novembre 12, 2011

«Lumière sur la succession apostolique des Catholiques"


Un article certaine ment rédigé par un Internaute de confession Protestante, pose un certain nombre de questions, selon le lien :
 


Il serait certes aisé de répondre à chacun des points soumis, je me contenterai présentement de ne le faire que relativement à l’hésitation posée sur la continuité « physique » de la chaîne apostolique reliant les évêques aux Apôtres.
 
Il peut être très certain que la chaîne s’est trouvée rompue ou même annulée, pour défaut dans le sacrement de l’Ordre de la ferme intention de « faire ce que fait l’Eglise », condition posée à la validité par opposition à la licéité dans l’administration des sacrements.
 
Quand bien même cela aurait pu être, l’Eglise étant bâtie sur la Foi de Pierre comme le souligne Origène, mais aussi et surtout étant soutenue par l’Esprit Saint, le principe d’équité ou Epikie veut que La Grâce supplée aux manquements de l’homme.
 
Le mystère de la Grâce est totalement étranger à la pensée Protestante qui privilégie le principe d’une justification, retirant donc à l’homme le moyen de Réparer, suppléer, par les prières, les bonnes actions comme nous y encourage Pierre en sa 2° Epître qui va d’ailleurs bien au-delà puisque l’œuvre de l’homme peut hâter l’avènement du Jour de Dieu.
 
Tenter d’entrer dans les mystères de La Grâce, suppose que préalablement nous ayons une conscience du Spirituel, au moins dans ce que constituent ou peut constituer la Prière, mais aussi les Sacrements.

JPB


 Le sujet devenant  théologique, je me permets de le placer ct élément suer ce blog, initialement posté sur « Droit canonique et équité. »


 2 commentaires:
 Boby a dit… Il serait suhaitable que JPB soit résolu dans son appréciation de l’article. Qu’il corrige les erreurs s’il y a lieu ; et surtout qu’il dise le passage de la Bible qui fonde « Le mystère de la Grâce » dont il parle.
Que JPB soit résolu et nous situe sans nous laisser dans l’ambigüité, car en Révélation (Apocalypse) 3:15-16 Jésus dit : «‘Je connais tes actions [et je sais] que tu n’es ni froid ni bouillant. Je voudrais que tu sois froid ou bouillant. 16 Ainsi, parce que tu es tiède et ni bouillant ni froid, je vais te vomir de ma bouche.» Qu’il éclaire. Merci



Bonjour,

Le Mystère de la Grâce est permanent dans la Bible ; il convient de prendre une Concordance et les références sont données sur au moins 4 colonnes, en prenant la Concordance la plus utilisée celle établie d’après les versions SEGOND et SYNODALE.
Il serait possible de disserter sue le Mystère de la Grâce, mais alors cela concernera le blog THEOLOGIE ET QUESTIONS DISPUTEES.
Relativement au sens à donner à ce que signifie la tiédeur, par rapport au froid et au chaud, là encore c’est un sujet plus théologique que canonique, donc concernant l’autre blog. Sans entrer dans le sujet qui concerne donc l’autre blog, le tiède pourrait bien être celui qui se suffit de son confort de tiède en refusant consciemment la Grâce, par distinction de celui qui ayant froid accepte la « chaleur » (si j’ose dire) de la Grâce, et celui qui a chaud est déjà dans la Grâce.
En fait, ces questions concernent plutôt la théologie dogmatique, biblique quant à l’exégèse, spirituelle quant à la réflexion sur la Grâce et ses manifestations.
JPB



novembre 05, 2011

A PROPOS DE L’IDEE DE JUDEO-CHRSITIANISME


Peut-on parler de Judéo-Christianisme puisque la Nouvelle Alliance annule l'Ancienne, et que le Judaïsme ne reconnaît pas Jésus+ Christ comme le Messie annoncé par les prophètes, et encore moins qu'Il soit Le Dieu incarné.


JPB

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Samedi 5 novembre » Dernière mise à jour : 22h01

Le rabbin David Rosen et le dialogue judéo-chrétien

Guillaume de Thieulloy , le 4 novembre 2011

 En marge de l’actualité du dialogue interreligieux, un lecteur, que je remercie vivement, m’a envoyé le lien vers le texte anglais d’une conférence du rabbin David Rosen, tenue au cours d’un colloque organisé par la communauté San’t Egidio à Munich, en septembre dernier. Le rabbin Rosen estl’ancien grand rabbin d’Irlande et, actuellement, directeur des relations interreligieuses de l’American Jewish Association.

Voici le passage qui est, à mon sens, le plus important de son intervention:

En plus de l’approfondissement de ce processus, nous faisons face à deux tâches importantes. La plus laborieuse, mais peut-être la plus essentielle, est de traduire cette transformation [la transformation des relations entre juifs et chrétiens depuis Vatican II] plus largement vers les fidèles, et parfois même vers certains pasteurs et membres de la hiérarchie qui pensent encore, et même enseignent et prêchent encore, dans le cadre de l’ancien «enseignement du mépris », ou tout au moins dans son ombre. En effet, au regard de notre histoire, cette transformation est très nouvelle et nous avons près de deux millénaires d’endoctrinement négatif à surmonter. En dehors de la simple ignorance, la théologie de la substitution est encore assez répandue et, souvent, d’autres facteurs extérieurs, tels que le conflit au Moyen-Orient, sont utilisés pour éviter ou prévenir l’intégration effective de la nouvelle compréhension théologique dans les esprits et les cœurs des fidèles chrétiens à travers le monde. Par ailleurs, comme le Pape Benoît XVI et les autres prélats et de théologiens éminents l’ont noté, les implications théologiques de Nostra Aetate n’ont pas encore été pleinement approfondies.
Cela m’amène au deuxième défi, qui consiste à développer une théologie sérieuse de partenariat entre les chrétiens et les juifs et une compréhension de la complémentarité de l’autre. Les efforts en ce sens ont déjà commencé. Ils ont permis de voir le judaïsme et le christianisme dans des rôles mutuellement complémentaires dans lequel le judaïsme met l’accent sur le caractère collectif de l’alliance avec Dieu et le christianisme met l’accent sur la relation individuelle avec Dieu [...]. D’autres ont vu la relation de complémentarité dans le rappel que le Royaume des Cieux n’a pas encore complètement arrivé, et qu’il est pourtant, dans le même temps, déjà ancré dans « l’ici et maintenant ». Une autre vision de la complémentarité mutuelle dépeint le judaïsme comme une mise en garde constante, à l’égard du christianisme, contre les dangers du triomphalisme, alors que le caractère universaliste du christianisme peut jouer un rôle essentiel pour mettre en garde le judaïsme contre la dégénérescence dans l’isolationnisme insulaire.

Je suis frappé, dans ce discours, à la fois par l’extraordinaire amabilité de l’auteur vis-à-vis du christianisme, mais aussi par le caractère extraordinairement périlleux de sa thèse.

Inutile de développer l’aspect amabilité. Chacun peut constater que le rabbin Rosen, contrairement à beaucoup d’organisations revendicatives, apprécie un certain nombre de qualités du christianisme, à commencer par son universalisme (mais aussi, un certain nombre de valeurs morales partagées, comme on peut le lire ailleurs dans son intervention).

Malheureusement, il est douteux que le christianisme puisse saisir cette « main tendue »: on voit mal comment il serait possible de laisser à Israël la relation communautaire à Dieu, quand l’Eglise prétend être le Corps mystique du Christ, quand l’Eglise prêche la communion des saints, et donc quand l’Eglise affirme que notre relation à Dieu est à la fois individuelle et communautaire. Un tel partage « rigoureux » des tâches est impossible. Au demeurant, je doute que les juifs apprécient de nous abandonner la relation personnelle avec Dieu. A moins de dire que toute mystique est impossible dans le judaïsme talmudique, ce qui me semblerait bizarre de la part d’un rabbin.

