juillet 28, 2010

Peut-on tuer au nom de Dieu ? (suite)

Peut-on tuer au nom de Dieu ? (suite)

Bonjour,

Pour compléter la réflexion préalablement exposée, je demandais à un éminent islamologue qui déjà, avait bien voulu réaliser une étude sur la valeur des versets coraniques utilisés dans le cadre de la lettre des 138 musulmans, de préciser les versets du Coran pouvant expliquer ou justifier les meurtres à l’encontre des Chrétiens.

Je l’en remercie infiniment et vous livre donc sa réponse qui dès les premières lignes explique le pourquoi du silence de l’Islam sur tous ces assassinats.

En union dans la prière,

JPB

Combat, jihad, violence, amour du prochain.

Il est à noter que dans la traduction française, le terme combat est quelque peu édulcoré.

En arabe, la racine de ce terme est KTL, tuer. La forme syntaxique de ses différentes déclinaisons dans le Coran traduit la dualité et la réciprocité : s’entretuer, tuer et se faire tuer, combat jusqu’à ce que mort s’ensuive ou encore combat meurtrier sont donc plus proches de l’esprit et de la lettre coranique.

En effet, cette forme syntaxique, courante dans le coran signifie que l’action est réciproque (kâtala, d’où la traduction facile de combattre, combattez, etc.) On y trouve également le substantif kitâl, (combat jusqu’à la mort, tuerie).

Au lieu de combattez, une traduction judicieuse devrait dire : tuez et faites-vous tuer.

Il arrive cependant que les traducteurs emploient, sans biaiser, les termes appropriés de tuer, tuez [e.g. 2:91] et de meurtre [e.g. 33:16], ainsi que l’expression frappez [avec une arme] au cou [e.g. 47:4].

Jihad est tantôt traduit par combat, tantôt par lutte.

Les versets cités appartiennent tous à des sourates médinoises, soit des versets qui règlementent ou qui abrogent. Ils sont classés par ordre de sourate et de numéro dans ces sourates. La liste n’est pas exhaustive.

Enfin, la traduction employée ici est celle parue avec imprimatur du Ministère saoudien des affaires religieuses, qui se vend partout à un prix dérisoire. Il existe une autre traduction qui peut également être utilisée, sans différences majeures, homologuée par la Mosquée de Paris et vendue, entre autres, à la librairie de l’Institut du monde arabe.

2:191

Et tuez-les, où que vous les rencontriez ; et chassez-les d'où ils vous ont chassés: l'association est plus grave que le meurtre. Mais ne les combattez pas près de la Mosquée sacrée avant qu'ils ne vous y aient combattus. S'ils vous y combattent, tuez-les donc. Telle est la rétribution des mécréants.

2:216

Le combat vous a été prescrit alors qu'il vous est désagréable. Or, il se peut que vous ayez de l'aversion pour une chose alors qu'elle vous est un bien. Et il se peut que vous aimiez une chose alors qu'elle vous est mauvaise. C'est Allah qui sait, alors que vous ne savez pas.

2:246

N'as-tu pas su l'histoire des notables, parmi les enfants d'Israël, lorsqu'après Moïse ils dirent à un prophète à eux: "Désigne-nous un roi, pour que nous combattions dans le sentier d'Allah". Il dit: "Et si vous ne combattez pas, quand le combat vous sera prescrit?" Ils dirent: "Et qu'aurions-nous à ne pas combattre dans le sentier d'Allah, alors qu'on nous a expulsés de nos maisons et qu'on a capturé nos enfants?" Et quand le combat leur fut prescrit, ils tournèrent le dos, sauf un petit nombre d'entre eux. Et Allah connaît bien les injustes.

3:121

Lorsqu'un matin, tu (Muhammad) quittas ta famille, pour assigner aux croyants les postes de combat et Allah est Audient et Omniscient.

4:48

Ils aimeraient vous voir mécréants comme ils ont mécru: alors vous seriez tous égaux ! Ne prenez donc pas d'alliés parmi eux, jusqu'à ce qu'ils émigrent dans le sentier d'Allah. Mais s'ils tournent le dos saisissez-les alors, et tuez-les où que vous les trouviez; et ne prenez parmi eux ni allié ni secoureur,

4:74

Qu'ils combattent donc dans le sentier d'Allah, ceux qui troquent la vie présente contre la vie future. Et quiconque combat dans le sentier d'Allah, tué ou vainqueur, Nous lui donnerons bientôt une énorme récompense.

4:77

N'as-tu pas vu ceux auxquels on avait dit: "Abstenez-vous de combattre, accomplissez la Salâ [i.e. prière muzz] et acquittez la Zakâ [i.e. impôt religieux muzz] !" Puis lorsque le combat leur fut prescrit, voilà qu'une partie d'entre eux se mit à craindre les gens comme on craint Allah, ou même d'une crainte plus forte encore, et à dire: "Ô notre Seigneur! Pourquoi nous as-Tu prescrit le combat? Pourquoi n'as-Tu pas reporté cela à un peu plus tard ?" Dis: "La jouissance d'ici-bas est éphémère, mais la vie future est meilleure pour quiconque est pieux. Et on ne vous lésera pas, fût-ce d'un brin de noyau de datte.

4:84

Combats donc dans le sentier d'Allah, tu n'es responsable que de toi même, et incite les croyants (au combat) Allah arrêtera certes la violence des mécréants. Allah est plus redoutable en force et plus sévère en punition.

4:91

Vous en trouverez d'autres qui cherchent à avoir votre confiance, et en même temps la confiance de leur propre tribu. Toutes les fois qu'on les pousse vers l'Association, (l'idolâtrie) ils y retombent en masse. [Par conséquent,] s'ils ne restent pas neutres à votre égard, ne vous offrent pas la paix et ne retiennent pas leurs mains (de vous combattre), alors, saisissez-les et tuez les où que vous les trouviez. Contre ceux-ci, Nous vous avons donné une autorité manifeste.

6:65

Dis: "Il est capable, Lui, de susciter contre vous, d'en haut, ou de dessous vos pieds, un châtiment, ou de vous confondre dans le sectarisme. Et Il vous fait goûter l'ardeur (au combat) les uns aux autres." Regarde comment Nous exposons Nos versets. Peut-être comprendront-ils ?

8:16

Quiconque, ce jour-là, leur tourne le dos, - à moins que ce soit par tactique de combat, ou pour rallier un autre groupe, - celui-là encourt la colère d'Allah et son refuge sera l'Enfer. Et quelle mauvaise destination !

8:65

Ô Prophète, incite les croyants au combat. S'il se trouve parmi vous vingt endurants, ils vaincront deux cents; et s'il s'en trouve cent, ils vaincront mille mécréants, car ce sont vraiment des gens qui ne comprennent pas.

8:67

Un prophète ne devrait pas faire de prisonniers avant d'avoir prévalu (mis les mécréants hors de combat) sur la terre. Vous voulez les biens d'ici-bas, tandis qu'Allah veut l'au-delà. Allah est Puissant et Sage.

9:5

Après que les mois sacrés expirent, tuez les associateurs où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade. Si ensuite ils se repentent, accomplissent la Salâ et acquittent la Zakâ, alors laissez-leur la voie libre, car Allah est Pardonneur et Miséricordieux.

9:39

Si vous ne vous lancez pas [au combat], Il vous châtiera d'un châtiment douloureux et vous remplacera par un autre peuple. Vous ne Lui nuirez en rien. Et Allah est Omnipotent.

9:41

Légers ou lourds, lancez-vous au combat, et luttez avec vos biens et vos personnes dans le sentier d'Allah. Cela est meilleur pour vous, si vous saviez.

9:44

Ceux qui croient en Allah et au Jour dernier ne te demandent pas permission quand il s'agit de mener combat avec leurs biens et leurs personnes. Et Allah connaît bien les pieux.

9:46

Et s'ils avaient voulu partir [au combat], ils lui auraient fait des préparatifs. Mais leur départ répugna à Allah; Il les a rendus paresseux. Et il leur fut dit: "Restez avec ceux qui restent".

9:81

Ceux qui ont été laissés à l'arrière se sont réjouis de pouvoir, rester chez eux à l'arrière du Messager d'Allah, ils ont répugné à lutter par leurs biens et leurs personnes dans le sentier d'Allah, et ont dit: "Ne partez pas au combat pendant cette chaleur!" Dis: "Le feu de l'Enfer est plus intense en chaleur." - S'ils comprenaient!

9:83

Si Allah te ramène vers un groupe de ces [gens-là], et qu'ils te demandent permission de partir au combat, alors dis: "Vous ne sortirez plus jamais en ma compagnie, et vous ne combattrez plus jamais d'ennemis avec moi. Vous avez été plus contents de rester chez vous la première fois; demeurez donc chez vous en compagnie de ceux qui se tiennent à l'arrière".

9:86

Et lorsqu'une Sourate est révélée: "Croyez en Allah et luttez en compagnie de Son messager", les gens qui ont tous les moyens [de combattre] parmi eux te demandent de les dispenser [du combat], et disent: "Laisse-nous avec ceux qui restent".

9:87

Il leur plaît, [après le départ des combattants] de demeurer avec celles qui sont restées à l'arrière. Leurs cœurs ont été scellés et ils ne comprennent rien.

9:88

Mais le Messager et ceux qui ont cru avec lui ont lutté avec leurs biens et leurs personnes. Ceux-là auront les bonnes choses et ce sont eux qui réussiront.

9:90

Et parmi les Bédouins, certains sont venus demander d'être dispensés [du combat]. Et ceux qui ont menti à Allah et à Son messager sont restés chez eux. Un châtiment douloureux affligera les mécréants d'entre eux.

24:53

Et ils jurent par Allah en serments solennels que si tu le leur ordonnais, ils sortiraient à coup sûr [au combat]. Dis: "Ne jurez donc pas. [Votre] obéissance [verbale] est bien connue. Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites".

33:16

Dis: "Jamais la fuite ne vous sera utile si c'est la mort [sans combat] ou le meurtre [dans le combat] que vous fuyez; dans ce cas, vous ne jouirez [de la vie] que peu [de temps]".

33:18

Certes, Allah connaît ceux d'entre vous qui suscitent des obstacles, ainsi que ceux qui disent à leurs frères: "Venez à nous", tandis qu'ils ne déploient que peu d'ardeur au combat,

47:4

Lorsque vous rencontrez [au combat] ceux qui ont mécru frappez-en les cous. Puis, quand vous les avez dominés, enchaînez-les solidement. Ensuite, c'est soit la libération gratuite, soit la rançon, jusqu'à ce que la guerre dépose ses fardeaux. Il en est ainsi, car si Allah voulait, Il se vengerait Lui-même contre eux, mais c'est pour vous éprouver les uns par les autres. Et ceux qui seront tués dans le chemin d'Allah, Il ne rendra jamais vaines leurs actions.

47:20

Ceux qui ont cru disent: "Ah ! Si une Sourate descendait !" Puis, quand on fait descendre une Sourate explicite et qu'on y mentionne le combat, tu vois ceux qui ont une maladie au cœur te regarder du regard de celui qui s'évanouit devant la mort. Seraient bien préférables pour eux.

juillet 24, 2010

Peut-on tuer au nom de Dieu ?

