mars 24, 2009
Epikie et droit canonique : Viol et Excommunication
Epikie et droit canonique : Viol et Excommunication
La presse revient largement sur l’avortement de cette brésilienne de 9 ans, enceinte de jumeaux après avoir été violée par son beau-père. Sa mère, qui a pris la décision de la faire avorter, ainsi que les médecins qui ont pratiqué l’avortement, ont été excommuniés par l’archevêque de Recife et Olinda, Dom José Cardoso Sobrinho.
Président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine, le cardinal Giovanni Battista Re a déclaré qu’il s’agissait "d’un cas triste, mais le vrai problème, c’est que les jumeaux conçus étaient des personnes innocentes qui ne pouvaient être éliminés".
Le cardinal Giovanni Battista Re, préfet de la congrégation pour les évêques au Vatican, a justifié l'excommunication de la mère d'une Brésilienne de 9 ans ayant avorté après avoir été violée par son beau-père, car les jumeaux qu'elle portait "avaient le droit de vivre", apprend-on ce lundi 9 mars.L'archevêque de Recife dans le nord-est du Brésil a excommunié jeudi la mère de l'enfant, qui a avorté de jumeaux alors qu'elle était enceinte de quinze semaines.L'excommunication a été étendue à toute l'équipe médicale qui a pratiqué l'opération, mais pas au beau-père de l'enfant car "le viol est moins grave que l'avortement" a expliqué Giovanni Battista Re.
En cette circonstance, l’Eglise de Rome déclare appliquer les dispositions du Code de Droit canonique.
Or l’examen de cette affaire oblige à rappeler les faits :
-l’enfant violé a 9 ans
- la maman de l’enfant et l’équipe médicale sont excommuniés
- l’auteur du viol n’st soumis à aucune peine canonique.
1° - La peine au regard du Droit canonique
Ceci étant rappelé, le canon 1223 expose : « N’est punissable d’aucune peine la personne qui, lorsqu’elle a violé une loi ou un précepte : 1 n’avait pas encore seize ans accomplis ; 2 ignorait, sans faute de sa part, qu’elle violait une loi ou un précepte ; quant à l’inadvertance et l’erreur, elles sont équiparées à l’ignorance ; 3 a agi sous la contrainte d’une violence physique ou à la suite d’une circonstance fortuite qu’elle n’a pas pu prévoir, ou bien, si elle l’a prévue, à laquelle elle n’a pas pu s’opposer ; 4 a agi forcée par une crainte grave, même si elle ne l’était que relativement, ou bien poussée par la nécessité, ou pour éviter un grave inconvénient, à moins cependant que l’acte ne soit intrinsèquement mauvais ou qu’il ne porte préjudice aux âmes ; 5 a agi en état de légitime défense contre un agresseur qui l’attaquait injustement, elle-même ou une autre personne, tout en gardant la modération requise ; 6 était privée de l’usage de la raison, restant sauves les dispositions des can. 1324, § 1, n. 2, et 1325 ; 7 a cru que se présentait une des circonstances prévues aux nn. 4 ou 5. »
Le N° 4 de cet article peut-il justifier (en ce qu’il y aurait préjudice aux âmes) la non application de l’une au moins des exceptions permises par l’énoncé du canon cité ?
Ce N° 4 permet-il à l’auteur de la sanction et à ses défenseurs dans la décision de se donner bonne conscience ?
Ce point sera discuté plus loin.
Reprenant la lecture du Code au nom duquel l’excommunication fut prononcée, l’article 1324 expose : « § 1. L’auteur d’une violation n’est pas exempt de peine, mais la peine prévue par la loi ou le précepte doit être tempérée, ou encore une pénitence doit lui être substituée, si le délit a été accompli : 1 par qui n’aurait qu’un usage imparfait de la raison ; 2 par qui était privé de l’usage de la raison par ébriété ou tout autre trouble mental analogue qui serait coupable ; 3 par qui a agi sous le feu d’une passion violente qui n’aurait cependant pas devancé et empêché toute délibération de l’esprit et tout consentement de la volonté, et à condition que cette passion n’ait pas été excitée ou nourrie volontairement ; 4 par le mineur après seize ans accomplis ; 5 par qui a agi forcé par une crainte grave, même si elle ne l’est que relativement, ou bien poussé par le besoin ou pour éviter un grave inconvénient, si le délit est intrinsèquement mauvais ou s’il porte préjudice aux âmes ; 6 par qui, agissant en état de légitime défense contre un agresseur qui attaquait injustement lui-même ou un autre, n’a pas gardé la modération requise ; 7 contre l’auteur d’une grave et injuste provocation ; 8 par qui, par une erreur dont il est coupable, a cru que se présentait une des circonstances dont il s’agit au can. 1323, nn. 4 et 5 ; 9 par qui, sans faute, ignorait qu’une peine était attachée à la loi ou au précepte ; 10 par qui a agi sans pleine imputabilité, pourvu que celle-ci demeure grave.
§ 2. Le juge peut faire de même s’il existe quelque autre circonstance atténuant la gravité du délit.
§ 3. Dans les circonstances dont il s’agit au § 1, le coupable n’est pas frappé par une peine latae sententiae. »
Vu les dispositions de l’article 1324 en son N° 8, renvoyant à l’article précédent en son N° 4,
Vu les dispositions de l’article 1324 en son N° 5, renvoyant implicitement à l’article précédent en son N° 4,
Il ne convenait pas de procéder à la peine la plus grave puisque la peine (à supposer qu’elle soit admise) doit être modérée, selon les dispositions de l’article 1324 § 1.
2° - La peine au regard du principe d’Epikie.
Je reprends la claire et simple définition donnée par K. RAHNER et H. VORGRIMLER en leur « Petit dictionnaire de théologie catholique » : « On désigne ainsi un principe de théologie morale dans l’interprétation et l’application des lois humaines. D’après ce principe, une telle loi (fut-elle ecclésiastique) n’oblige pas quand la saine raison fait supposer qu’ici, dans le cas concret, dans les circonstances données, le législateur n’aurait pas voulu obliger, comme par exemple dans le cas où l’observation de la loi donnerait lieu, dans telle conjecture, à des difficultés disproportionnées par rapport au but de la loi. »
Dans la situation présente, les évêques qui prirent la décision critiquée ou s’y associèrent, soumirent-ils leur réflexion au principe d’équité ou Epikie ? Gardiens de la Foi et de la Liturgie, ils sont aussi les administrateurs des lois internes de l’Eglise.
mars 23, 2009
Ce que le Pape a réellement dit à propos du sida
CE QUE LE PAPE A RELLEMENT DIT A PROPOS DU SIDA
Ce qu'on a uniquement retenu
ETAPE 1 : LISEZ CETTE PHRASE
I " (...) on ne peut résoudre ce fléau en distribuant des préservatifs : au contraire, cela risque d'augmenter le problème. "
ETAPE 2 : LI SEZ CE TEXTE
Ce que le Pape a dit
Benoît XVI : Je pense que l'entité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le sida est justement l'Eglise catholique, avec ses mouvements, avec ses réalités diverses. Je pense à la communauté de Sant'Egidio qui fait tellement, de manière visible et aussi invisible, pour la lutte contre le sida, je pense aux Camilliens, à toutes les sœurs qui sont au service des malades... Je dirais que l'on ne peut vaincre ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. S'il n'y a pas l'âme, si les Africains ne s'aident pas, on ne peut résoudre ce fléau en distribuant des préservatifs : au contraire, cela risque d'augmenter le problème. On ne peut trouver la solution que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c'est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui implique une nouvelle façon de se comporter l'un envers l'autre, et le second, une amitié vraie, surtout envers ceux qui souffrent, la disponibilité à être avec les malades, au prix aussi de sacrifices et de renoncements personnels. Ce sont ces facteurs qui aident et qui portent des progrès visibles. Autrement dit, notre double effort pour renouveler l'homme intérieurement, donner une force spirituelle et humaine pour un comportement juste à l'égard de son propre corps et de celui de l'autre, et notre capacité à souffrir, à rester présent dans les situations d'épreuve avec les malades. Il me semble que c'est la réponse juste, l'Eglise agit ainsi et offre par là même une contribution très grande et très importante. Remercions tous ceux qui le font.
Source : salle de presse du Saint-Siège (traduction La Croix)
ETAPE 3REPONDEZ A 2 QUESTIONS
1. Recevez-vous les propos du pape exactement de la même manière après la 1ère étapeet après la 2ème étape?
2. Qu'arrive-t-il lorsqu'on isole un morceau de phrase d'un propos global ?
ETAPE 4(QUESTION FINALE)
Sachant que :
- L'Eglise catholique connaît la réalité du Sida sur le terrain (25% des structures s'occupant des sidéenssont catholiques).
- Le pape est un homme de très haut niveau intellectuel et spirituel qui connaît très bien à la fois la pâtehumaine et la question du Sida.
Finalement, les propos du pape ne méritent-ils pas qu'on leur accorde un minimum de considération et de réflexion ?
Document rédigé par Guillaume de Prémare
LE PAPE ET L’EGLSIE NE SONT PAS ISOLES !
Des africains s’expriment !
Blaise COMPORE
Président du Burkina Faso
Président du comité national de lutte contre le sida
L'Eglise n'est pas isolée
« LEglise n'a pas le monopole de l'abstinence ! En tant que chef de l'Etat, j'ai pris des engagements dans ce sens depuis 2002 dans le cadre de la campagne «C'est ma vie». L'objectif était de mettre les gens devant leurs responsabilités. Parmi les engagements proposés, certains faisaient directement appel à l'abstinence. »
La position de l'Eglise est reconnue en Afrique
« Les Français aiment la polémique, c'est leur côté gaulois ! Certains critiquent la position de l'Eglise en prétendant défendre les Africains. Soit. Mais la plupart n'ont jamais mis les pieds chez nous ! Je leur conseille de venir faire un séjour au Burkina. Chez nous, l'imam, le prêtre et le chef coutumier travaillent de concert : tous ont l'ambition d'affronter le même mal. Se focaliser sur le préservatif, c'est passer à côté du problème du sida. »
L'action de l'Eglise est reconnue en Afrique
« Beaucoup de gens ignorent le travail de l'Eglise en Afrique. En France, l'intelligentsia ne comprend pas cette proximité avec les responsables catholiques. Chez nous, l'Eglise est d'abord synonyme d'écoles et de dispensaires. Le débat sur le sida n'est pas théorique, il est pratique. L'Eglise apporte sa contribution. Si l'abstinence est un moyen de prévention, nous n'allons pas nous en priver ! »
Résister aux organismes internationaux
« Face aux organismes internationaux, il faut savoir résister. On peut nous conseiller, mais pas faire à notre place. [...] Les Européens n'éprouvent pas le danger du sida de la même manière que nous. Pour les Burkinabés, le danger est immédiat. La pandémie est une réalité visible, elle frappe votre famille, vos amis les plus proches. En Europe, vous avez peut-être le loisir de faire des thèses pour ou contre la morale. Au Burkina, nous n'avons pas le temps. »
Décalage entre les médias et la réalité
« Il y a souvent un gouffre entre ce que disent les médias et ce qui se passe sur le terrain. En Afrique, nous vivons avec le sida au quotidien. Le débat sur le préservatif, tel que vous le présentez, ne nous concerne pas. »
Source : Famille Chrétienne - 12/02/2005
Mgr Théodore-Adrien SARR
Archevêque de Dakar
L'Eglise contribue à la prévention du Sida
« Je demande aux Occidentaux de ne pas nous imposer leur unique et seule façon de voir. Dans des pays comme les nôtres, l'abstinence et la fidélité sont des valeurs qui sont encore vécues. Avec leur promotion, nous contribuons à la prévention contre le sida. »
Source : Famille Chrétienne
Mgr SLATTERY
Evêque en Afrique du Sud
Encourager la fidélité dans le mariage
« L'Ouganda a été le premier pays à combattre résolument l'épidémie du SIDA au début des années 90. La position forte et claire du président Museveni a constitué l'élément décisif qui a ralenti la diffusion du SIDA, faisant passer le taux de personnes affectées de plus de 25% à 6% en 2002. Il a prêché le bon sens et non le préservatif, encourageant l'abstinence avant le mariage et la fidélité dans le mariage, comme des valeurs culturelles. »
Source : Famille Chrétienne
février 28, 2009
La Lumière preovenant du Tombeau
La lumière sainte provenant du Tombeau de notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus Christ
Les pélerins voyageant à Jérusalem, depuis les temps anciens et jusqu'à maintenant, affirment unanimement que le jour du Samedi Saint, le Feu sacré apparaît sur le Tombeau de Notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ. Des milliers de pèlerins pieux, affluant chaque année des pays du monde entier, de tous peuples et confessions chrétiennes, et de beaucoup d'autres, même non chrétiennes, s'empressent, depuis des temps reculés et jusqu'à maintenant, vers Jérusalem, pour y vénérer le Tombeau du Seigneur, tout particulièrement le jour du Samedi Saint. Ce jour-là, selon le témoignage de tous les voyageurs, depuis des temps anciens, chaque année et jusqu'à maintenant, le feu incréé apparaît sur le Tombeau de notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus Christ, à 8 heures ou, selon notre heure, à deux heures de l'après-midi.