Mais, surtout, tout se passe comme si le dialogue judéo-chrétien exigeait, pour le rabbin Rosen, l’abandon de larges pans de la théologie catholique. L’auteur parle même, sans ambages, de »près de deux millénaires ». Si je calcule bien, cela remet en cause au moins toute la théologie catholique depuis les Pères de l’Eglise inclus, et peut-être même le Nouveau Testament. C’est tout de même nous demander beaucoup que d’abandonner tout cela pour être admis à la table du dialogue. Au reste, ce dialogue risquerait fort de n’être qu’un monologue, si la partie juive avait la faculté de dire ce qui lui convient ou non dans l’enseignement catholique, tandis que la partie catholique aurait défense d’en dire autant pour le Talmud (le rabbin Rosen n’en demande pas tant, mais je me vois mal déclarer comment interpréter tel ou tel passage du Talmud, pour le rendre « inoffensif » aux oreilles catholiques).

Sur un cas concret, l’auteur montre les limites de ce dialogue: il nous explique que Nostra Aetate exclut la « théologie de la substitution ». Si je comprends bien, il veut dire que Nostra Aetate exclut de croire que l’Eglise est le « nouvel Israël ». J’ignore sur quel passage du texte il se fonde pour croire cela. Mais je suis sûr d’une chose, c’est qu’il serait absolument impossible à un concile de dire le contraire de saint Paul sur une question centrale de notre foi. Je ne vois pas ce qu’il y a d’insultant pour l’Israël selon la chair de dire que l’Eglise est le nouvel Israël, avec son peuple élu, son sacerdoce, son sacrifice, son messie, son temple… Et, en toute hypothèse, nous ne pouvons pas renoncer à notre prétention d’être le nouvel Israël, le nouveau peuple élu. Faute de quoi il nous faudrait dire que le Christ est mort pour rien, ce qui serait un peu problématique du point de vue de la foi catholique. Qu’un juif pense effectivement que Jésus de Nazareth est mort pour rien, et même qu’il est mort pour avoir commis le crime de blasphémer, je peux le comprendre. Qu’un chrétien en dise autant me semble incompréhensible. Et que l’on nous explique que le croire et le professer est la condition sine qua non du dialogue judéo-chrétien est, en réalité, une sévère condamnation dudit dialogue…

novembre 04, 2011

Des cadavres en procès …


"C'était le silence subit qui avait alerté la fillette, un calme inhabituel : ordinairement, la journée du cabaretier commençait par un pas lourd dans l'escalier, accompagné de grognements et de jurons divers, puis elle entendait en bas l'ouverture (grinçante) de la porte qui donnait sur la rue et une conversation que son père engageait avec un client matinal ou avec un passant; juste avant le passage du rémouleur qui allait s'installer un peu plus loin et qui appelait le chaland.

Mais ce jour-là, 2 juin 1751, il n'y avait rien eu de tel. Aucun bruit dans toute la maison. Dehors, l'homme était passé, poussant sa petite charrette et l'enfant, blottie dans son lit au rez-de-chaussée, avait eu l'impression qu'elle était seule au logis. La ville de Marle était éveillée depuis longtemps et il semblait qu'Hilaire Marcotte, le patron de La Fleur-de-Lys, fût encore endormi : ou parti Dieu sait où.
Au bout d'un long moment passé à s'interroger, la fillette se leva et monta jusqu'à la chambre de son père. La pièce était vide. Est-ce qu'il l'avait abandonnée ? Comme sa mère qui avait quitté le domicile conjugal, quelques mois plus tôt, pour aller rejoindre un homme, à Paris ? Effrayée par cette situation inhabituelle, la fille d'Hilaire sortit et alerta une voisine, une rude commère qui l'avait prise en affection et qui fit le tour de la maison, à la recherche du cabaretier. Elles le découvrirent bientôt dans la cave, ivre mort, assis sur le sol humide, le dos contre un tonneau, ronflant comme un sonneur.

"Dieu nous garde ! gronda la voisine. Ton père est là, petite. Allez, père Marcotte. Il est grand jour. L'ouvrage n'attend pas..."

Et à force de le houspiller, elle parvint à le réveiller. Elle l'aida aussi à se redresser. En grognant, Hilaire Marcotte réussit à monter l'escalier de la cave. Après s'être copieusement aspergé d'eau, il alla ouvrir à un marchand de vin, venu de Laon pour le ravitailler, avec lequel il se querella violemment, quelques instants plus tard, avant de prendre ses tonneaux. Les gens du quartier qui étaient venus aux nouvelles et qui avaient réussi à s'interposer et à le calmer se dispersèrent : il faut dire que, depuis le départ de sa femme, Hilaire Marcotte avait multiplié les esclandres, donnant le reste du temps l'image d'un homme désemparé, accablé par le destin; il passait des heures entières sur le seuil de sa porte, maussade, le regard vide, négligeant parfois même de servir ses clients. Ce jour-là, pourtant, il parut prendre le dessus : on l'entendit rire à gorge déployée et plusieurs personnes le virent manger de bon appétit.

Pourtant, au début de la soirée, quand on entendit la fillette crier, on comprit qu'il était arrivé quelque chose chez le cabaretier. Elle sortit bientôt en courant de la maison et elle dit, entre deux sanglots, qu'elle venait de trouver son père pendu.

"Il n'est peut-être pas trop tard", dit quelqu'un.

-Il est là-haut, dit la petite, en se cachant le visage dans ses mains.

On se précipita, mais on constata vite qu'Hilaire Marcotte était mort. Son corps était froid et raide; il avait installé une chaise sur la table de sa chambre : monté sur cet édifice improvisé, il avait accroché une corde à un chevron du plafond, passant l'autre bout autour de son cou et il avait repoussé la chaise. On le trouva ainsi, suspendu et il fallut attendre les gens de justice, puis deux chirurgiens qui ne purent que constater la mort par strangulation et qui conclurent à un suicide. On pourrait penser que la simplicité de la procédure serait en harmonie avec celle de ce fait dramatique, mais il n'en était rien. Une telle mort, considérée à l'époque comme particulièrement ignominieuse (puisque l'individu disposait abusivement de son corps qui était un don de Dieu) requérait une procédure spécifique instituée par une ordonnance royale de 1670 : quand ce genre de décès avait été judiciairement (et médicalement) constaté, on choisissait un curateur, c'est-à-dire un représentant du mort, dans sa famille ou on en nommait un d'office si ses proches se désistaient et on instruisait contre lui. L'homme ou la femme qui avait ainsi déserté le combat de la vie, péchant gravement contre Dieu et contre ses semblables devait être jugé et sévèrement châtié. Il ne devenait objet de pitié que s'il avait perdu la raison et s'il s'avérait qu'il avait agi sous l'empire d'une maladie dûment répertoriée ou d'une véritable crise de folie. Dans un tout autre cas, même celui d'une passion violente ou d'un désespoir absolu, il devait subir la vindicte sociale post mortem et son nom serait déshonoré à jamais.

Une enquête minutieuse allait donc être entreprise sur Hilaire Marcotte, le cabaretier, pour qu'on détermine avec exactitude s'il était coupable de suicide, le crime des crimes, ou si on pouvait l'absoudre pour une forme quelconque de déraison. La constatation de la mort ayant été effectuée et le corps d'Hilaire ayant été saisi,
"nous lui avons fait appliquer notre cachet ordinaire, n'en ayant pour lors d'autre, sur le front, en cire noire", précise le procès-verbal. C'est ainsi que le cadavre du pauvre cabaretier, portant toujours la corde au cou, le front marqué du cachet noir, fut emporté sur une civière par le geôlier de la ville et un jeune homme (garçon boucher) requis d'office, puis placé "dans l'endroit qui sert de cachot pour la plus grande seureté et que nous avons fait fermer et laissé à la garde de Painvain geolier" qui dut noter sa réception sur le registre de la prison. De son côté, le lieutenant général prit un arrêté officiel selon lequel "ledit cadavre tiendra la prison jusqu'à ce qu'il en soit ordonné autrement" et signa un ordre de citation de dix témoins "à l'encontre du cadavre qui s'étoit homycidé lui-même." Tout cela s'appuyant sur le constat de décès des chirurgiens rédigé en ces termes :

"Après avoir exactement visité le corps, nous avons recognue que la cause de la mort ne luy a esté causé que par laditte corde que nous luy avons veu et trouvé au colle qu'il l'a fait mourir, ce que nous afirmon véritable..."