Peut-on tuer au nom de Dieu ? Il est rappelé régulièrement les attaques violentes, pire, les meurtres des musulmans au nom de l’Islam disent-ils à l’encontre des Chrétiens. Cette vision de l’Islam, d’un certain Islam diront certains, mais dont les conséquences à savoir les actes qui en découlent, ne se trouvent jamais condamnées à notre connaissance, fut-ce par un Islam modéré. Le théologien, l’exégète, se trouve dès lors obligé de s’interroger sur les raisons qui amènent les musulmans à tuer au nom de Dieu. Préalablement, il serait facile de dire que les Croisés tuèrent tout autant quelques siècles plus tôt, que la guerre dite des religions entre Catholiques et Protestants, par exemple, n’ont rien à envier aux massacres alors opérés, et que dès lors le Christianisme devrait se taire en faisant son mea culpa : Non, dans l’histoire, ces guerres diverses n’avaient qu’un raison, il ne s’agissait pas de tuer au nom de Dieu, mais de se battre pour des motifs uniquement politiques. La problématique présentement posée est de rechercher l’origine scripturaire permettant, pour les tenants de ces actes, de justifier la tuerie accomplie au nom de Dieu. Dieu est Amour ! Quelle Religion, quelle révélation divine, quelle quête vers Dieu, peut prétendre autre chose que de dire et affirmer que Dieu est Amour ? Sauf alors à affirmer que la prétendue religion, la prétendue révélation, la prétendue quête spirituelle, ne vient pas de Dieu. Si donc Dieu est Amour, comme l’affirme le Christianisme, l’Amour est l’une des manifestations de la Vie, et la mort ne lui est-elle pas étrangère ? La mort vient-elle de Dieu ? La mort est-elle voulue par Dieu ? I La révélation Biblique nous enseigne que la mort est entrée dans le monde par la Chute, qui est en quelque sorte le refus de la Vie intemporelle que Dieu proposait à nos premiers parents, qui préférèrent se nourrir et donc vivre par leurs propres moyens : à la manducation d’Adam, Jésus+Christ répond que l’homme ne se nourrit pas seulement de pain, mais de toutes les paroles qui sortent de la bouche de Dieu. Dans le dessein divin et l’œuvre des six jours, la mort n’existe pas, c’est la vie qui se trouve toujours créée. « Car Dieu n'a pas fait la mort, il ne prend pas plaisir à la perte des vivants. Il a tout créé pour l'être ; les créatures du monde sont salutaires, en elles il n'est aucun poison de mort, et l'Hadès ne règne pas sur la terre ; car la justice est immortelle” est-il rappelé en Sagesse, I, 13-15. Dieu n’a pas fait la mort : “ Voilà pourquoi, de même que par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu'ainsi la mort a passé en tous les hommes, du fait que tous ont péché.” rappelle l’Apôtre Paul aux Romains V, 12. II A l’inverse, le Coran énonce qu’Allah est “Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous éprouver (et de savoir) qui de vous est le meilleur en œuvre, et c'est Lui le Puissant, le Pardonneur. » (Sourate 67,2) Selon le Coran, la mort vient de Dieu. Si donc la mort vient de Dieu, tuer l’autre ne serait pas être étranger à l’œuvre de Dieu, puisque la mort fait partie de Son dessein. Avant d’aller plus outre il sera observé que cette sourate soulève que Dieu éprouve l’être pour savoir comment l’homme réagit. Cette idée sur la condition de la connaissance de la créature, qui serait méconnue par avance par Dieu, s’oppose à la reconnaissance que Dieu soit Dieu, à Son Eternité au profit d’une temporalité dans Sa conscience, dans le Coran, Allah n’est donc pas omniscient ! Or, si selon le Coran II, 145: «Personne ne peut mourir que par la permission de Dieu, et au moment prédéterminé. Quiconque veut la récompense d'ici-bas, Nous lui en donnons. Quiconque veut la récompense de l'au-delà, Nous lui en donnons et Nous récompenserons bientôt les reconnaissants. » Il faut donc que le musulman estime agir avec et par la permission d’Allah ! Nous ne sommes donc pas – le musulman étant, devenant ou se croyant, la main d’Allah – dans le contexte des guerres occidentales dites de religion aux motifs en fait purement politiques et d’intérêts personnels. III Face à cette réflexion hâtivement exposée, il convient de s’interroger sur le sens, les rasions, les fondements de ces actions contre les Chrétiens, jamais condamnées par l’Islam, mais aussi comment l’Islam dans ces conditions peut-elle être une religion ? En union dans la prière JPB

mai 27, 2010

A propos de la controverse d’Augustin et de Vincitius Victor Sur la question notamment du salut des êtres non baptisés

Un livre fort médiocre car brillant par son absence de références précises, notes, et autres éléments fondamentaux aptes à justifier les dires de l’auteur, justifiait toutefois son acquisition récente et provisoire par le sujet posé (l’Harmatan éd) : l’opposition de Vincentius Victor à l’évêque d’Hippone sur divers points revenant à la question du salut. Pour les références à la pensée de St Augustin, j’ai suivi les leçons du n° spécial sur le Baptême de la revue Itinéraires Augustiniens, N° 29, janvier 2003. Un seul des aspects dans cette polémique sera examiné présentement : la possibilité du salut des enfants morts sans baptême. I Si l’on se réfère aux Ecritures, Marc XVI, 16 : « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné”, et si l’on entend le Magistère de l’Eglise sur le baptême en corrélation avec Jean III, 5 : “ Jésus répondit : "En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d'eau et d'Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu.”, sans donc le sacrement du baptême, l’être ne serait pas sauvé. II Saint Augustin au 2° livre, § 22 de son traité sur La grâce de Jésus+Christ et du péché originel écrit : “ les enfants qui meurent sans baptême ne peuvent attendre que la mort éternelle. D'un autre côté, puisque ces enfants ne peuvent avoir commis aucun péché dans cette vie, s'ils ont besoin de justification, ce ne peut être qu'en raison du péché originel. » Dans sa controverse avec les Pélagiens au travers de son traité Du mérite de la rémission des péchés et du baptême des petits enfants, en son livre 1er §21 « La mort vient du péché », Augustin insiste en déclarant : « Par suite, on peut affirmer avec vérité que les petits enfants qui- meurent sans baptême seront placés dans la plus douce de toutes les damnations ; mais c'est adopter et propager une grosse erreur que de publier qu'ils ne seront point damnés ; car l'Apôtre dit : « Pour un seul péché il y a un jugement de condamnation » ; et il ajoute bientôt après : « Par la faute d'un seul tous les hommes tombent sous la condamnation ». » Naître ou ne pas naître ? « Comment douter que ces enfants morts sans le baptême, n'ayant que le péché originel, et sans s'être rendus coupables d'aucune faute volontaire, n'auront pas à subir de toutes les peines la plus légère? Quoique je ne puisse pas définir le caractère, la nature, la grandeur de cette peine, je n'ose pas dire cependant que le néant eût mieux valu pour eux que l'existence » déclare St Augustin en son Contre Julien, au livre 5, § 44. III L’évêque d’Hippone se trouve souventes fois dans sa réflexion, confronté à l’obligation d’admettre la prédestination, parfois est employé le terme de justification, quant à la question de ce qui reste insondable pour lui : pourquoi l’un étant baptisé sera sauvé, l’autre ne l’étant pas, ne le sera pas. De première part, dans sa réflexion théologique, Augustin ne tranche pas - dans le cadre de son œuvre - sur l’origine de l’âme (1), entre traducianisme (l’âme descend par génération de celle d’Adam) et le créatianisme (l’âme créée par un acte spécial de Dieu). Il manque une dimension spirituelle à ces considérations rappelées, d’autant que St Augustin ne manque pas de s’interroger : « D'ailleurs, après même que deux enfants ont été baptisés, qu'on me dise donc pourquoi l'un est enlevé de ce monde, de peur que le péché: ne pervertisse son intelligence tandis que l'autre, — un impie à venir, — vivra cependant? N'est-il pas vrai que s'ils étaient enlevés tous les deux, tous les deux aussi entreraient dans le royaume des cieux? Et néanmoins, en Dieu point d'injustice ! » (Du mérite de la rémission des péchés et du baptême des petits enfants, Livre 1 §30) La lecture de Sagesse IV, 7 à 14, ne se résume pas au verset 11 tiré de son contexte et cité par Augustin. Se trouve évoquée la situation du Juste qui, « devenu parfait en peu de temps, il a fourni une longue carrière. Son âme était agréable au Seigneur, aussi est-elle sortie en hâte du milieu de la perversité » et ainsi, se présentent les versets 13 et 14. Ainsi se présente intégralement le texte : « Le juste, même s'il meurt avant l'âge, trouve le repos. La vieillesse honorable n'est pas celle que donnent de longs jours, elle ne se mesure pas au nombre des années ; c'est cheveux blancs pour les hommes que l'intelligence, c'est un âge avancé qu'une vie sans tache. Devenu agréable à Dieu, il a été aimé, et, comme il vivait parmi des pécheurs, il a été transféré. Il a été enlevé, de peur que la malice n'altère son jugement ou que la fourberie ne séduise son âme ; car la fascination du mal obscurcit le bien et le tourbillon de la convoitise gâte un esprit sans malice. Devenu parfait en peu de temps, il a fourni une longue carrière. Son âme était agréable au Seigneur, aussi est-il sorti en hâte du milieu de la perversité.” Nous avons par l’exemple proposé, une indication de la manière dont Dieu nous appelle à œuvrer pour le monde, dès lors que l’ouvrier a achevé son travail, libre, il peut soit le poursuivre mais il demeure soumis à la tentation du monde qui demeure dans l’attente de sa délivrance suite à la chute (Romains VIII, 18-26), alors que la possibilité lui est laissée de gagner le sein du Père. Celui qui n’a pas achevé son travail d’ouvrier, fut-il appelé à la onzième heure, restera dans le champ de la création, pour accomplir la tâche qui lui revient. La seule prédestination qui ait cours dans le Christianisme, c’est l’Appel que nous adresse individuellement et en permanence Le Père, à suivre Son Fils selon ce que le rappellent les évangiles. IV Devant le Mystère de la Grâce, de l’Amour de Dieu, il échet de ne pas oublier (I Timothée II, 3-7) : « Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur, lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s'est livré en rançon pour tous.” Que tous les hommes soient sauvés ! L’Amour qui est Dieu peut-il n’être que partiel, où ne doit-il pas être total ? Réduire l’amour de Dieu serait réduire Dieu Lui-même ! L’infini n’appartient qu’à Dieu, quel orgueil pour l’homme de juger de ce que des êtres pourraient ne pas bénéficier de la Grâce ! Le baptême est-il conditionnel au salut ? Il convent de se souvenir de la promesse faite au bon larron sur la croix qui n’était pas baptisé et à qui le Royaume était promis (Luc XXIII, 43) Il convient de se souvenir que les païens de Césarée furent baptisés après avoir été sauvés (Actes X, 44-48) Consciente du fait que l’on ne saurait conditionner le salut au seul baptême administré de manière sacramentelle, l’Eglise a introduit dans sa théologie, le baptême de désir qui pourrait trouver sa justification en Jean XIV, 23. La théologie à cet égard impose toutefois que soit joint au désir, une contrition parfaite, dès lors en ses classiques énoncés d’un autre temps peut-être, l’Eglise estimait que, faute pour un enfant de d’exprimer une contrition parfaite, le baptême de désir ne saurait être reconnu à des enfants. La disposition de la contrition parfaite est dogmatiquement exacte. Toutefois, la formulation mérite la critique, car s’il y a réel désir du baptême, il y a obligatoirement tension vers Dieu et de ce fait expression de la conscience avec l’humilité qui résulte d’une telle attente de la Grâce. Tout sacrement reçu par simonie ou comme simulacre, est de facto invalide. De surcroît quelle conscience pour l’enfant recevant le baptême d’eau ? S’ il est soutenu par l’engagement de ses parents, comment l’Eglise peut-elle oublier alors, en substitution à un ou deux être s’engageant pour l’enfant, le principe d’Economie qui relève de la Communion des Saints où c’est l’Eglise visible et invisible qui suppléera à cette provisoire et théorique absence de conscience. Cette omission de la partie dite invisible de l’Eglise, nous engage à réfléchir sur la conscience que nous pourrions avoir de ce qu’est l’Eglise, fondée non pas sur Pierre, mais sur la foi de Pierre dont le Christ ne manque pas de rappeler que l’affirmation de l’Apôtre ne vient pas de lui mais du Père (Matthieu XVI, 17). C’est l’Esprit Saint qui, au soir de la résurrection par Jésus+christ, est donné aux Apôtres (Jean XX, 19-23) et cette Pentecôte Johannite constitue le début de l’Eglise. Eglise qui se manifestera dans le monde à l’occasion de la seconde Pentecôte (Actes II, 1-5). L’Eglise repose sur et existe par La Présence de l’Esprit Saint, Présence Deuxième de la Très Sainte Trinité qui avait quitté le monde à la suite de la chute adamique. Le concile de Trente en son décret sur la justification (6° session, 13 janvier 1547, Denznzinger : Symboles et définitions de la foi catholique, Cerf éd § 1524), énonce quant au transfert de l’état hérité du premier Adam à l’état de grâce permis par le second Adam, Jésus+Christ, que « Ce transfert ne peut se faire sans le bain de la régénération ou le désir de celui-ci. » Dès lors que l’Eglise repose sur l’Esprit Saint, comment l’homme peut-il juger du Désir du demandeur à la Grâce ? Répondant à des pharisiens convertis, au sujet de païens, Pierre déclare : “Dieu, qui connaît les cœurs, a témoigné en leur faveur, en leur donnant l'Esprit Saint tout comme à nous. Et il n'a fait aucune distinction entre eux et nous, puisqu'il a purifié leur cœur par la foi. Pourquoi donc maintenant tentez-vous Dieu en voulant imposer aux disciples un joug que ni nos pères ni nous-mêmes n'avons eu la force de porter ? D'ailleurs, c'est par la grâce du Seigneur Jésus que nous croyons être sauvés, exactement comme eux." (Actes, XV, 8-12). La purification se fait par la Foi, et quand bien même cette Foi ne serait pas acquise pour une enfant, le canon 13 sur le sacrement de baptême du concile de Trente (décret sur les sacrements, canons sur le sacrement du baptême, 7° session, 3 mars 1547, Denznzinger op. cité, § 1613) rappelle : « Si quelqu’un dit que les petits-enfants, par le fait qu’ils ne font pas acte de foi, ne doivent pas être comptés parmi les fidèles, après qu’ils ont reçu le baptême, et que, pour cette raison, ils doivent être rebaptisés quand ils sont arrivés à l’âge de discrétion, ou qu’il est préférable d’omettre leur baptême plutôt que de les baptiser dans la seule foi de l’Eglise, eux qui ne croient pas par un acte personnel de foi ; qu’il soit anathème. » Dans les champs spirituels, le temps de l’homme n’est pas le temps de Dieu. V La condition de la contrition parfaite de la part d’un enfant, disparaît-elle quant au baptême de Désir ? Il serait trop facile de rétorquer que le signe sensible du sacrement à savoir l’eau naturelle suffit à la réception du baptême : Ce point sur la validité n’est pas contesté, mais il n’est pas interdit de s’interroger sur l’absence de contrition parfaite pour l’enfant venant de naître ou n’ayant pas acquis cette conscience. Le sacrement est de fait valide ! Sur cette carence de l’enfant, l’Eglise répond que les parents, suppléent à la conscience faisant défaut en s’engageant à instruire l’enfant. Ce ne sont pourtant pas eux qui reçoivent le sacrement, et dans cette circonstance, le temps est admis pour que l’enfant accède à cette contrition qui autrefois dans l’Eglise Latine se nommait Communion solennelle ou renouvellement des vœux du baptême. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour les enfants morts sans baptême, dont les parents qui, ayant le désir de faire baptiser leur progéniture, ne le purent ? Toute prière est source de Grâce et tension vers Dieu et, en cas d’intention pour un être, vers celui-ci aussi : l’enfant mort sans baptême par cette prière bénéficie certainement de la grâce de la contrition parfaite. La constitution dogmatique sur l’Eglise « Lumen Genitum » en la 5° session publique du 21 novembre 1964, rappelle : « Dans cette sorte d’Eglise domestique [qu’est la famille], il faut que les parents soient pour leurs enfants, par la parole et l’exemple, les premiers messagers de la foi, et qu’ils favorisent la vocation propre de chacun, avec un soin tout spécial la vocation sacrée. » (Denznzinger op cité, § 4128) Si les parents, faillissent à leur mission, la contrition parfaite pouvant n’être pas vécue, le sacrement est de fait, et demeure indélébile. Il est accordé un temps à celui qui reçoit le baptême d’eau, ce temps pourrait-il être refusé à celui qui bénéficie du baptême de Désir ? Je devine la critique qui pourrait être opposée cette question : Il est de foi que le sacrement du baptême s’opère par le signe sensible qu’est l’eau et la formule prononcée au Nom des trois Personnes Divines. J’objecterai à cela que l’on ne doit pas oublier l’intention qui, si elle s’impose au célébrant, s’impose de même au récipiendaire : cette ferme intention pour le baptisé ne saurait être différente pour l’enfant selon que le sacrement s’accomplit par le signe sensible ou par le Désir qui pourrait être le sien ou celui de ses parents. Le signe sensible prévaut-il sur l’intention ? Le signe prévaudra en effet dès lors que le sacrement auquel il se rattache est institué notamment par ledit signe qui doit être alors précisément établi comme moyen d’accès à la grâce sacramentelle. Dans la mesure où relativement au sacrement du baptême, l’Eglise reconnaît, en sus du baptême d’eau, le baptême de Désir et le baptême de sang, le signe sensible ne prévaut plus comme condition absolue à la réception de ce sacrement. A l’inverse et par exemple le Mystère Eucharistique ne peut s’accomplir que par le « rappel-actualisation » des paroles prononcées par NSJ+C lors de la dernière Cène, d’autant que le Sauveur ajoute « Faites ceci en mémoire de moi. » VI L’existence des limbes n’est mentionnée ni dans la Bible, ni chez les Pères ! Grégoire de Nysse en son traité A Hiéros, Sur les enfants morts prématurément, à la question de savoir s’il vaut mieux vivre ou ne pas vivre, déclare (§12) : « Or, pour celui qui n’a pas vécu du tout, il n’y a pas matière à rétribution. Pour ceux chez qui le don est absent, on ne pourra pas parler proprement de rétribution (don en retour). Et sil n’y a pas de rétribution, ce que l’on peut espérer n’est ni bon ni mauvais, car ce terme (de rétribution) signifie que l’on reçoit en échange, ce qui est censé être bien ou mal. Or, ce qui ne se trouve ni dans le bien ni dans le mal n’est absolument nulle part. » Grégoire de Naziance en son Discours XL Pour le saint baptême, à propos de ceux qui, non baptisés, désirent le sacrement, conclut le paragraphe 23 en ces termes : « Si tu le veux ainsi, si tu te contentes du désir du désir du baptême pour en recevoir la vertu, tu devras aussi, à la place de la gloire éternelle, te satisfaire du désir de celle-ci. Et quelle torture pour toi de ne jamais l’atteindre, alors que tu en as le désir ! » Ce « nulle part » de Grégoire de Nysse que l’Eglise Latine nommera les limbes, finalement disparaîtra très récemment à Vatican II, par la Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps GAUDIUM SPES, qui déclare § 22, 5 : « En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal. » (Denzinger, op. cité, § 4322) Le Catéchisme de l’Eglise Catholique déclare, - alors que cela ne fut pas toujours la pensée de l’Eglise -, « Depuis toujours, l'Eglise garde la ferme conviction que ceux qui subissent la mort en raison de la foi, sans avoir reçu le Baptême, sont baptisés par leur mort pour et avec le Christ. Ce Baptême du sang, comme le désir du Baptême, porte les fruits du Baptême, sans être sacrement. » (CEC § 1258) En conclusion, je ne suis pas certain qu’Augustin avait raison de déclarer une absence de salut pour les enfants morts sans baptême. Le principe d’Economie dans la Communion des Saints autorise-t-il à légiférer sur l’Amour de Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de La Vérité ainsi que le rappelait l’Apôtre ? Jean-Pierre BONNEROT 1 Traducianisme. - Tertullien pensait que les âmes se perpétuent par voie de génération, per traducem; et que de ce fait résulte la ressemblance frappante qu'on remarque souvent entre le caractère des enfants et celui de leurs parents. Il en concluait que la corruption que le premier péché a produit chez Adam s'était transmise héréditairement, par la génération, à ses descendants ; en sorte qu'il y a dans les âmes, par le fait de leur origine, ex originis vitio, un mal en quelque sorte naturel, malum, quodummodo naturale. C'est le premier germe de la doctrine du péché originel, quoique Tertullien soit encore loin de supposer que ce péché rende l'humain incapable de toute espèce de bien. Il insiste, au contraire, avec autant de force que les autres docteurs de son temps, sur la continuité de la liberté humaine. Il songe encore bien moins à une imputation du péché d'Adam, puisqu'il déclare formellement que l'enfant, dès le premier âge, est encore innocent. Cette doctrine fut adoptée par Cyprien. Au IVe siècle, la croyance que les âmes se perpétuent par voie de génération prédominait en Occident; elle avait pour adhérents, en Orient, Apollinaire et Grégoire de Nysse. La question fut reprise et vivement débattue, à l'occasion de la controverse pélagienne. Pélage enseignait la création directe de chaque âme, non sa formation par voie de génération. De ce qu'elle était sortie de la main créatrice de Dieu, il inférait son innocence native. Augustin inclinait vers le traducianisme, parce qu'il lui paraissait expliquer naturellement la propagation du péché originel; mais il ne se prononçait pas positivement en sa faveur, parce qu'il menaçait, en même temps, et l'incorporalité et l'immortalité de l'âme. Aussi déclara-t-il, à plusieurs reprises, ne rien savoir de certain sur l'origine de lame humaine. Jérôme professait la même, incertitude ; pareillement, dans le temps suivant, Grégoire le Grand. (E.-H. Vollet).

