mai 08, 2011

LE PENITENT BLANC : J’ai appris à pardonner


LE PENITENT BLANC : J’ai appris à pardonner

Chaque année, depuis la nuit des temps, la Cunfraterna di San Teofalu organise les processions de la Semaine Sainte avec l'aide du clergé. Et le rituel du chemin de croix, retraçant la Passion du Christ, a une nouvelle fois été respecté. Loin des clichés spectacles que l'on peut avoir quant à la sincérité du rituel, il s'agit bien d'un moment de foi intense. D'un acte volontaire de contrition, d'une forte demande de pardon et le pénitent blanc garde longtemps les stigmates de la croix de 53 kg, portée à travers les rues et ruelles de la cité...
Cet acte volontaire débute quelques semaines, voire quelques mois avant le Vendredi saint en posant sa candidature auprès du premier prieur, seul à connaître l'identité du futur porte-croix, obligatoirement membre de la Cunfraterna. Celui-ci attribue un numéro à chacun avant un tirage au sort effectué lors de l'assemblée générale de la confrérie.
Il n'est pas facile de rencontrer l'un de ceux qui ont porté cette lourde croix. Mais l'un des nombreux pénitents blancs a bien voulu raconter son calvaire, expliqué pourquoi il avait besoin de demander pardon au Seigneur !
« J'avais perdu la foi, raconte-t-il. Je n'avais pas accepté le décès de certains de mes proches... » Et progressivement, il va entamer un long travail de reconstruction de sa foi, aidé en cela par l'abbé Polge, « que je rencontrais au moins une fois par semaine. Durant cette période aussi, mon père s'éteignait, et je ne pensais pas être assez fort pour l'accompagner vers son ultime voyage. J'ai eu besoin de l'abbé Polge qui m'a soutenu, m'a donné la force d'avancer ».
Après le décès de son père, il décide donc de rencontrer le premier prieur et de poser sa candidature pour porter la croix du Vendredi saint. « Et le numéro 2 est tiré au sort. Je savais que de là-haut, mon père m'aiderait, car son décès était en fait une punition à mes péchés. Il fallait absolument un acte fort de contrition pour expier le mal que j'avais fait », poursuit-il.
« J'avais honte »
Une semaine avant le grand rendez-vous du pardon, le pénitent blanc va se retrouver avec l'abbé Polge chaque jour pour prier, se préparer à vivre son calvaire dans la dignité, dans la foi retrouvée.
Et lorsqu'il place la croix sur son épaule en ce Vendredi saint de 2007, que ses pieds nus foulent les premiers galets de la place de l'église, il comprend que la route jusqu'à l'absolution va être longue et difficile. « J'ai particulièrement souffert dans la descente des quattru chjassi, tandis que les clous posés sur la croix m'écorchaient le crâne. Je n'osais pas lever les yeux, de peur de croiser un regard familier, mais j'avais surtout honte. Non pas de porter la croix, mais de mes fautes, de mes péchés. Alors tout le long du parcours, je m'en suis remis au Seigneur et à la Vierge, en récitant le Notre Père et le Je vous salue Marie. En haut des Lubbiacce, mes jambes ont commencé à vaciller. Elles ne me tenaient plus. J'ai trouvé la force de poursuivre en implorant mon père et mon frère qui veillaient sur moi et m'ont permis de retrouver un second souffle. Arrivé sur la place Paoli, je me suis senti étouffé par la foule dense, massée autour de moi. Lorsque je suis tombé pour la première fois, j'ai vraiment eu besoin de respirer, de reprendre mes esprits. C'est là que j'ai vu le visage du Seigneur et je l'ai supplié de me donner le courage d'aller jusqu'au bout. Il s'est vraiment passé quelque chose car j'ai retrouvé mes forces pour rejoindre le parvis de l'église de l'Annonciation... », a raconté le pénitent blanc, avouant que depuis, il a appris à pardonner..
Source : Corsematin.com  8 mai 2011