Maintenant, il fallait trouver un curateur, quelqu'un qui acceptât de se substituer au mort, d'assister à toutes les phases du procès et de défendre sa mémoire. Comme tous les membres de la famille d'Hilaire Marcotte refusaient d'assumer cette tâche, on nomma curateur un certain Charpentier, manouvrier à Marle, qui fréquentait assidument le cabaret de La Fleur de Lys. Auparavant, il avait été établi, au terme de l'enquête minutieuse menée par le lieutenant général auprès des nombreux témoins, que le cabaretier n'était, au moment où se déroulèrent les faits, ni malade ni en proie à la déraison, mais que depuis le départ de sa femme, notoirement infidèle, il était d'humeur mélancolique, qu'il avait le
"vin mauvais" et qu'il s'était résolu, sans doute, à mettre fin à ses jours par désespoir, profitant d'un moment d'absence de sa fille, au cours de cette fameuse journée du 2 juin.

Charpentier fut donc assigné comme demandeur et curateur
"pour répondre par sa bouche sur tous les faits sur lesquels il sera interrogé, pour ensuite le tout être communiqué au procureur du roi pour par lui donner telles conclusions qu'il avisera." La difficulté, c'est que ce fidèle client de Marcotte, malgré sa bonne volonté, n'apprend rien de nouveau à ceux qui le questionnent : il n'avait jamais reçu les confidences du cabaretier et ce qu'il savait de sa vie sentimentale n'allait guère au-delà des bruits qui couraient la ville de Marle au sujet de ses infortunes conjugales. L'ensemble de ses dépositions confirme donc les témoignages déjà recueillis par le lieutenant général et nourrit beaucoup plus le processus accusatoire que la cause de la défense. Le lecteur de cette fin du II ème millénaire, convaincu d'entrée de l'inanité d'un tel procès, pensera peut-être que cette loufoquerie ahurissante est plus sotte que méchante et que le principal intéressé étant mort, toutes ces gesticulations judiciaires se révélaient, somme toute, inoffensives, voire insignifiantes; c'est faire bon marché de la réputation de la personne qui était décédée et du déshonneur qui s'attachait à une famille et c'est oublier aussi que le corps du suicidé était généralement traîné sur une claie à travers toute la cité, mis ensuite au pilori ou exposé sur des fourches patibulaires, avant d'être jeté dans la fosse commune. Il y a un acharnement des autorités judiciaires, sur l'homme (ou la femme) qui a osé se donner la mort, proprement insupportable.

Mais la nature ne perdant jamais ses droits, dès le 4 juin, Hilaire Marcotte se rappelle au bon souvenir de ses compatriotes marlois d'une manière assez désagréable : on apprend que des signes de décomposition apparaissent déjà sur son corps et que si l'enquête se poursuit à ce rythme, la situation va bientôt devenir intenable. Le soir de cette même journée, le procureur du roi doit présenter une réquisition
"afin de faire saler le cadavre de Marcotte par les chirurgiens qui l'ont déjà vu et visité, pour pouvoir en empêcher la corruption jusqu'à la fin de la procédure qu'on est obligé de faire contre lui, laquelle corruption ne se pouvoit autrement empêcher."
Et de son côté, le lieutenant général signe une autorisation officielle pour les chirurgiens qui devront
"procéder à l'ouverture dudit corps de Marcotte et à la salaison dudit cadavre."

Sinistre tâche, on le conçoit, même pour des hommes habitués à un labeur qui répugne aux natures sensibles; mais on ne disposait d'aucun autre moyen de conservation, à l'époque, surtout en période estivale. Les chirurgiens sont convoqués par le lieutenant général pour prêter serment avant d'accomplir leur mission et ils en rendent compte ainsi :

"Certifion nous estre expret transporté en la prison roialle de cette ville de Marle pour faire l'ouverture du cadavre par nous visité et indiqué en nostre rapport du 2 juin présent mois, et après l'avoir revisité et examiné tant intérieurement qu'extérieurement dans toutes les parties de son corps, nous n'avons trouvé aultres causes de mort que celle dont nous avons énoncé et marqué dans nostre premier rapor en datte du 2 juin et pour éviter une plus grande corruption que celle qui étoit pour lor, nous avons été de luy faire de grandes excarifications dans toutes les parties de son corps, tant interne qu'externe, et cela pour éviter plus grande corruption et l'avon sallé au moïen de quatre pots de cel qu'y nous esttait délivré, ce que nous ateston et affirmon véritable..."

On sait aussi que la dépense en sel fut de six livres et onze sols pour la salaison du corps. Mais la poursuite de l'action judiciaire allait-elle s'effectuer dans de bonnes conditions, pour autant ? La procédure était longue : il fallait à nouveau entendre les témoins pour qu'une ordonnance attestant de la vérité des faits fût établie. Ensuite, le procès-verbal et le texte des dépositions devaient être soumis au curateur, avant que les témoins puissent être confrontés avec ce dernier. Il pourrait, en cette occasion, s'exprimer librement et commenter les déclarations des uns et des autres, voire les réfuter. Le lieutenant général doit donc, une fois encore, édicter une ordonnance pour que les témoins soient convoqués et confrontés au sieur Charpentier (le curateur) qui déclare solennellement, après cette confrontation, que tout ce qu'il a entendu correspond, sans restriction, à la réalité des faits. Cette prise de position est essentielle, car elle clôt, en principe, le processus judiciaire, plus rien ne s'opposant désormais à ce que l'on apporte une conclusion définitive à cette affaire.

L'ennui, c'est que toutes ces nouvelles péripéties juridiques ont pris une bonne semaine et qu'en dépit de la salaison opérée par les chirurgiens, le corps du défunt Marcotte a commencé à se décomposer : la puanteur qui se dégage du cadavre est si violente qu'elle n'incommode pas seulement le geôlier et les autres prisonniers, mais aussi les habitants des maisons toutes proches et l'on craint même qu'une épidémie de peste ne se déclare dans la ville de Marle."

"On consulte fébrilement les articles de loi qui traitent de la question et l'on s'aperçoit qu'on peut fort bien régler cet épineux problème, puisque la présence du cadavre n'est reconnue indispensable que pour "constater le délit", ce qui répond à la plus élémentaire logique (arrêts du 2 décembre 1737 et du 31 janvier 1749).

-"Marcotte peut donc être enterré au plus vite ?" demande au procureur du roi le lieutenant général, mis au courant de l'inquiétude des Marlois.

-Comme vous y allez ! lui rétorque finement le procureur. Nous souhaitons tous que la paix revienne dans les coeurs et dans les âmes des habitants de cette cité...

-... et que la peste nous épargne, l'interrompt le lieutenant général.

-Sans doute, remarque son interlocuteur sur un ton irrité, mais l'enterrer où, ce cadavre ? Une inhumation chrétienne est hors de question, vous vous en doutez et le dépôt dans la fosse commune n'est pas plus concevable, puisque cette mesure n'intervient que lorsque le jugement de condamnation est rendu. Hilaire Marcotte s'est homicidé lui-même : nous n'avons aucun doute à ce sujet : il doit donc être exclu de la communauté des vivants et des morts tous chrétiens, mais il nous faut le juger et (vraisemblablement) le condamner avant de l'enterrer.

-Vous avez (hélas!) raison, remarque le lieutenant, l'air morne

-Attendez ! s'exclame le procureur, soudain presque allègre. Si nous respectons à la lettre la procédure, nous la rendons de facto impossible, compte tenu de l'état de décomposition presque avancé du cadavre de Marcotte...

-Mais alors ? interroge le lieutenant général, troublé par les interventions contradictoires du procureur.

-Alors vous n'avez pas lu assez attentivement les arrêts en question. Il est bien précisé que la sentence ne pourra être mise à exécution qu'une fois qu'elle aura été prononcée, factum primum, mais comme il faut beaucoup de temps avant que le jugement soit rendu, la loi ne saurait exiger que l'on conserve un cadavre qui
"tombe en pourriture", compte tenu de tous les dangers d'infection qu'il représente, surtout lorsque les éclaircissements suffisants à propos des circonstances de la mort sont présents.