novembre 14, 2009

Sur l’incompréhension que nous pourrions avoir de la bonté de Dieu

Bonjour, Un article du 30 octobre proposé par www.la-croix.com pourrait être motif à nous interroger sur notre tentative de compréhension de Dieu et donc de Son Amour. Je vous invite préalablement à découvrir cet article. http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2399511&rubId=4078 La mort peut-elle ébranler notre Foi ? Hors l’aspect dogmatique selon lequel la mort est née du péché (Romain V, 12) dont la traduction occasionnera une querelle latine ou byzantine : - ..et ainsi la mort est passée en tous les hommes en ce que tous ont péché …et la mort est passée en tous les hommes parce que tous ont péché Cette différence entre la vision latine et la traduction grecque, amène Jean MEYENDORFF dans sa brillante et incontournable « Initiation à la théologie Byzantine » à préciser Cette lecture du verset : « …qu’ainsi la mort, à cause de laquelle tous ont péché, a passé dans tous les hommes », ainsi citant Cyrille d’Alexandrie le Père MEYENDORFF ajoute : « après le péché d’Adam, l’humanité est « tombé malade de corruption. » » Il ne serait pas inintéressant de faire un rapprochement entre Romain V, 12 et I Corinthiens XV, 22 : « De même en effet que tous meurent en Adam, ainsi tous revivront dans le Christ. Mais chacun à son rang. » L’interpellation que provoque la mort, ne saurait toucher la Foi qui comprend, parmi ses bases, le principe de la Communion des saints. La Communion des saints nous amène à comprendre – et en dehors de cette dernière aussi -, que l’homme n’existe pas individuellement au plan théologique et ecclésiologique, dans le monde de la création. Isoler un être dans le champ de la création reviendrait à considérer que chaque homme est l’unique créé, alors qu’il n’est pas bon que l’homme soit seul… Cette sortie de la solitude (Genèse II, 18) anéantie par la création d’Eve, ne se résume pas à trouver une compagne à Adam, mais permettre (Genèse I, 28) une extension, fructification qui constitue un projet divin antérieur à la chute Adamique… Cette extension n’est-elle pas le lieu originel de la Communion au sens où il reviendra à l’Ecclésia, par la communion des saints, de réparer et restaurer le projet initial ? Si donc le Chrétien de par sa Foi, adhère à l’Ecclésia, il sait à titre personnel qu’il appartient à la communauté de l’Eglise priante, souffrante et militante, ouvrier de la première ou de la onzième heure, n’a-t-il pas accepté la situation que le Maître lui donnait ? Pour se révolter il échet d’avoir la connaissance. Mais si nous savions ce qu’est le dessein divin, nous révolterions-nous ? Tenter d’expliquer le mystère des lieux visibles et invisible à notre perception n’est pas de propos ; ne suffirait-il pas de s’en remettre à l4Amour de Dieu en nous souvenant de ce que rapporte Jean XIV, 1-5 : autorisez-moi à vous inviter à retrouver et méditer ces versets. Jean-Pierre BONNEROT

octobre 19, 2009

Miracle eucharistique Pologne 2008

Miracle eucharistique Pologne 2008 (et réflexion proposée sur ce phénomène) Le 12 octobre 2008, un prêtre qui donnait la communion à l'église Saint-Antoine de Sokolka en Pologne (diocèse de Bialystok) a laissé tomber à terre une hostie consacrée. Elle a été aussitôt mise dans une custode qui a été placée dans le tabernacle. Après la messe la custode a été apportée à la sacristie et mise en sécurité. Le 19 octobre, la custode a été ouverte, et l'hostie paraissait rouge comme de sang. > > Le 7 janvier, un fragment de l'hostie a été prélevé et examiné, indépendamment, par deux professeurs de la Faculté de médecine de Bialystok. Tous deux ont conclu dans une déclaration commune que « selon notre opinion, l'échantillon qui nous a été envoyé pour examen ressemble à un tissu de myocarde, du moins, de tous les tissus organiques, c'est ce à quoi il ressemble le plus ». > > La commission qui avait été nommée par la curie métropolitaine de Bialystok pour s'occuper de l'affaire affirme après enquête qu'il s'agit bien de l'hostie originelle et qu'aucune tierce personne n'a pu interférer. > Le dossier a été transmis à la nonciature de Varsovie. > > La Société rationaliste de Pologne a demandé à un procureur de lancer une enquête, soulignant que ce tissu cardiaque pouvait appartenir à une personne récemment décédée et qu'il était nécessaire d'établir son identité afin d'écarter la thèse d'un meurtre... > sources: > http://www.polskieradio.pl/thenews/national/artykul117747_religious_miracle_in_eastern_poland.html > > http://breviarium.blogspot.com/2009/10/eucharist-miracle-in-sokolka-curia.html Bonjour, Les manifestations attribuées à Dieu dans le cadre des pensées religieuses, des religions et pour le Christianisme des Eglises, - pour l’historien des idées -, relèvent toujours d’une dépendance à une « Culture » propre, à des dépendances liées à la pratique spirituelle et/ou la théologie manifestées par le lieu du miracle. Si, – et avant d’entrer dans le vif de notre réflexion proposé comme objet de débat -, on constatera qu’historiquement les stigmates dans l’Eglise Latine seront reconnues ou constatées pour la première fois en faveur de François d’Assise, le principe des stigmates existeraient aussi dans l’Islam mais ne concerneront pas les mêmes lieux du corps chez certains mystiques musulmans, par ailleurs, dans la tradition de l’Eglise d’Orient, il est de mémoire plus souvent fait référence à l’apparition d’icônes, lorsque dans l’Hindouisme et à la même époque en 1995, dans tous les temples consacrés à Ganesh, les statues de cette divinité, au même moment, boivent le lait présenté en offrande. Il est ainsi certain qu’il échet de comprendre un miracle ou une manifestation spirituelle, comme l’expression d’un signe pour le croyant, sa nature divine ou non étant un autre point relatif au phénomène, les prodiges ne venant pas obligatoirement de Dieu. Relativement aux miracles eucharistiques, l’examen de ces derniers a permis de les classer en trois grandes catégories : - les hosties sanglantes qui témoignent généralement d’une profanation - les hosties changées en chair ou en sang qui témoignent généralement d’un doute soit de la part du célébrant soit d’une utilité à prouver la réalité de la Présence - les hosties demeurées intactes suite à un incendie par exemple ou d’un événement extérieur à la présence de fidèles, sans que leur substance apparente ne change. Cette classification sera bien entendu soumise à des cas exceptionnels modifiant la présente analyse, sans infirmer par cette observation l’analyse des historiens relatant ce phénomène. Sur la phénoménologie mystique, pourquoi ne pas engager un débat ? JPB