Dès le vendredi, les Turcs, sous la domination desquels se trouvent Jérusalem et l'Eglise du Tombeau du Christ, éteignent les lumières dans toute l'Eglise (et dans les temps anciens, aussi dans Jérusalem et même chez les Turcs) ; Ils bouclent les portes du Tombeau du Seigneur et y apposent le sceau turc; quant au patriarche, le jour même où le feu s'allume, il est soumis publiquement à une fouille devant tout le peuple par les officiels turcs, en présence d'une garde turque importante, et ensuite seulement, accompagné de cette même garde et des officiels, en présence des chrétiens de toutes confessions et des infidèles, ayant été publiquement revêtu de ses vêtements sacerdotaux et publiquement fouillé, il pénètre dans la grotte du Tombeau du Seigneur (kouvouklia), d'où les Turcs retirent alors le sceau.
Les plus anciennes informations sur le feu sacré, selon l'affirmation de l'Archimandrite Léonide, proviennent de l'antiquité la plus profonde (1).
Les écrivains grecs, rappelant cet événement, se reportent, en témoignage de cette ancienneté, aux écrits des Pères de l'Eglise : Grégoire de Nysse et Jean Damascène qui, comme on le sait, sont allés eux-mêmes à Jérusalem; le premier, dans sa seconde homélie sur la Résurrection, écrit : " Pierre, ayant vu de ses propres yeux, mais aussi par hauteur d'esprit apostolique que le Tombeau était illuminé, alors que c'était la nuit, le vit par les sens et spirituellement." Le second, dans ses chants liturgiques, fait souvent mémoire de la lumière brillant miraculeusement sur le Saint Tombeau. Ainsi par exemple: "Pierre, s'étant rapidement approché du Tombeau, et ayant vu la lumière dans le sépulchre, s'effraya." (2)
Parmi les écrivains occidentaux, favorables à la profonde antiquité de l'apparition du feu sacré, A.S. Narov mentionne le moine latin Bernard, au IXème siècle, et Baronius : "Le Samedi Saint, écrit Bernard, la veille de Pâque, au moment du service matinal à l'église dans le Temple du Tombeau du Seigneur, le Patriarche transmet le feu à l'Evêque et enfin à tout le peuple, afin que chacun puisse allumer ce feu dans sa maison. Le Patriarche actuel est Théodose (853-879); il a été élevé à cette dignité pour sa piété".
Le Pape Urbain II, lors du concile des Croisés à Clermont, dans son discours à la foule immense rassemblée devant lui, proclama, entre autres, ceci : "En vérité, dans ce Temple (le Tombeau du Seigneur), Dieu repose; jusqu'à présent, Il ne cesse d'y manifester des miracles car, aux jours de Sa Passion, alors que toutes les lumières sont éteintes au-dessus de Sa tombe et dans l'église, soudain, les lampadas éteintes se rallument. Quel cœur, si endurci soit-il, ne s'attendrirait pas devant une telle manifestation! ". Le chroniqueur de l'Eglise romaine Baronius témoigne : "Les chrétiens occidentaux, ayant repris Jérusalem aux Sarrazins, virent un miracle lorsque, le Samedi Saint, les bougies s'allumèrent d'elles-mêmes auprès du Tombeau du Seigneur. Ce miracle se produit là-bas habituellement."(3)
Parmi les écrivains orthodoxes grecs, le Patriarche Nectaire a noté son témoignage sur le feu sacré, et ce témoignage a été utilisé par Arsène Soukhanov dans son "Proskinitarié "(cahier 17). Quant aux témoignages de nos pèlerins-écrivains russes, ils sont exposés ici; le plus ancien est celui de l'Higoumène Daniel, qui se trouvait à Jérusalem (1093-1112) sous le règne de Sviatopolk Ysiaslavitch. En ce temps-là, peu après les croisades, régnait à Jérusalem le roi Baudouin 1er, un catholique. Par le récit de Daniel, nous apprenons que Baudouin 1er était présent à l'apparition de la Lumière Sainte et reçut de l'Evêque une bougie, l'Evêque étant orthodoxe, et non catholique, malgré le fait que Baudouin lui-même fût catholique et Jérusalem pris par les Croisés-catholiques, et sous obédience du Pape. Il y eut sans doute des expériences, où le feu ne descendit pas sur les Evêques catholiques, et c'est pourquoi ce droit a été donné aux orthodoxes. Et maintenant encore nous voyons, par les dires du Métropolite Mélétios, vicaire du Trône Patriarcal de Jérusalem, qu'entrant dans le sépulcre, il ne vit pas le feu durant un long moment (Voyage de Barbara Brune de Saint Hyppolite). Depuis des temps lointains, Arméniens et Coptes prennent part à ce triomphe et croient en la miraculeuse manifestation de l'apparition du feu...
Il est fort à propos de citer ici le témoignage du pèlerin Hiéromoine Mélétios, et d'autres encore, sur la tentative des Arméniens de chasser les chrétiens orthodoxes du Temple de Jérusalem, pour recevoir par leurs propres hiérarques le feu incréé de la "kouvouklia". Cette tentative se termina en miracle. Effectivement, les Grecs ne furent pas admis par le pacha turc, qui avait été acheté pour de l'argent, et ils se tenaient hors du temple devant les portes closes. "Lorsque approcha l'heure à laquelle avait habituellement lieu le miracle, soudain, un des piliers qui se trouvent dans le mur, devant les Portes Saintes, se fendit et la Lumière s'en échappa. Voyant cela, le Patriarche (orthodoxe) s'avança avec précaution et alluma les bougies - les Arméniens, quant à eux, raconte plus loin le hiéromoine Mélétios, ignorant tout à fait que la lumière sainte était descendue chez les orthodoxes, l'attendaient pour eux à l'intérieur du Tombeau, clamant consciencieusement, d'une voix forte, comme des Baalatim. Mais les Turcs qui gardaient le Saint Portail, voyant un tel miracle, ouvrirent les portes aussitôt. Le Patriarche entra dans le Temple avec les orthodoxes, proclamant : "Qui est le Dieu grand, sinon notre Dieu ? Tu es Dieu, qui fait des merveilles !" et la suite ... Les Turcs, présents lors du miracle, crurent. Y eut-il un signe, semblable ou non, avec les latins et autres chrétiens, nous l'ignorons.
Les Arabes, dans un enthousiasme religieux, courant autour de la kouvouklia, s'exclamaient : "Vola dinn, Illa dinn, l'-Messia !", ce qui veut dire : " Il n'y a pas de foi véritable, hors la foi orthodoxe."
Un écrivain russe connu, qui fut plus tard ministre de la Culture, A.S. Norov, assistant en 1835 à Jérusalem à la descente du feu sacré, de même que le pieux André Nicolaïevitch Mouraviev ont décrit avec art l'apparition du feu sacré ainsi que leur voyage.
L'apparition du feu sacré même est rapportée par les différents voyageurs, de diverses façons. Certains le décrivent précédé de l'apparition d'un nuage, d'autres, ne parlant pas de cela, le disent provenant directement du Tombeau du Seigneur; certains pèlerins le voient bleu, devenant ensuite très clair et brillant et d'autres, le figuraient comme étant rouge. Parmi les derniers pèlerins, André Nicolaïevitch Mouraviev, de bienheureuse mémoire, écrit : " Sur le Tombeau du Seigneur, on dépose auparavant du coton, avec lequel on ramasse le feu sacré, qui apparait, dit-on, par petites étincelles sur la plaque de marbre sur le Tombeau du Seigneur."
A.S. Norov le décrit ainsi : "J'ai vu comment le Métropolite, âgé, s'étant penché pour pénétrer par l'entrée basse, arrivé dans la grotte, se jeta à genoux devant le Saint Tombeau, sur lequel rien n'était déposé, qui était complètement nu. Une minute ne s'était pas écoulée, que l'obscurité s'inonda de lumière, et le Métropolite sortit vers nous avec un bouquet de bougies flamboyantes."
Le Hiéromoine Mélétios, pieux starets de Sarov affirme que l'apparition de feu sacré ne provient pas, semble-t-il, d'ailleurs que précisément du Tombeau lui-même, qui aurait été sanctifié par le Corps du Christ, qui le fait sourdre chaque année en signe de vérité et de rectitude de foi. N'ayant pu être personnellement témoin de l'apparition du feu, le Hiéromoine Mélétios rapporte les paroles de l'Archevêque Missaïl, dont c'était alors le service : " Etant entré, lui dit l'Archevêque Missaïl, à l'intérieur du Saint Tombeau, nous voyons sur tout le couvercle de la tombe une lumière scintillante, comme si y étaient répandues de minuscules perles de verre, d'apparence blanche, bleue, écarlate, et d'autres couleurs, qui ensuite, se fondant les unes avec les autres, rougeoyaient et se transformaient en feu; mais ce feu, durant le temps nécessaire à lire sans hâte quarante Kyrie Eleison, ne produit pas de brûlure et ne consume pas, et les candélabres et bougies préparés s'y allument : mais par ailleurs, ajoute l'Archevêque, comment et d'où cela provient, je ne saurais le dire".
Une telle diversité dans les récits sur la couleur de la Lumière Sainte et la façon dont elle apparaît, démontre la véracité et la sincérité de ceux qui les ont écrits. Et tous les récits des témoins oculaires se rejoignent dans la même constatation : le feu incréé apparaît chaque année le Samedi Saint, et ce jusqu'à présent.
Contre les fausses allégations des vieux-croyants, prétendant que, dès le temps du Patriarche Nikon, il n'y eut plus d'apparition du feu sacré, il suffit de dire que dans le "Livre sur la Foi", imprimé à Moscou en 1648 et respecté par eux, au temps du Patriarche Joseph, il est indiqué, au chapitre premier, sur l'Eglise de Sion, que chaque année, le Samedi Saint, on peut voir sur le Tombeau Du Seigneur la Lumière Sainte, et un peu plus bas, il y est démontré que cette Lumière apparaîtra sur le Tombeau du Christ jusqu'à la fin des temps.
"C'est une joie de voir, écrit le moine Parféni, qu'à présent, bien qu'à contrecœur, les autres chrétiens respectent la foi orthodoxe, et jettent leurs regards sur les orthodoxes comme sur un soleil très clair, car ils espèrent tous recevoir par eux, la grâce de la Lumière Sainte."(2)
Concernant les infidèles, ou ceux qui auraient été contaminés par les faux enseignements actuels, nous demandons, ainsi qu'à tous les lecteurs de lire les récits qui suivent, de les comparer et vérifier, et qu'ils ne soient pas incrédules, mais qu'ils croient.
Philippe M. Abdoulovsky.
Le jour du Samedi Saint à Jérusalem d'après les récits de pèlerins anciens et actuels. Centre d'entr'aide chrétienne, Tambov, 1903
Traduit du russe par N.M.Tikhomirova.
Notes:
^ 1) L'Archimandrite Léonide avait publié ses notes dans le "Douchepoliesnoié Tchenié" en 1863, n°2, 3 et 4, sous le nom de "Moine pèlerin"
^ 2) Voici ce qu'écrit encore le moine Parféni à propos de Jérusalem:
^ "Et encore, voici le plus magnifique et le plus merveilleux : chaque année, le soir du Samedi Saint, sur le Tombeau apparaît un feu, mieux, une lumière sainte, qui l'emplit et toutes les lampadas suspendues autour s'allument à ce feu et brillent plus clair. Mais apprends comment cela se passe, écoute : cette grâce arrive et le miracle apparaît par les prières du saint et orthodoxe Patriarche de Jérusalem, lorsqu'avec la foule il fait trois fois le tour du Tombeau en chantant : "Ta Résurrection, ô Christ Sauveur, les Anges la chantent dans les cieux, et nous sur la terre, rends-nous dignes de Te glorifier d'un cœur pur !" Ayant accompli cela, le Patriarche entre à l'intérieur du Sépulcre et les très belles bougies de cire blanche sont allumées par lui à cette lumière. Puis il en sort, s'assied à l'endroit qui lui a été préparé, et toutes les personnes rassemblées s'approchent et de même allument leurs bougies à celles que tient dans ses mains le Patriarche."
Cited from: La lumière sainte provenant du Tombeau de notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus Christ // LA VOIE ORTHODOXE N°11, HIVER 1996Switch to English-languager versionÏåðåéòè ê Ðóññêîÿçû÷íîé âåðñèè
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Un physicien russe a pour la première fois établi la preuve de décharges électriques pendant la descente du feu sacré au Saint Sépulcre à Jérusalem
A Moscou, dans le cadre des entretiens pédagogiques de Noël, dans la section « christianisme et science » ont été présentés pour la première fois les résultats d’une expérience scientifique réalisée par des chercheurs russes en 2008 le jour du samedi saint à l’église du Saint Sépulcre (église de la Résurrection, ndr) à Jérusalem .
André Volkov, physicien et mathématicien de l’institut d’énergie atomique Kourchatov, a raconté comment il a lui-même entrepris de mesurer les vibrations à ondes longues de basse fréquence à l’église pendant la descente du feu sacré.
A l’aide d’appareils spécifiquement adaptés à l’expérience, le chercheur a fait des mesures pendant près de six heures et demie dans l’église avant de la descente du feu sacré, puis il a passé plusieurs mois à les analyser.
André Volkov considère que la différence entre les données obtenues le jour de la descente du feu sacré et celles obtenues la veille témoigne d’un « véritable miracle ». En outre, selon lui « l’analyse des fissures sur le pilier situé à l’entrée de l’église laisse penser qu’elles n’ont pu se produire qu’à la suite d’une décharge électrique ».
