LA PLURALITE DES MONDES HABITES
Une réponse patristique à l'interrogation de Malcolm
de Chazal
Malcolm de Chazal dans le
journal Le Mauricien des 9 et 23
juillet 1960, adressait deux Lettres à un prêtre inconnu, posant ainsi
trente-quatre questions : il ne lui fut pas répondu.
Aucune de ces interrogations
ne soulève pourtant de difficulté, sauf si l'ecclésiastique ne souhaite pas se
démarquer, dans le temps précis de son
ministère, à ce que déclare son Eglise
aux fidèles.
Les domaines de la théologie,
l'enseignement des Pères, n'ignorent pas les questions posées et, dans ces
conditions, nous tenterons de répondre à
chacune des interrogations formées : qu'il nous soit permis déjà de réagir sur
la question de la pluralité des mondes et du salut universel.
En son article sur "Le mystère Jésus", Malcolm écrit : " la doctrine du Christ n’est pas pour un
temps, pour l’homme depuis 2000 ans, ni pour notre petite planète, mais la
doctrine du Christ est universelle et pour tous les temps et pour toutes les terres
habitées de l’Univers. Et je définis la doctrine du Christ comme l’Universel
Humanisme, qui donne la clé de l’Univers, qui résout tout." (2)
Paul l'atteste,
le Christ est hériter de tout, par qui aussi les mondes furent créés :
« Après avoir, à bien des reprises et de bien des manières, parlé
autrefois aux pères dans les prophètes, Dieu, en la période finale où nous
sommes, nous a parlé à nous en un Fils qu'il a établi héritier de tout, par qui
aussi il a créé les mondes. » (Héb. I, 1,2)
Dès lors que Malcolm de
Chazal s'interroge sur la pluralité des mondes(3), notre penseur rejoint une
préoccupation de la Tradition.
Comment entendre ce que dit St Jean Chrysostome à propos de la
réunion des enfants (de Dieu) où citant Luc XIII, 43, ce Père déclare : "
Il y a donc des puissances qui portent des noms obscurs pour nous et
inconnus" (4), cette présomption dans l'inconnaissance exacte de ces
créatures, de cette création antérieur ou de ces création, St
Basile en a l'intuition en sa première
homélie sur l'Hexaéméron : " Il
est probable qu'avant ce monde il existait quelque chose que notre esprit peut
imaginer, mais que l'Ecriture supprime dans son récit, parce qu'il ne convenait
pas d’en parler à des hommes qu'on instruit encore, et qui sont enfants pour
les connaissances. Oui, sans doute, avant que ce monde fût créé, il existait
une constitution plus ancienne, convenable à des puissances célestes, une
constitution qui a précédé les temps visibles, une constitution qui a commencé,
mais qui ne doit jamais finir." (5)
Bien des Pères pourraient
être évoqués qui s'interrogèrent sur la pluralité des mondes et la vie en ces lieux. Ainsi St Augustin reconnaît qu'il est
difficile de savoir si les astres sont gouvernés et animés par des esprits :
"On demande souvent si les
luminaires du ciel ne sont que des corps, ou s'ils possèdent des esprits pour
les diriger : dans ce dernier cas, on voudrait savoir si ces esprits leur
communiquent la vie, comme le principe qui anime la matière dans les animaux,
ou s'ils les gouvernent sans y être unis; par le seul fait de leur présence. Au
point où nous sommes arrivés, cette question me semble insoluble" (6)
St Isidore de SEVILLE
s'interroge : "ces étoiles qui se meuvent avec tant de
régularité et de méthode que leur cours n'est absolument jamais entravé
d'aucune manière, sont-elles des êtres animés et doués de raison ? Il est
difficile de s'en rendre compte." (7)
Si plus nombreux qu'on ne
l'imagine, les Pères s'interrogèrent et oscillèrent vers l'idée que les astres
pouvaient être animés, Thomas d'Aquin
pour sa part en sa Somme Théologique I, Qu.70, art 3, fera sienne cette
déclaration de St Jean Damascène : "Que
l'on n'entende pas les cieux ni les luminaires comme animés ; ils sont
inanimés et insensibles. " (8)
La question de la pluralité
des mondes et du Salut opéré par le Christ par Sa résurrection, n'a pas fini de
hanter la pensée théologique, ainsi, le RP LERAY, faisait-il paraître en 1900
aux éditions (librairie Poussielgue) une curieuse réflexion de 275 pages sur La constitution de l'univers et le dogme de
l'Eucharistie.
Jean-Pierre BONNEROT
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Notes
1 - "Lettre
à un prêtre inconnu" 09/07/1950, journal Le Mauricien ; et "Deuxième
lettre à un prêtre inconnu" 23/07/1960, Le Mauricien, repris in Malcolm de Chazal Articles de presse (1948-1978), CD
éditions VIZAVI, 2004. Pour les articles
cités ultérieurement, à partir de cette
source, la référence de cette dernière se limitera à CD VIZAVI
2- le
"mystère" Jésus 07/12/1962, journal Advance, CD VIZAVI.
3 -
Nombreux articles de Malcolm sur cette question repris dans le CD cité
4 - St Jean Chrysostome : Commentaire sur l'épître aux
Ephésiens, III, 2, pour un accès aux œuvres complètes : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/bibliotheque.htm
Pour le renvoi ultérieur à cette source, la
référence sera abbaye-Saint-Benoit
5 - St Basile : Homélies sur l'Hexaéméron, I, 5c, 'S C. N° 26, page 105, pour un accès internet : http://remacle.org/bloodwolf/eglise/basile/homelies.htm
6 - St Augustin : la Genèse au sens littéral Livre II,
ch.18. abbaye-Saint-Benoit
7 - St Isidore : Traite de la Nature, 1960;
page 276, consulté sur Google.
8 - St Jean Damascène : De la foi orthodoxe, II, 6;
nous utilisons pour plus de facilité l'édition d'œuvres diverses
proposées sur Internet : http://www.scribd.com/doc/3024512/Oeuvres-de-St-Jean-Damascene
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