octobre 04, 2009

Un Mauvais procès fait à l’Eglise

Un Mauvais procès fait à l’Eglise : la question de la reconnaissance des enfants fils de prêtres. I Marc Bradfer interpelle l'Eglise sur la reconnaissance des enfants de prêtres. En 2004, Jean Paul II l'a béni place Saint-Pierre. Mais depuis, le Vatican n'a pas bronché. À Toulouse, Marc Bradfer vient d'écrire au pape Benoît XVI pour lui demander la reconnaissance par l'Église des enfants de prêtres. Son histoire singulière, Marc Bradfer l'a contée dans un livre, « Fils de prêtre », paru chez Elytis. Son père, Albert Bradfer, est décédé en 1970. Marc est alors âgé de dix ans. Cinq plus tard, il apprend de la bouche de l'un de ses frères que leur père était prêtre. Marc mettra des années à percer le silence qui entoure le tabou familial. Âgé de 50 ans, devenu récemment brancardier au Centre anticancéreux Claudius Régaud de Toulouse, Marc Bradfer continue d'écrire des livres et ne cesse d'interpeller le Vatican sur le sujet : « J'attends une parole de reconnaissance, une parole de bienveillance de la part de Benoît XVI ». Cet été, le quotidien italien La Stampa avait affirmé que la question des enfants de prêtres allait être étudiée par le Vatican. Information démentie fermement le lendemain par le porte-parole du pape. Est-ce-à-dire que le chapitre est clos ? Peut-être pas. En Allemagne, où les enfants de prêtres seraient au nombre de 3000, une association secoue le cocotier. L'Allemagne, c'est le pays d'origine du cardinal Joseph Ratzinger, devenu Benoît XVI. « La crainte du pape est que cette association puisse élever le problème au niveau politique », explique Christian Terras, rédacteur de la revue Golias. Le Bundestag, le parlement allemand, aurait été saisi, ainsi que la Cour constitutionnelle du pays. « Benoît XVI est gêné que son église d'origine soit à la pointe de ce combat », ajoute Christian Terras. La science, avec les tests ADN, ajoute à l'embarras de l'Église. Aux États-Unis, les procès contre les prêtres pédophiles ont ruiné la réputation et le tiroir-caisse des diocèses, dont une quarantaine serait en faillite. Les enfants de prêtres pourraient intenter des procès en reconnaissance de paternité, avec des tests ADN pour preuve, et demander des dommages et intérêts à l'Église. Selon Christian Terras, 40 à 50 % des prêtres en fonction en Europe ne respecteraient pas la règle du célibat. En Amérique latine, le pourcentage serait de 60 %. En Afrique, ce serait 80 %. Ces chiffres sont difficiles à vérifier. Et les confessions publiques des prêtres, rares. L'Église a toutefois de plus en plus de mal à masquer une réalité. Mais Benoît XVI, qui consacre cette année jubilaire au sacerdoce, n'en laisse rien paraître. Au contraire. Au mois d'avril dernier, le Vatican a accordé de nouveaux pouvoirs disciplinaires à la Congrégation pour le clergé afin de faciliter la réduction à l'état laïc de prêtres vivant avec une femme. Auparavant, la procédure était plus longue. Un pas en avant, deux pas en arrière. Telle est la marche de l'Eglise sur le sujet. Sa lettre à Benoît XVI Voici des extraits de la lettre de Marc Bradfer à Benoît XVI : « Très Saint-Père, Ce mercredi 6 octobre 2004, sur l'esplanade de Saint-Pierre, je me trouvais face au Saint-Père Jean-Paul II, une main posée sur la main de l'homme vénérable. Je recevais sa bénédiction en tant que « fils de prêtre », présenté ainsi par Monseigneur Fortunato Baldelli, nonce apostolique à Paris - votre ambassadeur - qui organisa et accompagna la réalisation de mon vœu. Cette rencontre singulière, je l'avais souhaitée peut-être depuis le jour, trente ans auparavant, où la vérité déconcertante éclaira d'un jour nouveau l'origine de ma famille. J'ai souffert longtemps, héritier de la douleur morale de mes parents… Que le silence des pères qui n'ont pas reconnu ces enfants, que les silences d'un clergé qui feint d'ignorer ou de sous-estimer, par le mépris ou la réprobation, des vies marquées par la faute, que tous ces silences à l'œuvre dans l'Église trouvent enfin le courage de la parole et la dignité de la vérité que ces fils et filles méritent depuis leur naissance… Il y a un temps pour occulter et il y a un temps pour reconnaître ». II ETRE OU NE PAS ETRE ? J’avoue être surpris par une telle supplique. La question des prêtres pédophiles, évoquée dans la présentation de la lettre critiquée est un autre sujet et d’une gravité suffisante en ce qui la concerne pour permettre selon les dispositions de la théologie morale et du droit canon – n’en déplaise à Rome peut-être -, la levée du secret de la confession qui n’est pas contrairement à ce que l’on croit un secret absolu, cela fera l’objet d’un essai proposé sur le site. Le Demandeur dans la supplique souffre-t-il d’exister et aurait-il préféré ne pas venir au monde ? Le paradis terrestre n’est plus notre lieu actuel de vie depuis la chute adamique, et chacun à un degré divers comme Job, connaît des insatisfactions qui le conduisent à s’interroger peut-être sur l’Amour de Dieu. « Hériter de la douleur morale de [ses] parents », a-t-il réfléchi à la question posée par les disciples quant aux rasions pour lesquelles un homme était né aveugle ? Et NSJ+C leur répond « c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. » (Jean, IX, 4) Notre dignité est méritée (pour reprendre les termes choisis en cette lettre) par notre Vocation, en l’occurrence selon ce qui est attendu de nous, il convient que selon ce que nous avons reçu, nous restituions les talents accordés sans les enfouir en terre, c’est-à-dire sans nous révolter. L’homme ne peut pas être juge de Dieu en ce que la sagesse humaine ne peut approcher la Sagesse de Dieu sauf très partiellement et encore par la voie d’une spiritualité qui serait associée à la pratique constante de ce que nous enseignent les Evangiles. Dans l’inconnaissance, il échet de ne pas se révolter. JPB

