aleiqoum" (La paix soit avec toi), l'arabe emploie le terme "Salam" (= la Paix) qui, dans l'islam, est aussi un des 99 noms de Dieu. S'adresser à un interlocuteur en lui disant "As Salaam Aleiqoum" peut donc être considéré comme signifiant précisément "Dieu est avec toi", et une telle parole ne peut être dite qu'à un musulman !" CQFD.

2. On notera que la phrase proposée, compte tenu que l'anecdote nous a été transmise en grec, correspond pour le fond à la confession de foi musulmane (la Shahada): "Il n'y a d'autre dieu qu'Allah, et Muhammad est son envoyé". La phrase est cependant "adaptée" à un chrétien, à qui l'islam reproche précisément "d'associer" le Christ à Dieu. Si donc le chrétien prononce ces mots, il sera alors considéré comme s'étant converti à l'islam. Et si par la suite il manifeste qu'il n'est pas musulman, il pourra être considéré comme un apostat et à ce titre susceptible d'être mis à mort.

3. "Le Christ a écrit dans l'Evangile…" : cette affirmation touche un point fondamental de l'islam : sa prétention à être dans la continuité de la révélation biblique. (Voir par exemple, Coran 7.155, 156)
Dans le cas présent, le "sarrasin" fait allusion à une "prophétie" placée dans la bouche de Jésus par le coran (61.6) : Enfants d'Israël, je suis l'apôtre de Dieu (...) et je vous annonce la bonne nouvelle qu'un apôtre vient après moi et son nom sera Ahmad. Toutefois il n'existe aucune trace d'une telle "prophétie"dans la Bible, et son origine sous le calame de Muhammad reste obscure.
On peut bien sûr faire un rapprochement avec les passages de l'évangile de Jean où il est question de l'envoi du saint Esprit, le "Paraclet" (παράκλητος = Celui qu'on appelle à son aide, avocat, défenseur, consolateur) (Jn 15.23-27) ; ce que fit, au VIIIe siècle, Ibn-Ishaq ; suivi à la fin du XIIe siècle par Al-Razi.  Cependant un tel rapprochement porte à faux dans la mesure où le nom de "Ahmad" ne se trouve pas dans l'Evangile, et que "Ahmad" ne correspond en aucun cas à "Parakletos".

4. Puisque le "sarrasin" ne peut produire de copie de l'Evangile contenant cette prophétie, il ne lui reste qu'à affirmer qu'elle a été enlevée par les chrétiens. Affirmation gratuite et sans fondement qui ne saurait avoir force de preuve : aucun manuscrit ou fragment, pas plus que la moindre citation ancienne ne vient soutenir cette assertion .

5. Si le Coran attribue de nombreux miracles à Jésus, dont certains proviennent en droite ligne de ces "contes de Noël" que furent les évangiles apocryphes de l'enfance ; par contre concernant Muhammad, non seulement le Coran ne rapporte aucun miracle, mais exclut même qu'il en ait accompli. En fait, l'unique miracle censé attester de la mission divine de Muhammad est, selon le Coran, le Coran lui-même (Coran 29.46-51). De fait, le terme "aïah" (pluriel : "aïat") qui désigne les "versets" du Coran signifie proprement "signe", "miracle".
Cependant cette frugalité dans le merveilleux dut paraître un peu austère aux premières générations de musulmans, de sorte que le hadith regorge de miracles en tous genres (multiplication de nourriture, guérisons miraculeuses, animaux et arbres témoignant en faveur de Muhammad…). C'est probablement à l'un ou l'autre de ces "miracles" que la fin du dialogue fait allusion.

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