Cette idée est soutenue par Eugène Morozov, spécialiste mondial de la mécanique des déformations. Tout en admettant que « d’un point de vue strictement scientifique, une mesure unique ne peut rien prouver véritablement », Volkov a déclaré qu’il assumait pleinement la responsabilité de ses résultats et qu’il était prêt les présenter. « Si vous me demandez, en tant que scientifique, si c’est [un miracle], je vous répondrai que je ne sais pas » - a-t –il ajouté.
A son tour, Alexandre Moskovskij, professeur à l’université Saint Jean le Théologien à Moscou, et adjoint du président de la commission du Patriarcat de Moscou pour l’analyse des phénomènes miraculeux, a déclaré que « A. Volkov a fait un exploit scientifique en faisant pour la première fois dans l’histoire une véritable travail de recherche sérieux et fiable sur le feu sacré ».
Le feu sacré descend depuis des siècles dans l’église du Saint Sépulcre à Jérusalem à la veille du jour de Pâques orthodoxe. Les chrétiens d’Orient sont convaincus que ce miracle témoigne de la vérité de la foi orthodoxe, d’autant plus qu’il n’est jamais arrivé que le feu sacré ne descende pas à Pâques. Pour les croyants, le fait même de la descente du feu sacré est une preuve incontestable à opposer aux arguments des athées.Source: Interfax (traduit du russe pour Orthodoxie.com par L. D.-V.)
janvier 31, 2006
19- Introd. Le vrai visage de la FM- R.CHAMBELLANT
Constant CHEVILLON : Le vrai visage de la Franc - Maçonnerie
Introduction à la nouvelle édition par René CHAMBELLANT
Constant CHEVILLON naquit le 26 octobre 1880 à Annoire (Jura). C'était un homme comme on a peu l'occasion d'en rencontrer. Penseur profond et travailleur infatigable, il sut mettre en pratique l'enseignement des Ordres initiatiques et spiritualistes auxquels il appartenait.
Plutôt petit, mince, les pommettes saillantes, le cheveu dru, ses yeux reflétaient l'intelligence et la bonté. Il aimait la présence turbulente de la jeunesse du Quartier Latin. A Paris, il habitait une modeste chambre meublée à l'hôtel des Bernardins.
Il partageait son temps entre Paris et Lyon, et passait la plus grande partie de ses nuits à préparer des conférences et à correspondre avec les Ordres qu'il dirigeait, dispersés dans le monde entier.
Il était aimé et vénéré de tous ceux qui l'approchaient, tant il dégageait une expression de sérénité, de sainteté, d'équilibre, se penchant avec attention sur tous, aidant de ses conseils, excusant tout et tous.
Il prenait un visible plaisir, entouré des jeunes adeptes d'alors, aux repas du dimanche, partagés dans un restaurant du quartier, où nous mettions à contribution son érudition et ses connaissances extraordinaires. Il arbitrait nos discussions fraternelles mais animées, avec un tact délicat, ne froissant aucune susceptibilité.
Pendant la guerre de 39-44, ses employeurs l'envoyèrent en Province où il se plaignait de ne pouvoir travailler. Il sentait rôder autour de lui l'ombre de sa mort prématurée et souffrait de ne pouvoir exprimer tout le message qu'il portait. Certaines de ses lettres le montrent désespéré de son inaction forcée.
Interrogé deux fois par la police officielle, il est arrêté, à Lyon, chez Mme Bricaud, le 25 mars 1944.
Emmené par des inconnus, on le retrouvera, le lendemain, assassiné, montée des Clochettes à Saint-Fons, dans la banlieue lyonnaise.
Cet homme exemplaire était le Grand Maître de deux formations initiatiques ésotériques:
• Le Rite Ancien et Primitif de
Memphis-Misraïm.
• L'Ordre des Chevaliers Maçons
Élus Cohen de l'Univers.
Pour la démarche exotérique, il était Patriarche de l'Église Gnostique Universelle.
Le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm est un rite hautement et exclusivement spiritualiste.
Dès les trois premiers grades, on constate l'élévation d'esprit de leurs rédacteurs.
Dans les grades suivants, toutes les phases de la Tradition Universelle et Primordiale défilent. Ces grades, souvenir des Rites disparus, proliférèrent au XVIIIe siècle, après la fondation de la Grande Loge Unie d'Angleterre.
A ses débuts, cette organisation vendait des patentes à qui pouvait les acheter. Ainsi chacun inventait son rituel en fonction des affinités qu'il pouvait avoir dans les fraternités initiatiques antérieures. C'est pour cette raison que l'on retrouvait le nom de certains grades attachés à la tradition égyptienne, iranienne, juive, grecque, celte, kabbalistique ou rosicrucienne.
Le Rite Ancien et Primitif était donc une sorte de conservatoire dans ses 90 premiers degrés où l'on retrouve le nom de grades disparus. A ces degrés, il faut ajouter cinq grades administratifs
Le successeur du Grand Maître Henri Dupont, lui-même successeur de C. Chevillon, a malheureusement cru bon de remplacer les trente premiers degrés supérieurs du rite dit « Égyptien » par les trente degrés du Rite Écossais Ancien Accepté, alors que dès l'origine (Convent de Bruxelles de 1934) Constant Chevillon s'était opposé à cette innovation.
Aujourd'hui, au sein du Souverain Sanctuaire des Gaules, une seule Loge dissidente sert de base aux Hauts Grades pratiqués du temps de C. Chevillon.
Une chose importante est à noter, à l'instar des grands Maçons tels Cagliostro, Martinez de Pasqually, J.-B. Willermoz, Constant Chevillon considérait que la femme, partie intégrante de l'humanité, devait avoir accès à l'initiation. Il créa donc un rituel des trois premiers degrés, parfaitement adapté à la féminité. Car bien qu'incontestablement valide, initier les femmes aux travers d'un rite prévu uniquement pour des hommes est, par essence, parfaitement illicite.
Les trois premiers degrés du rite féminin donnent naturellement la possibilité aux femmes d'accéder aux plus Hauts Grades, aucune raison licite s'y opposant, puisque symboliquement, dès le troisième degré, l'homme comme la femme se trouvent débarrassés de la symbiose soma-psyché et libèrent ainsi le pneuma-androgyne.
Pour les mêmes raisons évoquées précédemment, ce rite féminin n'est plus pratiqué que par une seule Loge.
En ce qui concerne l'Ordre des Élus Cohen et pour clarifier une situation quelque peu embrouillée, qui à l'époque de sa création jusqu'à l'orée du XXe siècle ne l'était pas, le vocable « Martiniste » désignait les disciples de Martinez de Pasqually, puis le Martinisme Lyonnais descendant des Élus Cohen de Willermoz, ou le Martinisme Russe, branche des Élus Cohen établis en Russie.
Mais à la fin du XIXe siècle, Papus, Dr Gérard Encausse, créa en compagnie d'Augustin Chaboseau, un Ordre Martiniste dont le but essentiel était l'étude des œuvres de L.-C. de St Martin, le Philosophe Inconnu, d'où, aujourd'hui, la confusion entre Martinistes et Élus Cohen.
Par la suite, Papus devint Grand Maître du Rite de Memphis-Misraïm, tout en développant parallèlement son Ordre Martiniste.
A la mort de Papus, son successeur, Téder, initié au Martinisme Lyonnais (Élu Cohen), projette de réformer l'Ordre Martiniste de Papus, mais la mort l'empêcha de réaliser son projet.
Jean Bricaud lui succède, reprenant son idée de réforme, en présidant l'Ordre Martiniste Lyonnais et celui de Papus qui devint la Société Occultiste Internatio-nale, où il regroupa tous les « profanes », réservant l'Ordre des Élus Cohen (Martiniste Lyonnais) aux Maçons de Hauts Grades.
A la mort de J. Bricaud, C. Chevillon reprend le flambeau et coupe définitivement les rapports entre le Rite de Memphis-Misraïm et les Élus Cohen d'une part, et la S.O.I. d'autre part, dont il nommera Mme Bricaud présidente.
Actuellement, par le jeu des dissidences et des scissions, les Ordres Martinistes et ceux des Élus Cohen ont proliféré en nombre et en qualités.
Il en est de même pour l'Église Gnostique divisée en plusieurs parties.
Rappelons que Constant Chevillon a écrit plusieurs petits ouvrages: Du néant à l'être, 1942 - Et verbum caro factum est, 1944 - La tradition universelle, 1946 -réédités en un volume aux Éditions Traditionnelles, Paris, 1982.
Méditations initiatiques, 1953 - Orient et Occident, 1926. Ainsi que Le vrai visage de la Franc-Maçonnerie, 1939 - et Réflexion sur le temple social, 1936, qui font l'objet de cette édition. La plupart de ces livres quasiment introuvables dans leurs premiers tirages avaient été presque tous édités par la librairie Derain-Raclet, pour les plus anciens, puis par Derain seul, 128 rue Vanban, à Lyon. Librairie toujours existante, qui fut un des hauts lieux de l'ésotérisme Lyonnais.
Nous remercions nos chers amis, Gilbert Tappa et Claude-Charles Boumendil, d'avoir tenu à rééditer ces deux textes importants du Maître, en espérant qu'ils contribueront à effacer les images, par trop caricaturales, de la Franc-Maçonnerie, ancrées dans l'idée populaire depuis si longtemps.
Que le souvenir de Constant Chevillon soit toujours vivant et que sa pensée perdure parmi les Maçons de bonne volonté. 24 juin 1991
19 - Prière pour la Paix : Constant CHEVILLON
PRIERE POUR LA PAIX
ADONAÎ Ô ELOIM DES ELOIM, nous voulons la paix: la paix dans les familles, dans les cités, dans les nations, la paix sur toute la terre, le coeur des hommes fait pour aimer et non pour haïr, envoyez à tous la bonté, la mansuétude et l'amour.
Eloignez d'eux à jamais le désir des guerres impies et fratricides, donnez-leur la soif inextinguible de la Paix. Déchaînez dans le monde une vague d'Amour et de Fraternité. Nous vous en supplions par le Verbe incréé, expression de votre amour infini; donnez-nous la Paix universelle.
Que la Paix étende partout sa sérénité et sa justice, mais surtout sur les peuples qui sont menacés dans leur vie, dans leur liberté, dans leurs idées et dans leur conscience humaine.
Faîtes, Adonaï et vous, puissance de la Lumière, que les intérêts particuliers s'effacent toujours devant l'intérêt général de l'Humanité et que celui-ci se hausse sur le plan spirituel de la Fraternité et de l'Amour pour juguler à jamais la colère, l'envie et la haine!
Donnez aux riches de la terre un coeur sensible et généreux, aux pauvres l'intelligence du royaume de la lumière avec la tempérance des désirs, aux puissants qui gouvernent le monde le sens de l'équité dans la prudence et la sagesse, aux gouvernés le respect de la hiérarchie juste et légitime; à tous les hommes l'humilité dans la Foi, l'Espérance et la Charité. Amen! Amen! Amen!
Constant CHEVILLON
16 - La tiédeur spirituelle : SS Shenouda III
LA TIDEDEUR SPIRITUELLE
SS SHEDOUNA III, Pape et Patrairche d’Alexandrie
Je ne prétends pas avoir atteint le but ni être parvenu à la perfection, mais je le poursuis pour tâcher de le saisir, comme moi-même j’ai été saisi par le Christ Jésus. Frères, je ne pense pas encore l’avoir saisi, mais je n’ai qu’un souci : oubliant ce qui est derrière, tendu vers l’avant de tout mon être, je cours droit au but. Ph 3,12-14
LA FERVEUR ET LA TIÉDEUR
L’Esprit Saint descendit le jour de la Pentecôte sous la forme de langues de feu (Ac 2, 3) qui embrasèrent les saints apôtres. Dieu de même apparut au prophète Moïse dans une flamme de feu dans le buisson (Ex 3, 2), et Saint Paul dit aussi : Notre Dieu est un feu dévorant (Hé 12, 29).
Celui qui est habité par l’Esprit de Dieu doit être dans la ferveur de l’Esprit. Celle-ci imprègne son cœur, son amour, ses prières, ses dévotions, son service. Cette ferveur embrase toute sa vie, et tout lieu où il se trouve s’embrase par sa ferveur, par ses activités et par le saint zèle qui l’anime.
L’amour de Dieu et celui du prochain remplissent le cœur de l’homme spirituel. Or, la Sainte Bible compare l’amour à un feu, et l’Écriture dit à ce propos : Les grandes eaux ne peuvent éteindre l’amour (Ct 8, 7).
C’est pour cette raison que le serviteur de Dieu animé par l’amour s’embrase de feu, comme le signale l’Apôtre en parlant de son ministère : Que l’autre trébuche et c’est un feu qui me brûle ? (2 Co 11, 29). Or cette ferveur de l’homme spirituel se transmet aux autres.
Des saints anges qui exécutent l’oeuvre de Dieu avec ferveur et ardeur le psalmiste dit :
Il fait des souffles ses anges,
Des flammes de feu ses serviteurs (Ps 103, 4).
Cependant, cette ferveur spirituelle ne dure pas toujours chez bien des enfants de Dieu et ils sont alors envahis par la tiédeur... Ils ne persévèrent pas dans leur amour d’antan pour beaucoup de raisons.
Ils prient, mais plus avec le même amour, ni avec la même profondeur, ni avec le même esprit. Ils lisent la Sainte Bible sans en être touché et il en est de même des réunions spirituelles et de la sainte liturgie qui n’émeuvent plus leur cœur comme jadis.