DROIT CANONIQUE ET CHARITE - BENOIT XVI ET LES EVEQUES DE LA FSSPX

DROIT CANONIQUE ET CHARITE - BENOIT XVI ET LES EVEQUES DE LA FSSPX Comment se pose aujourd’hui la question de l’Unité face au possible rejet de l’Amour ? Lettre de Sa Sainteté Benoît XVI aux Évêques de l'Église Catholique au sujet de la levée de l'excommunication des 4 évêques consacrés par l'Archevêque Lefebvre Auquel texte sont ajoutées quelques réflexions sur les conditions de l’Unité I Le 12 mars 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Le Vatican publie ce matin la Lettre de Sa Sainteté le pape Benoît XVI aux Évêques de l'Église Catholique en ce qui concerne la levée de l'excommunication des 4 évêques consacrés par l'Archevêque Lefebvre. Chers Confrères dans le ministère épiscopal ! La levée de l’excommunication des quatre Évêques, consacrés en 1988 par Mgr Lefebvre sans mandat du Saint-Siège, a suscité, pour de multiples raisons, au sein et en dehors de l’Église catholique une discussion d’une véhémence telle qu’on n’en avait plus connue depuis très longtemps. Cet événement, survenu à l’improviste et difficile à situer positivement dans les questions et dans les tâches de l’Église d’aujourd’hui, a laissé perplexes de nombreux Évêques. Même si beaucoup d’Évêques et de fidèles étaient disposés, à priori, à considérer positivement la disposition du Pape à la réconciliation, néanmoins la question de l’opportunité d’un tel geste face aux vraies urgences d’une vie de foi à notre époque s’y opposait. Inversement, certains groupes accusaient ouvertement le Pape de vouloir revenir en arrière, au temps d’avant le Concile : d’où le déchaînement d’un flot de protestations, dont l’amertume révélait des blessures remontant au-delà de l’instant présent. C’est pourquoi je suis amené, chers Confrères, à vous fournir quelques éclaircissements, qui doivent aider à comprendre les intentions qui m’ont guidé moi-même ainsi que les organes compétents du Saint-Siège à faire ce pas. J’espère contribuer ainsi à la paix dans l’Église. Le fait que le cas Williamson se soit superposé à la levée de l’excommunication a été pour moi un incident fâcheux imprévisible. Le geste discret de miséricorde envers quatre Évêques, ordonnés validement mais non légitimement, est apparu tout à coup comme totalement différent : comme le démenti de la réconciliation entre chrétiens et juifs, et donc comme la révocation de ce que le Concile avait clarifié en cette matière pour le cheminement de l’Église. Une invitation à la réconciliation avec un groupe ecclésial impliqué dans un processus de séparation se transforma ainsi en son contraire : un apparent retour en arrière par rapport à tous les pas de réconciliation entre chrétiens et juifs faits à partir du Concile – pas dont le partage et la promotion avaient été dès le début un objectif de mon travail théologique personnel. Que cette superposition de deux processus opposés soit advenue et qu’elle ait troublé un moment la paix entre chrétiens et juifs ainsi que la paix à l’intérieur de l’Église, est une chose que je ne peux que déplorer profondément. Il m’a été dit que suivre avec attention les informations auxquelles on peut accéder par internet aurait permis d’avoir rapidement connaissance du problème. J’en tire la leçon qu’à l’avenir au Saint-Siège nous devrons prêter davantage attention à cette source d’informations. J’ai été peiné du fait que même des catholiques, qui au fond auraient pu mieux savoir ce qu’il en était, aient pensé devoir m’offenser avec une hostilité prête à se manifester. C’est justement pour cela que je remercie d’autant plus les amis juifs qui ont aidé à dissiper rapidement le malentendu et à rétablir l’atmosphère d’amitié et de confiance, qui – comme du temps du Pape Jean-Paul II – comme aussi durant toute la période de mon pontificat a existé et, grâce à Dieu, continue à exister. Une autre erreur, qui m’attriste sincèrement, réside dans le fait que la portée et les limites de la mesure du 21 janvier 2009 n’ont pas été commentées de façon suffisamment claire au moment de sa publication. L’excommunication touche des personnes, non des institutions. Une ordination épiscopale sans le mandat pontifical signifie le danger d’un schisme, parce qu’elle remet en question l’unité du collège épiscopal avec le Pape. C’est pourquoi l’Église doit réagir par la punition la plus dure, l’excommunication, dans le but d’appeler les personnes punies de cette façon au repentir et au retour à l’unité. Vingt ans après les ordinations, cet objectif n’a malheureusement pas encore été atteint. La levée de l’excommunication vise le même but auquel sert la punition : inviter encore une fois les quatre Évêques au retour. Ce geste était possible une fois que les intéressés avaient exprimé leur reconnaissance de principe du Pape et de son autorité de Pasteur, bien qu’avec des réserves en matière d’obéissance à son autorité doctrinale et à celle du Concile. Je reviens par là à la distinction entre personne et institution. La levée de l’excommunication était une mesure dans le domaine de la discipline ecclésiastique : les personnes étaient libérées du poids de conscience que constitue la punition ecclésiastique la plus grave. Il faut distinguer ce niveau disciplinaire du domaine doctrinal. Le fait que la Fraternité Saint-Pie X n’ait pas de position canonique dans l’Église, ne se base pas en fin de comptes sur des raisons disciplinaires mais doctrinales. Tant que la Fraternité n’a pas une position canonique dans l’Église, ses ministres non plus n’exercent pas de ministères légitimes dans l’Église. Il faut ensuite distinguer entre le niveau disciplinaire, qui concerne les personnes en tant que telles, et le niveau doctrinal où sont en question le ministère et l’institution. Pour le préciser encore une fois : tant que les questions concernant la doctrine ne sont pas éclaircies, la Fraternité n’a aucun statut canonique dans l’Église, et ses ministres – même s’ils ont été libérés de la punition ecclésiastique – n’exercent de façon légitime aucun ministère dans l’Église. À la lumière de cette situation, j’ai l’intention de rattacher à l’avenir la Commission pontificale " Ecclesia Dei " – institution compétente, depuis 1988, pour les communautés et les personnes qui, provenant de la Fraternité Saint-Pie X ou de regroupements semblables, veulent revenir à la pleine communion avec le Pape – à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Il devient clair ainsi que les problèmes qui doivent être traités à présent sont de nature essentiellement doctrinale et regardent surtout l’acceptation du Concile Vatican II et du magistère post-conciliaire des Papes. Les organismes collégiaux avec lesquels la Congrégation étudie les questions qui se présentent (spécialement la réunion habituelle des Cardinaux le mercredi et l’Assemblé plénière annuelle ou biennale) garantissent l’engagement des Préfets des diverses Congrégations romaines et des représentants de l’Épiscopat mondial dans les décisions à prendre. On ne peut geler l’autorité magistérielle de l’Église à l’année 1962 – ceci doit être bien clair pour la Fraternité. Cependant, à certains de ceux qui se proclament comme de grands défenseurs du Concile, il doit aussi être rappelé que Vatican II renferme l’entière histoire doctrinale de l’Église. Celui qui veut obéir au Concile, doit accepter la foi professée au cours des siècles et il ne peut couper les racines dont l’arbre vit. J’espère, chers Confrères, qu’ainsi a été éclaircie la signification positive ainsi que les limites de la mesure du 21 janvier 2009. Cependant demeure à présent la question : cette mesure était-elle nécessaire ? Constituait-elle vraiment une priorité ? N’y a-t-il pas des choses beaucoup plus importantes ? Il y a certainement des choses plus importantes et plus urgentes. Je pense avoir souligné les priorités de mon Pontificat dans les discours que j’ai prononcés à son début. Ce que j’ai dit alors demeure de façon inaltérée ma ligne directive. La première priorité pour le Successeur de Pierre a été fixée sans équivoque par le Seigneur au Cénacle : « Toi… affermis tes frères » (Lc 22, 32). Pierre lui-même a formulé de façon nouvelle cette priorité dans sa première Lettre : « Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous » (I P 3, 15). À notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter, la priorité qui prédomine est de rendre Dieu présent dans ce monde et d’ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. Non pas à un dieu quelconque, mais à ce Dieu qui a parlé sur le Sinaï ; à ce Dieu dont nous reconnaissons le visage dans l’amour poussé jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1) – en Jésus Christ crucifié et ressuscité. En ce moment de notre histoire, le vrai problème est que Dieu disparaît de l’horizon des hommes et que tandis que s’éteint la lumière provenant de Dieu, l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs s’en manifestent toujours plus en son sein. Conduire les hommes vers Dieu, vers le Dieu qui parle dans la Bible : c’est la priorité suprême et fondamentale de l’Église et du Successeur de Pierre aujourd’hui. D’où découle, comme conséquence logique, que nous devons avoir à cœur l’unité des croyants. En effet, leur discorde, leur opposition interne met en doute la crédibilité de ce qu’ils disent de Dieu. C’est pourquoi l’effort en vue du témoignage commun de foi des chrétiens – par l’œcuménisme – est inclus dans la priorité suprême. À cela s’ajoute la nécessité que tous ceux qui croient en Dieu recherchent ensemble la paix, tentent de se rapprocher les uns des autres, pour aller ensemble, même si leurs images de Dieu sont diverses, vers la source de la Lumière – c’est là le dialogue interreligieux. Qui annonce Dieu comme Amour "jusqu’au bout" doit donner le témoignage de l’amour : se consacrer avec amour à ceux qui souffrent, repousser la haine et l’inimitié – c’est la dimension sociale de la foi chrétienne, dont j’ai parlé dans l’encyclique Deus Caritas est. Si donc l’engagement ardu pour la foi, pour l’espérance et pour l’amour dans le monde constitue en ce moment (et, dans des formes diverses, toujours) la vraie priorité pour l’Église, alors les réconciliations petites et grandes en font aussi partie. Que l’humble geste d’une main tendue soit à l’origine d’un grand tapage, devenant ainsi le contraire d’une réconciliation, est un fait dont nous devons prendre acte. Mais maintenant je demande : Était-il et est-il vraiment erroné d’aller dans ce cas aussi à la rencontre du frère qui "a quelque chose contre toi" (cf. Mt 5, 23 s.) et de chercher la réconciliation ? La société civile aussi ne doit-elle pas tenter de prévenir les radicalisations et de réintégrer – autant que possible – leurs éventuels adhérents dans les grandes forces qui façonnent la vie sociale, pour en éviter la ségrégation avec toutes ses conséquences ? Le fait de s’engager à réduire les durcissements et les rétrécissements, pour donner ainsi une place à ce qu’il y a de positif et de récupérable pour l’ensemble, peut-il être totalement erroné ? Moi-même j’ai vu, dans les années qui ont suivi 1988, que, grâce au retour de communautés auparavant séparées de Rome, leur climat interne a changé ; que le retour dans la grande et vaste Église commune a fait dépasser des positions unilatérales et a atténué des durcissements de sorte qu’ensuite en ont émergé des forces positives pour l’ensemble. Une communauté dans laquelle se trouvent 491 prêtres, 215 séminaristes, 6 séminaires, 88 écoles, 2 instituts universitaires, 117 frères, 164 sœurs et des milliers de fidèles peut-elle nous laisser totalement indifférents ? Devons-nous impassiblement les laisser aller à la dérive loin de l’Église ? Je pense par exemple aux 491 prêtres. Nous ne pouvons pas connaître l’enchevêtrement de leurs motivations. Je pense toutefois qu’ils ne se seraient pas décidés pour le sacerdoce si, à côté de différents éléments déformés et malades, il n’y avait pas eu l’amour pour le Christ et la volonté de L’annoncer et avec lui le Dieu vivant. Pouvons-nous simplement les exclure, comme représentants d’un groupe marginal radical, de la recherche de la réconciliation et de l’unité ? Qu’en sera-t-il ensuite ? Certainement, depuis longtemps, et puis à nouveau en cette occasion concrète, nous avons entendu de la part de représentants de cette communauté beaucoup de choses discordantes – suffisance et présomption, fixation sur des unilatéralismes etc. Par amour de la vérité je dois ajouter que j’ai reçu aussi une série de témoignages émouvants de gratitude, dans lesquels était perceptible une ouverture des cœurs. Mais la grande Église ne devrait-elle pas se permettre d’être aussi généreuse, consciente de la grande envergure qu’elle possède ; consciente de la promesse qui lui a été faite ? Ne devrions-nous pas, comme de bons éducateurs, être aussi capables de ne pas prêter attention à différentes choses qui ne sont pas bonnes et nous préoccuper de sortir des étroitesses ? Et ne devrions-nous pas admettre que dans le milieu ecclésial aussi sont ressorties quelques discordances ? Parfois on a l’impression que notre société a besoin d’un groupe au moins, auquel ne réserver aucune tolérance ; contre lequel pouvoir tranquillement se lancer avec haine. Et si quelqu’un ose s’en rapprocher – dans le cas présent le Pape – il perd lui aussi le droit à la tolérance et peut lui aussi être traité avec haine sans crainte ni réserve. Chers Confrères, durant les jours où il m’est venu à l’esprit d’écrire cette lettre, par hasard, au Séminaire romain, j’ai dû interpréter et commenter le passage de Ga 5, 13-15. J’ai noté avec surprise la rapidité avec laquelle ces phrases nous parlent du moment présent : "Que cette liberté ne soit pas un prétexte pour satisfaire votre égoïsme ; au contraire mettez-vous, par amour, au service les uns des autres. Car toute la Loi atteint sa perfection dans un seul commandement, et le voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres !" (cfr. Benoît XVI au grand Séminaire de Rome, magistrale Lectio divina sur la liberté). J’ai toujours été porté à considérer cette phrase comme une des exagérations rhétoriques qui parfois se trouvent chez saint Paul. Sous certains aspects, il peut en être ainsi. Mais malheureusement ce "mordre et dévorer" existe aussi aujourd’hui dans l’Église comme expression d’une liberté mal interprétée. Est-ce une surprise que nous aussi nous ne soyons pas meilleurs que les Galates ? Que tout au moins nous soyons menacés par les mêmes tentations ? Que nous devions toujours apprendre de nouveau le juste usage de la liberté ? Et que toujours de nouveau nous devions apprendre la priorité suprême : l’amour ? Le jour où j’en ai parlé au grand Séminaire, à Rome, on célébrait la fête de la Vierge de la Confiance. De fait : Marie nous enseigne la confiance. Elle nous conduit à son Fils, auquel nous pouvons tous nous fier. Il nous guidera – même en des temps agités. Je voudrais ainsi remercier de tout cœur tous ces nombreux Évêques, qui en cette période m’ont donné des signes émouvants de confiance et d’affection et surtout m’ont assuré de leur prière. Ce remerciement vaut aussi pour tous les fidèles qui ces jours-ci m’ont donné un témoignage de leur fidélité immuable envers le Successeur de saint Pierre. Que le Seigneur nous protège tous et nous conduise sur le chemin de la paix ! C’est un souhait qui jaillit spontanément du cœur en ce début du Carême, qui est un temps liturgique particulièrement favorable à la purification intérieure et qui nous invite tous à regarder avec une espérance renouvelée vers l’objectif lumineux de Pâques. Avec une particulière Bénédiction Apostolique, je me redis Vôtre dans le Seigneur BENEDICTUS PP. XVI Du Vatican, le 10 mars 2009 II Sans revenir sur la question de la Primauté, telle que présentée l’Archimandrite du Trône Œcuménique, le Père Makarios Griniezakis, s’il est certain que c’est à Pierre que NSJ+C confia les clefs de l’Eglise, c'est-à-dire à tous ceux qui ont la foi de Pierre, de la sorte si pour l’Orient chrétien il échet de comprendre Matthieu XVI, 18 comme ayant une valeur sotériologique et non institutionnelle, Pierre est appelé à affermir ses frères (Luc XXII, 32), comme gardien de la Foi. Il n’échet pas d’admettre dans la conception Latine de l’Eglise, l’existence d’Eglises locales autonomes fussent-elles unies entre elles, mais de considérer que l’Eglise constituée du peuple des croyants autour de leurs évêques est une et unie au siège de Rome. La Fraternité Sacerdotale Saint Pie X ne saurait prétendre se rattacher à une autre Eglise que celle dont elle est issue, l’Eglise Romaine, à moins de contrevenir aux principes canoniques en quittant le Siège de Pierre et devenir schismatique. Ainsi Cyprien de Carthage interpelle-t-il le chrétien en son traité sur l’Unité de l’Eglise (§ 4) en rappelant que « quiconque ne se tient pas à cette unité de Pierre, croit-il se tenir dans la foi ? » De son coté ladite Fraternité rejette la communion avec celui qui représente dans l’Eglise Latine, corps duquel elle est issue, l’unité. Là encore Cyprien dans le même traité ne manque pas de nous mettre en garde (§ 13) : « Quelle paix promettent-ils donc, ces ennemis des frères ? Quels sacrifices prétendent-ils célébrer ces rivaux des évêques ? Ou bien croient-ils le Christ avec eux quand ils réunissent en dehors de l’Eglise ? » Il revient à l’évêque de Rome de rechercher l’Unité et quérir la brebis perdue. Encore faut-il que ce qui a quitté le troupeau accepte naturellement et sans condition aucune, de rejoindre ce dernier. Dans la mesure où naturellement l’enfant prodigue ne revient pas dans la maison de son père, qu’est-il possible de faire sinon d’attendre ? Tendre une main ? Mais quel serait ce signe sinon de rappeler que la porte de la bergerie est ouverte. Lors de son retour, l’enfant prodigue se sent indigne, mais il ne l’est pas obligatoirement, car l’humilité née de son expérience fait qu’il acquiert une toute autre dignité : quelle humilité trouvons-nous dans ladite Fraternité ? Beaucoup d’orgueil ce qui s’oppose à l’Amour. Sans l’Amour peut-il y avoir Unité et Communion ? JPB