-Cette occurrence est bien la nôtre, constate le lieutenant général, rasséréné.

-Précisément, mais...

Le procureur fit éclore à nouveau un sourire chargé du juridisme le plus subtil.

-... nous devons réquérir les chirurgiens; seul leur rapport établissant l'état précis du corps et les dangers que sa présence fait courir à la ville nous permettra de régler la question.

Les hommes de science revinrent à nouveau examiner le défunt Hilaire Marcotte et constatèrent que l'ex-cabaretier était dans un tel état qu'il fallait prendre une décision au plus vite.
"Il est certain qu'en le gardant plus longtemps, cela pourroit causer une peste dans la ville", écrivirent-ils. Ils durent aussi faire amende honorable quant à l'inefficacité de leur "art de salaison", mais leurs conclusions étaient nettes : il fallait enterrer Hilaire le plus tôt possible.

Le lieutenant général donna aussitôt des ordres pour que le cadavre fût inhumé en
"terre profane"; autrement dit, hors de l'enceinte de la ville, dans un lieu où reposaient les criminels et les suicidés et que l'on appelait les fosses des huguenots. Naturellement, les préparatifs autour de la prison ne passèrent pas inaperçus et il y eut, très vite, une foule assemblée à ses abords pour assister à ces obsèques qui n'en étaient pas. Comment les Marlois allaient-ils réagir à cette cérémonie funèbre à la fois tardive et précipitée ? Les hommes chargés de transporter le cadavre seraient-ils malmenés ? La justice risquait-elle d'être bafouée ? Par prudence, on fait venir de Montcornet deux cavaliers de la maréchaussée chargés d'escorter le convoi. L'assistance est nombreuse et attentive, mais aucune violence n'est perpétrée. L'inhumation d'Hilaire Marcotte a lieu sans incident particulier.

Cette fois, l'affaire est-elle terminée ? Le jugement peut-il enfin être prononcé ? Pas encore : la procédure exige que le curateur, le manouvrier Charpentier, soit, pour la dernière fois, interrogé. Connaissait-il la raison exacte pour laquelle le cabaretier s'était tué ? Que pensait-il de la rumeur selon laquelle Marcotte aurait déjà essayé de se suicider auparavant ? Savait-il que le défunt avait acheté la corde fatale la veille de sa mort ? A tout cela le curateur répond qu'il sait ce que tout le monde sait, rien de plus.
"S'attend-il à justice ?", lui demande-t-on. Il répond affirmativement, ce qui signifie qu'il accepte la condamnation du cabaretier; mais que pouvait-il faire d'autre ?

Le procureur du roi, après un bref rappel des faits, requiert alors pour Sa Majesté
"que la mémoire d'Hilaire Marcotte, convaincu de s'être homicidé soi-même, s'étant pendu et étranglé, soit condamnée à perpétuité pour réparation de son crime; que les biens dont il jouissait le jour de sa mort, situés en pays de confiscation, soient acquis et confisqués à qui il appartiendra; sur quoy sera prise une somme de cent cinquante livres d'amende; pour la condamnation de ladite mémoire sera dressée une potence sur la place de la ville pour, par l'exécuteur de la haute justice, y attacher ladite sentence, laquelle auparavant sera lue à la porte des prisons royales de la ville de Marle, à la porte de la demeure du suicidé et sur ladite place; après quoi ladite sentence sera attachée à ladite potence pour y rester pendant vingt-quatre heures."

La condamnation est prononcée le 21 juin 1751; conformément à la tradition, le curateur fit appel devant le parlement, mais celui-ci l'annula le 20 août de la même année et le jugement fut exécuté dans toute sa rigueur.


Ce type de procédure qui nous semble, pour le moins, abracadabrant aujourd'hui, se concevait à l'époque, car l'individu, en tant que tel, n'existait pas : il n'était qu'un élément d'un univers voulu et régi par Dieu; mais le plus étonnant fut qu'un procès identique eut lieu à Marle, trois décennies plus tard (en 1786), que le même président, un certain Sérurier, dirigea l'enquête et que son développement fut aussi long et aussi minutieux que le précédent, même si l'issue en fut différente.

Sans entrer dans des détails qui seraient fastidieux et répétitifs, il est intéressant de connaître les faits, car cette action judiciaire fut l'une des dernières de ce genre, sinon la dernière, en France.

Tout commence au mois de juin, une fois encore, le 8 très précisément, de l'année 1786; ce jour-là, on retrouve un dénommé Duclos, valet de charrue, pendu dans la chambre de son habitation. On prévient les gens de justice qui se rendent sur les lieux, la mort "violente et volontaire" est constatée, le procureur du roi ordonne que le cadavre soit transporté dans la prison de Marle et des chirurgiens sont requis pour examiner le corps. Ils ne peuvent que se rendre à l'évidence. Duclos s'est suicidé (homicidé); l'état de son cou et de son visage ne laisse subsister aucun doute à ce sujet. Il convient maintenant de déterminer les causes de son acte : a-t-il agi volontairement, en toute lucidité, ou sous l'empire de la déraison ?

On interroge le plus grand nombre de personnes possible et chacun convient que le pauvre homme était d'ordinaire sain de corps et d'esprit, mais que depuis quelque temps il souffrait d'une fièvre qui avait pu l'entraîner dans un acte de folie. D'ailleurs, certains affirmaient l'avoir vu se plonger dans l'eau, couvert de sueur, alors que la température était plutôt fraîche. On le voyait ensuite retourner chez lui, avec des vêtements trempés, comme si de rien n'était. Il fallait qu'il souffrît d'une forte maladie pour agir de la sorte.

Un autre élément intervient dans l'enquête : outre les témoignages précités, on apprend que le défunt nourrissait un tendre sentiment pour une jeune fille du voisinage et que cet attachement n'était pas partagé; il n'en fallait pas davantage pour accentuer la déraison du personnage. D'ailleurs, sa mère elle-même en était à ce point consciente qu'elle faisait dire des messes à l'église de Marle pour qu'il retrouve la raison et elle avait accompli un pélerinage à Liesse dans le même but. Un témoin affirma aussi que Duclos lui avait confié qu'il se sentait dévoré par un
"feu ardent" et que c'était pour cette raison qu'il allait se plonger dans l'eau de la rivière, par tous les temps.

Une fois encore, pendant que l'enquête se poursuit et traîne en longueur, malgré la simplicité apparente des faits, le cadavre de Duclos entre en décomposition et les chirurgiens taillent sur lui de profondes incisions dans lesquelles ils introduisent le sel
"afin de remettre ce cadavre, autant qu'il serait possible, dans son premier état", précisent-ils.

On pourrait penser que les difficultés rencontrées lors de la première affaire, dans la même ville de surcroît, auraient permis de ne pas retomber dans les mêmes erreurs : il n'en était rien : la procédure est tout aussi longue que précédemment et comme le curateur, qui est un membre de la famille du mort, demande et obtient un supplément d'instruction, le cadavre du pauvre Duclos en décomposition empoisonne la prison et ses alentours et on doit, de nuit, l'emporter loin de sa geôle et l'enterrer
"en terre profane, jusqu'à ce qu'il en ait été autrement ordonné."

Au tribunal, le curateur fait d'abord un long plaidoyer dans lequel il s'emploie à prouver que son parent défunt était en état de démence au moment des faits.

Ainsi, raconte-t-il, un jour, le susdit Duclos ayant pris un remède qui avait des effets instantanés (et peu ragoûtants), il crut bon d'aller se jeter dans la rivière pour se laver, alors qu'il faisait grand froid. Trempé au sortir de l'eau, il traversa toute la ville de Marle, vêtu de sa seule chemise et sans l'assistance de quelques Marlois compréhensifs, il aurait eu des démêlés avec la force publique. Une autre fois, alors qu'il assiste à la grand'messe, il se dresse subitement, quitte sa place, traverse toute l'église et avant de franchir la porte, il se retourne pour lancer à voix haute : "Au revoir, tertous !"