Leurs dévotions deviennent comme un corps sans esprit, ayant les apparences de la piété, mais reniant ce qui en est la force (2 Tm 3, 5). Ils parlent à Dieu sans sentir sa présence devant eux et dans leur vie.
Oh comme Dieu ne supporte pas cette tiédeur ! Ainsi c’est exprimé dans l’Apocalypse, il dit à l’ange de l’Église de Laodicée :
Tu n’es ni froid ni chaud.
Que n’es-tu l’un ou l’autre !
Ainsi, puisque te voilà tiède,
et que tu n’es ni chaud ni froid,
je vais te vomir de ma bouche (Ap 3, 15-16).
Cependant la tiédeur est un état relatif. Ce que l’on peut considérer comme tiédeur chez les grands saints peut être considéré comme ferveur chez des personnes ordinaires. Ces saints peuvent avoir régressé quelque peu de leur niveau spirituel mais il demeure pourtant bien supérieur à celui des autres, malgré leur régression.
LES STYLES DE TIEDEUR
Dans ce domaine on peut déceler trois catégories : Une tiédeur naturelle qui peut atteindre tous les hommes, même les saints, une tiédeur grave qui menace toute la vie spirituelle et risque d’entraîner la chute de l’homme, et une tiédeur relative, si l’on compare la vie spirituelle d’une personne à deux époques différentes de sa vie, toutes deux jouissant d’un niveau spirituel élevé.
La tiédeur naturelle est un phénomène de notre nature sujette à la déviation et qui est incapable de suivre constamment une ligne solide continuellement ascendante.
Quant à la tiédeur grave c’est celle qui persiste longtemps et qui s’approfondit sans que l’on éprouve aucun blâme intérieur. L’homme peut s’y habituer et ne point chercher à s’en débarrasser, parce qu’elle peut se revêtir de l’habit des agneaux.
Il en est ainsi de l’homme qui étant habitué à l’atmosphère de l’église, y pénètre sans vénération ni respect, sans humilité ni émotion. Il peut y donner des ordres et interdire, élever la voix et crier. Il peut prendre le maintien de l’ordre comme prétexte pour réprimander et rudoyer, comme il peut interrompre la prière du prêtre ou du diacre pour corriger un faute de grammaire. Arrivé à ce stade, ou bien il cherche à retrouver sa spiritualité parce qu’il découvre qu’il l’a perdue, ou bien il n’y pense plus, estimant qu’il a bien agi.
Là, il passe de la tiédeur au péché, sans s’en rendre compte, ou il peut s’en rendre compte et chercher alors à s’en justifier.
Dans cet état de tiédeur, il perd sa douceur et son humilité aussi bien que la vénération du lieu saint et le respect envers autrui.
LES ASPECTS DANGEREUX DE LA TIÉDEUR
La tiédeur est une chute. Comment pourrait-elle ne pas l’être ? La tiédeur est une chute du niveau de l’amour à celui de la routine, ou de celui de l’esprit à celui du rationalisme, c’est une chute des vertus de l’esprit à celles du matérialisme ou de l’intérêt qui le rapproche de Dieu à celui qui le rattache aux hommes.
La tiédeur constitue un arrêt du mouvement ; c’est une relation extérieure et non plus une relation intérieure avec Dieu ; c’est l’intérêt accordé aux vertus en ce souciant du critère de « la longueur » (la quantité), et non de « la profondeur » (la qualité).
Chacun de ces éléments exige un long développement que nous essaierons de résumer en exposant non seulement les aspects de la tiédeur, mais aussi ses causes ...
DE L’AMOUR À LA ROUTINE
La vie spirituelle de l’homme doit être animée par l’amour pour Dieu qui doit imprégner toute vertu. Vous priez parce que vous aimez Dieu et vous dites :
Ô Dieu, mon Dieu, je te cherche dès l’aurore
mon âme a soif de toi !
Après toi languit ma chair,
comme une terre déserte, sans eau (Ps 62, 2).
Combien j’aime ta loi :
tout le jour elle fait mes délices (Ps 118, 97).
Mais dans l’état de tiédeur, la prière se transforme en un devoir et en une obligation que vous remplissez, pour que votre conscience ne vous reproche rien et ne vous accuse pas d’avoir manqué à vos devoirs.
Vous pouvez prier sans désir sincère, sans sentiment, sans ferveur et peut-être encore sans compréhension. Votre prière dans ce cas perd tous les éléments qui en font une prière spirituelle ; dès lors, elle sera dépourvue de componction, de piété, de foi, de méditation et d’amour. Vous priez et cela vous suffit, alors que votre prière est devenue une simple routine.
Ce que l’on dit de la prière dans l’état de tiédeur pourrait s’appliquer aux autres disciplines spirituelles. De même, votre lecture de la Sainte Bible devient routinière. Vous lisez sans comprendre ni méditer, sans appliquer ce que vous lisez à votre propre vie ni recourir aux exercices spirituels et surtout sans savourer les paroles de Dieu, comme les savourait le prophète David qui disait :
Je trouve la joie dans tes paroles,
autant que celui qui découvre un grand trésor (Ps 118, 162).
Votre lecture n’est qu’une simple routine et un simple devoir. Peut-être avez-vous commencé votre vie spirituelle par l’amour pour Dieu, mais vous n’y avez pas persévéré. Pourquoi ?
C’est peut-être l’intérêt accordé à la quantité plus qu’à la qualité qui vous a conduit au ritualisme cultuel et, partant, à la tiédeur. Vous voulez réciter un certain nombre de psaumes et de prières, lire un certain nombre de chapitres de la Sainte Bible, et faire un certain nombre de prosternations. En tout cela, peu importe pour vous le comment ? Vous ne vous souciez plus de l’esprit mais du nombre. Et si vous atteignez le nombre requis, vous êtes, hélas ! satisfait de vous-même. Peu importe pour vous à quel point Dieu est satisfait de votre méthode !
Lorsque saint Isaac aborda cette question, il conseilla de se dire à soi-même dans un tel cas : Je ne me tiens pas devant Dieu pour compter des mots.
Saint Paul, lui, préféra cinq paroles avec intelligence à dix mille paroles en langue (1 Co 14, 19).
Pour accomplir vos « devoirs » vous pouvez prier rapidement, mais la rapidité conduit à l’incompréhension et au manque de méditation. Dès lors votre objectif sera, non de jouir d’un entretien avec Dieu tout empreint d’amour, mais de vous acquitter de cette obligation que les moines appellent l’office.
La déviation de l’objectif loin du chemin spirituel vous conduit inévitablement à la tiédeur, car elle vous éloigne de la spiritualité de la prière qui est à l’origine de la ferveur. Nombreux sont ceux qui en apprenant les hymnes liturgiques ne peuvent pas les étudier par cœur et il en est de même des psalmodies, aussi prient-ils avec ces hymnes et ces psalmodies lentement et, partant, avec méditation et spiritualité. Mais avec la pratique, ils atteignent le stade de l’étude par cœur et la vitesse avec laquelle ils chantent ces prières s’accroît en proportion, à tel point qu’ils chantent les louanges si vite qu’il est difficile de distinguer les paroles.
Avec la vitesse et l’étude par cœur, la compréhension, les sentiments, la méditation diminuent et les hymnes deviennent une simple musique dépourvue de l’esprit de prière.
CAUSES ET REMEDES DE LA TIÉDEUR
Si vous êtes assailli par un ou par toutes ces faiblesses, dites-vous : « Je voudrais prier, je voudrais m’adresser à Dieu de tout mon cœur, même en quelques paroles, comme l’ont fait le collecteur d’impôts et le bon larron sur la croix, qui ne lui ont dit qu’une seule phrase ».
L’une des causes de votre tiédeur est peut-être que vous vous contentez des prières étudiées, que vous les récitez sans qu’elles ne soient imprégnées par l’esprit de prière, sans ajouter des prières personnelles émanant des profondeurs de votre cœur.
Pourtant elles sont profondes les prières des psaumes et les autres prières de l’Eglise si vous les priez avec compréhension et de tout votre cœur... Ce sont des trésors spirituels. Mais en plus de ces prières vous avez besoin d’avoir des prières personnelles où vous exprimez tout ce qui anime votre âme, en employant vos propres paroles et où vous vous adressez à Dieu avec amour et en toute franchise, comme si vous vous teniez devant lui et que vous le voyiez.
Exercez-vous à ces prières personnelles toutes les fois que vous êtes assailli par la tiédeur, comme dans les périodes de ferveur spirituelle, et constatez l’efficacité de telles prières dans votre vie.
Affranchissez-vous de l’esclavage de la quantité et de la vitesse, de celui de la routine et de l’obligation et cherchez à prier avec esprit, compréhension et sentiments ; agissez de la sorte avec tous les exercices spirituels. Gardez-vous de la chute !
Si vous souffrez de la tiédeur, réduisez le nombre de psaumes, mais priez avec profondeur tout en cherchant à augmenter le nombre en gardant la même profondeur. Sinon, tenez-vous à un petit nombre, la profondeur étant la plus importante, car c’est elle qui remédie à la tiédeur.
Or la tiédeur n’attaque pas seulement la prière, les lectures, les méditations et tous les autres moyens spirituels, mais elle peut aussi envahir tous les sentiments intérieurs du cœur, les divers fruits de l’Esprit et toute la vie spirituelle en général... Le saint zèle dans le service de Dieu peut n’être plus aussi ardent qu’auparavant, le désir de se consacrer à Dieu peut faiblir ou s’attiédir, la ferveur dans l’examen de conscience et dans la vie de conversion peut perdre sa force.
Dans l’état de tiédeur les aspects et les causes peuvent se ressembler. Par exemple, se détourner de Dieu en se préoccupant d’autre chose peut être un aspect de la tiédeur comme il peut en être une cause. La satisfaction éprouvée à l’égard d’un niveau spirituel atteint avec l’arrêt de la croissance peut être une cause de la tiédeur aussi bien qu’un de ses aspects. Nous avons déjà signalé que le passage de l’amour à la routine est un des aspects de la tiédeur et nous pouvons aussi le considérer comme une de ses causes.
LES PRÉOCCUPATIONS QUI DETOURNENT DE DIEU
Parmi les causes les plus graves de la tiédeur figurent les préoccupations qui empêchent de trouver du temps pour Dieu et pour sa vie spirituelle. L’intérêt profond n’est plus accordé à Dieu, mais aux préoccupations ; la place de Dieu dans notre vie n’est plus la première mais la dernière ... Ainsi, l’on voit disparaître les moyens spirituels suscitant la ferveur dans le cœur, qui est alors envahi par la tiédeur.
Les préoccupations sont diverses : les unes sont mondaines, les autres sont dans le cadre du service religieux ... L’homme peut être préoccupé par des questions familiales, par les études, par une activité quelconque, par un divertissement, par un hobby ou un travail, à tel point qu’il ne trouve plus de temps pour sa propre vie spirituelle.
Pour un tel homme nous présentons deux conseils :
1. Il faut organiser votre temps.
2. Que servira-t-il donc à l’homme de gagner le monde entier,
s’il doit perdre son âme (Mt 16, 26).
Pour organiser votre temps de telle sorte que vous en consacriez une partie à votre vie spirituelle, il faut re-connaître la valeur des moyens spirituels pour votre vie terrestre et pour votre vie dans l’éternité. Si vous les appréciez comme ils le méritent, vous leur accorderez l’intérêt requis et vous consacrerez un temps pour votre vie spirituelle, quelles que soient vos préoccupations.
Gardez-vous de celles qui concernent le service de l’Église, car elles constituent parfois une entrave à votre vie spirituelle, d’une façon qui satisfait votre conscience. Sachez bien que si votre vie spirituelle faiblit, votre service de Dieu s’en ressent et ne porte aucun fruit. Car le service de Dieu n’est pas une activité quelconque, mais c’est un esprit qui se transmet d’une personne à l’autre ; c’est la vie du serviteur de Dieu qui est assimilée par le fidèle. Sachez que le service de Dieu n’est pas un prétexte vous empêchant de jouir de Dieu et de son intimité. D’ailleurs Dieu n’exige pas de vous un service qui vous éloigne de la prière, de la méditation et de la vie intime avec lui. Vous avez donc besoin d’organiser les diverses activités qu’exige le service de Dieu.
Souvenez-vous du fils aîné dans la parabole de l’enfant prodigue qui dit à son père : Voilà tant d’années que je te sers ... et à moi tu ne m’as jamais donné un chevreau pour festoyer avec mes amis (Lc 15, 29).
Bien qu’il servait son père depuis de longues années, sa volonté s’opposait à celle de son père, son entretien avec ce dernier, ses propos concernant son frère, son re-fus de partager la joie qui remplissait le cœur de son père en voyant son frère se retourner, tout cela prouve la faiblesse de sa vie spirituelle.
Cherchez à accepter seulement les préoccupations qui ne dépassent pas vos capacités. Pour sauvegarder votre vie spirituelle, renoncez à certaines préoccupations. El-les sont nombreuses celles auxquelles on peut renoncer, ainsi en est-il de certains divertissements, certaines rencontres et de bien des entretiens.
Vous pouvez au moins élever votre cœur vers Dieu de temps en temps lors de vos préoccupations ; et même si elles absorbent tout votre temps, qu’elles n’accaparent pas tout votre cœur. Ne vous laissez pas absorber totalement par les préoccupations, vu que vous ne possédez pas tout votre temps pour le gaspiller, car où se trouve alors la part de Dieu ? !