août 29, 2009

« La théurgie est une action de Dieu

« La théurgie est une action de Dieu, une effusion sur l'homme de sa grâce miséricordieuse et salutaire. En tant que telle elle dépend de la volonté de Dieu, et non pas des hommes. Elle est substantiellement liée à l'incarnation divine, elle en est la continuation permanente dans le temps. Le Christ a posé le fondement absolu et inébranlable de la théurgie chrétienne, et il a conféré à l'Eglise un pouvoir théurgique par la grâce de succession, communiquée aux apôtres. « Vous allez recevoir une puissance, celle du Saint Esprit qui descendra sur vous » (Act.I,8). C'est ce qui s'est produit à la Pentecôte, fondement absolu de la théurgie chrétienne. Celle-ci est opérée au moyen de la liturgie, dont les sacrements, culminés par l'Eucharistie, constituent le centre même. D'ailleurs la liturgie entière doit être considérée comme un sacrement au sens large car la grâce divine y ruisselle de toute part [...] Un pouvoir théurgique est donné par Dieu à l'homme, mais celui-ci ne peut d'aucune manière se l'approprier par sa volonté, par un rapt ou par quelque tentative de création personnelle. Ainsi, comme but d'un effort humain la théurgie est impossible, ce n'est qu'un malentendu ou une révolte contre Dieu. Bien que la grâce des sacrements agisse sans contraindre la liberté de l'homme, elle le féconde et le nourrit religieusement par des moyens mystérieux et insaisissables, en même temps qu'elle régénère le monde. Elle imprègne l'homme du Corps et du Sang du Christ, elle l'emplit de la substance spirituelle des sacrements et des rites ecclésiaux, de leur énergie théurgique. La théurgie chrétienne est le fondement invisible, mais réel de tout mouvement spirituel dans le monde sur la voie de son accomplissement. Sans son action sanctifiante et vivifiante, l'humanité aurait été incapable d'approcher les tâches créatrices qui s'imposent légitimement à elle le long de cette voie. Rien ne peut remplacer son énergie ne lui être comparable, ni encore la rendre inutile, en formant un nouveau sacrement cosmique et humain. Un tel dessein relèverait d'une « messe noire » anti-christique [...] Il y a dans le sacrement, comme fait théurgique, une action et une présence réelle de Dieu. Cela en constitue le facteur «transcendant» et indéniablement miraculeux qui, en même temps se conjugue avec l'élément cosmique et l'essence de l'homme. C'est justement cette rencontre et cette union entre ce qui est humain et cosmique qui fait la «pointe» mystérieuse et merveilleuse de la théanthropie que le sacrement actualise. Quand le prêtre, invoque l'Esprit Saint sur les saints dons offerts, alors un miracle indicible intervient : le Ciel s'instaure sur l'autel, le Christ y descend, les puissances du Ciel frémissent...Cela aucune production de l'activité humaine ne pourra jamais l'accomplir. Aussi rien ne peut-il le remplacer. L'on comprend que l'incroyance et la religion humanolâtre se soient dressés contre ce fondement théurgique absolu, que les disputes et les différends au sujet de l'Eucharistie aient acquis une importance primordiale. Le protestantisme a mis en avant un immanentisme moral de différentes nuances, une sorte d'impressionnisme mystique : selon son état intérieur ou son humeur, ou bien le communiant goûte simplement du pain, ou bien il reçoit la grâce. Il est naturel que la lutte du protestantisme contre l'Eglise se soit concentrée sur la question de la transformation des espèces eucharistiques. Ainsi la puissance théurgique qui se manifeste dans les sacrements est donnée, et non pas captée. L'homme la reçoit, il ne la produit pas. Aussi le prêtre n'est-il que le ministre du sacrement et non pas son auteur. Cela ne suppose pas que son essence humaine devienne passive ou paralysée : pour recevoir dignement l'acte théurgique, la sobriété spirituelle, l'ardeur de la prière, la concentration de toutes les forces spirituelles sont nécessaires [...] Dès lors le sacerdoce, vivant organe de la théurgie, exige de celui qui en est investi la fidélité, la rigueur du ministère. En effet dans l'action théurgique, se tenant devant l'Autel, le prêtre se sépare en lui-même de l'humanité pour s'élever au-dessus d'elle ; aussi garde-t-il toujours en lui cette marque extra-mondiale, « monacale », de consécration sacrificielle. Car le sacrificateur et la victime sont jusqu'à un certain point indivisibles et identiques. Celui qui apporte le sacrifice est aussi, en un certain sens, celui qui est apporté, quant à son propre être. Le Chef du sacrifice chrétien, le Hiérarque suprême, est en même temps l'Agneau. Et c'est en son nom que le prêtre qui opère le sacrifice non-sanglant s'exclame : « Ce qui est à Toi, le tenant de Toi, nous Te l'offrons en tout et pour tous ». Dans son ministère sacramentel, l'essence humaine passe par le feu dévorant du glaive du chérubin qui garde le saint autel, et le sacrificateur est séparé du peuple par ce rideau de flammes, tel Moïse au Sinaï. [...] Se tenir dignement devant le sanctuaire, même pas directement devant l'autel exige aussi des laïcs une prière intense et un renoncement sacrificiel (dans une moindre mesure, pourtant que chez le prêtre). La prière elle-même exige toujours de remettre à Dieu l'élément humain ; de ce fait elle est un acte créateur. Celui-ci consiste en effet à tendre toutes les forces de son être spirituel pour le projeter vers Dieu. : transcende te ipsum ! [...] La théurgie des sacrements est étroitement liée au rite et au culte en général. Il n'y a pas non plus place pour une activité personnelle en tant que telle. C'est la puissance de l'opération sacramentelle qui y règne (...) Nous n'en savons pas moins que la création liturgique a suivi un développement dans l'histoire, et qu'une inspiration individuelle s'est coulée dans son cours sur individuelle, ayant été reçu par l'acte d'une sanction ecclésiale. Nous connaissons le nom de certains hymnographes, isographes et architectes qui y ont apporté leurs dons, mais ceux-ci n'ont reçu leur valeur hiératique qu'après avoir été fondus par l'ensemble de la prière dans l'ensemble massif de la liturgie (il y a là une certaine analogie avec l'art populaire, à la fois personnel et collectif, où les individualité créatrices ne se dissolvent pas, mais semblent entrer organiquement dans un ensemble anonyme). Bien que le rite de la liturgie possède la plus grande stabilité hiératique, il y a là encore un mouvement continu qui se manifeste parfois que par des nuances et des demi-teintes. Le développement liturgique est l'indice le plus exact de ce qui se passe dans la profondeur mystique de la vie, encore qu'un observateur extérieur qui ne chercherait que des «signes» serait incapable d'en percevoir la pulsation spirituelle, intime et pleine d'émotion. Cela fait que l'on parle d'une immobilité de la vie ecclésiale et l'on lance des appels bien programmés, mais religieusement stériles, à une nouvelle «création liturgique». » Serge Boulgakov, La lumière sans déclin, l'Age d'Homme, p.240

août 05, 2009

l'Evêque au service du Peuple de Dieu

Voulez-vous exercer toute votre vie le ministère sacerdotal, en collaborant avec l'Evêque au service du Peuple de Dieu, sous la conduite de l’Esprit-Saint ? » (Pontificale Romanum. De Ordinatione Episcopi, presbyterorum et diaconorum, editio typica altera (Typis Polyglottis Vaticanis 1990)) Chers Confrères dans le Sacerdoce, Les yeux et le coeur encore pleins de l’expérience spirituelle de l'ouverture de l'Année Sacerdotale, lors des Vêpres de la Solennité du Sacré-Coeur de Jésus, présidées dans la Basilique de Saint Pierre le 19 juin dernier par le Saint-Père Benoît XVI, c’est avec grand plaisir que je m'adresse à vous tous en ce « temps saint », que nous offre la Divine Providence. Pendant toute l'année Sacerdotale, en parcourant les textes de la Liturgie d'ordination, vers le milieu de chaque mois, j'aurai la joie de proposer une brève réflexion jaillie du coeur et de l'amour pour le Sacerdoce catholique, qui j'espère pourra constituer une aide modeste pour notre méditation commune, et devenir une « compagnie chrétienne et sacerdotale» en cette Année : avec le Successeur de Pierre, nous voudrions tous que ce soit une année de profond « renouvellement spirituel ». L'Eglise, dans sa sagesse maternelle, a toujours enseigné que le ministère naît de la rencontre de deux libertés : celle de Dieu et celle de l’homme. Si d'un côté nous devons toujours nous rappeler que « nul ne s'arroge à soi-même cette charge, [puisque] on y est appelé par Dieu » (Catéchisme Eglise Cath. 1578), de l'autre, évidemment, c’est toujours un « moi humain créé », avec sa propre histoire et son identité, avec ses qualités et même ses limites, qui répond à l'appel divin. La traduction liturgique et sacramentelle de ce dialogue asymétrique et nécessaire entre la liberté divine qui appelle et la liberté humaine qui répond, se trouve dans les questions que chacun d'entre nous a entendu de la part de l'Evêque, au cours du Rite de son ordination, avant l'imposition des mains. Nous parcourrons de nouveau ensemble, dans les mois qui nous attendent, ce « dialogue d'amour et de liberté ». Il nous a été demandé : « Voulez-vous exercer toute votre vie le ministère sacerdotal, en collaborant avec l'Evêque au service du Peuple de Dieu, sous la conduite de l’Esprit-Saint ? ». Nous avons répondu : « Oui, je le veux ». Cette réponse, libre et consciente, se fonde donc sur un acte explicite de la volonté (« Voulez-vous exercer » - « je le veux ») qui, nous le savons bien, a besoin d'être continuellement éclairée par le jugement de la raison et soutenue par la liberté, pour ne pas devenir un volontarisme stérile, ou pire encore, pour ne pas changer au cours du temps, en devenant infidèle. L'acte de la volonté est stable par nature, puisque c'est un acte humain, dans lequel se manifestent les qualités fondamentales dont le Créateur nous a rendus participants. Ensuite, l'engagement que nous avons assumé concerne « toute la vie », et il n’existe donc pas en fonction des enthousiasmes et des gratifications plus ou moins évidents, et encore moins des sentiments. Le sentiment a bien un rôle déterminant dans la connaissance de la vérité : à condition d’être placé à sa « juste place », comme une lentille, non seulement il n'entrave pas la connaissance, mais il la favorise. Toutefois il n’est qu’un facteur de la connaissance, et ne peut être celui déterminant. Notre volonté a accepté d'exercer « le ministère sacerdotal », et non pas d’autres « professions » ! Avant tout, nous sommes appelés à être toujours prêtres, comme nous le rappellent les Saints, en chaque circonstance, en exerçant, avec notre être lui- même, ce ministère auquel nous avons été appelés. On ne fait pas le prêtre, on est prêtre ! Chers confrères, en cette Année Sacerdotale, renouvelons l'émotion de nous réveiller le matin en nous rappelant qui nous sommes, qui le Seigneur a voulu que nous soyons dans l'Eglise : pour Lui, pour Son peuple, pour notre salut éternel même ! Chacun d'entre nous est le membre d'un « organisme », appelé à collaborer pour indiquer, à différent titre, la Tête de ce Corps. Et ce, toujours « en collaborant avec l'Evêque », en obéissance au bien qu'Il désigne, et « sous la conduite de l’Esprit-Saint», c'est-à-dire dans la respiration d'une prière constante. Seul celui qui prie peut écouter la voix de l'Esprit. Comme l’a rappelé le Saint-Père dans l'Audience Générale du 1er Juillet dernier : « Celui qui prie n'a pas peur ; celui qui prie n'est jamais seul ; celui qui prie se sauve ! ». Que la Bienheureuse Vierge Marie, Femme du « tout » et du « pour toujours », nous assiste et nous protège ! Bonne continuation de l'Année Sacerdotale ! X Mauro Piacenza Archev. tit de Vittoriana Secrétaire Du Vatican, le 15 Juillet 2009

LA SAINTETE EST TOUJOURS ACTUELLE

LA SAINTETE EST TOUJOURS ACTUELLE Chers Frères dans le Sacerdoce, En ce 150ème anniversaire de la naissance au Ciel de saint Jean Baptiste Marie Vianney (4 août 1859 – 2009), j’ai la joie de m’adresser à chacun de vous pour vous renouveler mes meilleurs vœux en cette Année Sacerdotale. Le Curé d’Ars se détache devant nous comme une magnifique figure de sainteté sacerdotale, vécue non dans les actions extraordinaires, mais dans la fidélité quotidienne de l’exercice du ministère ; devenu modèle et « phare » pour la France dans la première moitié du 19ème siècle, et pour l’Église tout entière, de tout lieu et de tout temps, il est, pour chacun de nous, source de consolation et d’espérance, également dans les « fatigues » que peut connaître notre sacerdoce. Sa consécration complète nous encourage dans notre propre don joyeux au Christ et à nos frères, afin que le ministère soit toujours un reflet lumineux de la consécration d’où dérive le mandat apostolique lui-même et, en lui, toute fécondité pastorale ! Que son amour pour le Christ, plein d’humanité et de sincère affection, soit pour nous un encouragement à nous « passionner » toujours davantage pour « notre Jésus » : que ce soit Lui, le regard que nous cherchons chaque matin, la consolation qui nous accompagne chaque soir, le souvenir et le compagnon de chaque pause de la journée. Vivre, à l’exemple de saint Jean-Marie Vianney, en passionné du Christ, signifie réussir à tenir toujours ardent l’élan missionnaire en devenant, progressivement mais réellement, des images vivantes du Bon Pasteur et de celui qui proclame au monde : « Voici l’Agneau de Dieu ». Que la véritable « extase » spirituelle du Curé d’Ars pendant la célébration de la Sainte Messe, invite chacun de nous à prendre toujours plus conscience du grand don qui a été confié à nos personnes : don qui nous fait chanter avec saint Ambroise : « … Et nous qui sommes élevés à une dignité telle que nous consacrons le corps et le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, nous pouvons tout espérer de Ta Miséricorde ! ». Son engagement héroïque au confessionnal, nourri d’un véritable esprit expiatoire et alimenté par la conscience d’être appelé à participer à la « substitution vicaire » de l’unique Grand Prêtre, nous incite à redécouvrir la beauté et la nécessité, également pour nous Prêtres, de la célébration du Sacrement de la Réconciliation. Nous le savons bien, celui-ci est le lieu d’une véritable contemplation des merveilles que Dieu opère dans les âmes que, délicatement, Il attire, conduit et convertit ; se priver d’un tel « spectacle merveilleux » est une privation irréparable et injuste, non seulement pour les fidèles, mais aussi pour notre propre ministère qui se nourrit de l’émerveillement suscité par chaque miracle de la liberté humaine qui dit « oui ! » à Dieu. Enfin, que l’amour filial et plein de délicates attentions du saint Curé d’Ars pour la Bienheureuse Vierge Marie, à laquelle il n’a pas hésité à se consacrer, lui-même et toute sa paroisse, nous encourage, en cette Année Sacerdotale et toujours, à laisser résonner dans nos cœurs de pères, avec une fidélité pour ainsi dire obstinée, le « me voici » de Marie : son « pour tout » et « pour toujours », qui constituent l’unique vraie mesure de notre existence sacerdotale. Bonne fête de saint Jean-Marie Vianney. ✠ Mauro Piacenza Archev. titulaire de Vittoriana Secrétaire

Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver

Jésus a dit : « Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver » (Jn 12,47). Chers Prêtres, L'actuelle culture occidentale dominante, toujours plus diffuse dans le monde entier à travers les media globalisés et la mobilité humaine, jusque dans les pays d'autres cultures, présente de nouveaux défis qui ne sont pas de peu d’importance pour l'évangélisation. Il s’agit d'une culture profondément marquée par un relativisme qui refuse toute affirmation d'une vérité absolue et transcendante, qui ruine par conséquent jusqu’aux fondements de la morale, et qui se ferme à la religion. On perd ainsi la passion pour la vérité, reléguée au rang de « passion inutile ». Alors que Jésus-Christ se présente comme la Vérité, le Logos universel, la Raison qui éclaire et explique tout ce qui existe. Le relativisme s’accompagne ensuite d'un subjectivisme individualiste, qui place son propre ego au centre de tout. À la fin, on arrive au nihilisme, pour lequel rien ni personne ne vaut la peine d’engager sa vie entière, et par conséquent la vie n'a pas de sens véritable. Toutefois, il faut reconnaître que l'actuelle culture dominante, postmoderne, porte avec elle un grand et vrai progrès scientifique et technologique, qui fascine l'être humain, et d'abord les jeunes. L'usage de ce progrès, malheureusement, n'a pas toujours comme objectif principal le bien de l'homme et de tous les hommes. Il lui manque un humanisme intégral, qui pourrait lui donner son vrai sens et son but. Nous pourrions parler encore d'autres aspects de cette culture : le consumérisme, le libertinage, la culture du spectacle et du corps. On ne peut pas ne pas remarquer que tout cela produit un laïcisme qui ne veut pas de religion, qui fait tout pour l'affaiblir ou, au moins, la reléguer dans la vie privée des personnes. Cette culture produit une déchristianisation, elle n’est que trop visible, dans la majorité des pays chrétiens, en particulier en Occident. Le nombre des vocations sacerdotales a baissé. Le nombre de prêtres aussi a diminué, tant par manque de vocations que par l'influence du milieu culturel dans lequel ils vivent. Tout cela pourrait favoriser la tentation d'un pessimisme décourageant, qui condamne le monde actuel et nous pousserait à nous retirer sur la défensive, dans les tranchées de la résistance. Jésus-Christ, par contre, affirme : « Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver » (Jn 12,47). Nous ne pouvons ni nous décourager, ni avoir peur de la société actuelle, ni simplement la condamner. Il faut la sauver ! Chaque culture humaine, même l'actuelle, peut être évangélisée. Dans chaque culture il y a des « semina Verbi », en guise d’ouvertures à l'Evangile. Sûrement aussi dans notre culture actuelle. Sans doute, même les prétendus « postchrétiens » pourraient être touchés et se rouvrir, s'ils étaient portés à une vraie rencontre personnelle et communautaire avec la personne de Jésus Christ vivant. Dans une telle rencontre, chaque personne humaine de bonne volonté peut être rejointe par Lui. Il aime tout le monde et frappe à la porte de tous, parce qu'il veut les sauver tous, sans exception. Il est le Chemin, la Vérité et la Vie, pour tous. Il est l’unique médiateur entre Dieu et les hommes. Très chers Prêtres, nous autres pasteurs, nous sommes appelés aujourd'hui, avec urgence, à la mission : tant celle « ad gentes », que celle dans les régions des pays chrétiens, où de si nombreux baptisés ont pris leur distance en ne participant plus à nos communautés, ou ont même perdu la foi. Nous ne pouvons ni avoir peur ni rester tranquillement chez nous. Le Seigneur a dit à ses disciples : « Pourquoi avez-vous peur, hommes de peu de foi ? » (Mt 8,26). « Que votre cœur ne se trouble pas. Ayez foi en Dieu et ayez foi aussi en moi » (Jn 14,1). « On n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le lampadaire pour qu’elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison » (Mt 5,15). « Allez, donc, dans le monde entier et prêchez l'Evangile à toute créature » (Mc 16,15). « Voilà, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde » (Mt 28,20). Nous ne lancerons pas la semence de la Parole de Dieu seulement par la fenêtre de notre maison paroissiale, mais nous sortirons dans le champ ouvert de notre société, en commençant par les pauvres, en rejoignant même tous les niveaux et toutes les institutions de la société. Nous irons visiter les familles, toutes les personnes, en commençant par les baptisés qui se sont éloignés. Notre peuple veut sentir la proximité de son Eglise. Nous le ferons, en allant vers la société actuelle, avec joie et enthousiasme, certains que le Seigneur est présent avec nous dans la mission, et sûrs qu'Il frappera aux portes des coeurs auxquels Nous l'annoncerons. Cardinal Cláudio Hummes Archevêque Émérite de São Paulo Préfet de la Congrégation pour le Clergé

août 04, 2009

CELLE QUI JOUAIT LA DEMENCE

XXXIV - CELLE QUI JOUAIT LA DEMENCE [1] En ce monastère fut une autre vierge qui jouait la folie et le démon. Et on la détesta au point de ne pas même manger avec elle, elle ayant préféré cela. Errant donc à travers la cuisine, elle faisait toute sorte de service et elle était certes, comme on dit, l'éponge du monastère, accomplissant en fait ce qui est écrit : « Si quelqu'un juge à propos d'être sage parmi nous en cette vie, qu'il devienne insensé pour devenir sage » (I Cor. 3, 8). Elle, après s'être attaché des haillons sur la tête — car toutes les autres sont tondues et ont des cuculles, — elle était ainsi en faisant le service. [2] Aucune des quatre cents ne la vit en train de manger pendant les années de sa vie. Elle ne s'assit pas à table, elle ne reçut pas un fragment de pain, mais épongeant les miettes des tables et relavant les marmites, elle s'en contentait. Elle n'outragea jamais personne, elle ne murmura point, elle ne parla ni peu ni beaucoup, bien qu'elle fût frappée à coups de poing, outragée, chargée d'imprécations et exécrée. [3] Cela étant, un ange se présenta au saint Pitéroum, 231 anachorète établi en Porphyrite, homme qui avait fait ses preuves, et il lui dit : « Pourquoi as-tu une grande opinion de toi-même. En tant que religieux et établi dans ce lieu? Veux-tu voir une femme plus religieuse que toi? Va dans le monastère des femmes tabennésiotes, et là, tu en trouveras une ayant un bandeau sur la tête : elle est meilleure que toi. [4] Car tout en combattant contre une foule qui est si grande, elle n'a jamais éloigne de Dieu son cœur. Tandis que toi, établi ici, tu t'égares par la pensée à travers les villes. » Et celui qui n'était jamais sorti s'en alla jusqu'à ce monastère, et il demande aux maîtres de pénétrer dans le monastère des femmes. Eux furent pleins de confiance pour l'introduire, en tant que célèbre et avancé dans la vieillesse. [5] Et étant entré il réclama de les voir toutes. Celle-là ne paraissait pas présente. Enfin il leur dit : « Amenez-les moi toutes, car il en manque encore une autre. » Elles lui disent : « Nous avons à l'intérieur, dans la cuisine, une salé (= idiote) » : car on appelle ainsi les psychopathes. Il leur dit : « Amenez-moi 233 aussi celle-là : laissez que je la voie. » On s'en alla lui parler. Elle n'obéit pas, peut-être pressentant la chose, ou même en ayant eu la révélation. On la traîne de force et on lui dit : « Le saint Pitéroum veut te voir. » Car il était en renom. [6] Elle étant donc venue, il considéra les haillons qui étaient sur son front, et étant tombé à ses pieds, il lui dit : « Bénis-moi. » Pareillement, elle aussi tomba à ses pieds en disant : « Toi. maître, bénis-moi. » Toutes furent hors d'elles et elles lui disent à lui : « Abbé, ne sois pas affecté de l'outrage : c'est une salé (idiote). » Pitéroum leur dit à toutes : « C'est vous qui êtes des salé (idiotes). En effet elle est notre amma (mère) à moi et à vous »; car on appelle ainsi celles qui mènent la vie spirituelle. « Et je demande dans mes prières d'être trouvé digne d'elle au jour du jugement. » [7] Ayant entendu cela, elles tombèrent à ses pieds à lui, toutes confessant des choses différentes, l'une comme ayant versé sur elle la lavure de l'écuelle, une autre comme l'ayant broyée de coups de poing, une autre comme lui ayant sinapisé le nez. Et en un mot toutes énoncèrent des outrages différents. Après avoir donc prié pour elles, il s'en alla. Quant à celle-là, peu de jours après, n'ayant pas enduré l'estime et l'honneur de ses sœurs, et accablée par les excuses, elle sortit du monastère; et où elle s'en alla, ou bien où elle s'est plongée, ou bien comment elle a fini ses jours, personne ne l'a su. PALLADIUS : HISTOIRE LAUSIAQUE (VIES D'ASCÈTES ET DE PÈRES DU DÉSERT) Extrait, chapitre 34. TEXTES ET DOCUMENTS pour l'étude historique du christianisme publiés sous la direction de HlPPOLYTE HEMMER ET PAUL LEJAY Texte grec, introduction et traduction française par A. LUCOT AUMÔNIER DES CHARTREUX A DIJON PARIS LIBRAIRIE ALPHONSE PICARD ET FILS 82, rue Bonaparte, 1912