Tout cela était destiné à montrer que Duclos était sujet à des accès de démence et qu'il n'avait pas son libre arbitre au moment où il s'était donné la mort; mais le curateur ne s'en tient pas là : il rédige un autre mémoire dans lequel il s'efforce de prouver que le suicide n'est pas aussi évident qu'il y paraît. Après tout, déclare-t-il, le défunt s'était peut-être fait des ennemis et ils avaient pu le tuer en disposant les choses de telle manière que l'on pût croire à un suicide. Chacun savait, en ville, que les portes de sa maison fermaient mal; il suffisait de se glisser chez lui, la nuit et de l'étrangler pendant son sommeil...

Cette fois, le curateur faisait manifestement du zèle et jouait les avocassiers; mais la cause était entendue : la démence de son parent paraissait ne faire aucun doute et le procureur émit un avis favorable pour le retour de sa dépouille au sein de sa famille et pour son inhumation en terre chrétienne avec les prières de l'Eglise.

Le 10 juillet 1786, la procédure s'achevait par un jugement qui n'entachait pas la mémoire de Duclos et ne faisait rejaillir aucun déshonneur sur sa famille. Ce fut la dernière, ou l'une des dernières affaires de ce genre en France. Par la suite, les procès aux cadavres n'existèrent plus et le suicide fut à mettre au compte de l'individu et de lui seul; toutes les accusations portées contre des tiers, peu ou prou responsables d'une telle mort, étant désormais du ressort de la morale personnelle."

Extraits de La Picardie insolite, tome 2, par Claude Sellier (Lorisse, le livre d'histoire, 2000)



octobre 08, 2011

Benoît XVI, le Grand Pape confirme une fois de plus ses frères dans la Foi


Assise III: ni syncrétisme, ni relativisme

5 octobre 2011 Source : http://www.riposte-catholique.fr/

Le site américain Rorate caeli a publié un passage d’une lettre de Benoît XVI à son ami, Peter Beyerhaus, professeur luthérien allemand. Le sens général de cette lettre avait été publié voici plusieurs mois (dans un résumé de Beyerhaus lui-même), mais ceci est un passage exact de la lettre du Pape (datée du 4 mars dernier):

 « Je comprends très bien votre préoccupation concernant ma participation à la rencontre d’Assise. Cependant, cette commémoration devait de toute façon être célébrée et, tout bien considéré, il m’a semblé que la meilleure chose serait pour moi d’y aller personnellement, afin d’en déterminer le sens. Je vais néanmoins tout faire pour qu’une interprétation syncrétiste ou relativiste de l’événement soit impossible et pour que ce qui reste, soit ce que j’ai toujours cru et confessé – et sur quoi j’ai appelé l’attention de l’Eglise dans la déclaration «Dominus Iesus».

 Je précise que ma traduction n’est pas littérale. Et que la version anglaise, que j’ai utilisée, n’est pas la version originale. Mais le sens, en tout cas, me semble fondamental: le Pape insiste pour prohiber toute interprétation syncrétiste et relativiste et pour lire Assise III dans la lumière de « Dominus Jesus ». Attendons de voir ce qui sortira finalement de l’événement, mais cette mise au point est une bonne nouvelle.

Source et texte tel que reproduit : http://www.riposte-catholique.fr/

octobre 05, 2011

Sami Aldeeb : “Le Coran a été écrit par un rabbin”


Sami Awad Aldeeb Abu-Sahlieh est chrétien d’origine palestinienne, de nationalité suisse, licencié et docteur en droit (Fribourg), diplômé en sciences politiques (Genève), habilité à diriger des recherches (Bordeaux), professeur des universités (CNU France, sections 1 et 15), responsable du droit arabe et musulman à l’Institut suisse de droit comparé (1980-2009), directeur du Centre de droit arabe et musulman, professeur invité aux universités d’Aix-en-Provence, Cergy-Pontoise, Grenoble, Palerme, Trente et Lugano. Auteur de nombreux ouvrages et articles sur le droit arabe et musulman, dont une traduction du Coran par ordre chronologique en français (et prochainement en italien et en anglais), et une traduction arabe de la constitution suisse pour la Confédération.

Rome en est-il venu à élever des statues aux idoles ?


Selon le journal LA CROIX  en sa version Internet du 4 octobre,


« A Lyon, la statue de Jean-Paul II sème la concorde

La bénédiction de la statue du pape polonais, dressée sur la colline de Fourvière, devrait rassembler mercredi 5 octobre les communautés religieuses et civiles rencontrées lors du voyage du pape à Lyon, en 1986. »

L’installation d’une telle statue - de surcroît sur la colline de Fourvière -, est de nature à surprendre le Chrétien. Je croyais pour ma part sauf erreur, que la Capitale Chrétienne des Gaules s’était placée sous la protection de la TS Vierge Marie.

Un homme, fut-il Pape de Rome, peut-il recevoir une telle « consécration » sans provoquer (hors l’aspect politique qui peut conduire à l’unanimité mais les Conciles furent toujours très précis, en déclarant que l’Eglise n’a pas à s’occuper du politique mais du spirituel), sans provoquer donc un grave risque de confusion dans l’appréciation des valeurs qui distinguent les quelques statues ainsi érigées  dans le monde - toutes sauf erreur  -en l’honneur de Jésus+ Christ, avec d’autres attachées à des hommes, fussent-ils l’idole des jeunes ou idolâtrés.

L’histoire retiendra sans nul doute que cet évêque de Rome dut l’ami des jeunes, mais le théologien que retiendra-t-il de ce pontificat ?

Selon les Kabbalistes, comme le souligne mon ami Emmanuel  LEVYNE,  « le peuple de l’Ancienne Alliance » (si j‘ose m’exprimer ainsi), est toujours sous la dépendance du péché du veau d’or jusqu’à la venue du Messie :


(texte malheureusement incomplet)

N’est-il pas à  craindre  qu’une telle statue placée  en vue plongeante  sans doute, sur  le lieu des Martyres de la grande persécution, en cette ville qui recevait si tôt le Christianisme prêché depuis Marseille au fil du Rhône jusqu’à la capital e des Gaules, devienne peu ou prou, consciemment ou non, un nouveau Veau d’or ?

Jean-Pierre BONNEROT

octobre 01, 2011

A propos du colloque de l’AED : Le christianisme aura-t-il encore sa place en Europe ?


Le programme tel que livré plus bas, répond-il à la question posée ? Quel regret de constater que les problèmes posés par un Islam tentant d’islamiser toute l’Europe se trouvent absents des débats : politesse et crainte des dhimmîs, ignorance des faits, inconscience de l’importance des risques encourus pour notre civilisation Chrétienne ? Tout cela sans doute, et dès lors que les analyses ne portent pas sur le ou les points fondamentaux liés à la question posée, un tel colloque d’avère inutile sa forme, et dangereux dans son fond puisqu’il tend à apaiser les esprits en ignorant les vraies raisons qui pourraient être à l’origine de la question posée.

Jean-Pierre BONNEROT

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Colloque de l’AED : Le christianisme aura-t-il encore sa place en Europe ?  Le 26 septembre 2011

 « Cette question mérite, nous semble-t-il, d’être posée, au vu des incidents qui se multiplient à l’encontre de l’Eglise et de la foi chrétienne en Europe, et de manière plus générale, contre la liberté religieuse, la liberté de conscience et la liberté d’expression. Sont concernés notamment le monde médical, l’éducation, les médias, le bouleversement de la scène religieuse de nos pays, et la question même de la visibilité de la culture chrétienne qui a pourtant façonné notre continent« .