Congrégation pour le Clergé III Dimanche de Pâques Année A



 Congrégation pour le Clergé
III Dimanche de Pâques
Année A





Le premier jour de la semaine, après la grande fête des Juifs, Jérusalem tente de reprendre son aspect de toujours ; les commerçants font le compte de leurs nombreux gains, les prêtres du Temple peuvent se dire plus que satisfaits – aussi parce qu’ils ont réussi à mettre à mort le « Galiléen » - et pour les disciples, comme en général pour tous ceux qui étaient « étrangers », il s’agit de revenir chez soi, à sa propre vie.
Après avoir tiré le rideau et éteint les lumières, non tant sur les célébrations solennelles de Jérusalem que sur cet homme dont tous espéraient « que ce serait lui qui libérerait Israël » (Lc 24.21), les deux disciples d'Emmaüs se retrouvent, chemin faisant, à parler avec « Jésus en personne » : « Pourtant leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître » (Lc 24.16) !
Mais pourquoi le Seigneur n'a-t-il pas dit tout de suite qui il était vraiment ? Au contraire, dans le dialogue que la liturgie nous propose aujourd'hui, on dirait presque que Jésus se donne du mal pour ne pas dévoiler son identité, d'abord en faisant semblant de ne pas savoir de quoi discutaient Cléophas et son camarade, ensuite en leur expliquant « dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (Lc 24.27), mais sans faire de lien direct à sa propre personne !
Enfin, « il fit semblant d’aller plus loin » (Lc 24,28) : Jésus ne veut pas se moquer de ses disciples, mais il cherche à éduquer leur cœur - et le nôtre - pour qu'il ne soit pas « lent » ! Le coeur en effet, lorsque nous nous trouvons en sa Présence, est agile, il « brûle » en écoutant sa parole, plein de reconnaissance parce que « ce n’est pas au prix de choses éphémères » que nous avons été libérés « mais avec le sang précieux du Christ », Lui qui est l'Agneau « sans défauts et sans tache » (Cfr. 1Pt 1,19).
Quelle délicatesse le Ressuscité emploie à notre égard ! Il ne nous oblige pas « à croire », mais il nous offre les instruments pour que nous puissions arriver à juger, sur la base de la mesure infaillible de notre coeur, si ce que saint Augustin a déclaré de façon extraordinaire au début des Confessions est bien vrai : « Mon coeur est inquiet, tant qu’il ne repose pas en Toi ».
Mais il y a encore un détail qui rappelle notre attention et qui suscite beaucoup de questions : pourquoi, à un moment donné, pendant que les disciples se trouvaient à table avec Jésus, leurs yeux s'ouvrent-ils et le reconnaissent-ils ? Le contexte eucharistique est indéniable : les disciples sont à table ; le Seigneur est avec eux ; on prend du pain ; on dit la prière de bénédiction ; on rompt cette nourriture. C’est à partir de ce dernier geste que les compagnons de Jésus le reconnaissent : non pas seulement pour l'action en soi, mais bien plutôt parce qu’enfin Cléophas et son ami purent poser le regard sur ces mains, percées par les clous de la passion : elles étaient probablement restées couvertes jusqu’à cet instant par l’ample vêtement que l’on utilisait pour les longs parcours !
Pourtant, c’est à l'instant où ils reconnaissent qu’ils sont en présence du Crucifié qu'Il « disparaît à leurs regards » - avec son corps glorifié - (cfr. 24,31), tandis que les yeux des disciples restent fixés sur ce pain rompu abandonné « sur l'autel ». Ne serait-ce pas la même expérience que chacun de nous peut faire à chaque célébration eucharistique ?
Et ainsi « ils partirent sans tarder » (Lc 24,33) : arriver à comprendre que la mort n'est pas le dernier mot sur la vie de chacun d’entre nous, parce qu'il n'est pas possible qu’elle « nous tienne en son pouvoir » (cfr. At 2,24), c’est le début d'une espérance tellement grande qu’elle rend notre joie irrésistible ; et autant le chemin de Jérusalem - par les routes de chacun de nous – avait semblé long et fatiguant, autant maintenant, il apparaissait à leurs yeux comme la condition privilégiée pour pouvoir dire à tout le monde : « C’est vrai ! le Seigneur est ressuscité » (Cfr. Lc 24,34).