Je ne veux pas vous dire que Dieu possède toute votre vie... Mais au moins, souvenez-vous, au milieu de vos multiples préoccupations, de deux points importants quant à la part de Dieu dans votre temps :
1. Souvenez-vous du jour du Seigneur pour le sanctifier.
2. Souvenez-vous quand il s’agit de votre temps,
du commandement concernant les prémices.
Sachez que si vous êtes fidèle dans l’observance du commandement du jour du Seigneur, vous y puiserez sûrement une réserve spirituelle qui vous permettra d’éviter la tiédeur durant toute la semaine suivante.
Si vous êtes fidèle dans l’observance du commandement des prémices, et que vous offrez à Dieu celles de votre journée, la ferveur spirituelle que vous y puiserez subsistera toute la journée et vous poussera à consacrer d’autres temps à votre vie spirituelle.
Un autre point est à signaler : Si vous vous occupez profondément toute la journée de questions mondaines, celles-ci s’empareront de votre intériorité, accapareront votre cœur et votre pensée, de sorte que si vous vous tenez devant Dieu pour prier, votre esprit sera préoccupé par ces questions et votre prière sera empreinte de tiédeur.
Quand nous parlons des préoccupations en tant que cause de la tiédeur, nous n’entendons pas seulement l’occupation de tout le temps, mais surtout la préoccupation du cœur et de la pensée aussi... et c’est le plus grave, car elle pénètre à l’intérieur de l’homme.
C’est pour cette raison que la Sainte Église a établi les sept prières journalières pour rompre les multiples préoccupations de la journée par une intimité avec Dieu. Ces prières ont été réparties de sorte qu’il ne se passe pas trois heures sans que l’homme n’élève son cœur vers Dieu et s’entretienne avec lui, loin des préoccupations et des questions de ce monde, sauvegardant ainsi sa ferveur. Si vous êtes fidèle dans les prières du jour, vous ne connaîtrez pas la tiédeur, car votre esprit n’aura cessé d’invoquer Dieu durant toute la journée.
L’une des causes de la tiédeur c’est que l’homme se tient éloigné de Dieu pendant un temps assez long, comme il arrive à certains fidèles qui prient seulement le matin et le soir et qui ne prient pas aux heures les plus occupées et les plus critiques de la journée où les combats et les causes de chute abondent.
Voulez-vous échapper à la tiédeur ? Élevez le cœur de temps en temps vers Dieu, même par une seule phrase, ou par une courte prière qui ne dure qu’une minute ou quelques secondes.
Article paru dans la revue
Le Chemin, 59, 2003.
octobre 26, 2005
16 - Combats spirituels : Amba Shenouda III
Combats spirituels
Les combats spirituels extérieurs à l’âme humaine
Ces combats spirituels proviennent de diverses sources bien connues : du
Diable et des hommes, qu’ils soient ennemis, amis ou proches bien-aimés
! Ils peuvent aussi provenir du monde, de la matière, du milieu
environnant avec tout ce qu’il comporte comme causes de chute...
LES COMBATS PROVENANT DE SATAN
Les combats sataniques assaillant l’homme peuvent être lents et à long
terme, ou bien surprenants et violents. L’homme peut ne pas prendre
conscience des combats à long terme dans lesquels Satan attire
inconsciemment ses victimes par une lente progression, à tel point
qu’elles ne se rendent pas compte de ce qui leur arrive. Petit à petit,
Satan les hypnotise affaiblissant progressivement leur ferveur afin de
changer leur vie, de sorte qu’elles ne prennent conscience que trop tard
de ce qui se passe, et lorsqu’il leur assène un coup violent, elles ne
sont pas prêtes à y faire face.
C’est peut-être ainsi que, par le luxe, le plaisir, les nombreuses
femmes et sa complaisance à leur égard, l’Adversaire attaqua le sage
Salomon jusqu’à ce qu’il succombât au péché (Rois 11, 1-8), et,
effectivement, sa chute eut lieu lors de sa vieillesse !
Quant aux combats violents et surprenants du Diable, ils peuvent se
manifester par des apparitions effrayantes, de fausses visions et toutes
sortes de tromperies sataniques. Saint Antoine le Grand fut exposé à de
tels combats où il triompha par l’humilité, le discernement et la
prière. Il vainquit les démons, qui, couverts d’opprobre, furent obligés
de fuir. Mais Dieu ne permet pas que ces attaques assaillent tout homme.
Car Dieu est fidèle, Il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà
de vos forces (1 Co 10, 13). Parmi les combats violent et soudains,
citons l’épreuve à laquelle le juste Job fut exposé (Jb 1, 2). Nous
remarquons que Dieu permit cette épreuve, mais dans des limites
assignées selon le degré d’endurance de Job, aussi l’issue de cette
épreuve fut-elle marquée par le succès de Job et la bénédiction de Dieu
(Jb 42).
Cependant, les combats de Satan ne sont pas tous caractérisés par la
terreur et les visions effrayantes, tel que l’illustre l’exemple de
Saint Antoine ni par les maladies et les ruines, telle que le démontre
la vie de Job le juste. Il y a d’autres combats sataniques où
l’Adversaire présente à l’esprit de mauvaises pensées et suscite dans le
coeur de mauvaises passions. Ces combats sont faibles au début, car ils
n’émanent pas de l’intérieur de l’homme, mais ils lui sont étrangers et
ils demeurent ainsi anodins jusqu’au moment où l’homme leur ouvre une
porte pour envahir son coeur et ses sentiments. C’est à partir de ce
moment qu’il succombe au péché.
Or, c’est une trahison spirituelle que d’ouvrir les portes du coeur à
l’ennemi de tout bien, qui veut détruire le Royaume de Dieu à
l’intérieur de vous-même. C’est une trahison à l’égard de Dieu qui
accepta d’entrer dans votre coeur et d’y résider alors que vous, vous y
faites entrer volontairement Son Ennemi pour y occuper la place de Dieu.
C’est une trahison à l’égard du Seigneur qui vous a racheté et vous a
aimé jusqu’à la fin, qui vous a confié Ses saints mystères et a fait de
votre coeur un temple de Son Esprit Saint (1 Co 6, 19-20). Et voilà que
vous répondez à l’appel du Diable, vous lui ouvrez votre coeur et vous
acceptez ses pensées défavorables à Dieu. En trahissant Dieu, vous
refusez l’oeuvre de la grâce en vous, ce qui permet à Satan d’acquérir
un pouvoir sur vous.
N’objectez pas en disant que les combats spirituels extérieurs sont
violents ! Vous les rendez ainsi quand vous vous y abandonnez. Mais si
vous leur résistez, c’est le Diable qui faiblira devant vous : Résistez
au Diable, dit l’apôtre, et il fuira loin de vous (Jc 4, 7).
Le coeur fort, fidèle dans son amour et demeurant en Dieu est à même
d’éteindre tous les traits enflammés du Mauvais (Ep 6, 16). Lorsque le
coeur de David se fortifia par la foi, toute la force de Goliath, le
champion, faillit (1 S 17, 26). Lorsque le coeur du prophète Moïse se
raffermit, toute la force de Pharaon et de son armée s’évanouit et Moïse
n’a point craint les vagues de la Mer Rouge. Et vous, tant que votre
coeur est fort intérieurement, vous ne faiblirez jamais devant les
assauts de Satan, mais vous serez consolé par cette parole du
Saint-Esprit transmise par les prophètes :
Qu’es-tu, grande montagne ? Devant Zorobabel, deviens une plaine (Za 4,
7).
Si nous faiblissons, nous accordons au Diable une dignité qui n’est pas
la sienne et nous lui permettons d’être hardi à notre égard, alors qu’au
début il nous craignait !
Il me semble que lorsque Satan envoie un démon de ses suppôts pour
attaquer un fidèle, ce démon est saisi de terreur et il se dit :
« Comment pourrais-je combattre cet homme qui est l’image de Dieu et le
Temple de Son Esprit Saint ? Comment pourrais-je faire la guerre à cet
homme fort et entouré des anges de Dieu qui sont chargés de le sauver ?
Comment pourrais-je m’approcher de cet enfant de Dieu muni du bouclier
de la foi et du casque du salut ?! (Ep 6). Que pourrais-je faire s’il
fait le signe de la croix ?! Où pourrais-je fuir s’il lève les mains
pour prier ?! Quelle sera ma honte s’il me chasse en disant :
« Retire-toi démon » ?
Quelle surprise pour ce démon, si faible, lorsqu’il voit que l’homme le
craint et fuit devant lui, aussi il s’enhardit alors contre lui et le
méprise ! Il lui rase les cheveux - comme l’on a fait de Samson -, lui
crève les yeux, l’oblige à tourner la meule, et fait de lui un objet de
dérision pour les enfants (Jg 16, 19-21). Pour cela il ne faut jamais
craindre les démons sinon, ils acquièrent un pouvoir sur vous. Et vous,
homme qui êtes à l’image de Dieu, respectez-vous vous-même ... face aux
démons.
Parmi les combats sataniques bien connus, figure celui du doute en Dieu,
suivi par celui du désespoir. Ne craignez rien, car ces pensées
n’émanent pas de vous, mais il s’agit d’un combat extérieur où vous n’y
êtes pour rien ! Le Diable jette dans votre esprit des doutes concernant
l’existence de Dieu, Son amour et Sa Providence, d’autres contestant
l’efficacité de la prière et l’intercession des saints, puis il vous
insinue : « Comment pourriez-vous assurer votre salut alors que de telles
pensées remplissent votre coeur ?! Tandis qu’en fait, vous refusez ces
idées imprégnées de doute, vous leur résistez et vous ne les acceptez
pas, priant Dieu de les chasser loin de vous ! Tout cela prouve que ces
idées n’émanent pas de vous.
Il s’agit là non d’une chute mais d’une guerre sur le plan de la pensée.
Même si vous succombez pour quelques instants à ce péché de la pensée,
cette chute sera la conséquence d’une faiblesse et non d’une trahison de
Dieu, et le Seigneur est prêt à vous pardonner.
Mon conseil à ce propos est de vous éloigner des lectures qui provoquent
ces pensées. Agissez de même avec les mauvaises fréquentations qui vous
les transmettent, car la plupart du temps ces pensées et ces
conversations sont des armes utilisées par le Diable pour nous
combattre, soyez donc avisé !
Cela nous conduit au second point, à savoir : les amitiés nuisibles.
LES AMITIES NUISIBLES
Ce sont des amitiés qui sont nuisibles pour votre vie spirituelle, votre
foi et vos pensées et qui corrompent votre coeur et vos sentiments...
Ainsi la mauvaise fréquentation du serpent est à l’origine de la chute
d’Eve. De même la chute du roi Achab fut provoquée par sa mauvaise
femme, Jézabel, et celle de Salomon par ses femmes étrangères. C’est
pourquoi il faut bien choisir vos amis, car ils peuvent vous influencer
facilement par leurs pensées.
Je vous conseille de même de bien choisir votre conjoint dans la vie
conjugale, car il influencera sans aucun doute votre vie spirituelle,
soit par la croissance soit par la régression... L’influence du conjoint
est beaucoup plus dangereuse et plus profonde que celle des amis, des
connaissances et des collègues... L’ami peut s’entretenir avec vous à
des moments déterminés. Quant au conjoint, c’est le partenaire permanent
de la vie. Aussi faut-il le choisir digne à tous égards, non seulement
digne du point de vue social, mais aussi profond du point de vue
spirituel et dogmatique. Il ne faut pas se contenter seulement des
apparences ...
A ce propos souvenons-nous de ces paroles de la Sainte Bible :
Les mauvaises compagnies corrompent les bonnes moeurs (1 Co 15, 33)
et
on aura pour ennemis les gens de sa famille (Mt 10, 36).
Un exemple nous en est donné par les parents qui empêchent leurs enfants
de jeûner, de s’adonner à la vie spirituelle, de se consacrer à Dieu,
d’aller à l’église et d’assister aux réunions spirituelles. Pis encore,
ils les invitent à se parer indécemment et à s’adonner aux mauvais
divertissements, et ils ne leur donnent pas le bon exemple de la famille
chrétienne !
Il en est de même de l’époux qui manque de piété et entraîne sa femme
avec lui à la perdition, qui se moque de sa piété et qui ne l’encourage
pas à s’adonner aux pratiques religieuses, qui l’empêche de servir Dieu
et qui ne lui donne pas l’occasion de jeûner et de communier. C’est
pourquoi Notre-Seigneur affirme dans l’Evangile :
Qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi (Mt
10, 37).
L’homme ne peut peut-être pas se séparer de ses parents et des siens.
Mais il devra aimer Dieu plus qu’eux, Lui obéir plus qu’à eux, et il ne
doit sacrifier ni sa vie spirituelle ni sa foi pour plaire aux siens.
Qu’il se rappelle sans cesse ces paroles de l’apôtre :
Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes (Ac 5, 29).
Or, il n’y a pas d’être plus cher que Dieu, ni plus digne d’amour que
Lui, comme il n’y a rien de plus important que votre destin éternel.
Cependant, il y a des parents dont il faudrait s’éloigner. Et s’il n’est
pas possible de se séparer d’eux physiquement, du moins il faut y
parvenir en refusant de participer à leurs oeuvres, à leurs
conversations et à tout acte mauvais.