Saint André de Constantinople

Saint André de Constantinople Notre St Père André était un esclave d'origine scythe, qui vivait à Constantinople, au service d'un dignitaire de la Garde impériale (protospathaire). Il apprit rapidement les lettres sacrées et profanes, et faisait l'admiration de son entourage pour son savoir. Une nuit, alors qu'il se tenait en prière, il vit avec effroi une armée d'Ethiopiens prête à affronter une troupe d'hommes blancs. Invité à engager un combat singulier contre le champion des barbares, André l'étendit à terre et en récompense il reçut d'un Ange trois couronnes, alors que le Christ, apparaissant sous l'aspect d'un jeune homme, lui disait : « Mène, nu, ce bon combat, et fais-toi fou pour Moi, afin d'être digne du Royaume des cieux! » Dès le lever du jour, obéissant à cet ordre divin, André entama sa carrière de fou pour le Christ en coupant sa tunique avec un glaive et poussant des cris qui effrayèrent toute la maisonnée. Son maître, le croyant possédé, le fit enchaîner et garder à l'église Ste Anastasie Pharmacolytria. Il y passait ses jours à contrefaire la folie par toutes sortes d'excentricités, et priait toute la nuit, confirmé dans cette voie par l'apparition de Ste Anastasie. Une nuit, il fut assailli par une troupe de démons; mais dès qu'il appela St Jean le Théologien à son aide, le St apparut dans un coup de tonnerre, dispersa les démons au moyen de la chaîne qui entravait André, et lui promit son assistance dans la suite de ses combats. Lors d'une autre vision noctume, il fut invité à servir un roi dans son palais, et reçut de la neige à manger, qui se transforma en un parfum céleste. Puis on lui offrit des fruits amers - symboles de la voie étroite qu'il devrait suivre -, et après cela une nourriture exquise lui fut donnée, qui lui procura une divine extase. Libéré après quatre mois de détention dans l'église, André commença à se comporter en public à l'imitation de St Syméon le Fou. Mais, alors que Syméon usait de la folie, sous forme d'ironie ou de dérision, pour condamner les pécheurs et les vaines valeurs de ce monde, St André, par ses facéties, s'offrait plutôt au mépris et aux mauvais traitements, à l'imitation du Christ, pour manifester la "folie de la Croix" Appliquant à la lettre les paroles de l'Apôtre qui a dit : « Nous sommes fous à cause du Christ » il s'offrait volontairement à la dérision et aux coups, et se faisait "la balayure du monde, l'universel rebut" pour acquérir le Royaume des cieux et y entraîner les autres. Entrant un jour dans une maison de tolérance, protégé par la grâce, il resta impassible face aux provocations des prostituées qui finalement le dépouillèrent de ses vêtements et le chassèrent revêtu seulement d'un paillasson, qui devint son costume habituel. Il errait dans les rues, sans logis, et distribuait aux pauvres les aumônes qu'il recevait. Jamais il ne demandait de nourriture, se contentant d'un demi pain sec par jour, et il restait même des semaines entières sans manger. Pour étancher sa soif, il lapait les flaques d'eau boueuse, et devant ce spectacle les passants indignés le rouaient de coups et l'injuriaient. La nuit, il allait s'étendre avec les chiens errants. Un soir d'hiver, comme il essayait de se blottir contre l'un d'eux pour se réchauffer, l'animal s'éloigna avec dédain. S'offrir à la plus complète déréliction était pour le bienheureux une source de délices; mais la prière ne quittait jamais ses lèvres, et l'on pouvait distinguer en tout temps une sorte de bouillonnement dans sa bouche, comme les Apôtres le jour de la Pentecôte. Lorsqu'il priait la nuit, il était souvent élevé de terre et son esprit se trouvait ravi en d'ineffables extases. Lors de cette même nuit d'hiver, où les chiens mêmes l'avaient rejeté, il fut transporté par Dieu en extase, délivré de la lourdeur de la chair, revêtu d'une tunique lumineuse, et couronné comme un roi. Il se trouva au centre d'un jardin merveilleux, rempli de plantes surnaturelles et d'oiseaux dorés, au centre duquel s'étendait largement une grande vigne aux grappes d'une taille extraordinaire. De là un ange le conduisit au-dessus du firmament, dans un lieu d'une beauté indescriptible, où il vit la Croix entourée de quatre voiles. Un autre ange le mena ensuite dans un lieu plus élevé, où il vit deux croix semblables à la précédente; puis il fut conduit au troisième ciel - que seul St Paul avait été jugé digne de voir avant lui -, et il y contempla trois Croix, éclatantes comme l'éclair, entourées d'une armée céleste qui louait Dieu. Il passa alors au-delà d'un voile de lin et de porphyre, et parvint à un lieu encore plus resplendissant, où se tenait une assemblée innombrable de jeunes gens plus lumineux que le soleil. Un Ange leva le demier voile et André put contempler le Trône de Dieu, suspendu en l'air, sans assise, d'où sortait une flamme blanche. Le Christ s'y tenait assis, et Il restreignit un peu Sa gloire pour laisser André jouir, pendant un instant seulement, de la splendeur de Sa divino-humanité, puis Il devint invisible. Une voix plus douce que le miel prononça alors à trois reprises trois Noms divins mystérieux, et aussitôt le St fut ramené dans le jardin, où il rencontra un homme lumineux, tenant une croix, qui le bénit en disant : « Bienheureux êtes-vous les fous, car vous possédez une grande sagesse. Que la Crucifixion de Notre Seigneur Jésus-Christ soit avec toi ». Puis il le renvoya, avec pour mission de renverser le Prince de ce monde, en assumant volontairement la dérision et la persécution des hommes. Reprenant ses facéties avec une audace redoublée, André fit la connaissance d'Epiphane, un jeune noble de dix-huit ans, chaste et doux, qui devint son protecteur et son fils spirituel, et auquel André prophétisa qu'il deviendrait Patriarche de Constantinople . Ayant été hébergé dans la demeure d'Epiphane, le St y blâma, sous forme de paraboles, les péchés des serviteurs de diverses nationalités, dans leur propre langue. Il avait refusé le lit qu'Epiphane lui proposait et passait ses nuits dehors, sur le fumier. Mais il ne tarda pas à reprendre sa vie errante dans les rues, en s'offrant aux jeux cruels des garnements et aux coups des passants. Lorsqu'il s'adressait aux hommes, il les appelait toujours : "Fous", ou "Insensés", mais il se condamnait aussi constamment lui-même avec la plus grande humilité. Lors d'une nouvelle vision du Malin et de ses troupes de démons, qui lui reprochait d'amener au repentir les hommes qu'il tenait en sa possession, en leur révélant leurs péchés par ses actes prophétiques, André entra dans une violente altercation avec le Prince des ténèbres; mais celui-ci n'avait aucun pouvoir contre l'homme de Dieu, car il s'était dépouillé de tout attachement terrestre. Une nuit, le démon le fit tomber dans une fosse, mais dès que le St invoqua Sts Pierre et Paul, les deux Apôtres apparurent, le tirèrent du bourbier, et une croix lumineuse vint l'éclairer pendant le reste de son chemin. Au cours d'une grande peste, qui s'était abattue sur la capitale, malgré les moqueries des badauds, le St passait dans les rues et sur les places en pleurant et intercédant pour la ville, et demandant à Dieu le pardon des péchés du peuple. Comme il se tenait en prière, il fut transporté à Anaplos en Thrace, où il vit St Daniel le Stylite qui l'invita à unir leurs prières pour le salut de la cité. Un feu descendit alors du ciel et chassa le démon qui avait provoqué cette épidémie. St André ne se lassait pas de reprendre les pécheurs, soit par des avertissements, soit par des prophéties sur leur châtiment à venir, lesquelles ne manquaient jamais de se réaliser sous peu. Passant un jour devant les marchandises de luxe étalées au marché, il s'écria : « Paille et ordure! » Une autre fois, sur la proposition malicieuse de vagabonds farceurs, il se mit à manger avidement les belles fîgues fraîches exposées dans l'échoppe d'un maraîcher, pendant que celui-ci faisait la sieste. Lorsque le marchand se réveilla, surprenant le St, il saisit un bâton et le roua de coups. André se laissa frapper sans résistance, et révéla ensuite que s'il avait été frappé à cause de sa gourmandise, combien plus les pécheurs qui ne se repentent pas seront-ils châtiés par Dieu éternellement. Ayant reçu le don de clairvoyance, il dénonçait la piété hypocrite de ceux qui se tenaient à l'église en entretenant des pensées mondaines ou chantaient par vaine gloire et ostentation; et il discernait les démons de l'indifférence, du bâillement et de l'acédie, qui suggéraient à leurs victimes de quitter l'église avant la fin de l'office. A l'issu du Carême, il distinguait l'état spirituel de chacun : voyant les hommes vertueux couronnés de lin fin et les pécheurs avec des bestioles immondes suspendues à leurs vêtements. Mais son soin allait tout particulièrement à l'éducation spirituelle d'Epiphane, la seule personne avec laquelle il parlait de manière sensée. Il l'instruisait avec science dans la lutte contre les démons, et le laissait parfois être tenté par eux, pour acquérir la patience et devenir, sous le feu des épreuves, un digne pain du Christ. Il l'enseignait aussi sur les mystères de la création, sur le monde spirituel, et surtout, il lui révéla, avec de nombreux détails inconnus de l'Ecriture, ce qui allait arriver à la fin des temps, lorsqu'à l'issue de terribles épreuves, invasions et catastrophes naturelles, l'empereur des Romains ira remettre sa couronne sur la Croix à Jérusalem, avant que celle-ci soit emportée au ciel par un Ange. Ainsi s'achèvera le temps de l'Empire chrétien, instauré par St Constantin. Peu après, Constantinople - que les Byzantins de ce temps considéraient souvent comme devant être éternelle -, sera engloutie dans les flots, comme Babylone (Apoc. 18, 2 1), et la royauté juive sera restaurée à Jérusalem. Tous croiront à l'Antéchrist, qui y règnera comme seul souverain sur terre et persécutera les Chrétiens. Le Christ apparaîtra ensuite pour mener le grand combat contre l'Antéchrist, et lorsqu Il l'aura vaincu, Il l'amènera, lui et ses démons, devant le Tribunal de Dieu, pendant qu'une trompette retentira, annonçant la résurrection des morts. Après le Jugement, quatre Anges se tiendront aux quatre extrémités de la terre et ils l'enrouleront sur l'ordre du Seigneur. L'univers entier sera alors renouvelé, des "cieux nouveaux et une terre nouvelle" apparaîtront, pour être conformes aux corps incorruptibles des hommes ressuscités. Tout sera alors incorruptible et éternel, et un parfum indicible remplira l'univers illuminé par une lumière sans soir. Un jour quAndré et Epiphane s'étaient rendus à l'église des Blachernes, pour la vigile qui y avait lieu chaque semaine, ils virent la Très-Ste Mère de Dieu s'avancer des Portes Stes, escortée par un grande foule de Sts, parmi lesquels St Jean Baptiste et St Jean le Théologien, et recouvrir le peuple de son voile. Une autre fois, comme St André lisait à son disciple un texte de St Basile, un parfum céleste se répandit autour d'eux. A la question d'Epiphane, le St répondit que cette bonne odeur est prise par les Anges du Trône de Dieu, pour qu'ils encensent et honorent les hommes à trois occasions : quand ils prient, quand ils lisent les Livres Sts et quand ils souffrent avec patience par amour de Dieu. Quelque temps après ses révélations sur la fin des temps, St André annonça à Epiphane sa mort prochaine; mais il lui interdit de faire honorer sa mémoire ou de garder ses Reliques, car il avait fait voeu devant Dieu de ne jamais être glorifié sur la terre. Il lui renouvela sa prédiction quant à son élection au Patriarcat, et lui promit de toujours l'assister invisiblement, à condition qu'il montre sa sollicitude envers les pauvres, les veuves, les orphelins et tous ceux qui sont dans l'épreuve. Puis il se rendit à l'Hippodrome, sous le portique où avaient coutume de se tenir les prostituées, et y pria toute la nuit pour le monde entier. Une fois sa prière achevée, le bienheureux s'étendit à terre et, regardant en souriant les Sts qui étaient apparus en grand nombre pour l'assister, il remit son âme à Dieu, à l'issue de soixante-six années de combats ascétiques cachés sous le voile de la folie. Une pauvre femme, qui habitait à proximité, attirée par une forte odeur d'encens qui avait rempli l'atmosphère, accourut et découvrit son corps; mais lorsque la foule, avertie par elle, se précipita vers la dépouille du St, celle-ci avait disparue, emportée par Dieu dans un lieu inconnu. Cette nuit-là, Epiphane vit l'âme de son père spirituel, sept fois plus lumineuse que le soleil, enlevée au ciel en présence d'une myriade d'Anges. Sources : http://invites.maison-russie.fr/icone/saints_fetes/index.html

Saint Nicolas de Pskov

Saint Nicolas de Pskov Les "Fols en Christ" se distinguaient par une rare absence de peur. Saint Nicolas de Pskov vécut la vie de fol-en-Christ durant plus de trente ans. Il parcourait les rues de Pskov en prétendant être malade mental, réprimandant les gens pour leurs péchés cachés et prophétisant ce qui leur arriverait. Longtemps avant sa mort, il acquit la grâce du Saint Esprit et reçut les dons des miracles et de la prophétie. Le peuple de Pskov de son époque le vénéraient comme saint, l'appelant aussi Mikula le saint. En février 1570, après une campagne dévastatrice contre Novgorod, le Tsar Ivan le Terrible dirigea son armée sur Pskov, suspectant les habitants de trahison. La Chronique de Pskov nous raconte : "le Tsar vint... avec grande fureur, comme un lion rugissant, pour déchirer les innocents et répandre quantité de sang." Le premier Samedi du Grand Carême, toute la cité priait pour être délivrée de la vengeance du Tsar. Entendant le son des cloches appelant pour les Matines à Pskov, le coeur du Tsar s'adoucit en lisant l'inscription qui se trouvait sur une icône du 15ième siècle, l'icône miraculeuse Liubyatov / Tendresse de la Mère de Dieu , dans le monastère Saint-Nicolas (l'armée du Tsar était à Liubatov). "Soyez tendres de coeur," dit-il à ses soldats. "Emoussez vos sabres sur les pierres, et qu'il soit mis un terme au massacre." Tous les habitants de Pskov sortirent dans les rues, et chaque famille s'agenouilla à la porte de sa maison, portant du pain et du sel pour acceuillir le Tsar. Dans une des rues, saint Nicolas courrut vers le Tsar chevauchant un bâton, comme s'il était à cheval, et lui cria : "Ivanushko, Ivanushko, mange notre pain et notre sel, mais pas le sang Chrétien." Le Tsar ordonna de capturer le saint fou, mais il avait déjà disparu. Bien qu'il aie interdit à ses hommes de tuer, Ivan avait toujours l'intention de piller la ville. Le Tsar assista à un Moleben dans la cathédrale de la Trinité, et il vénéra les reliques du saint prince Vsevolod-Gabriel (11 Février), et exprima le voeu de recevoir la bénédiction du saint fou Nicolas. Le saint instruisit le Tsar "par nombre de terribles paroles," pour qu'il arrête de tuer et qu'il ne pille pas les saintes églises de Dieu. Mais Ivan ne prêta pas attention à lui et ordonna d'enlever les cloches de la cathédrale de la Trinité. Alors, comme le saint l'avait prophétisé, le meilleur cheval du Tsar tomba mort. Le saint invita le Tsar à visiter sa cellule sous le clocher. Lorsque le Tsar arriva dans la cellule du saint, celui-ci lui dit : "Grouille-toi, entre et bois de notre eau, il n'y a pas de raison que tu la fuie." Puis le saint offrit au Tsar un morceau de viande crue. "Je suis Chrétien et je ne mange pas de viande durant le Carême", lui dit Ivan "Mais tu bois du sang humain," lui répondit le saint. Effrayé par l'accomplissement de la prophétie du saint et voyant tout son mal démasque, Ivan le Terrible ordonna d'arrêter le pillage et fuit la ville. L'Oprichniki, ayant été témoin, en écrivait : "Le puissant tyran.. partit battu et honteux, comme pourchassé par un ennemi. C'est ainsi qu'un mendiant insignifiant terrifia et mit en fuite le Tsar avec sa multitude de milliers de soldats." Saint Nicolas mourut le 28 février 1576 et fut enterré dans la cathédrale de la Trinité de la ville qu'il avait sauvée. De tels honneurs ne furent accordés qu'aux princes de Pskov, et plus tard, aux évêques. La vénération locale du saint commença 5 ans après sa mort. En 1581, durant le siège de Pskov par les soldats du roi de Pologne Etienne Bathory, la Mère de Dieu apparut au forgeron Dorotheos, ensemble avec quantité d'autres saints de Pskov, priant pour la ville. Parmi eux se trouvait saint Nicolas. Source : http://invites.maison-russie.fr/icone/saints_fetes/textes/nicolas_pskov.html s