 Marc Fromager, directeur national de l’Aide à l’Église en Détresse

 Mercredi 9 novembre 2011, espace Charenton (Paris 12°)

 Programme:

9h : Accueil et introduction

 Marc Fromager, directeur de l’AED

 9h30 – 10h : « Malheur à moi si je n’annonce l’Evangile (1 Co 9,16) »

 Mgr Alain Castet, évêque de Luçon

 10h – 10h30 : « L’héritage chrétien de l’Europe : enjeux anthropologiques »

 Gérard Leclerc, journaliste, philosophe

10h30 – 11h : pause

11h – 11h30 : « Les discriminations contre les chrétiens en Europe occidentale »

 Gudrun Kugler, directrice de l’Observatoire de l’intolérance et de la Discrimination contre les Chrétiens

 11h30 – 12h : « Regards de l’Eglise orthodoxe russe sur la liberté religieuse en Europe occidentale »

 Père Alexandre Siniakov, recteur du séminaire orthodoxe russe de Paris

12h- 12h45 : Questions/réponses avec la salle

14h30 – 15h : « Une Europe sans Dieu ? »

 Chantal Delsol, philosophe

 15h – 15h30h : « Le Cyborg ou l’homme augmenté, nouvelle frontière de la bioéthique ? »

 Tugdual Derville,  délégué général de l’Alliance pour les Droits de la Vie

15h30 – 16h15 : Table ronde : « Christianophobie : peut-on vraiment en parler en Europe occidentale ? »

 Participants : Alexandre Del Valle, journaliste et géopolitologue, Gérard Leclerc, Grégor Puppinck

 Modérateur : Marc Fromager

 16h45 – 17h15 : « L’objection de conscience : ultime arme des chrétiens ? »

 François de Lacoste Laraymondie, vice-président de l’Association pour la Fondation de Service Politique

 17h15 – 17h45 : « Des droits de l’Homme contre les religions ? »

 Gregor Puppinck, directeur de l’European Center for Law and Justice

17h45 – 18h30 : Questions/réponses avec la salle

 Conclusion

septembre 25, 2011

LE PROCES DE FALAISE 1386


RENTREE SOLENNELLE DE LA CONFERENCE DU STAGE ET

DU BARREAU DE PARIS

4 DECEMBRE 2009

THEATRE DU CHATELET

***

DISCOURS DE LOUISE TORT

DEUXIEME SECRETAIRE DE LA CONFERENCE

Un procès important a beaucoup plus

d’influence sur la vie d’un peuple que

1.000 billevesées mathématiques et

100.000 discours sur les prix d’Académie.

VOLTAIRE



Monsieur le Bâtonnier,

Mesdames et Messieurs,

Chers Confrères,

Tout va bien.

Tout va bien.

Rien ne sert de s’inquiéter, elle est là, juste de l’autre côté.

2

Traversez la Seine en sortant du Châtelet, et vous la verrez : Sereine, elle sait prendre

le temps et la peine de se concentrer sur l’essentiel, de s’intéresser à ce qu’il y a de

plus important, pour vous, pour nous, pour nos enfants.

Entrez dans une salle d’audience, et vous l’entendrez : Rassurante, elle sait chaque

fois trouver les mots pour soigner même les pires des maux.

Elle sait quand il le faut, se donner les moyens d’arriver à ses fins.

Attendez le délibéré et vous l’admirerez : Indépendante, elle sait que l’exemplarité de

l’impunité ne saurait être tolérée, et que bien entendu, les coupables sont toujours

parmi les prévenus.

Oui tout va bien, car elle est là, elle nous protège, la belle, la grande, l’immaculée

Justice de FRANCE.

Celle qui nous éblouit chaque jour de ses lumières, et qui sait bien comment, pour

panser nos plaies, nous devons traiter les barbares de notre temps.

Alors, en ces temps troublés, profitons de ce jour de rentrée, de commémoration du

passé, pour célébrer ensemble notre grand destin, et nous rappeler que ce grand

dessein était engagé il y a bien longtemps déjà.

Ainsi, en 1386, se dressait non loin d’ici, dans le bassin de Normandie, une Cité

puissante et convoitée, dont la justice punissait déjà les barbares du moment, et

parvenait ainsi à protéger et à rassurer les pauvres gens.

FALAISE, Capitale du HOULME, régnant tant sur les francs que les Normands,

réunit alors pas moins de 336 paroisses.

Elle est dirigée, depuis 6 ans déjà, par le Vicomte REGNAULT RIGAULT,

représentant du Duc de Normandie, et du Roi de France,

Un Vicomte qui, chargé d’exercer la justice sur la roture et le tiers état, permit à cette

Cité de s’illustrer aussi par un grand procès.

Tout commence alors que s’écoulent les premières heures de cette nouvelle année.

FALAISE, endormie, respire le calme et la sérénité.

Les festivités de la veille, présidées par le vicomte REGNAULT RIGAULT en

personne, se sont merveilleusement déroulées, et dans le silence de la nuit noire, on

peut encore entendre résonner les rires et les chants des enfants ;

Mais quand la brume vient chasser l’obscurité et commence à entourer les épais

remparts de la ville, quand les premiers rayons de l’année viennent se poser sur les

murs de l’Eglise de la Trinité, le silence est presque parfait.

3

Lorsque soudain, un cri, effroyable, un hurlement venu du tréfonds des enfers,

transperce la ville endormie et glace chaque esprit.

Rue des Capucins, Marie de MEAUX, à genoux dans un recoin de la métairie, tremble

de tout son être, ses mots semblent incohérents.

Elle pleure, elle crie, elle prie, elle mendie, elle maudit :

- « Du sang, du sang ! Mon enfant ! Aidez moi ! Monstres !

Mon Dieu, qu’avez vous fait ? »

Marie tient dans ses mains le corps sans vie de l’enfant qu’elle avait tant désiré,

qu’elle avait si durement mis au monde seulement trois mois auparavant, et dont les

grands yeux si éveillés avaient généré tellement de fierté.

Maculée du sang de sa chair, elle tient tout contre elle son corps désarticulé ;

Pour ne pas le voir, mutilé, le bras presqu’intégralement arraché, retenu seulement

par quelques lambeaux de chair ensanglantée,

Pour ne pas le voir, défiguré, l’oeil, entièrement exorbité, la joue, déchiquetée.

Son fils adoré, qui venait à peine d’avoir un nom, n’avait plus de visage.

Alors Marie ne comprend pas pourquoi, elle ne comprend pas comment, il peut se

trouver là, meurtri, froid, dans ses bras.

Et comme si son coeur avait pu le lui dire, contre le sien elle le serre, encore, encore,

plus fort.

Petit à petit, comprenant d’où proviennent ces grands cris qui confinent à la folie, la

foule s’est progressivement attroupée autour de la demeure endeuillée.

Elle sait désormais pourquoi Marie, si discrète et si polie, ne peut ce matin retenir ses

hurlements de désespoir.

Face à l’horreur, à la douleur,

Face à l’enfant massacré, à ses parents anéantis,

la foule se joint, la foule s’incline, la foule s’inquiète.

En ce 1er janvier 1386, sous le choc de l’impensable, de l’innommable,

FALAISE tremble,

FALAISE n’est plus qu’une immense rumeur

FALAISE a peur.

Jean, le père de l’enfant, décide de raisonner :

Il va donc s’armer.

4

Maçon, il s’empare de tous les outils en sa possession, pour dénicher et terrasser de

ses mains l’infâme, le monstre qui a osé s’en prendre aussi sauvagement à son

nourrisson.

Il fait le tour de son établi, arpente chaque recoin de la métairie, fouille chaque pièce

de sa petite maison ;

Mais rien.

Alors, comme lui, les hommes décident eux aussi de raisonner :

Ils vont donc s’armer.

Lames, pelles, pieux, torches, arcs, lances, masses ; les chiens sont lâchés sur la piste

de l’infâme, la battue est lancée dans toute la Cité.

Chacune de ses ruelles creusées est arpentée, chacune de ses maisons de châtaigner

est fouillée, chaque porte dérobée est enfoncée.

Et très rapidement, le coupable, ce monstre, cette bête, est débusqué.

Il ne fut en effet pas besoin d'aller bien loin :

C’est le voisin de Jean qui l'a trouvé vautré près de la porte de son grenier.

Encore couvert du sang frais de sa pauvre petite victime, celui que toute la ville

recherchait s’était simplement assoupi là, se reposant tranquillement de son forfait.

Aidé de la foule ameutée par ses cris, le voisin de Jean le roue de coups de poings, de

pieds, de masse, de bâton.

Avant même de se réveiller, le meurtrier est assommé, neutralisé, saucissonné.

Chacun découvre alors stupéfait, qu’il n’est autre que ce vagabond qu’on a pris

l’habitude de tolérer, et qu’on se souvient tous avoir croisé la veille ou l’avant-veille

dans les rues de la Cité.