Mais certaines personnes n’ont pas le courage de s’éloigner des
pécheurs, qu’ils soient des parents ou des amis..., et ils participent
ainsi à leurs péchés par timidité ! L’homme spirituel doit savoir qu’il
y a des limites pour la timidité, et qu’il y a des situations qui
exigent une fermeté, une forte personnalité et une attitude résolue lui
permettant d’éviter les causes de chutes.
Quelles sont vraies les paroles du proverbe disant : Renseignez-vous sur
le compagnon de route avant de vous renseigner sur la route à suivre.
Car vous pourrez être influencé par un de vos proches d’une façon qui
ruine votre âme, ou qui introduit dans votre coeur ou dans votre
intelligence des principes et des idées qui orientent votre vie dans une
fausse direction.
Sachez que le « vrai » proche est celui qui vous aide à s’approcher de
Dieu, que le « vrai » ami est celui dont la vie spirituelle est marquée
par la justice et qui cherche sincèrement à sauvegarder votre réputation
et à assurer le salut de votre âme.
LES CAUSES DE CHUTE
Les causes de chute sont tout ce qui provoque votre chute de l’extérieur
ou tout ce qui suscite en vous une mauvaise pensée, un mauvais sentiment
ou une mauvaise passion. Les occasions de péché peuvent provenir des
sens (de l’ouïe, de la vue) et des lectures etc...A vous de déployer
tous vos efforts pour vous éloigner des causes de chute et d’éviter de
l’être vous-même pour autrui. Les occasions de péché peuvent s’imposer à
nous, mais parfois nous les cherchons de notre plein gré.
Celles qui s’imposent d’elles mêmes représentent la guerre extérieure,
et celles auxquelles nous aspirons deviennent une guerre intérieure qui
cherche son assouvissement de l’extérieur. Dans ce dernier cas se
réunissent les assauts extérieurs et intérieurs, et il est dès lors
difficile à l’homme d’y échapper, et les conséquences qu’il va endurer
sont aussi plus graves...
Ferme dans son ordre divin incitant à s’éloigner des causes de chute,
Notre-Seigneur dit :
Si ton oeil droit est pour toi une occasion de péché, arrache-le et
jette-le loin de toi... Et si ta main droite est pour toi une occasion
de péché, coupe-la et jette-la loin de toi... (Mt 5, 29-30).
Pour bien des Pères, l’occasion de péché provoquée par l’oeil droit est
celle qui provient de l’être le plus cher. Quant à la main droite, elle
représente l’être qui vous aide le plus. Ainsi l’homme doit se séparer
de ses amis et de ses êtres chers...si sa relation avec eux est
susceptible de lui faire perdre sa vie éternelle... et de provoquer des
combats extérieurs auxquels il n’est pas sûr de pouvoir résister.
L’important est de vous éloigner des combats extérieurs quel qu’en soit
le prix et de ne point s’y abandonner volontairement, car vous priez
chaque jour en disant : Et ne nous soumets pas à l’épreuve, mais
délivres-nous du Malin (Mt 6, 13).
Certaines occasions de péché attirent l’homme qui rôde autour d’elles
comme un papillon voltige autour du feu jusqu’à ce qu’il soit brûlé...
Et malgré que le papillon voie que bien des papillons avant lui ont été
brûlés, il ne cesse de voltiger jusqu’à ce qu’il soit brûlé lui-même.
Il peut y avoir quelqu’un qui constitue pour vous une occasion de péché
et entraîne votre chute, et alors qu’il échappe lui-même à la chute,
vous, vous vous perdez. Il peut, lui, se convertir alors que pour vous
la conversion peut être difficile. C’est pourquoi prenez toutes vos
précautions en recourant à la grâce et à son oeuvre à l’intérieur de
vous, pour vous éloigner des causes de la chute, échappant ainsi, autant
que possible, aux combats extérieurs...
Parmi les sources des occasions du péché et des combats extérieurs
figurent certains genres de lectures. Les lectures influencent les
pensées de l’homme aussi bien que ses sentiments, elles pourraient
former ses principes et orienter le cours de sa vie. Il y a des lectures
qui sont clairement mauvaises qu’il faudrait éviter totalement sans
qu’on ait besoin d’un conseil. Certaines lectures provoquent des doutes
et de la confusion, et suscitent de mauvais sentiments et de mauvaises
passions. Il ne suffit pas que l’homme spirituel s’éloigne des lectures
nuisibles, mais du point de vue positif il devra aussi lire ce qui
approfondit son amour pour Dieu, ce qui constitue une cure préventive
dans les combats extérieurs auxquels il peut être exposé.
Si l’homme spirituel est assailli par la soif de tout connaître, tout en
sachant bien que les connaissances ne sont pas toutes profitables, mais
qu’il y en a qui sont susceptibles de lui faire perdre sa simplicité et
sa pureté, en changeant et en souillant sa conception des choses ...! il
lui incombe alors de choisir minutieusement ses lectures pour éviter
d’attirer les combats contre lui ... Le problème des lectures est
qu’elles suscitent des idées qui peuvent être difficiles à oublier ou à
éliminer... et il faut un temps assez long pour que la mémoire s’en
débarrasse !...
Parmi les causes des combats extérieurs, signalons aussi le milieu
environnant.
LE MILIEU ENVIRONNANT
Nous entendons par là l’ambiance générale qui entoure l’homme ... les
idées du milieu dans lequel il vit, ses tendances, le genre de vie, les
principes prévalant dans la société, le comportement et les conceptions
adoptées par tous ou par la majorité ... Il est bien difficile à l’homme
de vivre d’une façon non conforme au milieu environnant, en appliquant
des principes spirituels qui sont incompréhensibles pour son entourage.
Ainsi le juste trouve qu’il torture jour après jour son âme (2 P 2, 8),
ou du moins qu’il déploie un effort considérable pour sauvegarder son
mode de vie spirituel, ou du moins il trouve que sa méthode spirituelle
l’expose à bien des combats ... Que peut-il faire ?
Il vaut mieux pour lui de changer, dans la mesure du possible, le milieu
environnant, sinon qu’il persévère ... et qu’il lutte pour vaincre. Dieu
n’oublie jamais toute la fatigue émanant de l’amour pour Lui.
Le fondement même de notre vie est de témoigner pour la justice, si ce
n’est pas par la parole du moins par notre comportement dans la vie.
L’apôtre nous conseille à ce propos : Ne vous modelez pas sur le monde
présent (Ro 12, 2). La vie spirituelle exige la lutte, la patience et la
persévérance. Que l’homme spirituel ait confiance en la grâce de Dieu
qui oeuvre avec lui et qu’il sache qu’il ne lutte pas seul dans son bon
combat : Celui qui aura tenu bon jusqu’au bout, celui-là sera sauvé (Mt
10, 22).
Les combats spirituels sont multiples, et il nous incombe de lutter et
de vaincre. Quelles sont nombreuses les grâces que Dieu octroiera aux
vainqueurs (Ap 2, 3) ! Luttez afin d’être compté parmi les vainqueurs,
et afin de ne point perdre votre couronne que le juste Juge vous donnera
en ce jour (2 Tm 4, 8), Lui qui donne à chacun son salaire selon son
propre labeur (1 Co 3, 8).
Amba Shénouda
III, pape et patriarche d’Alexandrie
Cet article est publié avec la bénédiction d’Abba Marcos et d’Abba
Athanatios, métropolite et évêque de l’Eglise Copte Orthodoxe,
représentants en France de sa sainteté le Pape Shenouda III, patriarche
d’Alexandrie.
© Eglise Orthodoxe Copte Française
13 - La doctrine de l'exorcisme dans l'Eglise Latine : Un théologien
LA DOCTRINE DE L’EXORCISME
SA CONFUSION DANS L’ÉGLISE
INTRODUCTION
Le 26 Janvier 1999, le Cardinal Medina Estevez, préfet de la Congrégation pour le culte divin, a présenté à la presse le nouveau Rituel des exorcises. Ce texte a été publié seulement en latin et les épiscopats nationaux devront se charger de sa traduction. Des journaux et des revues ont fait écho à ce Rituel et en ont indiqué les points les plus importants, sur lesquels il importe de faire quelques commentaires théologiques. Il y a notamment un communiqué de l’Agence France-Presse, auquel nous ferons surtout référence.
JUSTIFICATION DE LA PRÉSENTE INTERVENTION
La présente intervention est basée sur l’esprit d’ouverture accordée au théologien par l’Instruction publiée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, les 24 mi 1990, sur la vocation du théologien. En effet, au sujet de « l’enseignement du Magistère en matière de foi non réformable », l’Instruction admet qu’ « il peut arriver que le théologien se pose des questions portant, selon les cas, sur l’opportunité, sur la forme et même sur le CONTENU de l’intervention du Magistère ». (N.24) Et un peu plus loin, l’Instruction parle d’une application particulière dans LE CAS DU THÉOLOGIEN QUI AURAIT DE SÉRIEUSES DIFFICULTÉS À ACCUEILLIR, POUR DES RAISONS QUI PARAISSENT FONDÉES, UN ENSEIGNEMENT MAGISTÉRIEL NON IRRÉFORMABLE ». (N.28)
LE PROBLÈME DE L’EXORCISME
Les Églises orthodoxes et certaines confessions protestantes ont conservé bien vivante la pratique des exorcismes. Mais dans l’Église catholique, la mentalité qui prévaut est résumée dans le Droit canonique en ces termes : « Personne ne peut légitimement prononcer des exorcismes sur les possédés, à moins d’avoir obtenu de l’Ordinaire du lieu une permission particulière et expresse ». (Can. 1172, §1) C’était reprendre, en substance, ce que l’ancien code avait lui-même stipulé. (Can. 1151)
Dans l’interprétation du canon 1172, la confusion est presque généralisée. Cependant, le Catéchisme de l’Église catholique semble y avoir apporté une timide clarification, lorsqu’il indique que « l’exorcisme SOLENNEL, appelé ‘grand exorcisme’, ne peut être pratiqué que par un prêtre et avec la permission de l’évêque ». (N. 1673) Avant de parler de l’exorcisme solennel, il parle d’un format « simple » de l’exorcisme, qui « est pratiqué lors de la célébration du baptême ».
En considérant que le Catéchisme parlait d’exorcisme « solennel », on aurait pu penser qu’il voulait se référer à la terminologie utilisée par les théologiens, qui distinguent entre exorcisme solennel et exorcisme privé. Mais le texte du Catéchisme demeure très ambigu et il est nécessaire d’y apporter quelques commentaires. Pour ce faire, il faut bien distinguer les différentes espèces d’exorcismes.
DÉFINITION ET ESPÈCES DE L’EXORCISME
L’exorcisme est l’invocation faite au nom de Dieu, afin d’éloigner le démon d’une personne, d’un animal, d’un lieu ou d’une chose. L’exorcisme peut être privé ou public, et ce dernier peut être simple ou solennel.
1) L’exorcisme est PRIVÉ, lorsqu’il est pratiqué par un prêtre ou par un simple fidèle, selon le pouvoir et le droit d’exercer ce pouvoir, sans aucune autorisation, conformément à la collation de ce pouvoir par le Christ lui-même : « Voici les miracles qui accompagneront ceux QUI AURONT CRU : PAR MON NOM, ILS CHASSERONT LES DÉMONS ». (Marc 16.17)
2) L’exorcisme est PUBLIC, lorsqu’il est pratiqué AU NOM DE L’ÉGLISE, par une personne habilitée, conformément aux rites déterminés. a) L’exorcisme public est SIMPLE, lorsqu’il dépend d’autres rites, comme le catéchuménat et le baptême. b) L’exorcisme public est SOLENNEL, lorsqu’il est pratiqué AU NOM DE L’ÉGLISE, et pour cette raison, il est pratiqué par un prêtre et avec autorisation de l’évêque. En conséquence, le canon 1172, §1, avec ses restrictions, doit s’appliquer seulement à l’exorcisme solennel ; c’est ce qui sera prouvé, sans équivoque, dans les arguments qui vont suivre !...
Ce dernier canon est l’objet de très graves confusions dans l’Église, même en hauts lieux ( !), si bien qu’on interdit tous les exorcismes qui ne sont pas solennels !... Ainsi, on interdit à presque tous les fidèles de lutter contre le démon, par le moyen spécifique que le Christ[ a octroyé non seulement aux apôtres, mais aussi i TOUS LES CROYANTS, et ce moyen spécifique, c'est l’EXORCISME ! ...
Cette interprétation du canon 1172, §1 se retrouve notamment dans la lettre que la Congrégation pour la Doctrine de la Foi adressait à tous les évêques du monde entier, le 29 septembre 1985, ainsi que dans la présentation du nouveau rite de l’exorcisme, que faisait le Préfet de la Congrégation pour le Culte divin, le 26 janvier dernier.
POUVOIR D’EXORCISME CONFÉRÉ AUX APÔTRES ET À TOUS LES CROYANTS
Le pouvoir de chasser les démons a été conféré par le Christ d’abord aux APÔTRES, comme nous l’indique l’Évangile : « Ayant appelé ses douze disciples, il leur donna autorité sur les « esprits impurs, avec pouvoir de les expulser ». (Matthieu 10.1 )
Mais ce que l’on ignore presque toujours et que, souvent, on s’obstine à vouloir ignorer, c'est que ce même pouvoir a été octroyé A TOUS LES CROYANTS par Jésus lui-même : « Et voici les miracles qui accompagneront CEUX QUI AURONT CRU : PAR MON NOM, ILS CHASSERONT LES DÉMONS ».
