I
Marc Bradfer interpelle l'Eglise sur la reconnaissance des
enfants de prêtres.
En 2004, Jean Paul II
l'a béni place Saint-Pierre. Mais depuis, le Vatican n'a pas bronché. À
Toulouse, Marc Bradfer vient d'écrire au pape Benoît XVI pour lui demander la
reconnaissance par l'Église des enfants de prêtres.
Son histoire
singulière, Marc Bradfer l'a contée dans un livre, « Fils de prêtre », paru
chez Elytis. Son père, Albert Bradfer, est décédé en 1970. Marc est alors âgé
de dix ans. Cinq plus tard, il apprend de la bouche de l'un de ses frères que
leur père était prêtre. Marc mettra des années à percer le silence qui entoure
le tabou familial.
Âgé de 50 ans, devenu
récemment brancardier au Centre anticancéreux Claudius Régaud de Toulouse, Marc
Bradfer continue d'écrire des livres et ne cesse d'interpeller le Vatican sur
le sujet : « J'attends une parole de reconnaissance, une parole de
bienveillance de la part de Benoît XVI ».
Cet été, le quotidien
italien La Stampa avait affirmé que la question des enfants de prêtres allait
être étudiée par le Vatican. Information démentie fermement le lendemain par le
porte-parole du pape. Est-ce-à-dire que le chapitre est clos ? Peut-être pas.
En Allemagne, où les enfants de prêtres seraient au nombre de 3000, une
association secoue le cocotier. L'Allemagne, c'est le pays d'origine du
cardinal Joseph Ratzinger, devenu Benoît XVI. « La crainte du pape est que
cette association puisse élever le problème au niveau politique », explique
Christian Terras, rédacteur de la revue Golias. Le Bundestag, le parlement
allemand, aurait été saisi, ainsi que la Cour constitutionnelle du pays. «
Benoît XVI est gêné que son église d'origine soit à la pointe de ce combat »,
ajoute Christian Terras.
La science, avec les
tests ADN, ajoute à l'embarras de l'Église. Aux États-Unis, les procès contre
les prêtres pédophiles ont ruiné la réputation et le tiroir-caisse des
diocèses, dont une quarantaine serait en faillite. Les enfants de prêtres
pourraient intenter des procès en reconnaissance de paternité, avec des tests
ADN pour preuve, et demander des dommages et intérêts à l'Église.
Selon Christian
Terras, 40 à 50 % des prêtres en fonction en Europe ne respecteraient pas la
règle du célibat. En Amérique latine, le pourcentage serait de 60 %. En
Afrique, ce serait 80 %. Ces chiffres sont difficiles à vérifier. Et les
confessions publiques des prêtres, rares. L'Église a toutefois de plus en plus
de mal à masquer une réalité. Mais Benoît XVI, qui consacre cette année
jubilaire au sacerdoce, n'en laisse rien paraître. Au contraire. Au mois
d'avril dernier, le Vatican a accordé de nouveaux pouvoirs disciplinaires à la
Congrégation pour le clergé afin de faciliter la réduction à l'état laïc de
prêtres vivant avec une femme. Auparavant, la procédure était plus longue.
Un pas en avant, deux
pas en arrière. Telle est la marche de l'Eglise sur le sujet.
Sa lettre à
Benoît XVI
Voici des extraits de
la lettre de Marc Bradfer à Benoît XVI :
« Très Saint-Père,
Ce mercredi 6 octobre
2004, sur l'esplanade de Saint-Pierre, je me trouvais face au Saint-Père
Jean-Paul II, une main posée sur la main de l'homme vénérable.
Je recevais sa
bénédiction en tant que « fils de prêtre », présenté ainsi par Monseigneur
Fortunato Baldelli, nonce apostolique à Paris - votre ambassadeur - qui
organisa et accompagna la réalisation de mon vœu.
Cette rencontre
singulière, je l'avais souhaitée peut-être depuis le jour, trente ans
auparavant, où la vérité déconcertante éclaira d'un jour nouveau l'origine de
ma famille.
J'ai souffert
longtemps, héritier de la douleur morale de mes parents… Que le silence des
pères qui n'ont pas reconnu ces enfants, que les silences d'un clergé qui feint
d'ignorer ou de sous-estimer, par le mépris ou la réprobation, des vies
marquées par la faute, que tous ces silences à l'œuvre dans l'Église trouvent
enfin le courage de la parole et la dignité de la vérité que ces fils et filles
méritent depuis leur naissance… Il y a un temps pour occulter et il y a un
temps pour reconnaître ».
II
ETRE OU NE PAS
ETRE ?
J’avoue être surpris par une telle supplique.
La question des prêtres pédophiles, évoquée dans la
présentation de la lettre critiquée est un autre sujet et d’une gravité
suffisante en ce qui la concerne pour permettre selon les dispositions de la
théologie morale et du droit canon – n’en déplaise à Rome peut-être -, la levée
du secret de la confession qui n’est pas contrairement à ce que l’on croit un
secret absolu, cela fera l’objet d’un essai proposé sur le site.
Le Demandeur dans la supplique souffre-t-il d’exister et
aurait-il préféré ne pas venir au monde ? Le paradis terrestre n’est plus
notre lieu actuel de vie depuis la chute adamique, et chacun à un degré divers
comme Job, connaît des insatisfactions qui le conduisent à s’interroger peut-être sur l’Amour de Dieu.
« Hériter de la douleur morale de [ses] parents »,
a-t-il réfléchi à la question posée par les disciples quant aux rasions pour
lesquelles un homme était né aveugle ? Et NSJ+C leur répond « c’est
afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. » (Jean, IX, 4)
Notre dignité est méritée (pour reprendre les termes choisis
en cette lettre) par notre Vocation, en
l’occurrence selon ce qui est attendu de nous, il convient que selon ce que
nous avons reçu, nous restituions les talents accordés sans les enfouir en
terre, c’est-à-dire sans nous révolter.
L’homme ne peut pas être juge de Dieu en ce que la sagesse
humaine ne peut approcher la Sagesse de Dieu sauf très partiellement et encore
par la voie d’une spiritualité qui serait associée à la pratique constante de
ce que nous enseignent les Evangiles.
Dans l’inconnaissance, il échet de ne pas se révolter.
JPB
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