La garde se saisit alors du nauséabond prisonnier, lui évitant ainsi d'être lynché par la

foule, qui l'accompagne d’un cortège d’insultes et de cris jusqu’au château, où il sera

mis aux arrêts.

Tandis que ses hommes prennent en charge le meurtrier conspué, Colin GISLIN, le

lieutenant général du Vicomte REGNAULT RIGAULT, dûment avisé et missionné,

s’emploie à rassurer la foule déchainée :

- « Falaisiens, gens de bien, voilà l’assassin !

L’assassin du pauvre petit infant de notre ami et frère Jean !

L’assassin, dont le corps, et même les dents, sont encore souillés de son sang

innocent!

5

Cet étranger, nommé Claudon selon les premiers éléments découverts par ma

garnison, sera, soyez-en certains, sévèrement puni et châtié pour son crime, au nom

de notre bien aimé Vicomte REGNAULT RIGAULT !

Ainsi, le bon Jean de MEAUX sera vengé, et une telle monstruosité, je vous le

promets, ne se reproduira jamais ! »

Sur ordre du Vicomte, le meurtrier nommé Claudon est immédiatement jeté au

cachot dans le Donjon du Château.

Dès lors, précisait la lettre de cachet du Duché :

« Le coupable sera traité comme il l’a mérité, sans pouvoir propager son

immoralité ; Et la procédure sera efficacement menée. »

L’affaire est confiée au Sieur Guillaume LE DIACRE, Promoteur des causes d’office

de la Vicomté ; seul et unique inquisiteur et enquêteur d’une Justice saine, sereine et

équitable, chargé de procéder, avec l’aide de ses gens et de ses substituts, à

l’instruction criminelle de la sordide affaire.

Mais, extrait de son cachot dès le lendemain des faits, Claudon lui, ne semble pas

disposé à favoriser la manifestation de la vérité.

Loin de s’expliquer et d’implorer le pardon lors de cette première comparution,

l’infâme ne daigne même pas écouter les questions.

Son regard vide et cruel reste fixe et droit, puis s’agite de manière insensée, mais dans

tous les cas, et c’est à désespérer, il ne répond pas.

Après une journée entière de questions sur les faits, aucun mot n’aura été prononcé

par ce maudit Claudon. Il sera donc décidé de lui appliquer la Question.

Car si sa culpabilité est d’ores et déjà avérée dans ce dossier, il a bien du sang sur les

dents, il manque encore aux Falaisiens une réponse qui seule pourrait leur apporter

la paix : Quand ?

Quand Claudon a-t-il mordu et dépecé sa victime ?

A quelle heure a-t-il osé dévorer la chair ce petit ?

Avant ou après minuit ?

Jeudi, ou Vendredi ?

Car si au-delà de l’atrocité de son crime, Claudon est allé jusqu’à violer la loi divine,

jusqu’à transgresser le commandement sacré, en osant consommer de la chair un

vendredi, sa peine doit en être lourdement aggravée !

6

C’est pourquoi, dans un cas, il sera étranglé et pendu, alors que dans l’autre, il sera

brûlé vif.

La réponse à cette question est ainsi absolument cruciale, et puisqu’il se refuse à

toute déclaration, la Question de Claudon, résolument indispensable.

Le lendemain, il sera donc Questionné, jusqu’à ce qu’il se décide enfin à parler.

Dès les premières heures de la matinée, Claudon est installé, solidement attaché,

pour être, un peu, écartelé.

Et là, mais qui pouvait en douter?

Face à la douleur de ses responsabilités, l’infâme, dont la veulerie était allée jusqu’à

s’en prendre à un nouveau né, s’est comporté comme ce que chacun savait déjà qu’il

était : un lâche ! Car, enfin, il a parlé.

A la question : « Claudon, vous avez dévoré l’enfant de Jean de MEAUX, le

reconnaissez-vous ? Bourreaux, faites avancer les chevaux! »

Il a crié.

A la question : « L’avez-vous, Claudon, dévoré avant minuit ? Bourreaux, faites

avancer les chevaux ! »

Il a crié.

« L’affaire est faite », s’exclame LE DIACRE, avant d’intimer à sa garde l’ordre de se

saisir du meurtrier pour le ramener au cachot.

Mais assoiffé de vérité absolue, Colin GISLIN, le lieutenant général du Vicomte,

intervient et exige que Claudon soit ramené à la question pour une ultime

interrogation, bien plus importante encore :

« L’avez-vous Claudon, dévoré après minuit ? Bourreaux, faites avancer les

chevaux ! »

Il a encore crié.

« Cette fois, l’affaire est faite », proclame Colin GISLIN.

« Il ne vous reste plus qu’à adresser le rapport de votre tabellion au Vicomte, dont je

sais qu’il s’impatiente déjà de juger ce scélérat. »

7

Chaque jour depuis le 1er janvier, le Vicomte REGNAULT RIGAULT reçoit en effet

Jean de Meaux et ses proches au Château.

Il leur assure quotidiennement qu’il rendra justice à leur malheureux enfant, dont il

se sent tout autant le parent. Il en va de son honneur et de son autorité.

Le Vicomte est donc immédiatement informé que l’enquête est terminée, et fixe lui

même le procès au 8 janvier sur la place de l’Eglise de la Trinité.

L’infâme Claudon y sera jugé publiquement par le Vicomte et les sages qu’il aura

désignés pour l’entourer.

Chacun est convié, tous les villageois et paysans doivent en être avisés.

Le moment est venu, pour qu’enfin, Justice soit rendue. Nous sommes le 8 janvier.

Rapidement, la salle d’audience, qui n’est autre que la place du Marché devant

l'Eglise, est pleine ; la Place de FALAISE déborde.

Et lorsque le Vicomte et sa Cour font leur entrée, ils sont littéralement acclamés :

« Pas de pitié ! Que Jean de MEAUX soit vengé ! » Crie l’assemblée.

Pour les apaiser, REGNAULT RIGAULT fait un geste de la main, permettant ainsi à

sa Cour de s’installer dignement, alors que progressivement, le silence se fait.

Sur sa droite, LE DIACRE, le promoteur des causes d’office, accompagné de ses

substituts et de ses gens, est déjà attablé, serein et décontracté.

A gauche mes Chers Confrères, mais plus bas, beaucoup plus bas, un homme, petit,

plutôt gras, un peu difforme, est assis derrière une petite table.

Et devant lui, une lourde chaîne a été scellée.

Subitement, la tension monte, des mouvements se font sentir devant le Château.

Des cris de haine s’élèvent de plus en plus fort, de plus en plus près, jusqu’à

enflammer tout entière la Place de la Trinité.

L’accusé est avancé.

Les Falaisiens cessent de crier, de parler, puis se mettent à chuchoter, et se taisent

enfin. Lorsque Claudon est enchaîné, le silence est complet.

Le Vicomte rappelle les termes de la prévention,

Les faits sont exposés, en commençant par le détail des atroces blessures de l’enfant

et le résumé des hypothèses qui peuvent être formulées.

8

Mais ce faisant, REGNAULT RIGAULT semble particulièrement indisposé, au point

d’hésiter plusieurs fois à s’arrêter.

Et lorsqu’il en vient au récit de l’interpellation, exaspéré, il s’interrompt, et se tourne

vers Claudon:

« C’est vous ? C’est vous qui empestez comme ca ? »

Là, le petit homme se lève,

Et les regards se détournent alors un instant de Claudon.

« Monsieur le Vicomte, Monseigneur, Votre Honneur,

Je dois à la vérité de dire qu’il est vrai que mon client sent extrêmement mauvais.

Mais si vous me le permettez, je souhaiterais simplement souligner,

En ma qualité de défenseur public du nommé Claudon,

Que ceci est moins lié à sa volonté, qu’à sa condition… »

« Dois-je comprendre que vous vous permettez de stigmatiser nos conditions de

détention ? Que la défense ose se plaindre de ce que nous lui faisons, alors que votre

client lui, n’a connu aucune pitié pour un pauvre nourrisson ! »

« Oh non, Monsieur le Vicomte, Monseigneur, Votre honneur,

Je souhaitais simplement, respectueusement attirer votre lumineuse attention sur le

fait qu’il est impossible à mon client de n’être point nauséabond, puisque c’est un

cochon... rien qu’un cochon. »

Reconnaissant à ce truisme une certaine pertinence, le Vicomte ordonne que, pour

couvrir l’empestation, l’accusé soit arrosé.