(Matthieu 16.17) Le problème fondamental des exorcismes réside certainement dans le fait que, dans l’Église à tous les paliers, on admet rarement que le Christ ait réellement octroyé à tous les croyants le pouvoir de chasser les démons, comme nous l’indiquent très clairement les paroles du Christ qui viennent d’être citées !...
Le ministère de l’exorcisme confié par Jésus à tous les croyants est moins un charisme qu’un signe de la foi. Il ne dépend pas de titres ecclésiastiques ou d’aptitudes particulières, ni de quelque chose qui soit extérieur à nous, mais de ce que nous sommes par la grâce de Dieu. C'est pourquoi des personnes d’humble condition peuvent voir ce signe résulter de leur foi, alors que d’autres plus douées pourraient s’interroger devant l’insuccès de leurs tentatives de chasser le démon.
Par sa Passion, le Christ a terrassé tous ses ennemis, et il a donné à l’Église de participer à ce pouvoir dominateur. L’Église a conscience de la puissance et de la haine de l’adversaire infernal. Elle connaît aussi sa propre puissance sur le démon : « Les portes de l’enfer ne tiendront pas contre elle », disait Notre-Seigneur. (Mt 16.18) Ne disait-il pas encore aux 72 disciples : « Aussi bien vous ai-je donné le pouvoir de fouler aux pieds serpents, scorpions, et toute puissance de l’Ennemi, et rien ne pourra vous nuire ». (Luc 10.19)
Mais chaque chrétien est membre de Christ et il participe à son pouvoir ; en tant que baptisé et confirmé, il a part au Sacerdoce royal du Christ. A ce titre et selon la mesure de son union au Christ par la foi et la charité, il n’échappe pas seulement aux emprises du Mauvais, au moins partiellement, mais il est aussi habilité à le combattre, à faire reculer son empire ; il est médiateur de sa défaite.
LES EXORCISMES ET L’ÉGLISE PRIMITIVE
Quand on lit les Pères de l’Église, on constate, avec l’évidence la plus absolue, que ces Pères n’ont pas falsifié, encore moins contredit directement, le pouvoir RÉEL de chasser les démons, que le Christ a conféré à TOUS LES CROYANTS !... En effet, dans l’Église primitive, l’exorcisme chrétien acquit rapidement un important prestige, car il délivrait même les païens qui en faisaient la demande. Tout chrétien était vraiment habilité à exercer cette fonction. Ce rite était vraiment transparent au temps du Christ et librement exercé. Ce fut alors un ministère spécifique, un des signes les plus marquants du Royaume !...
Le pouvoir de chasser les démons était courant et public dans les premiers siècles, alors que TOUS LES CHRÉTIENS, CLERCS ET LAÏCS, réussissaient à chasser les démons. Nombreux sont les témoignages contemporains à ce sujet, et ils nous indiquent que ce fait servait même aux apologistes comme argument de la divinité de Jésus et du christianisme.
Ainsi, Tertullien attire souvent l’attention des païens sur ce fait, et il leur lance même ce défi : « Qu’on amène ici, en présence de vos tribunaux, quelqu’un qui soit certainement tourmenté par le démon. Sur l’ordre qui lui en sera donné par un CHRÉTIEN QUELCONQUE, cet esprit se proclamera démon en toute vérité, comme ailleurs il se déclare faussement Dieu ». (P.L. 1, 410)
Dans le même sens, saint Justin écrivait ce qui suit : « Vous pouvez comprendre ce que je vous dis, par les faits mêmes qui se produisent devant vos yeux En effet, un grand nombre d’hommes, saisis par le démon, dans le monde entier et ici dans votre ville même, que d’autres adjurateurs et enchanteurs n’ont pu guérir, BEAUCOUP DES NÔTRES, JE VEUX DIRE DES CHRÉTIENS, les ont adjurés par le nom de Jésus-Christ, crucifié sous Ponce Pilate, et les ont guéris, et les guérissent encore maintenant, désarmant et chassant les démons qui les possèdent ». (P.G. 6, 453B) On pourrait ajouter les témoignages de Lactance (P.L. 4, 334), de saint Hilaire (P.L. 10, 40lB) de Firmicus Maternus (P.L. 12, 1013-1014), de saint Théophile d’Antioche (P.G. 6, 1061B).
Les Pères de l’Église ont une grande confiance dans l’argument qu’ils tirent du pouvoir qu’ont les FIDÈLES de délivrer les possédés par le seul nom de Jésus-Christ. D’autre part, de nombreux païens se sont convertis à la vue de ces prodiges. Sur ce point, on peut se reporter à saint Cyprien (P.L. 6, 555), à saint Athanase (P.G. 25, 181), à Munucius Félix (P.L. 3, 323-327), à saint Jérôme (P.L. 23, 348C), à saint Ambroise (P.L. 16, 1024A).
Terminons en rappelant ce texte très probant d’Origène, qui parle de « ces démons que LA PLUPART DES CHRÉTIENS expulsent des énergumènes, et cela sans le secours de vaines pratiques magiques ou d’incantations, par des prières seulement et par de simples adjurations, DONT L’HOMME LE MOINS CULTIVÉ EST CAPABLE. De fait, ce sont des IGNORANTS, le plus souvent, qui font cela ». (P.G. 11, 1425-1426)
L’ENSEIGNEMENT COMMUN DES THÉOLOGIENS
Les remèdes contre les influences diaboliques sont la prière, la pénitence, les sacrements, les sacramentaux et les exorcismes. L’Église a même institué l’ordre des exorcistes, qui était régulièrement conféré aux aspirants à la prêtrise. Ici, il faut distinguer l’exorcisme SOLENNEL et l’exorcisme PRIVÉ ! ...
L’exorcisme SOLENNEL doit se faire, généralement du moins, dans une église ou une chapelle ; les prêtres seuls peuvent l’entreprendre avec une permission particulière de l’évêque du lieu. Par ailleurs, lorsqu’il s’agit de l’exorcisme PRIVE, il est toujours permis, même aux laïcs. Ces derniers peuvent utiliser alors les prières du Rituel romain or, des formules abrégées, mais ils doivent parler en leur nom propre, non pas au nom de l’Église.
Cette distinction est commune chez les théologiens, mais elle est relativement peu connue. Ainsi, en se basant sur les moralistes Ballerini et Lehmkuhl, le père Aug. Main, S.J. a écrit ce qui suit : « Les exorcismes peuvent être solennels ou privés. Les premiers sont ceux qu’on fait publiquement, dans l’église, en habit de chœur. Les prêtres seuls peuvent l’entreprendre ; il leur faut généralement la permission de l’évêque. L’exorcisme PRIVÉ EST TOUJOURS PERMIS, MÊME AUX LAÏCS, mis ceux-ci doivent parler en leur propre nom et pas au nom de l’Église. La forme n’est pas fixée ». (Des grâces d’oraison, Paris, Beauchesne, 1931, p.450)
Dans son manuel de théologie morale, Dominique Prummer a écrit : « Non seulement les clercs, qui ont le pouvoir des ordres, mais aussi les LAÏCS peuvent pratiquer l’exorcisme d’une façon privée et secrète ». (Manuale theologiae moralis, Barcelona, Herder, 1945, p.384)
Un autre moraliste réputé, H. Noldin, a écrit : « L’exorcisme PRIVÉ [...] peut être exécuté PAR TOUS LES FIDÈLES. [... ] L’efficacité de cet exorcisme ne dérive pas de l’autorité ou des prières de l’Église, ni n’est réalisé au nom de l’Église, mais par la puissance du nom de Dieu et de Jésus-Christ. » (Summa theologiae moralis, Innsbruck, t.3, q.53, p.42)
Sur le même sujet, on peut se reporter aux auteurs suivants : Saint Alphonse de Liguori, Praxis confessarii, parag. 113. A. Tanquerey, Précis de théologie ascétique et mystique, Paris, Desclée & Cie, 1928, p.965. R. Garrigou-Lagrange, O.P., Les trois âges de la vie intérieures, Paris, Ed. du Cerf, 1938, t.2, p.811. B. H. Merkelbach, 0.P., Summa theologiae moralis, Desclée de Brouwer, 1939, p.706. H. Noldin recommande aux prêtres de recourir fréquemment à l’exorcisme privé, op. cit., p.43.
D’après les paroles mêmes de Jésus conférant à tous les croyants le pouvoir de chasser les démons (Marc 16.17), selon les enseignements communs des Pères de l’Église et des théologiens, il ressort très clairement que les LAÏCS peuvent faire des exorcismes PRIVÉS, sans doute avec la prudence et la discrétion qui s’imposent !... Ce pouvoir octroyé à tous les CROYANTS conserve toute sa valeur de légitimité et toutes les interdictions ne peuvent être qu’abusives et invalides !... C'est un pouvoir fondé sur la foi et la prière. Il convient de remarquer que, parmi les pouvoirs concédés à tous les croyants, l’exorcisme est mentionné en premier lieu. Cette fonction établie par le Christ est imprescriptible et elle jouit de la pérennité !...
C'EST UNE HÉRÉSIE DE NIER LE POUVOIR D’EXORCISME POUR LES SIMPLES FIDÈLES
Les directives officielles des autorités ecclésiales ne tiennent aucun compte des enseignements des Pères de l’Église et des théologiens, et encore moins du pouvoir donné explicitement A TOUS LES CROYANTS par le Christ lui-même !... Malheureusement, au nom de la théologie la plus authentique, il faut qualifier une telle attitude comme étant hérétique !...
En effet, c'est une hérisse de contredire des paroles formelles du Christ !... Malheureusement, la grande majorité des membres du clergé, à tons les paliers, ignorent qu’il y a deux espèces de dogmes : les vérités DE FOI CATHOLIQUE, qui ont été définies par le Magistère, et les vérités DE FOI DIVINE, qui sont clairement et explicitement exprimées dans l’Écriture Sainte. Or, les paroles de l’Évangile, par lesquelles le Christ octroie A TOUS LES CROYANTS le pouvoir de chasser les démons, constituent une vérité DE FOI DIVINE et, en conséquence, c'est une hérésie de contredire ces paroles du Christ ! ...
Comme il s’agit d’un pouvoir que le Christ lui-même a accordé à tous les croyants, absolument personne ne peut le contredire, même pas le Magistère actuel de l’Église ! ... En effet, la Constitution de Vatican II sur la Révélation divine rappelle que « la charge d’interpréter authentiquement la parole de Dieu écrite ou transmise a été confiée au seul Magistère vivant de l’Église, dont l’autorité s’exerce au nom de Jésus-Christ ». Cependant la même Constitution ajoute ce qui suit : « CE MAGISTÈRE N’EST PAS AU-DESSUS DE LA PAROLE DE DIEU ; il la sert, n’enseignant que ce qui a été transmis, puisque, en vertu de l’ordre divin et de l’assistance du Saint-Esprit, il l’écoute pieusement, la garde religieusement, l’explique fidèlement ». (N-10)
THÉOLOGIE ET DROIT CANONIQUE
Il convient de remarquer que, dans trois volumes importants publiés dans les dernières années, par des auteurs très connus, sur le démon et les exorcismes, absolument aucune mention n’est faite de l’enseignement des théologiens !..- On voit aussi que les dicastères romains n’en tiennent aucun compte dans leurs directives, établies le plus souvent par des canonistes qui sont, – faut-il l’admettre –, de piètres théologiens !... En effet, les canonistes tombent parfois dans l’erreur, à cause de l’ignorance de certains principes théologiques, ignorance due à une attention trop exclusive à leur spécialité !...
Il est nécessaire aussi de rappeler que la théologie est une science subalternante par rapport au Droit canonique qui lui est dépendant, en ce sens qu’il est constitué par l’exposé LÉGAL de certains principes théologiques ; il doit donc s’élaborer d’après les principes mêmes de la théologie !... Dans le Droit canonique, tout ce qui pourrait être contraire aux principes de la théologie comme telle doit être considéré comme étant erroné !...
C’est le cas de l’interprétation fausse que l’on fait du can. 1172, §1, qui s’applique SEULEMENT à l’exorcisme SOLENNEL, précisément parce que ce genre d’exorcisme est pratiqué au non de l’Église ! ... Il faut affirmer que toute extrapolation d’interdiction de ce canon à l’exorcisme PRIVÉ est abusive et invalide et, – faut-il le dire -, de caractère hérétique !...
Sans doute, tous ceux qui, jusqu’ici, sont tombés dans cette erreur ne deviennent pas immédiatement et automatiquement hérétiques, à la condition qu’ils acceptent d’examiner sérieusement et honnêtement le problème en vue de quitter leur erreur. En effet, l’hérésie suppose l’obstination à nier une vérité dogmatique, qu’il s’agisse évidemment d’une vérité DE FOI DIVINE, comme l’est la collation à tous les croyants du pouvoir de chasser les démons ou d’une vérité DE FOI CATHOLIQUE, comme l’est tout dogme défini par le Magistère de l’Église, et le Droit canonique stipule que l’hérétique encourt une excommunication « latae sententiae » (Can. 1364, §1)
L’abolition presque totale des exorcismes dans l’Église est tout à fait contraire à l’Évangile ; une telle interdiction sert directement la cause des démons !... Comme preuve de ce désastre moral, on peut citer la lettre que le Cardinal Ratzinger envoyait à tous les évêques du monde entier, le 29 septembre 1985, par laquelle il interdisait tous les exorcismes, sauf ceux qui sont pratiqués par des prêtres autorisés par les évêques, alors que ce genre d’exorcismes est presque inexistant dans l’Église entière... Il interdisait
– et malheureusement il ne fut pas le seul à agir ainsi ! ... –, l’usage de la prière d’exorcisme rédigée par le pape Léon XIII : une telle interdiction ne fut certainement pas inspirée par l’Esprit-Saint !... N’est-il pas loisible de penser que les autorités religieuses sont un peu comme les mauvais anges : lorsqu’elles se trompent, leur erreur devient irréversible :... « Flens dico » !... (Phil. 3.18) Malheureusement, pour les autorités religieuses prévaut souvent l’adage suivant : « Les supérieurs ont toujours raison d’avoir tort, tandis que les inférieurs ont toujours tort d’avoir raison » !... Dans l’Église de Dieu, il devrait suffire de se protéger contre les loups, mais parfois ne faut-il pas se protéger aussi contre les bergers ?...
