octobre 09, 2018

THEOCAFE 2018-2019 Pour une définition de la Gnose : distinction des « gnoses au nom trompeur » et spiritualité du vrai Gnostique illuminé par la Grâce – la question de la Sagesse dont parle Paul

Introduction

La Gnose religieuse ce terme lui-même pose le problème d’une connaissance.
La Con-Naissance c’est donc une naissance avec …

Déjà cela suppose, dès lors que ce te termes est entendu comme s’agissant dans le cas présent de la Gnose chrétienne, que cette quête constitue une naissance avec Dieu, si l’on peut ainsi le dire, en fait pour le chrétien il s’agit de faire l’expérience de La Présence.
Cette expérience de La Présence nécessite infiniment d’humilité, d’ouverture à la Grâce, de Charité, et dans ces conditions, cette « Gnose Chrétienne » s’oppose à tout système qui serait le fruit d’une science, de déductions ou d’affirmations humaines, en ce qu’alors l’être prétendrait par ses propres moyens parvenir à cette connaissance, cette dernière approche sera qualifiée de (gnose païenne).

En effet, force est de constater que face à l’Eglise Indivise qui déclare à la suite de St Vincent de Lérins, est catholique (au sens universel de la Foi) ce qui a été cru partout, depuis toujours et en tous lieux, disposant d’un Magistère, l’Eglise propose des voies spirituelles précises en vue de tenter de parvenir à cette Communion à Dieu. La Gnose que nous qualifions de païenne, refuse les bases de l’Eglise et, par voie de conséquence, ce terme de « Gnose » sera choisi pour qualifier de « gnostique » tout ce qui sera défini comme hérétique.

Alors que l’attribution du terme Gnose ou Gnostique, dans l’histoire de l’Eglise Primitive s’adresse uniquement aux Hérétiques, on ne peut à l’école de Saint Paul dire qu’il n’est pas une autre Gnose, elle, chrétienne quand il déclare : « Pourtant, c'est bien une sagesse que nous enseignons aux chrétiens adultes, sagesse qui n'est pas de ce monde ni des princes de ce monde, voués à la destruction. Nous enseignons la sagesse de Dieu, mystérieuse et demeurée cachée, que Dieu, avant les siècles, avait d'avance destinée à notre gloire. » (I Cor. II, 6, 7)

Jacques MENARD pose parfaitement les origines de la Gnose en expliquant que les deux éléments de base des structures gnostiques sont 1° la connaissance de soi, 2° l’anti-cosmisme : le monde est profondément mauvais et l’homme s’avère prisonnier de la matière (1). Ainsi, selon ces systèmes que je qualifierai de païens, le déclaré Gnostique se sent étranger au monde, angoissé, il s’interroge sur l’existence, face à ce monde mauvais dont il est prisonnier et qui ne vient pas de Dieu.

Clément d’Alexandrie au sujet de la Gnose déclare évoquant le baptême : « Ce n’est d’ailleurs pas le bain seul qui est libérateur, mais c’est aussi la gnose. Qui étions-nous ? Que sommes-nous devenus ? Où étions-nous ? Où avons-nous été jetés ? Vers quel but nous hâtons-nous ? D’où sommes-nous rachetés ? Qu’est-ce que la génération ? Et la régénération ? » (2)

Clément récapitule les interrogations et les angoisses du Gnostique païen, qui est ou s’est éloigné de la Révélation Chrétienne, qui cherche un salut par une connaissance humaine parce que non unie à Dieu.

Il conviendra de remarquer le double langage de Clément qui d’une part pose la gnose païenne comme incapable de répondre aux interrogations de l’homme et cette autre Gnose accessible à partir du baptême qui elle est libératrice, cette liberté et cette gloire promise aux enfants de Dieu (Rom. VIII, 21)

Dès lors que l’on se penche sur les exposés d’Irénée de Lyon (3), que l’on examine la pensée de ceux qui sont déclarés « Gnostiques » dans l’Histoire de l’Eglise des premiers siècles, comment ne pas considérer que ces « Gnostiques » sont légitimement, - au regard de la Tradition de l’Eglise – des hérétiques ?

En effet, il est chez le gnostique païen, un enfermement sur lui-même en ce que refusant ou méconnaissant le Salut opéré par La Résurrection de NS J+C, il entend se sauver par une connaissance acquise selon ses seuls moyens.
L’exemple le plus typique de cet orgueil se trouve chez SIMON LE MAGE qui souhaite acheter à Pierre le pouvoir d’imposer les mains en vue de la réception de l’Esprit Saint (Actes, VIII, 9-21)

Une première remarque : alors que ce que font les Apôtres est le résultat d’une permission opérée par la Pentecôte Johannique (Jean XX, 19-23), et fruit de la Grâce, le « gnostique païen » prétend acquérir par ses connaissances ou par d’autres voies, des « pouvoirs », illusions liées à un orgueil qui fera dire au Maître : «écartez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité » (Mat. VII, 22-24)

- Les gnostiques païens ne croient pas dans le Dieu Trine, ils élaborent un système avec des archontes, un plérôme, un démiurge, des sortes de cieux successifs, le monde n’est pas créé bon. Sa voie est individuelle.
- le Chrétien croit au Dieu Trine Père, Fils et Saint Esprit, le monde fut créé bon, mais l’homme refusa la vie intemporelle que Dieu lui offrait, il n’agit pas pour lui-même mais pour et avec l’ensemble de la Création, c’est le principe de la Communion des Saints.

Ce qui différencie le Gnostique païen du Chrétien, c’est pour le Chrétien :

- La reconnaissance de l’œuvre des six jours,
- La Création vient de Dieu tout comme l’homme et cela est bon
- Le fait que Dieu est Amour
- La Communion des Saints
- La Chute originelle comme seule cause de la désunion à Dieu
- Le Salut opéré par NS J+C
- Le Devoir de l’homme de sauver la Création

>>> Nous examinerons lors de notre prochaine rencontre ce que signifient les termes présentement avancés, quant à la voie Chrétienne basée sur l’humilité et la charité et s’oppose à l’orgueil

- l’humilité conduit à la Prière et à la Charité
- la Prière intérieure et l’ascétisme
- le retrait du monde pour agir pour le monde
- la présence dans le monde pour affirmer sa prétendue connaissance
- cette prétendue connaissance ne peut-elle conduire au doute ?
- La Foi est l’Acte de Connaissance

Jean-Pierre BONNEROT

Notes
1 Revue de Science religieuse, tome 42, fascicule 1, pages 24-38
2 Clément d’Alexandrie Extraits de Theodote, SC N° 23, § 78, page 203
3 Irénée de Lyon : Contre les hérésies – Dénonciation et réfutation de la gnose au nom trompeur. Paris, Le Cerf Ed,
4 A propos de l’intériorité et la Prière, on lira déjà l’introduction d’Olivier CLEMENT à la Philocalie des Pères Neptiques, tome A (A1) Abbaye Bellefontaine, pages 7 à 33.
Une biblio provisoire fut adressée, il conviendra de s’y reporter.