Puis il termine son exposé des faits, et donne la parole à LE DIACRE, sur les

déclarations faites par Claudon.

Il est alors longuement question du déroulement de la Question et ainsi, des aveux du

cochon.

Puis la Cour d’entendre les parents du petit Jean, venus dignement témoigner de la

douleur qui leur était infligée, et dire à quel point ils étaient terrassés par la mort

affreuse de leur petit enfant.

Enfin, s’adressant à ses deux sages acquiesçant, le Vicomte rappelle qu’au delà de

l’impérieuse nécessité de venger Jean, l’éventualité que ce crime ait été commis le

vendredi, doit impérativement être sanctionnée d’une peine d’autant plus sévère

qu’exemplaire.

« Pour qu’ils comprennent !

Bon, nous en avons terminé. L’accusé souhaite t-il dire quelque chose ? »

9

« Non, merci », répond le défenseur après avoir sondé le cochon.

LE DIACRE a maintenant la parole pour ses réquisitions.

Naturellement, il demande que l’on condamne Claudon à la hauteur de la gravité de

ses actes et de ses évidentes intentions.

Il rappelle dans quelles atroces conditions, le pauvre petit a été mutilé, dépecé,

arraché à la vie, à une existence qui lui aurait tant souri.

Il exhorte la Cour à songer à ses parents, rongés par le chagrin, privés pour l’éternité

d’un de leurs adorés chérubins, dans lequel ils avaient placé tant d’espoirs,

aujourd’hui devenus vains.

Il évoque le mal causé à toute la Cité, FALAISE, meurtrie par ce crime, FALAISE

meurtrie par l’indécence, le sacrilège, la barbarie.

« Il n’explique rien, il ne s’excuse point.

Il n’a fait montre d’aucune pitié, d’aucun respect !

Il a commis le pire, il est le pire, il mérite le pire. »

Puis, la parole est au petit défenseur qui se lève, vaillant.

« Monsieur le Vicomte, Monseigneur, Votre Honneur,

Si vous me le permettez, je souhaiterais seulement ajouter qu’il se peut parfaitement

que le crime reproché à mon client ait été commis avant et non après minuit.

Car dans la mesure où lors de la Question, Claudon a répondu de la même façon aux

interrogations successives sur ce point, ses aveux ne démontrent rien. »

Et le défenseur se rassoit.

Le Président parle, les sages opinent du chef. Et la Cour de se retirer, sous les

encouragements de la foule.

Le lendemain, elle rend son délibéré, proclamé sur la Place de la Trinité, avant d’être

signifié à Claudon, dans son cachot :

« Claudon, vous êtes déclaré coupable du crime d’avoir, dans la nuit de jeudi à

vendredi, et en tous cas depuis temps non prescrit, dévoré le petit de Jean de

MEAUX.

Et en répression, La Cour vous condamne à être mutilé comme vous l’avez mutilé,

avant que d’être pendu sur la Place publique. »

10

La foule attend impatiemment l’exécution de Claudon.

Pendant qu’on avance la potence, le condamné est retiré pour être préparé.

Il se voit alors habillé : d’une veste, d’un haut de chausses, de beaux gants blancs aux

pattes avant, de chausses aux pattes arrière, et d’un masque à figure humaine.

Puis le bourreau de FALAISE vient le chercher pour le conduire devant le Vicomte et

sa Cour.

Là, sous les acclamations de la foule, il brandit sa hache et arrache à l’animal hurlant,

un bout de groin et un bout de patte, qui tombent au sol silencieusement, dans ce

vacarme assourdissant.

Ensuite, on le traîne jusqu’à la potence.

Devant lui, monté sur son cheval orné pour la cérémonie, le Vicomte recueille ses

dernières déclarations, avant de le faire pendre à l’envers à une fourche de bois, ainsi

que l’exige la tradition.

Justice a été rendue à FALAISE, et la ville entière acclame son prince.

Porté par cette liesse, le Vicomte parade à cheval.

Mais son regard satisfait se pose alors sur le visage blêmi et baigné de larmes de

Marie.

Pensant y lire de la déception, le Vicomte ordonne sur-le-champ que l’on détache

Claudon de la potence et qu’on le fasse traîner par une jument à travers toute la ville,

jusqu’à la métairie de Jean.

Après ce nouveau supplice, le corps du cochon nommé Claudon, vidé d’une partie de

son sang, mais probablement toujours vivant, sera finalement brûlé, sur la Place de la

Trinité.

Telle est la décision de Justice rendue et exécutée par la Vicomté de FALAISE le 9

janvier 1386, telle qu’actée par le Tabellion GUIOT DE MONTFORT, et dont il ne

nous reste aujourd’hui qu’une quittance, destinée à rémunérer le bourreau :

« 10 sous et 10 deniers tournois pour sa peine, ce dont il se dit bien content ;

Et 10 sous pour des gants neufs ».

Pourtant, afin de garder la mémoire du grand événement, le Vicomte avait fait

peindre, dans l’Eglise de la Trinité, une immense et magnifique fresque, que l’on mit

des années à achever.

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L’enfant dévoré et l’un de ses frères y sont représentés sur le mur occidental de la

croisée méridionale de l’Eglise, proche de l’escalier qui mène au clocher, couchés côte

à côte dans un berceau.

Puis, vers le milieu de ce mur, sont peints la potence et Claudon, habillé sous la forme

humaine, que le bourreau pend, en présence du Vicomte à Cheval, un plumet à son

chapeau, le poing sur le côté, regardant triomphant cette exécution.

Souvenir de la belle, la grande, l’immaculée Justice de France, qui, pour panser ses

plaies, ne connaît que vengeance et exemplarité.

Depuis, on s’est efforcé de l’effacer, de masquer la grande fresque de l’Eglise de la

Trinité. Et en 1820, on l’a recouverte d’une épaisse couche de chaux, la camouflant

sous un grand monochrome blanc.

Mais progressivement, doucement, la chaux, avec le temps, disparaît.

Alors ne vous y trompez pas, elle est là, juste de l’autre côté.

Car aujourd’hui comme hier,

Pour exorciser le malaise du peuple, lui redonner un peu confiance dans le rythme

des jours, pour chasser de lui l’impression que quelque chose s’est brisé au-dessus de

sa tête, et qu’il est à la merci d’autres fléaux, et d’autres catastrophes, il ne faut

jamais le frustrer d’un coupable, d’un procès ou d’une exécution publique, à laquelle

assisterait le seigneur à cheval, coiffé de son chapeau à panache.

Et ainsi, tout va bien.

Tout va bien.

***

Merci aux Deuxièmes Secrétaires de la Conférence, à mon fils ;

Merci aux Secrétaires de la Conférence 2009, à Kyum, à Dan ;

Merci à mon père, à Karine, à Mathieu.

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BIBLIOGRAPHIE :

« Curiosités judiciaires et historiques au Moyen Age, les procès contre les animaux»,

E. AGNEL, 1858, Paris.

« Des Jugements rendus au Moyen Age contre les animaux », L. MENABREA, 1846,

Chambery.

« Les animaux célèbres », M. PASTOUREAU, 2001, Arléa.

« Les animaux dans les procès du Moyen Age à nos jours », B. DABOVAL, 2003,

Thèse Ecole Vétérinaire Maison Alfort.

« Les bêtes criminelles au Moyen Age », A. MANGIN, 1865, Delagrave, Paris.

« Les procès d’animaux », M. ROUSSEAU, 1964, Wesmael Charlier.

« Les procès d’animaux du Moyen Age à nos jours », J. VARTIER, 1970, Hachette

Note ; La validité au plan théologique et la licéité au plan canonique des procès faits aux animaux ne fut jamais abordé, nous travaillons depuis bien des années à regrouper toute la documentation sur ces affaires afin d’apporter cet éclairage particulier et toujours omis