Pour vaincra le démon, l’exorcisme est l’arme spécifique et souvent victorieuse. Les exorcismes ne sont pas réservés à des spécialistes seulement ; sans doute, une certaine préparation est requise, mais la tradition biblique n’a jamais mis en évidence une technique des exorcismes. En effet, lorsque Jésus a transmis aux Apôtres et à tous les « croyants » le pouvoir de chasser les démons, il n’a pas ajouté de conseils invitant à la prudence, à l’analyse des situations diverses, à l’usage des techniques, au recours aux psychologues ! ... Son mandat fut direct et concret : « Voici les miracles qui accompagneront CEUX QUI AURONT CRU : EN MON NOM, ILS CHASSERONT LES DÉMONS » !... (Marc 16.17)
JÉSUS FAVORISAIT LES EXORCISMES
Les autorités de l’Église interdisent presque totalement la pratique des exorcismes. Il ne faudrait pas oublier ici l’avertissement que Jésus adressait à ses disciples, qui n’acceptaient pas le ministère d’un homme chassant les démons au nom du Christ, sans faire partie de l’équipe des douze. En effet, Jésus leur dit : « Ne l’empêchez pas ; qui n’est pas contre vous est pour vous ». (Luc 9.50)
Celui qui chassait les démons au nom de Jésus le faisait avec succès, ce qui prouve la puissance du nom de Jésus sur les démons. Les disciples voulaient interdire à cet homme d’user du nom de leur Maître. La raison de cette intervention était que l’exorciste ne faisait pas partie de leur groupe : cela paraissait être un emploi abusif du nom de Jésus et capable de diminuer l’autorité des véritables disciples aux yeux de la foule.
Jésus fut moins intransigeant que ses disciples. Il ne voulut pas qu’on empêchât cet homme de continuer ses exorcismes. Il eut été dommage que cette leçon ne fût pas parvenue jusqu’à nous ! ... En effet, dans l’Église actuelle, on fait des défenses absolument abusives et injustes !... Si actuellement Jésus revenait en personne dans l’Église, il dirait certainement au Magistère : « N’empêchez pas vos fidèles de chasser les démons : c'est Moi qui leur en ai donné le pouvoir ; ne contredisez mon enseignement » !... Il importe grandement que l’Église retrouve le plein emploi des moyens que le Christ lui a donnés pour mener le combat spirituel contre le démon !...
IL Y A FAUTE MORTELLE A S’OPPOSER AUX EXORCISMES
Sans doute, il ne faut pas voir le démon partout ni pratiquer les exorcismes ou les prières de libération à la légère ! ... Néanmoins, la théologie, qui a un rôle éminent à jouer dans l’Église, considère comme une faute, pour ceux qui ont charge d’âmes, de ne pas secourir une personne soumise à l’action du démon.
A ce sujet, Mgr Auguste Saudreau, qui est un auteur de grande valeur en spiritualité, a écrit : « Les théologiens, qui ont traité ces questions ‘ex professo’, déclarent qu’IL Y A FAUTE MORTELLE pour celui qui a charge d’âmes à ne pas exorciser ceux qui sont possédés. Il est évident qu’IL Y AURAIT FAUTE MORTELLE À S’OPPOSER AUX EXORCISMES ET À EMPÊCHER QU’ON PORTE SECOURS à de pauvres ÊTRES qui ont à subir une épreuve spirituelle et corporelle aussi terrible ». (L’état mystique et les faits extraordinaires de la vie spirituelle, ch. 22, Éditions Brunet Arras) Les autorités religieuses ont le devoir grave de tenir compte de cette affirmation théologique, qui n’est pas une simple opinion plus ou moins probable (!), mis qui exprime l’ENSEIGNEMENT COMMUN des théologiens qui ont étudié cette question !...
LES INFLUENCES DIABOLIQUES
Dans l’action du démon, il faut distinguer une façon ORDINAIRE et une autre EXTRAORDINAIRE. La première façon consiste pour le démon à pousser les hommes au péché par les tentations ; quant à la seconde façon, elle peut se traduire par les formes suivantes : 1) L’OBSESSION, qui est une suite de tentations plus violentes et plus prolongées que les tentations ordinaires. 2) La POSSESSION, où le démon agit réellement dans le corps du patient, au lieu de faire sentir son action seulement du dehors comme dans l’obsession. 3} La VEXATION, par laquelle le démon peut causer des troubles dans la santé, les biens matériels, les affections humaines, le travail, etc. 4) Les INFESTATIONS, qui peuvent atteindre différents objets, des maisons, des animaux. 5) Les SOUFFRANCES externes, coups et sévices, que l’on retrouve dans la vie des saints ou personnes ferventes. 6) L’état de DÉPENDANCE du démon, dont la cause est un pacte avec lui.
Avant que la possession ne soit discernée, le démon provoque souvent des troubles physiques et psychiques, pour lesquels les traitements et les médicaments s’avèrent le plus souvent inefficaces. Parmi les maux physiques, on constate que ce sont surtout la tête et l’estomac qui en sont le plus affectés.
Parmi les influences diaboliques SECONDAIRES, on peut mentionner plusieurs anomalies psychiques, comme l’imperméabilité à l’égard des valeurs divines, l’aversion du sacré, le doute religieux, l’incapacité d’éprouver une vraie contrition du péché, l’impossibilité de se concentrer pour la prière et pour la lecture de l’Écriture Sainte, l’angoisse, l’irritabilité, l’agressivité, le blasphème, l’alcoolisme, l’immoralité, la kleptomanie, le tabagisme, la toxicomanie, etc. Devant cette diversité des influences diaboliques, que peut bien faire le psychologue ?...
Dans notre monde permissif, plusieurs deviennent sous l’influence du démon, sans trop s’en apercevoir, en faisant des expériences du côté de la magie, de la sorcellerie, de l’occultisme, du spiritisme, des religions orientales, en ignorant les dangers qu’ils encourent. Par ailleurs, certains peuvent nuire à autrui par l’intervention du démon au moyen de la magie noire, des malédictions, du mauvais œil et des sorts.
LA CERTITUDE DE LA POSSESSION
Le communiqué de l’Agence France-Presse, dont il a été fait mention précédemment, indique que, selon le nouveau Rituel « l’exorciste ne doit jamais procéder à un exorcisme sans avoir la ‘certitude morale’ de se trouver réellement face au démon » !... Voilà une exigence qui est théologiquement plus que discutable !...
Il faut rappeler d’abord que les signes caractéristiques d’une possession diabolique ne se manifestent pas constamment ; au contraire, ils apparaissent presque toujours pendant ou vers la fin d’un exorcisme. Sauf dans les cas les plus graves, le sujet possédé peut continuer à vaquer à son travail, à poursuivre des études, d’une manière apparemment normale, étant en réalité le seul à connaître les efforts que cela lui demande. Lorsqu’il ne se trouve pas en présence d’une influence religieuse, le possédé n’attire habituellement pas l’attention ; au contraire, il peut être aimable et discret !...
Le discernement est souvent difficile et conjectural et c'est l’exorcisme lui-même qui permet de diagnostiquer la possession. Les trois principaux symptômes de la possession, c'est-à-dire une force surhumaine, le parler en langues inconnues et la connaissance de choses cachées, ne se manifestent jamais avant l’exorcisme et toujours pendant celui-ci. C'est au cours de l’exorcisme que l’exorciste discerne graduellement la gravité du mal, qu’il constate s’il s’agit d’une possession, d’une obsession, d’une vexation, et si le mal est profondément enraciné.
Il convient de remarquer que le nouveau Code de droit canonique n’exige plus la certitude de la présence du démon pour prononcer un exorcisme (can. 1172), comme le faisait l’ancien Code (can. 1151).
D’ailleurs, pourquoi prendre tant de « précautions » pour éviter de nuire au démon, alors qu’il est la cause, plus ou moins lointaine, de tout le mal qu’il y a chez les homes et sur la terre ?... De plus, selon le témoignage de nombreux exorcistes, jamais un exorcisme, qui n’était pas nécessaire, n’a causé le moindre dommage ; par contre, ils ont parfois eu à regretter de l’avoir omis !...
A ce sujet, on peut admirer la « sagesse » du père Francescau Palau, béatifié par le pape Jean-Paul II, le 25 avril 1988 !... Il accueillait les malades mentaux et il les exorcisait TOUS : alors, ceux qui étaient malades restaient malades, tandis que les possédés étaient libérés !...
LE RECOURS AUX PSYCHOLOGUES
La mentalité qui prévaut généralement dans l’Église et notamment chez les membres de la hiérarchie, c'est de consulter les psychologues pour détecter une éventuelle possession diabolique. Cependant il faut affirmer que les psychologues, de quelque discipline qu’ils soient, n’ont habituellement pas la capacité et les aptitudes requises pour faire un tel discernement, d’autant plus qu’il existe une variété de possessions diaboliques, qui comportent des différences appréciables, quant à leur gravité et à leurs symptômes.
On ignore presque toujours qu’il y a des NÉVROSES-MALADIES et des NÉVROSES-DÉMONIAQUES. On attribuera parfois à un dédoublement de la personnalité ce qui ne sera, en fait, que l’intervention d’un esprit déchu. Il faut savoir aussi qu’une vraie possession diabolique est accompagnée presque toujours de troubles mentaux et nerveux, qui sont produits et amplifiés par le démon et dont les manifestations et symptômes sont pratiquement et médicalement identiques à ceux que produisent les névroses. Les psychologues sont habituellement incapables d’établir un discernement entre une NÉVROSE-MALADIE et une NÉVROSE-DÉMONIAQUE ! ...
Léon Bloy n’était peut-être pas très loin de la vérité, lorsqu’il écrivait : « Si des prêtres ont perdu la foi au point de ne plus croire à leur privilège d’exorcistes et de n’en plus faire usage, c'est un malheur horrible et une prévarication atroce, par laquelle sont irrémédiablement livrées aux pires ennemis les prétendues hystériques dont regorgent nos hôpitaux » !... Mais pour être plus conforme à la vérité, ne faudrait-il pas blâmer beaucoup moins les prêtres que les autorités romaines, qui interdisent presque tous les exorcismes ?...
NOMBREUX SONT LES DÉMONOPATHES
Les exorcismes sont nécessaires pour les cas de possession véritable ; cependant, en pratique, les exorcistes sont sollicités et ils peuvent intervenir pour tous les cas d’influence diabolique. La différence entre la possession et les autres influences diaboliques n’est pas toujours très nette ; néanmoins, chez les « clients » des exorcistes, il y a un point commun : ce sont des gens qui subissent des épreuves ou des souffrances inexpliquées, qu’elles soient physiques, psychiques, spirituelles ou matérielles. Comme le fait toute personne en difficulté, on cherche un peu partout des solutions à ses problèmes !...
Plusieurs membres du clergé croient que les influences diaboliques sont plutôt rares et surtout les réelles possessions. Certains exorcistes officiels se croient même sans emploi ! Néanmoins, de nombreux cas d’influence diabolique, qui se rencontrent à des degrés divers de gravité, échappent souvent à l’attention de ceux-là mêmes qui devraient exercer un ministère de libération ou d’exorcisme. Les démonopathes sont très nombreux, mais très souvent ils ne peuvent trouver un exorciste, qui puisse leur venir en aide !...
Il ne faut pas oublier que la tactique habituelle du démon est de se cacher. Quelques cas spectaculaires de possession ont peu d’intérêt pour ses fins ; il lui faut des milliers de cas d’obsession !... Et c'est là qu’un exorcisme privé peut libérer, parfois d’une façon instantanée, une âme assiégée. Or, la prière d’exorcisme publiée par ordre du pape Léon XIII peut être utilisée « dans les cas où l’on peut supposer une action du démon, se manifestant soit par la méchanceté des hommes, soit par des tentations, des maladies, des intempéries, des calamités de toutes sortes », selon les indications fournies au bas de cette prière. L’interdiction de cette prière est certainement abusive et invalide, et tous ont le droit et parfois même le devoir d’en faire usage !...
CONCLUSION
Il faut espérer que les erreurs indiquées dans la présente intervention seront corrigées par les autorités compétentes !... Ainsi, tous les fidèles reprendront un droit absolument strict de lutter contre le démon par le moyen spécifique que le Christ a conféré à tous les CROYANTS, c'est-à-dire l’exorcisme ! ... Voilà d’ailleurs ce qui ressort clairement, pour tout esprit capable d’objectivité, de l’Évangile (Marc 16.17), de la pratique de l’Église primitive décrite par les Pères de l’Église, de l’enseignement UNANIME des théologiens qui ont étudié ce problème !...
Le 20 avril 1999.
Publication et photocopies autorisées.
Un théologien
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